Disc 1
1-My Dear Frodo 8.03
2-Old Friends
(extended version) 5.00**
3-An Unexpected Party
(extended version) 4.08**
4-Blunt the Knives 1.01+
5-Axe or Sword? 5.59
6-Misty Mountains 1.42++
7-The Adventure Begins 2.04
8-The World is Ahead 2.19
9-An Ancient Enemy 4.56
10-Radagast The Brown
(extended version) 6.37**
11-The Trollshaws 2.08*
12-Roast Mutton
(extended version) 4.56**
13-A Troll-Hoard 2.38
14-The Hill of Sorcery 3.50
15-Warg-Scouts 3.02

Disc 2

1-The Hidden Valley 3.49
2-Moon Runes
(extended version) 3.39**
3-The Defiler 1.14
4-The White Council
(extended version) 9.40**
5-Over Hill 3.42
6-A Thunder Battle 3.54
7-Under Hill 1.54
8-Riddles in the Dark 5.21
9-Brass Buttons 7.37
10-Out of the Frying-Pan 5.55
11-A Good Omen 5.45
12-Son of the Lonely Mountain
(extended version) 6.00+++/**
13-Dreaming of Bag End 1.56

Exclusive Bonus Tracks:

14-A Very Respectable Hobbit 1.20*
15-Erebor 1.19*
16-The Dwarf Lords 2.01*
17-The Edge of the Wild 3.54*

*Bonus track,
only on special edition
**Extended version,
only on special edition
+Interprété par The Dwarf Cast
Paroles de J.R.R. Tolkien
Musique écrite par Stephen Gallagher
Produit par Stephen Gallagher
++Interprété par Richard Armitage
& The Dwarf Cast
Paroles de J.R.R. Tolkien
Musique écrite par David Donaldson,
David Long, Steve Roche,
Janet Roddick
Produit par Plan 9 et David Long
+++Interprété par Neil Finn
Paroles de Neil Finn
Musique de Neil Finn,
David Donaldson, Steve Roche,
Janet Roddick, David Long
Produit par Neil Finn,
Elroy Finn, Liam Finn
Arrangements de cordes de
Victoria Kelly
Orchestre interprété par
London Metropolitan Orchestra
Conduit par James Brett.

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

WaterTower Music WTM39373

Album produit par:
Howard Shore
Producteurs exécutifs de l'album:
Peter Jackson, Fran Walsh,
Philippa Boyens

Direction en charge de la musique
pour Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Erin Scully
Direction de la musique pour
WaterTower:
Jason Linn
Textes choral de:
Philippa Boyens
Sauf le texte de "The Eagles" de:
J.R.R. Tolkien, Philippa Boyens
Traductions textes chorale:
David Salo
Monteur musique superviseur:
Jonathan Schultz
Programmation musique:
James Sizemore
Monteurs musique:
Jennifer Dunnington, Michael Pärt
Monteurs score enregistré:
Kirsty Whalley, Rob Houston,
Yann McCullough

Manager production:
Elizabeth Cotnoir
Superviseur musique:
Karen Elliott
Coordinateur production:
Alan Frey
Accounting:
Rich Palecek
Superviseur préparation musique:
Amy Baer
Préparation musique:
Jill Streater, Vic Fraser,
Ann Barnard, David Gill,
Joshua Green, Jeremy Howard Beck,
Andrew Townend, James Marangone

Manager studio:
Colette Barber
Monteurs nouvelle-zélande:
Mark Willsher, Stephen Gallagher,
Nigel Scott

Monteur musique Londres:
Laurence Love Greed
Opérateur Auricle:
Peter Clarke
Assistant programmation musicale:
Antonio Andrade
Album monté par:
Yann McCullough, Jonathan Schultz
Coordinateur album:
Alan Frey
Music Business Affairs:
Lisa Margolis

