1-Ambush 4.59
2-The Job 1.28
3-Spiked Sheik 3.15
4-The Harris Hit 3.29
5-Feathermen 2.58
6-The Cregg Hit 3.56
7-Car Chase & Hospital Fight 4.21
8-I Come Bearing Gifts 3.31
9-The Boston Brakes 4.59
10-Room Service 2.48
11-Hunter's Release 3.15
12-I Just Care About Now 2.58
13-Returning The Bullet 4.28
14-Man In The Helmut 2.56
15-Rooftop Chase 3.46
16-Subway 3.24
17-The Suitcase 4.04
18-Turkish Acid Bath
(Shelter From The Storm) 6.01*

*Interprété par Kasabian
Paroles et musique de
Sergio Pizzorno.

Musique  composée par:

Johnny Klimek/Reinhold Heil

Editeur:

Pale Blue no label number

Produit par:
Johnny Klimek, Reinhold Heil

(c) 2011 Omnilab Media/Ambience Entertainment/Current Entertainment/Sighvatsson Films/Film Victoria/Wales Creative IP Fund/International Traders/Palomar Pictures. All rights reserved.

Note: ***
KILLER ELITE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Johnny Klimek/Reinhold Heil
« Killer Elite » est l’adaptation cinématographique du roman « The Feather Men » de l’écrivain anglais Ranulph Fiennes publié en 1991. Réalisé par Gary McKendry, le film raconte l’histoire de Danny Bryce (Jason Statham), un tueur à gages qui fait équipe avec Hunter (Robert De Niro), Davies (Dominic Purcell) et Meier (Aden Young) pour assassiner un homme à Mexico en 1980. Mais l’opération tourne mal et Danny décide de se retirer et de rejoindre sa terre natale, l’Australie. Un an après, en 1981, Danny doit se rendre au sultanat d’Oman où se trouve son ancien mentor Hunter qui a été fait prisonnier par les hommes du Sheik Amr (Rodney Afif), à la suite d’une mission qui a échouée. Pour libérer son ami Hunter, Danny accepte de reprendre du service pour l’ultime mission de sa carrière : assassiner trois agents du SAS britannique, une unité militaire redoutable considérée comme l’élite de l’élite. Le Sheik cherche en réalité à supprimer les trois hommes qu’il juge responsable de la mort de ses fils, et qui servent les intérêts de puissants hommes d’affaires. Les cibles de Danny sont : Steven Harris (Lachy Hulme), Steven Cregg (Grant Bowler) et Simon McCann (Daniel Roberts). Pour arriver à ses fins, Danny va devoir percer les secrets du SAS et s’infiltrer parmi eux, avec l’aide de son équipe habituelle reformée pour l’occasion. Mais la mission s’avère être plus difficile que prévue, car Spike Logan (Clive Owen), membre des Feathermen, une société secrète qui réunit des anciens du SAS, est envoyé sur place pour enquêter sur les agissements de Danny et son équipe. Spike traquera Danny et sa bande par tous les moyens possibles, essayant d’empêcher les assassinats programmés des membres du SAS. « Killer Elite » est au final un thriller plutôt nerveux et rythmé, avec une histoire assez réussie mélangeant doubles jeux, conspiration, manipulation et rebondissements. Outre Jason Statham, le casting se compose de quelques têtes d’affiche telles que Robert De Niro, Clive Owen, Dominic Purcell ou bien encore Adewale Akinnuoye-Agbaje, vu récemment dans « The Thing », la série TV « Lost » et « Bullet to the Head ». Le film de Gary McKendry – qui signe là son premier long-métrage pour le cinéma après avoir été remarqué en 2004 pour son court-métrage « Everything in this Country Must » - ne propose rien de bien neuf, mais signe malgré tout une honnête série-B d’action décomplexée et maîtrisée avec son lot de scènes violentes, de fusillades, de règlements de compte entre mercenaires, d’espionnage, de conspiration et de retournements de situation, le tout inspiré d’une histoire vraie (d’après le livre de Ranulph Fiennes). Le film a aussi le mérite d’évoquer un sujet rarement abordé au cinéma, celui de la société secrète des anciens officiers du SAS, ainsi que les assassinats et les scandales qui ont suivi dans les années 80 en Angleterre. « Killer Elite » reste donc un divertissement sympathique et un film d’action solide non dénué d’une certaine humanité, mais aussi très testostéroné, explosif et brutal.

