1-Main Titles 2.57
2-A Serious Talk 2.23
3-Oz Revealed 1.58
4-A Strange World 1.48
5-Where Am I?/
Schmooze-A-Witch 2.05
6-Fireside Dance 1.19
7-Meeting Finley 1.57
8-The Emerald Palace 0.47
9-Treasure Room/
Monkey Business 2.56
10-China Town 3.07
11-A Con Job 1.47
12-Glinda Revealed 1.43
13-The Munchkin Welcome Song 0.41*
14-Bad Witch 4.32
15-The Bubble Voyage 2.48
16-Great Expectations/The Apple 4.58
17-Meeting The Troops 1.18
18-What Army? 0.29
19-Theodora's Entrance/
A Puppet Waltz 1.51
20-A Threat 2.07
21-Bedtime/
The Preparation Montage 7.00
22-Call To Arms 2.13
23-Destruction 2.38
24-Oz The Great and Powerful 1.25
25-Fireworks/Witch Fight 1.39
26-Time For Gifts 5.54
27-End Credits From Oz 1.59

*Interprété par Danny Elfman
Ecrit par Danny Elfman
Paroles de David Lindsay-Abaire.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Disney/Intrada D001809202

Produit par:
Danny Elfman
Producteur exécutif de l'album:
Sam Raimi
Direction de la musique pour
The Walt Disney Studios
Motion Pictures Group et
The Disney Music Group:
Mitchell Leib
Music Business/Legal Affairs:
Scott Holtzman, Sylvia Krask
Production musicale pour
The Walt Disney Studios
Motion Pictures Group:
Moncia Zierhut
Monteur musique superviseur:
Bill Abbott
Assistant montage:
Denise Okimoto
Montage musique:
Shie Rozow
Montage temp music:
Ellen Segal
Assistant montage temp music:
Katia Lewin
Arrangements additionnels de:
TJ Lindgren
MIDI Supervision, préparation:
Marc Mann
Assistant technique:
Greg Maloney
Assistant de Danny Elfman:
Melissa Karaban
Assistant musical de Danny Elfman:
Melisa McGregor
Préparation de la musique:
Rob Skinnell/
Reprise Music Services