Artwork (c) 2012 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved. Pictures (c) 2012 Warner Bros. Entertainment & Metro-Goldwyn-Mayer Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
THE HOBBIT:
AN UNEXPECTED JOURNEY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Une décennie après la trilogie « Lord of the Rings », c’est avec un plaisir et une nostalgie évidente que Peter Jackson et son équipe nous ramènent à nouveau dans l’univers si particulier de la Terre du Milieu avec « The Hobbit : An Unexpected Journey », premier opus d’une nouvelle trilogie adaptée du roman « The Hobbit » de J.R.R Tolkien, écrit en 1937 bien avant les livres de « Lord of the Rings » - à noter que le projet fut confié pendant un temps à Guillermo Del Toro, qui officie au final en tant que scénariste sur le film. Ainsi, « The Hobbit : An Unexpected Journey » s’inscrit dans la continuité de la trilogie « Lord of the Rings », en se proposant de revenir cette fois-ci sur l’histoire de Bilbo le Hobbit bien avant celle de la précédente trilogie. Sorti en décembre 2012, « An Unexpected Journey » sera suivi de « The Desolation of Smaug » en 2013 et du final « There and Back Again » en 2014. Désireux de prolonger l’expérience de « Lord of the Rings », Peter Jackson a réunit une bonne partie de l’équipe et des acteurs des précédents films, tandis que le rôle de Bilbo Sacquet jeune a été confié à l’acteur britannique Martin Freeman (aperçu dans la série TV « Sherlock »). L’histoire débute soixante ans avant celle du Seigneur des Anneaux : Bilbo, l’oncle de Frodon, est un hobbit ordinaire qui mène une existence paisible dans son village, évitant le danger et l’action. Mais un jour, il croise la route du magicien Gandalf le Gris (Ian McKellen) qui lui propose de participer à une grande aventure. Bilbo refuse et part s’enfermer dans sa maison, mais c’est sans compter sur la ténacité de Gandalf : un soir, treize nains débarquent sans crier gare chez Bilbo, accompagnés de Gandalf. Ce dernier explique alors la situation : les nains s’apprêtent à partir pour une longue et périlleuse aventure vers le Mont Solitaire, où se trouve le précieux trésor gardé par le maléfique dragon Smaug. Le groupe est dirigé par Thorin écu-de-chêne (Richard Armitage), héritier déchu du Mont Solitaire qui cherche à vaincre Smaug pour restaurer son royaume. D’abord réticent, Bilbo finit par accepter de participer à un voyage périlleux et semé d’embûches, une aventure au cours de laquelle il croisera la route de la créature Gollum et s’emparera de son trésor, le précieux anneau magique qui lui permet de devenir invisible. Bilbo ignore encore que cette découverte sera autant une bénédiction qu’une malédiction pour lui. « The Hobbit » est une superproduction d’heroic-fantasy d’une rare qualité, qui ressuscite enfin toute la splendeur de la saga « Lord of the Rings », souvent imitée depuis les années 2000 mais jamais égalée à ce jour.

