1-The Ark Theme 1.44
2-Baxter's To Bed 1.23
3-God's Theme 3.11*
4-Grooming Montage 1.01
5-Genesis 6:14 5.20
6-Evan's Theme 2.03**
7-Evan Runs From Capitol 1.26
8-God's Valley 2.02
9-God Crane Arrives 1.06
10-Congressional Animals 3.17
11-I'm Noah 4.48
12-Evan and God 2.18**
13-Hummer Ride 3.33
14-Take It Down 4.02
15-The Flood 6.56
16-Acts of Random Kindness 4.48

*Male Vocalist: Dwight Tribble
Female Vocalist: Roxanne Morganstern
**Piano solo de Michael Lang.

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 825 2

Produit par:
John Debney
Producteur exécutif de l'album
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif album:
Tom Shadyac
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
for Universal Pictures:
Phil Cohen
Direction album pour
Universal Pictures:
David Buntz
Coordinateur score:
Lola Debney
Superviseur production score:
Melanie Mullens Hoyson
Monteurs musique:
Jeff Carson, Jim Harrison
Préparation musique:
JoAnn Kane Music Services

Artwork and pictures (c) 2007 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ****
EVAN ALMIGHTY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« Evan Almighty » (Evan tout-puissant) fait suite à « Bruce Almighty », comédie déjantée avec Jim Carrey sortie en 2003. A nouveau réalisé par Tom Shadyac, infatigable réalisateur de comédie, « Evan Almighty » voit Jim Carrey quitter le projet et remplacé par Steve Carell, qui reprend son rôle du journaliste Evan Baxter du premier film de 2003. Dans cette nouvelle aventure, Evan a abandonné le journalisme pour se consacrer à son nouveau rôle de député au Congrès américain et à sa future carrière politique pleine de promesse. Un jour, Dieu (Morgan Freeman) débarque sur Terre avec les traits d’un homme noir entièrement habillé de blanc et propose à Evan, désireux de changer le monde, de construire pour lui une arche en vue d’un déluge imminent. Evan vit avec sa femme et ses enfants dans une luxueuse maison non loin de Washington. Tout semblait aller pour le mieux pour lui et sa famille, jusqu’à ce qu’il commence à apercevoir des animaux qui le suivent partout où il va, même dans son propre bureau. Peu de temps après, sa barbe pousse rapidement de façon incontrôlable, et il ne parvient même pas à la raser. C’est alors que Dieu lui fait comprendre qu’il a été désigné pour construire une grande arche. D’abord hésitant, Evan comprend que son destin est de suivre la volonté divine, et se lance dans la construction de l’immense arche. « Evan Almighty » délaisse les gags et les facéties de Jim Carrey pour une intrigue plus fantastique basée sur la construction de l’arche, célèbre thème biblique emprunté à l’Arche de Noé. Steve Carell, spécialiste des rôles comiques, apporte l’humour et la dérision nécessaire à son personnage face à des situations totalement rocambolesques et farfelues, mais le film vaut surtout pour ses impressionnants effets spéciaux qui ont nécessité le travail des studios R&H et ILM, notamment pour la très spectaculaire séquence finale du déluge. Quand à la construction de l’arche, elle a représenté un véritable défi technique et artistique pour toute l’équipe du film. Hélas, malgré un casting convaincant et quelques bons gags, « Evan Almighty » n’a pas réussi à convaincre : considéré comme la comédie américaine la plus chère jamais produite à Hollywood (un budget excessif de plus de 200 millions de dollars !), le film de Tom Shadyac a été un échec commercial et critique à sa sortie en salles en 2007 et s’est même vu nominé aux Razzie Awards pour la « pire pré-suite ou suite de film ». Ceci s’explique en partie par le côté lourdingue de l’humour du film, le caractère totalement invraisemblable de l’histoire et l’aspect de propagande religieuse qui a été très critiqué lors de la sortie du film en 2007, sans oublier un scénario plutôt mauvais – celui du premier film paraissait bien plus intéressant – Quand à Steve Carell, on l’a connu bien plus convaincant, car lui-même semble bien en dessous de son potentiel habituel. Les références bibliques et la morale religieuse/écolo du film plombent le long-métrage de Tom Shadyac, qui réussit donc l’exploit d’être la comédie hollywoodienne la plus chère de tous les temps et aussi l’une des moins drôles dans son genre : l’échec est donc monumental pour les producteurs, qui y réfléchiront à deux fois avant de prendre les spectateurs pour des idiots !