American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2013 Disney Enterprises Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
OZ THE GREAT AND POWERFUL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
« Oz : The Great and Powerful » permet à Sam Raimi de s’immerger pour la toute première fois dans une production Disney, adaptant le roman de L. Frank Baum publié en 1900 et déjà adapté une première fois au cinéma dans la célébrissime version « The Wizard of Oz » de Victor Fleming sorti en 1939. « Oz : The Great and Powerful » est en réalité une préquelle à l’histoire du film musical de Victor Fleming, à ceci près que Sam Raimi s’autorise quelques libertés artistiques et nous propose une vision plus personnelle du monde fantastique d’Oz. Dans cette version 2013, on redécouvre le monde d’Oz avec l’aventure extraordinaire d’Oscar Diggs (James Franco), un modeste magicien illusionniste et prestidigitateur qui travaille dans un petit cirque ambulant du Kansas et semble dénué d’éthique ou de morale. Un jour, alors qu’un de ses collègues découvre qu’il a tenté de séduire sa femme, Oscar s’enfuit à bord d’une montgolfière, mais cette dernière se retrouve emportée par une mystérieuse tornade qui traverse une partie du Kansas. La tornade l’emmène alors dans le monde magique d’Oz, où Oscar fait la connaissance de Theodora (Mila Kunis), une séduisante sorcière plutôt aimable et accueillante. Alors qu’Oscar découvre un monde à la végétation luxuriante peuplé de créatures extravagantes et de paysages magiques, la séduisante Theodora croit voir en lui le grand magicien attendu par le peuple d’Oz et qui est censé vaincre la méchante sorcière qui a tué le roi d’Oz. En route pour Emerald City, Oscar rencontre alors Evanora (Rachel Weisz), la soeur de Theodora qui comprend très vite qu’Oscar n’est qu’un imposteur. Pourtant, si le magicien accomplit sa mission, il se verra confié une immense fortune qui l’attend dans l’enceinte même du château royal d’Emerald City. Oscar y voit alors la chance de sa vie et se prête volontiers au jeu, usant de ses talents de prestidigitateur en se lançant dans l’aventure aux côtés du singe parlant Finley (Zach Braff) et de la petite fille/poupée en porcelaine China Girl (Joey King). Au cours de sa quête, Oscar va faire la connaissance de Glinda (Michelle Williams), la sorcière du sud qu’il croyait être la méchante sorcière, et comprendra qu’Evanora l’a trompé depuis le début. Ce sera aussi pour lui l’occasion d’accomplir enfin quelque chose de grand dans sa vie. « Oz : The Great and Powerful » nous plonge donc dans un univers riche, magique et coloré dans lequel Sam Raimi s’en donne à coeur joie en ponctuant son récit d’effets spéciaux, de décors féeriques et de créatures extravagantes voire terrifiantes (les babouins ailés, la méchante sorcière, la transformation finale d’Evanora qui rappelle la maléfique Sylvia Ganush de « Drag Me To Hell », etc.). Le film utilise la 3D d’une façon plutôt immersive, avec des décors entièrement numérisés à la manière du « Alice in Wonderland » de Tim Burton, et permet à Sam Raimi de rappeler le pouvoir et la magie du 7ème art dans une fable qui oscille entre la féerie du royaume de Glinda et la noirceur des méchantes sorcières et de ses monstres. Production Disney oblige, Sam Raimi s’est prêté aux règles du divertissement familial – une première dans sa filmographie – mais réussit à ne pas renier sa personnalité en glissant quelques clins d’oeil à son univers subversif habituel (Bruce Campbell, des allusions à « Evil Dead », « Drag Me To Hell », etc.). Du coup, « Oz : The Great and Powerful » devient bien plus qu’un film pour enfants aux mains de Sam Raimi : c’est une aventure à la fois féerique et sombre, qui pourra parfois dérouter les plus jeunes spectateurs par sa noirceur bien dosée, mais qui, grâce à un casting impeccable, des effets spéciaux 3D immersifs, une bonne dose d’humour et des images colorées kitsch, réussit à nous captiver pendant près de deux heures pour un spectacle old school qui ravira les enfants comme les adultes, et qui rappelle le talent de Sam Raimi, décidément à l’aise dans tous les styles.

« Oz : The Great and Powerful » marque les retrouvailles inattendues entre Sam Raimi et Danny Elfman, en froid depuis la mésaventure de « Spider-Man 2 » en 2004 (ce qui explique en partie pourquoi Raimi collabora plutôt avec Christopher Young sur « Spider-Man 3 » et « Drag Me To Hell »). Malgré leur ancienne dispute, les deux hommes se sont ainsi retrouvés sur « Oz » pour lequel Danny Elfman, en grand connaisseur des films d’aventure féeriques, signe une partition symphonique ample, magique et imposante, dans la continuité de ses travaux pour Tim Burton. Rappelons qu’Elfman rencontra Sam Raimi sur « Darkman » en 1990 et composa pour le réalisateur les musiques de « Army of Darkness » (un seul morceau, « March of the Dead ») en 1993, « A Simple Plan » en 1998, « Spider-Man » en 2002 et « Spider-Man 2 » en 2004. Pour sa sixième collaboration avec Sam Raimi, Danny Elfman nous livre une solide partition orchestrale plutôt old school, écrite rapidement en l’espace de six semaines – le compositeur déclara d’ailleurs au sujet de cette partition qu’elle fut « rapide » et « naturelle » à écrire pour lui, étant donné le style musical narratif et mélodramatique qu’Elfman affectionne tant – Le compositeur affirma d’ailleurs qu’il « peut raconter une histoire en musique » avec ce type de film, et que son travail sur « Oz » fut donc plutôt aisé et sans grande difficulté particulière : incontestablement, Danny Elfman est ici dans son élément avec le registre du film fantastique, et ce dès les premières notes de l’excellente ouverture : on découvre ainsi un thème de boîte à musique sous la forme d’une petit valse mélancolique, l’un des principaux thèmes du score qui reviendra tout au long du film, associé à Oscar Diggs et son aventure au pays magique d’Oz (thème qui n’est pas sans rappeler celui du film « Corpse Bride »). Les premières notes de célesta qui ouvrent le traditionnel « Main Titles » nous renvoient clairement ici à la magie poétique de « Edward Scissorhands », avec des orchestrations assez similaires : cordes amples, vents, choeurs féminins majestueux, cuivres, orgue, tous les éléments habituels d’Elfman sont passés ici en revue. Après le thème de boîte à musique associé aux trois sorcières d’Oz, on découvre à 0:54 une fanfare héroïque et solennelle illustrant la somptueuse cité d’Emerald City dans le film – et dont les premières notes ressemblent curieusement à celles de « O Canada », l’hymne national du Canada – A 1:23, on découvre une partie du troisième thème, qui est en fait constitué de deux phrases mélodiques : une première, la phrase A en notes longues, plutôt solennelle et touchante, associé au peuple d’Oz et à la quête d’Oscar pour sauver le royaume, la seconde, la phrase B, plus rapide et espiègle avec sa série de notes ascendantes non dénuées d’une certaine malice. C’est d’ailleurs une version rapide de la phrase B que l’on découvre à 1:23 dans le « Main Titles ». L’ouverture se termine sur une superbe reprise du thème de la valse/boîte à musique arrangé pour l’orchestre et les chœurs, un vrai thème magique, féerique et émouvant qui, en plus de rester gravé dans la mémoire, apporte une vraie magie au film de Sam Raimi et s’inscrit dans la continuité des thèmes féeriques/fantastiques habituels de Danny Elfman façon « Alice in Wonderland », « Corpse Bride », « Charlotte’s Web » ou « Edward Scissorhands ».