Si « The Hobbit » s’avère plus inégal que les précédents films, parsemé d’un humour infantile parfois hors sujet - la première partie ressemble davantage à un film familial pour enfants (il faut d’ailleurs se souvenir que c’est dans cet esprit que Tolkien écrivit « The Hobbit » en 1937), le résultat reste malgré tout à la hauteur de nos espérances, une sorte de concrétisation pour Peter Jackson qui souhaitait adapter le roman à l’écran depuis 1995. Avec son budget de 145 millions de dollars, « The Hobbit » est avant tout un grand film d’aventures porté par des acteurs de qualité (quel plaisir de retrouver Ian McKellen, Andy Serkis, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Christopher Lee, etc.), un univers d’une richesse époustouflante, des décors grandioses et des effets spéciaux hallucinants. Au niveau du bestiaire, le film nous présente une multitude de créatures pittoresques et repoussantes – Goblins, Trolls, Orques, Ouargues sauvages, Araignées géantes, Sorciers, Métamorphes – et introduit le personnage de Gollum et du « précieux » anneau. Adoptant un ton plus léger, « The Hobbit » reste malgré tout un film d’aventure en 3D d’une grande beauté, inégal dans sa première partie mais purement et simplement exaltant dans sa deuxième heure (le film dure 2h45). On regrettera simplement les nombreuses longueurs – certaines scènes durent parfois trop longtemps, des coupes auraient été nécessaires, notamment lors de la scène agaçante avec les immenses trolls ou durant le dialogue entre Bilbo et Gollum, qui s’éternise – le film de Peter Jackson étant simplement moins abouti, moins complexe et moins recherché dans son scénario par rapport aux films des « Lord of the Rings ». Néanmoins, on appréciera l’introduction d’éléments clé liés à la saga du Seigneur des Anneaux (l’apparition de Saroumane, des Elfes, de Gollum, etc.) et la richesse épatante d’un univers qui ne ressemble à aucun autre, avec son lot de créatures maléfiques, de héros intrépides et de mythes secrets. En suivant l’aventure du groupe de nains, Peter Jackson apporte un ton plus léger à son récit malgré quelques scènes de bataille virtuoses et techniquement époustouflantes, et quelques moments beaucoup plus sombres – le film est d’ailleurs beaucoup plus sombre que le roman d’origine, qui restait très orienté vers le conte pour enfants – On suit le destin de cette poignée de héros avec un intérêt constant, le tout accompagné de quelques scènes poignantes où la magie du cinéma opère purement et simplement (il y a de vrais moments d’émotion d’une rare qualité dans le film). Malgré ses défauts et son côté inégal, « An Unexpected Journey » est de loin l’un des meilleurs blockbusters hollywoodiens de cette fin d’année 2012, le premier opus majeur et ambitieux d’une nouvelle trilogie fort prometteuse !

Bien évidemment, « The Hobbit » ne pouvait se faire sans le concours d’Howard Shore, compositeur de la trilogie « Lord of the Rings » qui retrouve ici l’univers musical de la Terre du Milieu qu’il a lui-même crée une dizaine d’années auparavant. Retrouver Howard Shore sur ce monde d’heroic-fantasy adapté de Tolkien était d’ailleurs un vrai rêve pour tout bon fan qui se respecte, et grâce à « The Hobbit », le rêve peut enfin devenir réalité. Howard Shore reprend donc ses anciens thèmes et harmonies pour « Lord of the Rings » et nous propose de nouveaux thèmes et de nouvelles idées musicales sur « The Hobbit », désireux de faire le lien entre les deux trilogies tout en cherchant à se renouveler quelque peu pour éviter le piège de la redite et de la paraphrase. Pour Howard Shore, c’est l’occasion inespérée de retrouver l’univers musical de « Lord of the Rings » en compagnie des prestigieux musiciens du London Philharmonic Orchestra, tout en reprenant l’approche opératique voulue sur la précédente trilogie de Peter Jackson. Ainsi, ce premier opus de « The Hobbit » permet au compositeur canadien de reprendre des thèmes bien connus pour les différentes contrées de la Terre du Milieu, tout en proposant quelques nouvelles mélodies et motifs ancrés dans cette nouvelle aventure. Bien évidemment, on retrouve ici le thème du village paisible et vert des hobbits, et du Bag End de Bilbo, un thème pastoral et optimiste bien connu de la première trilogie des « Lord of the Rings », et associé tout au long du film à Bilbo. On y retrouve par la même occasion une instrumentation plus ethnique à base de cymbalum, fiddle, guitare et flûte à bec, des solistes déjà présents pour évoquer le monde des hobbits dans la précédente trilogie. Ce thème est déjà présenté dans le long « My Dear Frodo », 8 minutes intenses présentant les différents thèmes de « An Unexpected Journey » : on découvre ainsi le thème de Bilbo/des hobbits à 0:52 aux cordes, puis à la clarinette au début de « Old Friends », dans des arrangements musicaux similaires à « Lord of the Rings » pour les retrouvailles entre Bilbo et Gandalf au début du film. Niveau thématique, on découvre dans « An Unexpected Party » un thème léger entendu dès 1:41 et qui évoque le caractère plus timoré et humoristique de Bilbo, un thème secondaire pour le hobbit que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film. Un autre thème est associé à Bilbo dans le film, entendu dans « The World is Ahead », qui fait office de thème d’aventure – on pourra aussi citer le superbe thème héroïque de cuivres entendu à 3:42 dans l’épique et choral « Out of the Frying-Pan ».