John Debney est de retour sur la musique de « Evan Almighty » après avoir signé celle de « Bruce Almighty » en 2003. Pour Debney, pas de réel changement de cap sur la nouvelle comédie de Tom Shadyac, si ce n’est l’incorporation très réussie de choeurs religieux évoquant l’aspect divin/biblique de l’histoire. D’une façon générale, la musique de « Evan Almighty » est sensiblement plus épique et grandiose que celle de « Bruce Almighty », qui fonctionnait sur une échelle plus réduite. Ici, John Debney accompagne les moyens de cette comédie surdimensionnée à grand renfort de chœurs grandioses et d’orchestre imposant, à l’aide d’un thème principal majestueux, noble et spectaculaire, le thème de l’arche d’Evan ou « The Ark Theme ». Ce thème grandiose qui ouvre l’album de Varèse Sarabande fait la part belle aux choeurs et à un orchestre composé de cordes, vents et percussions : il évoque clairement l’accomplissement d’Evan et le caractère divin de la construction de l’arche. Le score s’impose par sa thématique plus prononcée, car après le « Ark Theme », on découvre aussi un thème tout simplement associé à Dieu (rien que cela !) dans « God’s Theme », un très beau thème de cordes accompagné de vocalises masculines et féminines à la manière d’un gospel traditionnel pour évoquer le personnage de Morgan Freeman dans le film. Elément curieux, on notera ici l’étrange ressemblance du « God’s Theme » avec un thème entendu dans le score de « Apollo13 » de James Horner, qui semble avoir servi de temp-track pour les besoins du film. Travaillant clairement ici autour des vocalises gospel, Debney élabore un thème émouvant et profond pour Dieu, mais qui trahit trop clairement l’influence évidente des temp-tracks, principal défaut de la partition de « Evan Almighty ». Ainsi, le « Ark Theme » pourrait à son tour être rapproché d’un autre score, celui de « The Abyss » d’Alan Silvestri, qui contenait déjà des envolées chorales/harmoniques très similaires – certains passages sont aussi calqués sur le score de « Night at the Museum » d’Alan Silvestri. Enfin, on découvre le troisième thème dans « Evan’s Theme », thème associé dans le film au personnage de Steve Carell, et confié cette fois-ci à un piano intime et entraînant. Le final de « Evan’s Theme » se conclut d’ailleurs avec une reprise du « God’s Theme » au piano plutôt jolie.

« Baxter’s To Bed », Debney renoue avec un style plus proche de ses musiques de comédie habituelles à l’aide d’une guitare, de cordes et de bois plus nostalgiques et légers, pour évoquer le personnage d’Evan Baxter (Steve Carell). Debney nous propose aussi son lot habituel de musiques plus humoristiques à la limite du cartoon, comme c’est le cas avec l’amusant « Grooming Montage » écrit dans un style très classique qui rappellerait presque Offenbach ou certaines musiques d’opérette françaises de la fin du XIXe siècle. Même chose pour « Genesis 6 :14 » qui développe le thème de Dieu, entrecoupé de passages de mickey-mousing que John Debney affectionne tant. Ici aussi, on regrettera l’influence trop évidente du « Apollo13 » de James Horner, même si la musique reste bien écrite et en adéquation parfaite avec les images, entre émotion, humour, dérision et envolées épiques et bibliques. Dans « Evan Runs From Capitol », Debney poursuit son exploration de passages plus humoristiques pour évoquer le quotidien d’Evan qui est en train de virer dans le grand n’importe quoi : cordes agitées, bois sautillants, percussions diverses (cymbale, xylophone), violon soliste, tout est mis en oeuvre ici pour suggérer la dérision du film et du personnage. Le « God’s Theme » est repris au début de « God’s Valley » à la clarinette et aux cordes, toujours incroyablement calqué sur le thème de « Apollo13 », à tel point que l’on se demande vraiment si James Horner n’aurait pas écrit une partie de la musique de « Evan Almighty » ! Dans « God Crane Arrives », c’est le début de l’espoir et de la construction de l’arche avec une utilisation très réussie de la batterie, de la guitare et des choeurs. Il y a une émotion évidente dans la musique de Debney, qui ne se limite pas qu’à la partie comédie du film mais apporte aussi une certaine chaleur humaine aux images, sans oublier la partie plus religieuse, comme lors de l’envolée chorale du « Ark Theme » à la fin de « God Crane Arrives ». La scène où les animaux envahissent le congrès dans « Congressional Animals » est aussi l’occasion pour Debney de nous proposer une envolée chorale/orchestrale grandiose et épique, suivie d’un passage plus intime et onirique à base de piano, bois, cordes et nappe synthétique apaisée. L’émotion est donc au rendez-vous, d’une façon bien plus habile que dans le film lui-même d’ailleurs. Même chose pour « I’m Noah », lorsqu’Evan admet sa destinée et comprend ce qu’il doit dorénavant faire pour changer le monde : ici aussi, l’émotion est véhiculée par le jeu délicat du piano, des vents et des cordes.