Danny Elfman a toujours eu un certain goût pour les atmosphères plus intimes et chaleureuses comme le rappelle le touchant « A Serious Talk » dans lequel Oscar exprime sa vision de la vie auprès de celle qu’il aurait dû épouser, avant de choisir une autre voie, celle de la quête du succès et de la reconnaissance. Elfman fait ici appel aux cordes et au piano pour parvenir à ses fins, avec l’ajout de quelques bois, d’une harpe et de la boîte à musique. La découverte du monde d’Oz permet à Elfman de nous offrir un « Oz Revealed » grandiose et imposant avec ses choeurs puissants, ses percussions et ses cuivres majestueux sur fond d’arpèges rapides de cordes/bois/harpe qui rappellent parfois l’ouverture de « Spider-Man ». On retrouve ici aussi le style action habituel d’Elfman, avec un orchestre virtuose aux traits instrumentaux rapides et intenses (les notes concises et répétées des trompettes aigues, typiques du compositeur). Cette sensation de découverte émerveillée et de mystère se prolonge dans « A Strange World » pour lequel Elfman s’autorise quelques touches orchestrales plus colorées à l’aide de cordes mystérieuses, d’harmonies complexes et d’effets sonores étranges pour la découverte de l’univers extravagant d’Oz – à noter l’utilisation très particulière de flûte de pan vers 1:21 – Un morceau comme « Where Am I ?/Schmooze-A-Witch » est typique du style narratif si cher à Danny Elfman, avec ses cordes mystérieuses et apaisées, et son utilisation réussie d’instruments solistes (violoncelle, harpe, etc.), sur fond d’allusions au très beau thème de la valse, repris cette fois-ci aux cordes. Elfman reprend ce thème dans sa version boîte à musique – celle d’Oscar dans le film – avec « Fireside Dance », développant l’utilisation des instruments, avec violoncelle, cordes, cymbalum, célesta et choeurs. Difficile de ne pas s’attacher à ce thème simple, touchant et agréable qui résume à lui tout seul toute la magie et la poésie de l’univers coloré et extravagant crée par Sam Raimi dans son film. La musique devient aussi plus légère dans « Meeting Finley » et, à contrario, plus grandiose et épique dans « The Emerald Palace » et « Treasure Room/Monkey Business ». Dans « China Town », la musique devient plus sombre et dramatique, évoquant les méfaits de la méchante sorcière et la découverte par Oscar et Finley du village ravagé des poupées de porcelaine chinoise. C’est l’occasion pour Elfman d’introduire ici quelques dissonances plus sombres et oppressantes pour illustrer la partie plus noire du récit. A cette noirceur, le compositeur évoque rapidement la fragilité de China Girl à l’aide de quelques solistes – violoncelle, harpe, célesta – et des cordes.

