1-Shine Your Way 3.25*
2-Prologue 2.08
3-Smash and Grab 4.09**
4-Bear Owl Escape 2.45
5-Eep and the Warthog 3.52
6-Teaching Fire to Tiger Girl 1.55
7-Exploring New Dangers 3.33
8-Piranhakeets 2.24
9-Fire and Corn 2.06
10-Turkey Fish Follies 4.17
11-Going Guy Way 3.15
12-Story Time 3.55
13-Family Maze 3.21
14-Star Canopy 2.07
15-Grug Flips His Lid 1.44
16-Planet Collapse 1.44
17-We'll Die If We Stay Here 5.28
18-Cave Painting 1.12
19-Big Idea 2.34
20-Epilogue 4.25
21-Cave Painting Theme 2.52
22-The Crood's Family Theme 5.54
23-Cantina Croods 1.12

*Interprété par Owl City and Yuna
Ecrit par Alan Silvestri,
Glen Ballard, Kirk DeMicco
et Chris Sanders
Produit par Glen Ballard,
Alan Silvestri et Adam Young
Coordinateur production : Angela Vicari
**Contient un extrait de "Tusk"
écrit par Lindsey Buckingham.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Sony Classical 3700342

Album produit par:
Alan Silvestri, David Bifano
Direction de la musique:
Sunny Park
Producteurs exécutifs de l'album:
Jason Markey, Bob Bowen,
Ryan Kavanaugh

Monteurs musique:
Joe E.Rand
Monteur additionnel:
Barbara McDermott
Préparation musique:
Mark Graham
Superviseur score:
David Bifano
Assistant production score:
James Findlay
Consultant musical:
Charlene Ann Huang
Coordinateur musique:
Roger Tang
Clearances musique:
Julie Butchko

Artwork and pictures (c) 2013 DreamWorks Animation L.L.C. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE CROODS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Pour leur nouvelle production animée, les studios DreamWorks font appel à Chris Sanders (le réalisateur de l’excellent « How to Train Your Dragon ») et Kirk DeMicco pour une aventure se déroulant cette fois-ci en plein coeur de la préhistoire, à la découverte d’une famille humaine attachante et téméraire. « The Croods » narre ainsi les aventures des Croods, une famille néandertalienne qui vit dans une caverne, alors que le père, Grug, est terrifié à l’idée de mettre un pied dehors : pour lui, tout ce qui est nouveau ou inconnu est mauvais. C’est dans ce précepte qu’il a élevé sa famille, et il compte bien le respecter. Mais un jour, un tremblement de terre oblige les Croods à sortir de leur caverne et à découvrir le monde extérieur. Seule la téméraire Eep, qui s’ennuie dans sa caverne et rêve de découvrir le monde, a déjà tenté une sortie où elle a fait brièvement la connaissance d’un étrange nomade nommé Guy. Après l’effondrement de leur caverne, les Croods n’ont donc plus d’autre choix que de s’aventurer dans le monde, au-delà des frontières de leur territoire et de leur ancienne caverne : entamant un nouveau voyage mouvementé, les Croods vont s’allier avec Guy et son étrange animal et vont vivre ensemble une série d’aventures qui vont complexifier les relations familiales, notamment entre Grug et sa fille aînée Eep, qui semble s’être éprise de Guy et rêve toujours autant de liberté et d’aventures. Ce sera aussi l’occasion pour les Croods de consolider les liens familiaux à travers de nombreuses épreuves et péripéties en tout genre. « The Croods » est une énième réussite pour le studio DreamWorks, un film animé bourré d’humour, d’émotion mais aussi de grands moments d’aventure et d’action. Visuellement, le film est stupéfiant, servi par une 3D magistrale, et les personnages sont tous très attachants, mais c’est le comique et l’absurdité de certaines situations qui font de « The Croods » une vraie réussite, doublée d’une réflexion touchante sur la famille et ses valeurs. Même si le film est, sans grande surprise, une sorte de « Pierrafeu » version 2013, « The Croods » reste au final une réussite incontestable, qui doit beaucoup à la qualité de son animation, à ses personnages et à son humour appréciable, sans oublier des scènes très impressionnantes, notamment lors de la traversée finale dans un environnement totalement apocalyptique, peut être la séquence la plus réussie du film. Enorme succès au box-office 2013, « The Croods » a coûté 135 millions de dollars et en a remporté plus de 533 millions, un joli record qui a incité les producteurs à lancer une suite au film et une série animée télévisée, à l’instar de « How to Train Your Dragon » : les Croods ont encore de grandes aventures à nous faire partager !

