1-Logos 0.49
2-Theme from "Hitchcock" 1.22
3-The Premiere 0.40
4-Paramount and Out the Gate 1.56
5-Mommy Dearest 0.58
6-In Bed 0.36
7-Impulses 1.29
8-The Censor 0.59
9-The Swim 2.03
10-Peeping 0.36
11-Sacrifices 1.16
12-Walk With Hitch 0.56
13-Celery 1.59
14-Telephone 1.08
15-Suspicion 2.30
16-Explosion 3.11
17-Selling Psycho 1.38
18-Fantasy Smashed 1.30
19-The Sand 1.22
20-It's A Wrap 1.05
21-Busted 0.58
22-Saving the House 1.01
23-Finally 1.46
24-Home At Last 0.59
25-End Credits (Version I) 2.33
26-End Credits (Version II) 2.25
27-Funeral March For
A Marionette 0.53*

*Composé par Charles Gounod
Arrangé par Danny Elfman.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88725477242

Score produit par:
Danny Elfman
Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone
Arrangements additionnels:
TJ Lindgren
Supervision MIDI et préparation:
Marc Mann
Montage musique:
Philip Tallman
Préparation musique:
David Hage/Dakota Music
Coordination production musicale:
Melisa McGregor
Assistant technique:
Greg Maloney
Assistante de Danny Elfman:
Melissa Karaban
Montage score:
Shie Rozow
Direction de la musique
pour Fox Music:
Danielle Diego
Musique supervisée pour
Fox Music:
Patrick Houlihan
Music business affairs
pour Fox Music:
Tom Cavanaugh
Production musicale supervisée
pour Fox Music:
Rebecca Morellato
Music clearance
pour Fox Music:
Ellen Ginsburg
Sony Classical
Product Development:
Isabelle Tulliez

Artwork and pictures (c) 2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
HITCHCOCK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Suivant la mode actuelle des films biographiques, « Hitchcock » s’intéresse au destin de l’un des plus célèbres réalisateurs du cinéma américain, Alfred Hitchcock, et plus particulièrement à la création et à la commercialisation de son plus fameux film, « Psycho » (1960). Réalisé par le britannique Sacha Gervasi, qui signe son tout premier long-métrage pour le cinéma, « Hitchcock » offre un rôle taillé sur mesure à l’immense Anthony Hopkins, totalement métamorphosé physiquement pour l’occasion afin de rentrer dans la peau d’Alfred Hitchcock : la ressemblance est assez impressionnante, et l’interprétation d’Hopkins est, comme toujours, tout simplement magistrale ! Le film revient sur le tournage chaotique du film culte « Psycho », lorsqu’Hitchcock, sortant du succès de « North by Northwest » en 1959, souhaita réaliser un film choc et personnel adapté du roman « Psycho » de Robert Bloch. Le roman s’inspire des meurtres perpétrés par le serial killer Ed Gein aux Etats-Unis dans les années 50. Alors que tous le jugèrent totalement inadaptable pour l’écran, le roman attira tout particulièrement l’attention d’Hitchcock, persuadé qu’il tenait là le sujet parfait pour son prochain film, n’en déplaise à son entourage. Avec la complicité de sa femme Alma Reville (Helen Mirren), Hitchcock entama alors la rédaction du scénario mais eut beaucoup de mal à convaincre le studio de la Paramount de produire son film, persuadé que « Psycho » serait voué d’avance à l’échec : trop provocateur, trop violent, trop choquant, trop immoral pour l’époque ? Peu importe, Hitchcock savait que ce serait un très grand film, mais pour concrétiser son rêve, il du franchir une longue série d’obstacles : la censure, qui le força à tourner différemment la célèbre scène de la douche sans montrer une seule partie dénudée du corps de l’actrice Janet Leigh (Scarlett Johansson), ses soupçons d’adultère envers sa femme et ses fréquents allers-retours chez son ami Whitfield Cook (Danny Huston), son état de santé fragile, son obsession quasi maladive pour les actrices blondes et le fait qu’il soit obligé de financer lui-même le film selon un accord convenu avec le studio de la Paramount Pictures. Mais au final, malgré toute la controverse autour du film, « Psycho » fut un grand succès pour Hitchcock et lui permit de devenir un réalisateur célèbre et incontournable dans le monde entier. Le réalisateur Sacha Gervasi s’est entouré ici d’un casting impeccable : le magistral Anthony Hopkins bien sûr, mais aussi une Helen Mirren remarquable dans le rôle d’Alma Reville, sans oublier Jessica Biel, Scarlett Johansson, Toni Collette, Danny Huston, Michael Wincott, Kurtwood Smith, James D’Arcy, etc. Le résultat est tout simplement épatant : le film propose une facette peu connue et plus complexe d’Alfred Hitchcock, et plus particulièrement dans son histoire d’amour avec Alma Reville, une histoire tourmentée, difficile, complexe et pleine de souffrance, mais aussi incroyablement riche et bouleversante. En évoquant la genèse d’un des plus grands classiques du 7ème art, Sacha Gervasi s’est retrouvé confronté à l’ombre imposante d’Hitchcock, magnifiquement représentée par un Anthony Hopkins planté dans ses prothèses. Dommage que la réalisation passe-partout de Gervasi peine parfois à renouer avec l’esprit et le génie des films d’Hitchcock. Peut-être était-ce un sujet trop ambitieux pour lui ? Malgré un côté parfois un peu lisse, propre et impersonnel, « Hitchcock » reste une belle fable de cinéphile, une histoire captivante teintée d’humour noir et d’obsessions avec un soupçon de pédagogie, quasiment tourné à la manière d’un thriller en hommage au génie du suspense, avec un portrait humain et contrasté du réalisateur et de son monumental « Psycho », dont il accouchera dans la souffrance – cf. la scène où il terrorise littéralement Janet Leigh avec le couteau durant le tournage compliqué de la scène de la douche - Helen Mirren reste quand à elle la plus belle surprise du film, pour un rôle qui lui a valu d’être constamment saluée par la critique et d’être nominée aux Golden Globe
s 2013 dans la catégorie « meilleure actrice dans un film dramatique ».