Plus important encore, c’est dans « My Dear Frodo » que l’on découvre un nouveau thème majeur du score, le thème d’Erebor, le royaume des nains, entendu à partir de 1 :58 et qui se divise en deux phrases mélodiques : la première est une série d’intervalles ascendants (une tierce mineure, puis une quarte, puis une quinte) aux cors, la seconde, reconnaissable à partir de 2:18, est une mélodie ascendante plus noble et solennelle, évoquant la quête des nains et de leur leader Thorin, tout en apportant par son caractère vaguement mélancolique un aspect plus dramatique à la musique des nains. Plus important encore que le leitmotiv d’Erebor et de Thorin, le thème de la quête des nains est présenté pour la première fois dans le film sous la forme de la chanson « Misty Mountains », interprétée a cappella par les nains lors de la scène chez Bilbo (le chant a été écrit par le groupe Plan 9 et David Long) : le thème s’apparente à une mélodie aux accents populaires et folkloriques, et qui souligne clairement l’idée du voyage et de la quête pour restaurer le royaume. Le « Misty Mountains Theme » est d’ailleurs le nouveau thème majeur du score de « An Unexpected Journey » et restera l’un des thèmes les plus présents dans ce premier opus de la trilogie « The Hobbit », développé à loisir tout au long de l’aventure, parfois sous des formes plus dramatiques, par moment plus héroïque et guerrier pour l’occasion. Au rayon thématique, on pourra aussi noter un thème descendant et menaçant pour le dragon Smaug entendu à 4:16 aux cordes dans « My Dear Frodo », et qui n’est pas sans rappeler le thème du Mordor de la trilogie « Lord of the Rings ». Peu présent dans ce premier opus – on le retrouve aux trompettes à 4 :57 dans « My Dear Frodo » - le thème de Smaug reviendra plutôt vers la fin du film, dans « A Good Omen » à 5:29 aux cuivres pour l’ultime plan de « An Unexpected Journey » (qui suggère clairement la présence de Smaug), passage malheureusement non retenu pour la fin du film. On devine d’ailleurs à quel point ce thème menaçant et imposant sera plus particulièrement présent dans les deux épisodes à venir. Gandalf le gris a droit à son propre thème dans « Old Friends », à 3:33 au hautbois, deux phrases mélodiques de cinq notes plutôt discrètes mais que l’on retrouvera aussi dans « An Unexpected Party » à 2:14, cette fois-ci aux cordes. Toujours du côté de Gandalf, on retrouve dans « Out of the Frying-Pan » un thème de qualité bien connu de la première trilogie, baptisé « Nature’s Reclamation Theme », porté dès 1:58 par des choeurs mystiques de qualité.

Signalons ensuite que le fameux thème de l’anneau est repris à quelques reprises dans le film, notamment dans « Riddles in the Dark », pour la scène où Bilbo fait la connaissance de Gollum : en plus du motif envoûtant de l’anneau, on retrouve aussi le thème harmonique ambigu de Gollum/Smeagol. Pour en rester dans les thèmes familiers, on reconnaîtra ensuite le motif de choeurs/arpèges de cordes des elfes dans « The White Council », qui reprend les choeurs féminins associés dans « Lord of the Rings » à Rivendell, la cité du semi-elfe Elrond. Le thème de Rivendell est repris aussi dans « The Hidden Valley » à 1:00 avec ses choeurs et ses harmonies solennelles et majestueuses. L’apparition de Saroumane permet à Shore de citer brièvement le motif de cinq notes d’Isengard à 4:40 aux cuivres (allusion furtive tout juste reconnaissable dans le film mais pourtant bien présente). Dans « An Ancient Enemy », Howard Shore présente un motif très présent dans le film, un groupe de quatre notes descendantes aux cuivres et aux percussions, associé dans le film aux redoutables Orques et à leur leader Azog. Ce motif sombre sera constamment répété tout au long du film dans les scènes où l’on aperçoit les Orques et leur chef déterminé et prêt à tout pour éliminer les nains et le hobbit, par exemple à partir de 4:50 dans « Radagast the Brown », où il est développé par un ensemble de cors, bassons, clarinette basse sombres et menaçants. Au rayon des personnages maléfiques, le Nécromancien est suggéré clairement à la fin de « Radagast the Brown » avec une allusion au thème menaçant du Mordor, sans oublier un motif sombre et espiègle pour les trolls dans « The Trollshaws », sous la forme d’une série de trois notes rapides et ascendantes aux cordes et aux bois (motif d’ailleurs plus quelconque et que l’on remarquera difficilement dans le film). Même les monstrueux wargs, les loups maléfiques des Orques, ont droit à leur propre identité musicale dans « Warg-scouts », morceau d’action guerrier et puissant soutenu par des cuivres robustes, des orchestrations virtuoses et un ensemble de percussions dominées par les tambours taïkos japonais.