Alors que John Powell semble s’être retiré de la musique de film pendant un temps (le compositeur avoue être lassé de ce monde et a négligé sa famille pendant plus de 10 ans), c’est au tour d’Alan Silvestri de prendre le relais sur la musique d’une production DreamWorks, un choix idéal pour le compositeur qui n’en est pas à son premier coup d’essai dans le domaine de l’animation (« The Wild », « Lilo & Stitch »). « The Croods » marque aussi les retrouvailles entre Alan Silvestri et Chris Sanders après « Lilo & Stitch » en 2002. Avec « The Croods », Silvestri nous offre une grande partition symphonique teintée d’aventures, d’humour et d’émotion. Première chose qui attire immédiatement notre attention à l’écoute de la musique dans le film : la diversité des thèmes, qui sont nombreux et très présents, un fait devenu curieusement plutôt rare dans les derniers scores de Silvestri. Enregistrée à Londres, la partition de « The Croods » s’avère riche, généreuse en mélodies, en rythmes et en idées. Le thème principal, « The Croods’ Family Theme », est entendu dès le début du film (« Prologue ») à partir de 0:37, avec son instrumentation exotique/ethnique à base de percussions/marimbas évoquant l’univers de la préhistoire. La mélodie est ici pleine de malice, alors qu’on nous présente sous forme de dessins la famille Croods et son quotidien. Silvestri a eu d’ailleurs la bonne idée de nous présenter une version concert de son thème spécialement arrangé pour l’album (« The Croods’ Family Theme »), qui s’avère être une très jolie réussite et peut être l’un des meilleurs morceaux du score (malheureusement non utilisé dans le film). Le second thème est le « Cave Painting Theme », un thème secondaire associé lui aussi à la famille et aux peintures dans la caverne. Le « Cave Painting Theme » évoque le rapprochement entre les Croods et la chaleur familiale : on l’entend là aussi dès le « Prologue », confié brièvement à un cor entre 0:28 et 0:37. Le troisième thème du score est le thème de Guy, entendu notamment dans l’excellent « Going Guys Way », et qui apporte lui aussi une certaine émotion à la partition, notamment lorsque Silvestri le reprend sous une forme plus tendre au début du « Prologue » ou dans « Star Canopy ». A noter que le thème de Guy évoque non seulement la romance naissante entre le jeune homme et la fougueuse Eep, mais illustre aussi le rapprochement progressif de la famille autour du jeune nomade. La mélodie de Guy servira aussi de base à la chanson du générique de fin « Shine Your Way », écrite par Alan Silvestri avec Glen Ballard, Kirk DeMicco et Chris Sanders. Au niveau des motifs secondaires, on notera aussi ce motif plus léger et espiègle à base de trilles entendu au piccolo à 1:49 dans « Eep and the Warthog » pour la scène où Eep s’aventure pour la première fois hors de la caverne et découvre le monde extérieur avant de faire la connaissance de Guy et son animal de compagnie. Ce motif reviendra aussi de façon similaire au piccolo dès les premières secondes de « Fire and Corn ».