A la musique, on retrouve le duo Johnny Klimek/Reinhold Heil, les deux compères travaillant ensemble depuis quelques années sur des films aussi divers que « Run, Lola, Run » (1998), « One Hour Photo » (2002), « The Cave » (2005), « Land of the Dead » (2005), « Perfume : The Story of a Murderer » (2006), « The International » (2009) ou bien encore le récent « Cloud Atlas » (2012). Klimek et Heil ont toujours eu un penchant évident pour les thrillers comme en témoigne leur filmographie, un genre propice à leurs expérimentations électroniques et à leur goût pour des musiques synthétiques souvent rythmées, incisives et atmosphériques. La partition de « Killer Elite » ne déroge pas à la règle. Johnny Klimek et Reinhold Heil ont opté pour une approche synthético-orchestrale moderne typique des scores d’action influencés par les productions du studio Remote Control d’Hans Zimmer. Dès les premières minutes de « Ambush », le ton est clairement donné sans la moindre équivoque : nappes synthétiques, samples électro, cordes sombres et tendues, on retrouve clairement ici un style action/suspense hérité de la musique du film « The International », typique du duo. Alors que l’embuscade au début du film tourne à la catastrophe, la tension monte crescendo avec son flot de percussions action électroniques que l’on a entendu des milliers de fois auparavant, et des cordes tendues et dissonantes - et toujours ce sample paresseux de glissando de violons repris de la banque de son d’EWQLSO (quelle originalité !) – Priorité ici aux percussions, aux rythmes synthétiques et aux cordes agitées. Dans « The Job », Danny accepte son ultime mission sur fond de loops électro et de nappes menaçantes de cordes. Dans « Spiked Sheik », Johnny Klimek et Reinhold Heil introduisent les sonorités orientales pour le Sheik d’Oman avec le sempiternel duduk arménien et un violoncelle soliste, le tout sur fond de cordes sombres et dissonantes. Le sentiment de danger et la tension sont omniprésents dans la musique des deux compositeurs, notamment dans l’emploi souvent dissonant et agressif des cordes, comme le confirme « Spiked Sheik », dans un style thriller totalement assumé et plutôt maîtrisé – bien que sans originalité particulière. L’emploi des synthétiseurs est aussi l’élément récurent du score qui permet de cimenter la partition et de renforcer la tension à l’écran.

A noter l’emploi d’un violon soliste à partir de 1 :57 dans « Spiked Sheik », qui renforce là aussi la couleur orientale/arabisante voulue par Klimek et Heil sur le film de Gary McKendry, bien que le recours au duduk tende plus vers un choix très paresseux et facile (là aussi entendu 100 fois auparavant, surtout depuis le succès du « Gladiator » de Zimmer en 2000), sans la moindre prise de risque. En revanche, au fur et à mesure que la musique évolue à l’écran, on remarque rapidement l’orientation clairement suspense voulue par les deux compositeurs sur le film : si « Killer Elite » est généralement considéré comme un film d’action, les deux musiciens ont préféré privilégier avant tout les montées de tension et le suspense du récit dans leur musique, comme le rappelle l’obscur et menaçant « The Harris Hit », alors que Danny et son équipe s’apprêtent à assassiner Steven Harris, leur première cible. Ici aussi, les formules restent les mêmes : cordes dissonantes, clusters stridents, cuivres rampants, nappes synthétiques lugubres, etc. Dans « Feathermen », Heil et Klimek suggère la société secrète des anciens du SAS et personnifie l’idée de l’organisation secrète par le biais de quelques loops électro bien choisis et de cordes latentes. Le second assassinat programmé, « The Cregg Hit », est l’occasion pour le duo de ramener le suspense au devant de la scène, sauf qu’ici, le rythme devient plus présent, plus pressant aussi, surtout dans l’emploi d’une boîte à rythme qui fleure bon les années 80 (le film se déroule justement à cette époque) et de cordes rythmées et tendues. C’est aussi l’occasion pour les deux compères de dévoiler leurs premiers grands morceaux d’action, à commencer par le nerveux et déchaîné « Car Chase/Hospital Fight », pour la confrontation entre Danny et Spike à l’hôpital. Ici aussi, on retrouve le lot de cordes dissonantes, de percussions synthétiques agressives et de samples électro saturés et déchaînés à la Zimmer. La musique retranscrit clairement la violence de la scène avec une férocité impressionnante et un goût prononcé pour la dissonance (exit ici l’aspect mélodique !). Dommage qu’un morceau comme « I Come Bearing Gifts » trahisse son côté trop « musique de série-B d’action » avec son utilisation de cordes synthétiques un brin cheap (pourquoi avoir recours à des samples de cordes quand on possède un vrai orchestre à sa disposition ?).

De l’action, vous en aurez aussi avec le tumultueux et percussif « The Boston Brakes », « Man In The Helmut », « Rooftop Chase » et « Subway ». Certains passages tentent de calmer le jeu comme « Hunter’s Release », lorsque Danny réussit à faire libérer son vieil ami Hunter, avec l’utilisation d’un piano plus apaisé et mélancolique, ou « I Just Care About Now » et son mélange de cordes/piano/synthé plus intime et chaleureux, dans lequel on devine une pointe d’émotion et un soupçon de lyrisme. Johnny Klimek et Reinhold Heil ne font donc guère dans la dentelle avec « Killer Elite » et concoctent une partition d’action nerveuse, sombre, dissonante et agressive, un score qui doit autant aux précédents travaux du duo (« The International » entre autre) qu’aux scores d’action hérités des studios d’Hans Zimmer et compagnie et que l’on nous balance à longueur de journées dans les films d’action, les séries policières ou les téléfilms musclés. Rien de bien neuf à se mettre sous la dent donc, d’autant que le manque de thème clair et distinct empêche l’auditeur/spectateur de se rattacher à quelque chose de particulier dans la musique de « Killer Elite ». Globalement, le score reste sombre, dissonant et rythmé, mais sans jamais offrir quoique ce soit de mémorable aux oreilles. A l’écran, le score accomplit sa mission avec brio en apportant une bonne dose de suspense et de tension aux images incisives et agitées de Gary McKendry : musicalement, on est davantage déçu par le manque d’inspiration des deux compositeurs, obligés de recycler ainsi toutes les formules ‘action/suspense’ habituelles sans la moindre once d’originalité ou même d’idée : du coup, par son caractère purement fonctionnel et routinier, « Killer Elite » s’adresse davantage aux fans des musiques de thriller/action à la Hans Zimmer qu’à ceux qui préfèrent des musiques plus mémorables ou plus thématiques.




---Quentin Billard