Niveau thématique, Howard Shore développe donc un système de leitmotiv typiquement opératique et inspiré des méthodes wagnériennes : ici, chaque personnage et chaque contrée possède son propre thème ou motif, qu’il s’agisse de Bilbo, de Gandalf, de Gollum, d’Elrond, de Saroumane, de Thorin, de Smaug, de Radagast, d’Azog et ses Orques, des trolls, du Nécromancien, des wargs, de l’anneau, du « Nature’s Reclamation Theme » associé à Gandalf, sans oublier les lieux : Rivendell, le Mordor, le village des hobbits, Erebor et le « Misty Mountains Theme » pour les nains. Oscillant entre mélodies familières et nouvelles identités thématiques (notamment pour Erebor et Thorin, ainsi que les Orques), Howard Shore élabore une partition incroyablement riche et intense tout au long du film. Si l’on retrouve avec plaisir les sonorités bien connues des hobbits dès le début du film, avec certains passages plus légers et enjoués à la limite du mickey-mousing, le thème d’Erebor/Thorin entendu au début de « Axe or Sword » pose clairement les bases épiques et dramatiques de cette nouvelle aventure : c’est l’occasion ici pour Shore de développer les deux phrases mélodiques du « Erebor’s Theme » pour annoncer une quête sombre et agitée. Comme pour la précédente trilogie, la musique repose avant tout sur des orchestrations d’une qualité impressionnante, privilégiant chaque pupitre de l’orchestre avec un classicisme d’écriture propre à Howard Shore. C’est le plaisir de retrouver une musique symphonique riche, épique, monumentale et bien écrite qui confère à « An Unexpected Journey » un caractère incroyablement agréable, dynamique et rafraîchissant, aussi bien dans le film que sur l’album, où la musique révèle toutes ses subtilités thématiques et musicales. Et puis il y a bien évidemment le chant des nains de « Misty Mountains », déjà dévoilé lors des premières bande-annonces du film courant 2012, et qui reste l’une des attractions majeures de ce premier opus de la trilogie « The Hobbit ». Le thème prend une tournure plus solennelle et noble dans « The World is Ahead » lorsque les nains et leurs alliés traversent les montagnes (à 1:32 aux cors), héroïque à la fin de « Roast Mutton » lorsque les héros échappent aux trolls (à 2:24) ou au début de « Over Hill », durant lequel Shore parvient habilement à superposer en contrepoint le « Misty Mountains Theme » avec le thème de Thorin. Plus impressionnantes, les musiques de scènes de bataille sont les principaux atouts de cette partition épique et riche, comme le confirme clairement le monumental « A Thunder Battle », pour la bataille avec les Gobelins. Shore n’hésite pas à verser ici dans la dissonance pour accentuer la violence des combats et son flot de tambours guerriers, de cuivres épiques et de rythmes qui semblent accélérer constamment. Même chose pour l’intense « Under Hill » et ses trompettes stridentes et dissonantes d’une agressivité redoutable. Dans le même registre, on appréciera l’emploi de chœurs masculins guerriers scandés de façon mécanique dans « Brass Buttons » (entre 2:30 et 2:43), qui rappellent curieusement la musique des Decepticons dans le « Transformers » de Steve Jablonsky. « Brass Buttons » est d’ailleurs l’un des morceaux les plus spectaculaires du film, que ce soit dans l’emploi des choeurs guerriers scandés de façon mécanique et métronomique ou des trompettes aux trilles multiples et stridentes. Impossible aussi de passer à côté de « Out of the Frying-Pan », où l’on retrouve ces effets stridents de trompettes mais aussi de ‘flatterzunges’ agressifs des trombones, durant la bataille finale avec les Orques et les arbres enflammés. Les auditeurs décolleront de leur siège avec la superbe envolée héroïque triomphante des cors de Bilbo à 3:43 : frissons d’émotion garantis ! A noter que le superbe « A Good Omen » n’a pas été retenu pour la fin du film (du moins en partie), chose regrettable, car le morceau affichait pourtant une majestuosité chorale assez impressionnante dans son genre.