Servie par une thématique riche (mais pas forcément hyper mémorable), le score de « The Croods » a de quoi réjouir les auditeurs/spectateurs, notamment à travers sa diversité d’ambiances, de mélodies et de couleurs instrumentales. Ainsi, Silvestri saisit l’humour du film et nous offre par exemple une fanfare de football américain dans « Smash and Grab » pour la scène de la poursuite avec les animaux au début du film, que Silvestri et les concepteurs du film ont voulu comme une véritable partie de football américain. Le morceau est brillamment interprété par la fanfare du USC Trojan Marching Band et contient un arrangement instrumental aux cuivres de la chanson « Tusk » de Lindsey Buckingham (on reconnaît le motif rythmique de « Tusk » à partir de 1:06). Au rayon des réjouissances, on appréciera aussi l’humour débridé de « Fire and Corn » pour la scène hilarante du pop-corn, véritable morceau de cartoon réjouissant mais malheureusement trop calqué sur des passages de précédents scores de Silvestri et notamment « Mouse Hunt » et « Super Mario Bros ». On sent ici l’influence habituelle des temp-tracks, qui n’offrent comme toujours qu’une marge créatrice très limitée pour les compositeurs, Alan Silvestri n’échappant pas à la règle sur « The Croods ». On remarquera aussi d’autres influences comme celle du « Dinosaur » de James Newton Howard dans la seconde partie du « Prologue » ou au milieu de « Star Canopy », avec son thème choral grandiose qui rappelle quelque peu le thème de « Dinosaur ». Malgré cela, le compositeur s’en donne à coeur joie, en concluant notamment « Fire and Corn » avec une allusion à la célèbre fanfare de Tchaïkovski pour l’Ouverture 1812. On appréciera aussi la dérision de « Turkey Fish Follies », alors que les Croods tentent de capturer le poisson dindon. Héroïque, sautillant, jazzy, tout y passe ici, et ce pour notre plus grand bonheur ! Evidemment, la musique de Silvestri n’évite pas le cliché habituel du mickey-mousing, élément que les réfractaires à ce style de musique auront bien du mal à supporter dans « The Croods ». On appréciera aussi le charme rafraîchissant et exotique de « Going Guys Way » avec ses rythmes pop, ses guitares et sa très belle reprise enthousiasmante du thème de Guy à la guitare, alors que les Croods décident de vivre comme Guy.

Silvestri inclut quelques éléments synthétiques dans « Family Maze », « Star Canopy » ou « Bearl Owl Escape », notamment dans le jeu des percussions synthétiques que Silvestri utilise constamment dans ses derniers scores d’action. De l’action, le compositeur nous en offre pléthore, à commencer par « Bear Owl Escape », « Piranhakeets » et les massifs et épiques « Planet Collapse » et « Big Idea ». On retrouve d’ailleurs dans ces passages le génie martial de Silvestri pour ses musiques d’action habituelles : le somptueux « Big Idea » (la grande idée de Grug pour rejoindre sa famille de l’autre côté de la falaise à la fin du film) est dominé par des choeurs épiques et des envolées thématiques du « Cave Painting Theme » héroïques et grandioses, du plus bel effet. On retrouve ici l’esthétique de « The Mummy Returns », « Van Helsing » ou « Captain America », du Silvestri épique à 100% ! Niveau émotion, le compositeur verse dans la tendresse avec « Story Time » et « Cave Painting », et dans l’humour avec « Grug Flips His Lid », où Silvestri imite avec dérision une musique de type easy-listening jazzy rétro, pour la scène où Grug tente de rivaliser avec Guy en trouvant de nouvelles idées parfaitement ridicules, en vue de reconquérir sa famille. Au final, tout ce mélange de différents éléments (diversité des ambiances et des styles, richesse mélodique, émotion, action épique, etc.) font de la partition de « The Croods » une musique rafraîchissante et réjouissante, dans le film comme sur l’album, une musique malheureusement gâchée par un certain manque d’originalité et une absence totale de prise de risque de la part d’Alan Silvestri : le compositeur recycle ici ses formules musicales habituelles en s’inspirant d’un temp-track que l’on devine omniprésent (influence du « Dinosaur » de James Newton Howard, mais aussi des propres scores de Silvestri tels que « Mouse Hunt » ou « Super Mario Bros »), tandis que ses thèmes restent sympathiques mais pas forcément inoubliables en soi. Dans le même registre, on est bien loin ici de la qualité incroyable des nombreux thèmes musicaux du « How to Train Your Dragon » de John Powell. Mais que l’on ne s’y trompe pas, après un passage à vide plutôt décevant de la part du compositeur qui a enchaîné des partitions d’action fonctionnelles et pas indispensables, « The Croods » semble enfin avoir revigoré l’inspiration d’Alan Silvestri, qui nous rappelle à quel point il reste l’un des derniers grands compositeurs hollywoodiens de la génération 80’s, qui n’a rien perdu de son talent de symphoniste et nous le prouve avec brio sur le film de Chris Sanders et Kirk DeMicco. Reste que l’on pourra toujours regretter le manque d’originalité d’un score que l’on aurait souhaité plus fantaisiste et plus débridé dans sa forme comme dans le fond. Mais à une époque où le paysage musical hollywoodien s’appauvrit année après année, on aurait tort de bouder une partition aussi rafraîchissante que celle de « The Croods » : les fans d’Alan Silvestri seront d’ailleurs comblé par le charme et l’énergie de ce score, aussi agréable à l’écran que sur l’album !




---Quentin Billard