1-Red Dawn 2.48
2-Wolverines 2.07
3-Invasion 4.14
4-Execution 2.58
5-I'm Gonna Fight 3.07
6-We Need Better Weapons 2.16
7-What Do You Miss? 0.58
8-Victory 1.01
9-Brothers 1.25
10-Counter Insurgency 4.00
11-A Terrible Haircut 1.36
12-Even A Small Flea
Can Drive A Big Dog Crazy 2.29
13-Erica 1.36
14-Surveying The Damage 1.08
15-Preparing The Cabin 1.46
16-Follow The Wires 8.23
17-Daryl's Sacrifice 2.07
18-A Marine And His Rifle 2.46
19-Jed's Death 2.06
20-Finale 2.29

Musique  composée par:

Ramin Djawadi

Editeur:

Sony Classical 88765420942

Musique produite par:
Ramin Djawadi
Musique additionnelle de:
Bobby Tahouri, Bryce Jacobs,
Dominic Lewis

Monteur musique:
Peter Myles
Préparation musique:
Booker White
Technical Score Advisor:
Brandon Campbell
Sony Classical Product
Development:
Isabelle Tulliez

Artwork and pictures (c) 2012 United Artists Production Finance LLC. All rights reserved.

Note: **
RED DAWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ramin Djawadi
Flirtant avec la mode actuelle des remakes de classiques des années 80, Hollywood nous offre en 2012 une nouvelle version de « Red Dawn » (L’Aube Rouge), d’après le film de John Milius sorti en 1984 et qui réunissait quelques jeunes stars de l’époque telles que Patrick Swayze, C. Thomas Howell, Charlie Sheen, Lea Thompson et Jennifer Grey. Pour la cuvée 2012, c’est au tour de Dan Bradley de passer derrière la caméra, avec un nouveau casting réunissant quelques stars du moment, comme Chris Hemsworth (révélation de « Thor »), Adrianne Palicki (vue dans le récent « G.I. Joe 2 »), Josh Hutcherson, Isabel Lucas ou bien encore l’excellent Jeffrey Dean Morgan. Niveau scénario, le concept reste similaire au film de 1984 à la différence que cette fois-ci, ce ne sont plus les russes qui envahissent le sol américain mais bien les nord-coréens (néanmoins aidés par les russes). Pour le reste l’intrigue reste similaire : alors que leur ville et le reste des Etats-Unis est envahi par des soldats nord-coréens, un groupe de jeunes américains s’organisent et décident de lutter contre les envahisseurs, l’arme à la main, bien décidés à en découdre avec les ennemis. Le groupe constitué de Jed Eckert (Chris Hemsworth), ancien soldat revenu d’Irak, son jeune frère Matt (Josh Peck), Toni (Adrianne Palicki), Robert (Josh Hutcherson) et plusieurs autres adolescents décident de s’unir et de créer un groupe de résistance armée nommé les Wolverines. Ces derniers multiplient les actions terroristes et les attaques éclairs sur l’armée nord-coréenne et aident un groupe de militaires américains à s’emparer d’une précieuse mallette contenant des moyens de communication top secrets. A l’origine, il faut se souvenir que « Red Dawn » a été en réalité tourné en 2009, mais le film fut rangé dans un tiroir suite aux problèmes financiers du studio MGM. D’autre part, il était initialement prévu que les envahisseurs soient chinois, mais devant une éventuelle menace de censure de la Chine (qui représente une part importante du marché pour les américains), les envahisseurs sont finalement devenus nord-coréens, ce qui a d’ailleurs entraîné un autre problème, une avalanche d’insultes et de propos racistes et ultra patriotiques sur Twitter aux USA peu de temps après la sortie du film. Le film de Dan Bradley n’apporte rien de nouveau et semble même revenir à la bonne vieille époque des films d’action régressifs et patriotiques totalement invraisemblable et sans scénario, le tout ayant étant tourné à la manière d’un jeu vidéo façon « Call of Duty » ou « Medal of Honor ». Ici, les héros tirent sur tout ce qui bouge et dégomment des nord-coréens à la pelle comme un ado dirigerait un soldat dans un FPS sur console dernier cri. Le film est rapide, nerveux et rythmé, filmé caméra à l’épaule (et illisible dans la plupart des scènes d’action – encore un ersatz lamentable de Paul Greengrass !), les acteurs plutôt corrects et la mise en scène efficace bien qu’impersonnelle : le problème, c’est qu’on ne retient pas grand chose de tout ce bazar, si ce n’est que les américains aiment jouer sur la paranoïa et les relents patriotiques dans leurs films (cf. le montage d’archives des médias dans le générique de début), un peu comme ce fut le cas dans les années 90 avec des films comme « Independence Day » ou « Air Force One ». Quand à l’hypothétique intrigue d’une éventuelle invasion nord-coréenne aux Etats-Unis, elle est tellement peu probable qu’elle prête plus à sourire qu’autre chose – celle de l’invasion russe en pleine ère de la guerre froide dans le film de Milius paraissait bien plus crédible – Au final, « Red Dawn » est un film d’action banal, patriotique et décérébré, qu’on oubliera très vite : encore un remake inutile, en somme !