A noter une utilisation fréquente d’une voix de soprano samplée, que l’on retrouve à quelques reprises dans le score pour accentuer le côté fantastique et humoristique de certaines scènes. Partagé entre l’humour et l’émotion, la musique de John Debney s’autorise ainsi un mélange agréable de plusieurs idées qui réussissent à faire mouche à chaque fois, là où le film se vautre lamentablement en étant à la fois l’une des comédies les plus chères de l’histoire du cinéma et l’une des plus médiocres dans son genre. Dans « Evan and God », on retrouve le piano solo d’Evan et les sonorités gospel de Dieu pour sa rencontre avec le personnage de Morgan Freeman dans le film qui lui expose ses plans, un morceau intime d’une certaine beauté, qui a la bonne idée de délaisser un temps l’orchestre pour se concentrer autour d’un piano solitaire plus adapté au personnage de Steve Carell et aux choix qu’il doit faire dès à présent dans sa vie. La musique devient plus solennelle et poignante dans « Hummer Ride », avec ses harmonies prenantes de cordes/choeurs qui chantent ici délicatement à bouche fermée, sans oublier une magnifique reprise du « God’s Theme » au piano à partir de 1:39. L’émotion n’est pas en reste dans « Take It Down » qui résonne ici de façon plus dramatique, notamment lors de l’utilisation des percussions électroniques (issues de l’habituelle banque de son « Stormdrum » couramment utilisée à Hollywood de nos jours) et de choeurs grandioses annonçant le déluge à venir. La musique parvient ici à atteindre une dimension épique et dramatique assez insolite dans une comédie hollywoodienne. Cette dimension épique culmine dans le non moins grandiose « The Flood », qui accompagne avec brio la séquence du déluge pendant plus de 6 minutes riches et intenses. Debney utilise ici quelques éléments électroniques accentuant l’aspect fantastique de la scène, tout en développant des orchestrations plus sombres et intenses à base de percussions, cuivres imposants et choeurs démesurés. Dommage qu’ici aussi, l’influence des temp-tracks paraisse plus qu’évidente : on pense beaucoup à Alan Silvestri dans la façon d’écrire pour l’orchestre et les choeurs, et notamment à « The Mummy Returns ». Mais pour beaucoup d’auditeurs et fans de musique de film, « The Flood » est de loin l’un des meilleurs morceaux écrit par John Debney dans toute sa filmographie et aussi l’un des plus impressionnants composé cette année pour un film hollywoodien. Malgré des influences évidentes, il faut reconnaître que « The Flood » est un pur tour de force musical comme on en entend rarement de nos jours à Hollywood, et malgré des ressemblances avec Horner ou Silvestri, le résultat est aussi spectaculaire dans le film que sur l’album. L’aventure touche à sa fin avec « Acts of Random Kindness », qui s’autorise une ultime envolée orchestrale/chorale épique et grandiose, reprenant une dernière fois les trois principaux thèmes du score. Pour John Debney, « Evan Almighty » est donc une musique de comédie aussi démesurée et épique que l’histoire (invraisemblable) du film de Tom Shadyac. Entre l’humour, l’émotion et les moments spectaculaires aux proportions bibliques, la musique de Debney étonne par son ambition et sa démesure, mais échoue à trouver une quelconque voie personnelle à force de trop vouloir singer un temp-track trop évident. C’est d’autant plus regrettable que nous sommes pourtant bel et bien ici face à l’une des meilleures musiques de comédie de John Debney, peut être aussi l’une des plus impressionnantes dans son genre !





---Quentin Billard