1-Lions for Lambs Main Titles 1.44
2-The Berm 2.58
3-A New Plan 1.23
4-Remember 9-11? 1.56
5-False Alarm/Battle Tent 1.41
6-Take A B? 1.31
7-Wall of Photos/Breathe 2.13
8-Firefight 2.36
9-One Handed 1.49
10-Windsock/Pink's Pilots 2.34
11-Tali Firefight 1.37
12-Our Capability 1.01
13-Taxi Ride 2.19
14-Get To Me! 1.37
15-Last Shift 4.58
16-Todd's Decision/End Credits 5.08

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6862

Musique produite par:
Mark Isham
Producteur exécutif:
Robert Townson
Assistant Mark Isham:
Cindy O'Connor
Montage musique:
Bill Abbott
Préparation musique:
JoAnn Kane Music Services
Préenregistrements électroniques:
Tyler Parkinson

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2007 United Artists Productions Finance LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
LIONS FOR LAMBS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« Lions for Lambs » (Lions et Agneaux), sorti en 2007, est un film réalisé par Robert Redford. Le long-métrage s’inscrit dans la continuité des films politiques/engagés de l’acteur/réalisateur, qui s’intéresse cette fois-ci à l’intervention militaire américaine en Afghanistan en 2001, racontée selon le point de vue de plusieurs personnes : le brillant et ambitieux sénateur républicain Jasper Irving (Tom Cruise), qui a invité dans son bureau la célèbre journaliste de télévision Janine Roth (Meryl Streep), qui ne partage pas les convictions du sénateur à propos de l’intervention américaine en Afghanistan. Le sénateur compte en réalité annoncer sa nouvelle stratégie militaire en Afghanistan et a besoin que ses propos soient rapportés par la très redoutée Janine Roth. Pendant ce temps, le Dr. Malley (Robert Redford), un brillant professeur idéaliste de la West Coast University, tente de convaincre l’un de ses plus brillants étudiants, Todd Hayes (Andrew Garfield), de faire quelque chose de sa vie et de ne pas sombrer dans la désillusion et le cynisme sur le monde qui l’entoure. Pour convaincre Todd, le Dr. Malley va lui raconter l’histoire de deux de ses anciens étudiants, Arian (Derek Luke) et Ernest (Michael Pena), qui à la sortie de leur diplôme universitaire quelques années auparavant, décidèrent de s’engager dans l’armée pour partir combattre en Afghanistan, et ce au grand dam de leur professeur, qui voyait un tout autre avenir pour ses deux jeunes étudiants plein de promesses. Mais pendant que ces différentes personnes échangent leurs points de vue sur la politique, la société américaine et la vie en général, Arian et Ernest se retrouvent coincés dans les montagnes afghanes à la suite du crash de leur hélicoptère, envoyé sur place pour tenter de contrôler les points stratégiques du pays avant qu’ils ne tombent aux mains des talibans (et conformément à la nouvelle stratégie militaire mise en place par le sénateur Irving). Mais les choses tournent mal, et Arian et Ernest se grièvement blessés et traqués par les talibans en pleine montagne. « Lions for Lambs » est donc un film résolument engagé dénonçant ouvertement la politique militaire de George W. Bush en Afghanistan. Le film s’avère être assez bavard et très porté sur les dialogues (trop, peut-être ?), tout en critiquant la crise morale d’un pays englué dans une lutte contre le terrorisme et toutes les contradictions que cela soulève (peut-on vraiment sacrifier des jeunes américains au nom du sacro-saint « axe du bien » ?). Délaissant l’action, Robert Redford préfère la réflexion, avec en particulier un superbe face-à-face entre Meryl Streep et Tom Cruise prenant l’apparence d’un débat d’idées politiques passionnés – sans aucun doute l’élément le plus marquant du film – Dommage cependant que le film reste un brin trop austère et pas follement passionnant, car s’il soulève des idées majeures, « Lions for Lambs » échoue à laisser un souvenir fort, la faute à une mise en scène un peu molle et à une abondance fastidieuse de dialogues pas toujours bien rythmés. Le final tragique du film laisse par ailleurs un arrière-goût d’amertume et de pessimisme qui en dit long sur les contradictions de la société américaine d’aujourd’hui. Malgré ses bonnes idées et son casting de qualité, « Lions for Lambs » reste donc un échec majeur pour Robert Redford, car le film a coûté 35 millions de dollars mais n’en a rapporté qu’à peine 14 aux USA : il semblerait ainsi que le public ait boudé le pamphlet cinématographique de Redford et préféré ses anciennes productions, qui s’avéraient mieux rythmées, plus passionnantes et plus abouties.