Prévue un temps pour Brian Tyler, la musique de « Red Dawn » fut finalement confiée à Ramin Djawadi, compositeur issu de l’écurie Remote Control, le fameux studio d’Hans Zimmer. Régulièrement critiqué pour son manque d’inspiration, son écriture très limitée et ses orchestrations plates et insipides, Ramin Djawadi continue de creuser l’écart entre ses (rares) fans et ses détracteurs avec « Red Dawn », puisque le score condense ici tous les défauts habituels du compositeur. Ecrit pour orchestre et une pléiade de synthétiseurs, samples et loops rythmiques en tout genre, « Red Dawn » pose d’emblée le ton du film lors de l’ouverture constituée d’un montage d’archives vidéos et de médias du monde entier autour de la montée de la crise internationale autour de la Corée du nord. Djawadi suggère clairement ici la tension d’une invasion imminente et véhicule un sentiment de menace avec son lot de percussions guerrières acoustiques/électroniques typiques des musiques d’action de chez Remote Control : à cela s’ajoute un ensemble de nappes synthétiques, samples de guitare électrique et quelques cordes froides et discrètes noyées dans la masse, développant un motif de 3 notes associées à la menace nord-coréenne : pas de quoi sauter au plafond ! Dans « Wolverines », Djawadi dévoile son thème principal associé dans le film au groupe de résistance américaine des Wolverines, un thème héroïque et noble évoquant la lutte armée et le combat pour la libération de la patrie. Ce thème éminemment solennel fait ici la part belle aux cordes, et plus particulièrement à des violoncelles lyriques et aux percussions déjà introduites dans « Red Dawn » (l’ouverture). Le final de « Wolverines », plus enthousiaste et optimiste, fait preuve d’un élan guerrier et héroïque assez entraînant, même si l’on regrettera le caractère complètement quelconque de cette mélodie ascendante de cordes, qui manque complètement de personnalité, de conviction (surtout dans le film). Dans « Invasion », le compositeur souligne le début de l’invasion nord-coréenne à grand renfort de cordes dissonantes, de percussions, de cuivres sombres et de loops électro survoltés typiques des musiques d’action de chez Remote Control. Djawadi opte ici pour la facilité la plus primaire en utilisant les vieilles recettes musicales habituelles, sans la moindre once de prise de risque. Premier morceau d’action détonnant de la partition de « Red Dawn », « Invasion » va même jusqu’à ressortir des basses synthétiques et des samples que l’on croirait sortis tout droit des scores d’action du Hans Zimmer des années 90. Le motif de 3 notes des nord-coréens est repris ici aux cuivres (à 2:27) en contrepoint de cordes purement rythmiques qui rappellent parfois le travail de Brian Tyler sur la série des « Expendables ».

Soucieux de se limiter à un style d’action bien à la mode, Ramin Djawadi souligne la tension de l’invasion et de la fuite des jeunes résistants sans grande imagination, avec un motif menaçant pour les envahisseurs aussi quelconque et insignifiant que le thème héroïque de violoncelles des Wolverines. C’est d’autant plus navrant que l’on se souvient pourtant que Basil Poledouris avait su trouver de bonnes idées mélodiques et musicales pour souligner l’invasion et la résistance dans le film original de 1984 : on est bien loin ici du brio et de la conviction de Poledouris pour cette monture 2012 ! Dans « Execution », Djawadi tente de suggérer l’espoir et le sentiment de résistance et de lutte pour la liberté avec un passage poignant pour cordes durant la scène de l’exécution, un passage plutôt réussi et assez émouvant, mais hélas trop discret et peu développé pour pouvoir avoir une place suffisante au sein de la partition de Ramin Djawadi. Dans « I’m Gonna Fight », le thème des Wolverines prend une tournure plus déterminée qui coïncide avec la scène des préparatifs armés de « We Need Better Weapons ». Le problème ici aussi, c’est que l’on a tellement l’impression d’avoir déjà entendu ça des centaines de fois auparavant que le score de « Red Dawn » semble n’avoir pas grand-chose à dire, que ce soit sur l’album comme dans le film. Même les passages plus intimes comme « What Do You Miss » ou « Brothers » lassent par leurs accords peu inspirés, leurs facilités (la guitare intimiste de « Brothers ») et leur manque total de surprise ou d’originalité. Pire encore, les morceaux d’action guerriers comme l’héroïque et solennel « Victory », « Counter Insurgency » ou l’intense « Follow the Wires » semblent avoir été composés en pilotage automatique et à la va-vite : ostinato paresseux de cordes, loops de percussions sans la moindre recherche sonore, basse synthétique à la Zimmer façon 90’s (on croirait entendre des passages de « The Rock » ou « Broken Arrow » en moins bon), écriture limitée et orchestrations d’une pauvreté ahurissante : voilà ce à quoi il faut s’attendre avec le score de « Red Dawn » version 2012.

Même les passages solennels et dramatiques comme « A Marine and His Rifle » et sa trompette mélancolique ne parviennent pas à rehausser le niveau d’une production musicale insignifiante, fonctionnelle à en mourir et incroyablement squelettique du point de vue des idées musicales. Restent quelques bons moments comme la montée finale du thème principal héroïque des Wolverines dans « Finale » ou la reprise déterminée du thème dans « A Marine and His Rifle », des moments fugaces où l’on devine un début d’émotion ou d’empathie, malheureusement trop vite gâchés par l’absence totale d’imagination et la pauvreté des choix musicaux de Ramin Djawadi. Autant dire dans l’immédiat que ce type de musique d’action synthético-orchestrale a fait son temps dans les productions Media-Ventures des années 90, mais qu’une composition similaire à l’heure actuelle prête plus à sourire qu’autre chose, surtout lorsqu’elle est exécutée avec aussi peu d’idées et de motivation : Djawadi fait ce qu’on lui demande et s’applique à bien le faire, point barre ! Que la musique colle parfaitement sur les images est une chose, qu’elle soit intéressante en soi en est une autre, et à ce niveau précis, « Red Dawn » version 2012 est une solide déception qui continue de jeter l’opprobre sur un style action actuel de Remote Control assez détestable et fatiguant, une approche musicale résolument datée pour un film d’action contemporain : pour le coup, on aurait largement préféré entendre Brian Tyler oeuvrer sur « Red Dawn » !




---Quentin Billard