Malheureusement, malgré deux éditions CD généreuses publiés par le label WaterTower Music, la musique d’Howard Shore a été remontée quelque peu différemment dans le film, ayant subie pas mal de changements lors du montage final (par exemple, « A Good Omen » n’a pas été retenu, etc.). Du coup, certains morceaux-clé de la musique du film sont malheureusement absents des deux éditions double CD, et notamment les passages qui reprenaient le thème de « Misty Mountains » dans une version héroïque et guerrière, ou certains passages entendus vers la fin, lors de l’envol final des aigles géants. C’est d’autant plus regrettable que l’on devine derrière ce choix une volonté de la part des éditeurs de garder quelques grands moments de musique pour d’éventuelles futures éditions complètes, comme ils l’ont fait précédemment sur les coffrets des musiques complètes d’Howard Shore pour la trilogie « Lord of the Rings ». Ce choix purement commercial est plutôt agaçant et frustrant, car il n’aurait était facile d’inclure ces passages sur les éditions 2CD actuelles qui contiennent quelques morceaux plus fonctionnels et totalement dispensables, notamment dans la première partie du film, qui reste la partie la moins intéressante de la musique (et du film). Toujours est-il que, malgré une présentation de la musique assez discutable sur les deux éditions CD officielles, le score de « The Hobbit : An Unexpected Journey » est bel et bien la réussite musicale que l’on était en droit d’attendre de la part d’Howard Shore, un formidable retour au source pour le musicien canadien qui retrouve ainsi l’univers de « Lord of the Rings » et nous concocte une nouvelle partition symphonique aux accents opératiques démesurés, une oeuvre artistique et musicale d’une richesse rare, qui nous permet de revenir 10 ans en arrière lors de la sortie des films de Peter Jackson, qui ont été maintes fois imités depuis mais jamais égalés. C’est aussi l’occasion pour les auditeurs/spectateurs de se replonger dans une oeuvre grandiose, épique et démesurée à l’image de l’oeuvre littéraire ambitieuse de J.R.R. Tolkien, avec une musique qui, à l’instar du film de Jackson, parvient à devenir plus complexe, plus sombre et plus intense que le livre original (qui était davantage destiné à un public familial et à de jeunes lecteurs). Avec une première partition d’une telle qualité, Shore réussit ainsi un double exploit : apporter un impact magistral aux images du film, en créant une atmosphère adéquate et de multiples thèmes/motifs d’une richesse telle qu’elle mériterait une véritable analyse approfondie de musicologue, mais aussi créer du neuf à partir de l’ancien, car malgré la reprise de thèmes musicaux bien connus, Shore a réussit le tour de force de ne jamais se répéter ou se paraphraser en apportant de nouvelles idées mélodiques à cette grande aventure qui s’annonce sous les meilleures auspices. Qu’on se le dise : « The Hobbit : An Unexpected Journey » est bel et bien l’une des meilleures musiques de film de l’année 2012, à ne rater sous aucun prétexte ! A une époque où la musique de film hollywoodienne semble être tombée dans une morosité créatrice alarmante et déprimante, un score magistral comme « The Hobbit » mérite d’être glorifié et apprécié à sa juste valeur, dans le film comme sur le double album, une musique écrite avec passion, force et inspiration, dans la continuité directe de « Lord of the Rings » : incontournable, donc !




---Quentin Billard