Le compositeur Mark Isham retrouve à nouveau Robert Redford après avoir écrit la musique de « Quiz Show » en 1994. Pour « Lions for Lambs », Mark Isham utilise la recette habituelle du mélange orchestre/synthétiseurs en élaborant une partition à la fois moderne, sombre et dramatique, reflétant les sentiments des différents protagonistes tout en apportant un éclairage tragique au récit de Robert Redford. A la traditionnelle partie orchestrale (le Hollywood Studio Symphony), Isham ajoute non seulement une pléiade de sonorités électroniques mais aussi un choeur élégiaque et quelques instruments solistes, incluant un violon, un violoncelle et une trompette (interprétée par l’indispensable Tim Morrison). Le choeur apporte d’ailleurs une atmosphère particulière à la musique tout au long du film, une certaine émotion reflétant la tragédie humaine à l’oeuvre (le sacrifice de jeunes américains au nom de stratégies politiques obscures). Isham pose ainsi le ton de sa partition dès « Lions for Lambs Main Titles » avec l’orchestre, les percussions synthétiques et le choeur, et un motif principal entêtant de 4 notes répétées aux synthétiseurs. Dans « The Berm », le compositeur accentue l’utilisation du violon et du violoncelle avec les synthés et les voix élégiaques, aux résonances quasi funèbres. Les cordes développent ici un motif staccato plutôt entêtant et rythmique, tandis que « A New Plan » évoque l’annonce de la nouvelle stratégie militaire du sénateur Irving, avec un ensemble à cordes plus pesant et résigné. Ici aussi, on retrouve cette idée de sacrifice et de drame, Isham n’oubliant pas par la même occasion le motif central qu’il a dévoilé dès son « Main Titles », pour souligner le débat d’idées passionné et le sacrifice d’Arian et Ernest. « Remember 9-11 ? » suit le même ordre d’idée et développe une atmosphère élégiaque et mélancolique remplie d’amertume. Les rythmes restent néanmoins très présents pour suggérer dans le film l’idée de la guerre en Afghanistan, comme dans « False Alarm/Battle Tent », probablement l’un des passages les plus nerveux du score de Mark Isham dans le film. On notera d’ailleurs l’omniprésence du motif principal de 4 notes, constamment confié au synthétiseur, et qui apporte un sentiment d’obstination très réussi à la musique de « Lions for Lambs ».

Isham joue aussi sur les couleurs sonores et instrumentales comme il le fait par exemple dans « Take A B ? », suggérant le dialogue obstiné entre le Dr. Malley et son étudiant Todd Hayes dans le film. Mais c’est « Wall of Photos/Breathe » qui attire plus particulièrement ici notre attention, Isham développant le second thème de sa partition, mélodie mélancolique et élégiaque brillamment écrite pour les cordes solistes et celles de l’orchestre : le morceau est non seulement poignant, mais aussi magnifiquement écrit, dominé par des harmonies élégantes et raffinées, amplifiées par l’apparition du choeur féminin et de nappes synthétiques obscures en guise de conclusion. « Wall of Photos » évoque à son tour le souvenir des victimes américaines de la guerre en Afghanistan, avec cette mélancolie constante et ce sentiment tragique tout en retenue. L’action domine dans « Firefight » pour une scène de bataille du film, durant lequel les cordes et les cuivres (dont des cors en sourdine) sont amplifiés par des percussions synthétiques agressives et des choeurs dramatiques. Isham en profite pour rappeler qu’il domine pleinement les codes de la musique d’action hollywoodienne, même si cela n’a jamais été son terrain de jeu privilégié dans le domaine de la musique de film. L’atmosphère dramatique domine « One Handed » et « Windsock/Pink’s Pilots », sans oublier l’intense « Tali Firefight » suggérant clairement la confrontation entre les deux G.I. blessés et les talibans. On retrouve le superbe thème dramatique du sacrifice et de la mémoire des victimes dans « Taxi Ride » avec des cordes élégiaques et résignées, lorsque Janine quitte la Maison Blanche en voiture et regarde l’horizon l’air hagard. Le pessimisme apparent de la scène est largement accentué ici par la morosité latente du thème des cordes, avec une seconde partie plus rythmée à base de loops électro évoquant le conflit en Afghanistan. L’action reprend ensuite dans l’intense « Get To Me ! » avant de déboucher sur deux morceaux mémorables pour la fin du film : le sacrifice final des deux G.I. dans le poignant « Last Shift », dominé par des voix élégiaques et une trompette solennelle, et le bouleversant « Todd’s Decision/End Credits » qui accompagne le générique de fin en reprenant le thème dramatique du sacrifice en guise de conclusion. « Todd’s Decision/End Credits » est d’ailleurs un grand moment d’émotion dans la partition de « Lions for Lambs », et peut être l’un des plus beaux morceaux que Mark Isham ait écrit pour un film américain. Le résultat est donc sans surprise : sans originalité particulière, le score de « Lions for Lambs » parvient à apporter malgré tout une émotion intense au film de Robert Redford, sans oublier l’aspect mélodique, assez présent, et les parties chorales et électroniques plus denses. Entre élégie tragique, retenue poignante (notamment dans le jeu des solistes) et passages d’action nerveux, « Lions for Lambs » a tout pour séduire l’auditeur/spectateur par son mélange de sonorités, son émotion élégante et son final absolument poignant : peut être l’un des plus beaux scores que Mark Isham ait écrit au cours de ces cinq dernières années !




---Quentin Billard