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The Album
1-Main Title 3.44 2-Buster's Bust 2.58 3-The Robbery 10.01 4-The Lance (Alt) 4.16 5-Buster Takes A Bullet 1.43 6-First Aid 1.43 7-Medicine Stone 4.34 8-Nothing To Worry About 0.39 9-Beauty Parlor Source 3.36 10-Department Store 6.33 11-Broken Stone, Broken Spirit 12.15 12-Blazing Bullets, Flaming Lance 10.12 13-Brown Bridge & Find Me 4.14 The Extras 14-The Lance 4.03 15-Blazing Bullets, Flaming Lance (Alt) 1.32 16-Brown Bridge (Film Version) 2.32 Musique composée par: Michael Kamen Editeur: Intrada Special Collection Volume 192 Album produit par: Douglass Fake Artwork and pictures (c) 1989/2012 Morgan Creek Pictures. All rights reserved. Note: *** |
RENEGADES
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Michael Kamen
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« Renegades » (Flic et rebelle) est le film d’action 80’s par excellence, avec son rythme soutenu, son casting constitué de jeunes acteurs du moment (Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Jami Gertz, Robert Knepper) et ses scènes d’action à profusion. Le film de Jack Sholder sorti en 1988 est un concurrent direct au « Lethal Weapon » de Richard Donner sorti l’année précédente en 87, un buddy movie traditionnel dans lequel on retrouve la formule habituelle du flic obligé de faire équipe avec un partenaire inattendu et improbable sur une enquête explosive semée d’embûches. « Renegades » raconte ainsi l’histoire de Buster McHenry (Kiefer Sutherland), un policier infiltré qui travaille clandestinement au milieu d’un gang de voleurs de bijoux dirigé par le sinistre Marino (Robert Knepper). Mais le braquage échoue et la bande se retrouve traquée par la police de Philadelphie. Durant leur évasion, Marino parvient à s’emparer d’une précieuse lance rarissime dans une exposition d’objets des Indiens d’Amérique, tuant par la même occasion l’un des chefs Indien présent à l’exposition. Soupçonné d’avoir participé au braquage et abandonné par son gang, McHenry se retrouve obligé de s’associer avec Hank Storm (Lou Diamond Phillips), un jeune Indien envoyé en ville par les siens pour retrouver la précieuse lance sacrée de sa tribu. Les deux compères remontent la piste du réseau criminel de Marino et parviennent à retrouver la trace du gang. « Renegades » remplit donc le cahier des charges en assumant complètement son statut de divertissement pur et dur : action, fusillades, explosion, poursuites en voiture, traque dans le métro, tout y passe, non sans une certaine impression de déjà-vu. Incapable de proposer quoique ce soit de neuf, Jack Sholder se contente bien souvent du strict minimum, y compris au niveau d’une mise en scène impersonnelle bien loin des standards de l’époque imposés par John McTiernan ou Richard Donner dans le cinéma d’action U.S. des années 80. Kiefer Sutherland et Lou Diamond Phillips (auréolé par le succès de « La Bamba » en 1987 et devenu par la suite un habitué des rôles d’Indiens au cinéma) forment un duo plutôt efficace à l’écran, sans arriver à la cheville de ceux de « 48 Hrs. », « Beverly Hills Cop » ou de « Lethal Weapon ». Le film reste divertissant de bout en bout mais s’oublie aussi très rapidement.
Michael Kamen avait entamé avec « Lethal Weapon » le début d’une longue série de scores d’action qui feront sa renommée à la fin des années 80 et au début des années 90, car après le film de Richard Donner, Kamen s’est fait remarquer pour son excellente partition pleine d’ironie et d’action sur le « Die Hard » de McTiernan en 1988. Devenu en peu de temps un spécialiste des musiques d’action, Michael Kamen s’est donc retrouvé logiquement engagé sur « Renegades » pour lequel il livre une partition essentiellement synthétique, typiquement ‘eighties’, avec ses bons et ses mauvais côtés. Ceux qui s’attendaient à un score jazz/pop/action à la « Lethal Weapon » ont reçu une véritable douche froide en découvrant l’atmosphère électronique datée et les sonorités indiennes de « Renegades », appréciables à l’écran mais plus décevantes et ternes en écoute isolée. Première chose que l’on remarque très vite à l’écoute de la musique dans le film, c’est l’omniprésence des sonorités amérindiennes largement véhiculées ici par des flûtes ethniques (à la fois synthétiques et acoustiques), incluant ocarina et flûte de pan, illustrant le personnage de Hank Storm dans le film et sa quête pour retrouver la lance sacrée de sa tribu. Kamen y ajoute quelques notes de guitare pour parfaire son approche instrumentale, le tout sur fond de cordes samplées sur son bon vieux clavier Kurzweil K520, que le compositeur utilisa constamment tout au long des années 80. Le « Main Title » pose ainsi les bases de la partition de « Renegades » et présente les principales idées musicales et sonores du score, avec l’introduction du motif de flûte indienne de Hank et un climat plutôt sombre, mélancolique et intimiste. Dans « Buster’s Bust », Kamen introduit le second thème du score, un motif de 3 notes ascendantes associées à Buster (Kiefer Sutherland) dans le film, motif qui n’est pas sans rappeler « Lethal Weapon ». A noter ici l’ajout de guitares samplées qui reviendront aussi tout au long du récit pour suggérer la détermination de Buster et Hank. Dans « The Robbery », Kamen nous présente son premier grand morceau d’action avec 10 minutes de tension et d’action pour la séquence du hold up raté et de l’évasion des cambrioleurs. Ici, les sonorités synthétiques des cordes samplées et du piano sortent tout droit de « Die Hard » et « Lethal Weapon », à ceci près que Kamen n’a pas ici les moyens dont il disposait sur ces précédentes