L’univers plus enfantin d’Oz offre aussi l’occasion à Elfman de nous offrir quelques beaux moments de fantaisie musicale pure comme « A Con Job », qui reprend la phrase B espiègle du troisième thème du score, et « The Munchkin Welcome Song », chanté dans le film par les Munchkins pour accueillir Oscar, leur prétendu héros, une chanson joyeuse sur fond de fanfare qui s’avère être malheureusement trop brève (à peine 42 secondes) pour pouvoir être appréciée suffisamment à sa juste valeur. Si « Glinda Revealed » fait preuve d’une poésie et d’un lyrisme épatant de la part d’Elfman (notamment dans le jeu du violoncelle soliste), « Bad Witch » nous ramène à l’opposé dans un univers plus sombre et inquiétant pour illustrer la méchante sorcière et sa complice. L’aventure est ensuite au rendez-vous dans le grandiose « The Bubble Voyage » où le danger reste toujours présent (ainsi que les dissonances agressives), tandis que « Great Expectations/The Apple » oscille entre mystère, séduction et noirceur avec le retour du violoncelle et le violon soliste et des choeurs dans un style plus sombre et gothique à mi-chemin entre « Dark Shadows » et « The Wolfman ». De l’action, le compositeur nous en offre aussi avec le début de la bataille dans le bref mais intense « What Army ? » et « Theodora’s Etrance/A Puppet Waltz », servi par des orchestrations solides et riches. Elfman explore alors l’idée de la bataille et du danger dans le sombre et dissonant « A Threat » où le thème de la valse devient plus sombre et tourmenté aux cordes – notamment dans cette façon qu’Elfman a de jouer le thème en enchaînant les notes trillées aux cordes – L’intense « Bedtime/The Preparation Montage » suggère les préparatifs de la bataille finale avec une très belle reprise de la partie A du thème de la population d’Oz à 5:03. Le passage plus rythmé et martial entre 4:11 et 5 :56 est un pur moment de bonheur pour tous les fans de Danny Elfman : rapide, fantaisiste, espiègle, puissant, martial, cette séquence de préparatifs permet pleinement à Elfman de s’exprimer dans un registre symphonique riche, grandiose et coloré comme il les affectionne tant. Le thème du royaume d’Oz prend une tournure solennelle et émouvante dans « A Call To Arms », avant de se conclure sur une envolée héroïque et trépidante de cuivres purement ‘old school’. On retrouve les influences habituelles d’Elfman au début du sombre « Destruction », notamment dans le jeu particulier des clarinettes basses qui rappellent indéniablement ici Bernard Herrmann, compositeur fétiche d’Elfman. « Oz the Great and Powerful » permet au compositeur de renouer avec son style gothique inspirée de « Dark Shadows » ou « Frankenweenie » avec ses choeurs imposants et son orgue ténébreux, alors qu’Oscar a conçu une supercherie pour faire croire à la méchante sorcière qu’il possède d’immenses pouvoirs. Après le colossal « Fireworks/Witch Fight » et sa coda résolument gothique, « End Credits from Oz » ramène le calme dans la partition, le « End Credits » étant le moment privilégié pour réécouter les trois principaux thèmes du score récapitulés un à un pour le générique de fin du film.

Danny Elfman est donc parfaitement dans son élément avec « Oz : the Great and Powerful » mais ne tente rien de vraiment nouveau ni de particulièrement original. Surfant sur ses recettes musicales habituelles, Danny Elfman signe une grande partition symphonique qui rappellera aussi bien « Edward Scissorhands », « Alice in Wonderland », « Corpse Bride », « Dark Shadows », « Charlotte’s Web » ou son récent travail sur « Iris » pour le spectacle du Cirque du Soleil. La musique apporte une magie, un lyrisme et une force évidente aux images du long-métrage de Sam Raimi, même si l’on a connu un Elfman bien plus audacieux et surtout bien plus original : les fans du compositeur devront donc se procurer « Oz : The Great and Powerful » sans hésitation, car tout ce qu’ils aiment habituellement chez ce compositeur sont résumés avec panache et conviction dans cette grande oeuvre symphonique plutôt riche et imposante, à défaut d’être sensationnelle ou très originale.




---Quentin Billard