productions d’action. Le suspense est largement véhiculé ici par des sonorités cristallines dissonantes, des notes graves au piano, des cordes synthétiques sombres et bien sûr quelques rythmes plus survoltés pour la scène de la fuite dans les rues de la ville : c’est ici que le rapprochement avec « Die Hard » paraît plus flagrant, dans le choix des sonorités synthétiques et instrumentales. Dommage cependant que les samples orchestraux très limités de Kamen ne parviennent pas à apporter une vraie force à sa musique et trahissent trop rapidement le caractère cheap et artificiel de ses choix musicaux à l’image : un vrai orchestre aurait certainement eu plus de poids à l’écran ! Dans « The Lance », c’est l’occasion pour Kamen de développer pleinement les sonorités de flûtes amérindiennes traditionnelles avec une série de notes quasiment improvisées, qui ressemblent aux chants d’oiseaux. On retrouve ici le motif rythmique sombre de piano de « The Robbery » pour suggérer la menace et l’agressivité du sinistre Marino. A cela s’ajoute quelques percussions tribales qui apportent un rythme particulier à la musique et une atmosphère étrangement mystique et surréaliste, notamment dans le mixage de certains sons en arrière-plan sonore. Malgré le genre du film (un buddy movie typique des années 80), Michael Kamen s’autorise donc ici quelques prises de risque en osant frôler le registre du fantastique dans sa musique, quitte à dérouter l’auditeur/spectateur. « The Lance » reste d’ailleurs à coup sûr le morceau le plus étonnant et le plus original de la partition de « Renegades ». En revanche, on retombe dans un style plus conventionnel et pour le coup bien moins surprenant dans « Buster Takes A Bullet », qui associe le motif de 3 notes de guitare synthétique de Buster et le motif de flûte indienne de Hank. Ici, l’idée est on ne peut plus claire : le flic et l’amérindien sont associés pour retrouver les criminels et venger la mort d’un des membres de la tribu d’Hank, d’où le mélange des 2 motifs et des deux sonorités bien distinctes. C’est aussi ce que suggèrent les intimes « First Aid » et « Medicine Stone », où Kamen fait la part belle au motif d’Hank et à sa flûte mystique et improvisée sur fond de guitare, clavier, cordes synthétiques et reprises du thème de Buster. Autre morceau surprenant : « Beauty Parlor Source », dans lequel Kamen s’essaie à la musique électronique des années 80 en expérimentant autour de son motif de guitare de Buster à base de pads déformés, de loops étranges et de rythmes endiablés pour la scène de la poursuite entre Buster et Hank dans le centre commercial. Kamen accentue clairement ici l’univers urbain du film avec des rythmes tendance électro/techno un peu datés et plutôt étranges, même dans le contexte du film. Ces rythmes se prolongent d’ailleurs dans la fin de la poursuite avec « Department Store », où le motif d’Hank et celui de Buster survolent une série de loops électro 80’s un peu kitsch mais plutôt osés pour ce film. Dans « Broken Stone, Broken Spirit », Kamen entame un premier morceau de plus de 12 minutes pour amener la fin de l’aventure : ici aussi, les motifs d’Hank et Buster se mélangent à grand renfort de sonorités sombres, tandis que « Blazing Bullets, Flaming Lance » illustre pendant 10 minutes la confrontation finale dans le ranch de Marino et ses sbires, avec son lot de percussions tribales, de flûtes amérindiennes, de pizz/piano synthétiques repris de « Die Hard »/ « Lethal Weapon » et de motif rythmique sombre de piano, un dernier morceau d’action illustrant la vengeance finale d’Hank et Buster. Le film se conclut avec un « Brown Bridge & Find Me » plus mélancolique, dans lequel les flûtes d’Hank et la guitare synthétique de Buster semblent avoir enfin trouvé une paix méritée, avec retenue. Michael Kamen fait donc fi du manque de moyens évidents sur la musique de « Renegades » et nous propose un score daté dans ses sonorités mais aussi parfois original, étonnant et radical dans certains de ses choix musicaux. En développant son atmosphère mystique amérindienne dans le film, Kamen apporte un souffle tribal/ethnique étrange aux images du film de Jack Sholder, tout comme dans son choix d’écrire une musique sombre, intime, parfois improvisée et parfois aussi assez surprenante voire insolite (les flûtes surréalistes de « The Lance », les rythmes électro expérimentaux de « Beauty Parlor Source »), sans oublier l’apport émotionnel indispensable des motifs, et plus particulièrement du thème d’Hank et du motif de Buster, omniprésents tout au long du film. Le score apporte donc une atmosphère assez particulière au long-métrage de Jack Sholder, reprenant l’approche musicale de « Die Hard » et « Lethal Weapon » mais avec une touche mystique supplémentaire et un parti pris esthétique plus étonnant. Dommage que les synthétiseurs de Kamen paraissent très limités (même pour l’époque) et ne parviennent pas toujours à apporter la force nécessaire aux images, notamment dans les passages d’action, qui sonnent résolument cheap et pas toujours très intéressants, car, au final, on préfèrera davantage les moments plus sombres et mystiques comme « The Lance » ou les parties plus insolites comme « Department Store », dans lesquels Kamen se remue les méninges et compense son approche synthétique cheap par une recherche d’idées intéressantes mais qui risque fort d’en rebuter plus d’un, à commencer par ceux qui sont davantage habitués aux scores d’action plus conventionnels du compositeur de « Robin Hood ». Un score méconnu de Michael Kamen à découvrir enfin grâce à la nouvelle édition CD publiée par Intrada ! ---Quentin Billard |