Danny Elfman saisit l’occasion unique d’écrire la partition originale de « Hitchcock », une aubaine pour le compositeur attitré de Tim Burton qui n’a jamais caché sa passion pour Bernard Herrmann, le compositeur de « Psycho » et de plusieurs autres films d’Alfred Hitchcock. Rappelons d’ailleurs qu’Elfman avait dirigé et réadapté la musique d’Herrmann dans le remake plan pour plan de Gus Van Sant sorti en 1998. Danny Elfman était donc le compositeur tout désigné pour écrire le score de « Hitchcock ». Dès les premières notes de « Logos », Elfman rend un hommage plus qu’évident à Bernard Herrmann, en utilisant un orchestre dominé par les cordes, les bois, le célesta. « Logos » introduit aussi un premier motif associé à Hitchcock dans le film, que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film. Elfman a aussi recours à un ensemble d’instruments solistes plus restreints, incluant un violon, un alto, un violoncelle, une clarinette et deux harpes. Le thème principal, entendu dans « Theme from Hitchcock », est évidemment associé dans le film au personnage d’Alfred Hitchcock et à sa femme Alma Reville, et reflète clairement par l’aspect mélancolique et élégant du jeu des cordes la passion et les tourments d’Hitchcock et son épouse, tout en accentuant l’aspect plus intime et romantique de son récit, et notamment dans sa relation avec Alma. Dans « The Premiere », on retrouve le style fantaisiste si cher à Danny Elfman, avec un orchestre bondissant et espiègle et des orchestrations riches et élaborées (à noter que l’on retrouver ici aussi le célesta, l’un des instruments-clé du score de « Hitchcock »). Ces passages plus fantaisistes et bondissants illustrent bien évidemment l’aspect de création artistique d’Hitchcock et permettent à Elfman de sortir quelque peu du simple hommage à Herrmann pour retrouver son style musical plus personnel et habituel, proche de ses travaux pour Tim Burton. Un morceau comme « Paramount/Out the Gate » est ainsi très représentatif du style du compositeur, reprenant le motif d’Hitchcock de « Logos » qui alterne ici entre mesures à 3 temps à la manière d’une valse espiègle et cordes staccatos bondissantes sur fond de harpe, bois et célesta, évoquant l’activité d’Hitchcock qui se décarcasse pour faire accepter son projet auprès des producteurs.

Le compositeur se montre plus réservé dans le mélancolique « Mommy Dearest », qui suggère clairement le personnage d’Ed Gein, à l’origine du personnage de Norman Bates dans « Psycho ». La partie plus intimiste du score de « Hitchcock » est l’une des grandes réussites de ce score, rappelant par la même occasion la sensibilité de Danny Elfman, que l’on entend hélas plus rarement sur ce type de film, mais qui possède un goût sûr pour les musiques plus mélancoliques et lyriques. Dans « In Bed » et « Impulses », le compositeur développe une atmosphère plus sombre à base de motifs circulaires de harpe façon « Vertigo » d’Herrmann, ou de cordes dissonantes comme dans « Impulses », véritable musique de thriller – à noter l’emploi des clarinettes dans le grave, un tic d’écriture emprunté ici à Herrmann – dont la tension apparente alterne avec une douce mélancolie, notamment dans le jeu du piano. La musique possède aussi un humour noir plus attrayant comme c’est le cas avec « The Censor », alors qu’Hitchcock doit désormais affronter l’organisme de censure avant la sortie de « Psycho » au cinéma. Il y a une passion évidente dans le tumultueux et agité « The Swim », pour lequel Elfman combine l’orchestre et les solistes (violoncelle, harpe, clarinette), le tout baignant dans une atmosphère plus dense et dramatique. La noirceur apparente de « Sacrifices » reflète les tourments intérieurs d’Hitchcock et son malaise grandissant lors du tournage de son film, « Sacrifices » étant l’un des passages les plus sombres du score de Danny Elfman, avec le dissonant « Telephone » et sa coda agressive. Le compositeur reste donc fidèle à son style fantaisiste, espiègle et coloré dans l’agité et très Burtonien « Celery », qui rappelle aussi son travail sur les films de Sam Raimi (on pense par exemple à « Darkman »), sans oublier la noirceur plus psychologique du récit comme dans le ténébreux « Suspicion » ou l’agressif « Explosion », scène durant laquelle Hitchcock, sombrant dans la paranoïa et la folie, maltraite Janet Leigh durant le tournage de la célèbre scène de la douche (à noter l’emploi très particulier du marimba et de percussions métalliques proches de gamelans javanais). La réussite d’un morceau comme « Explosion » tient simplement dans la façon dont Danny Elfman parvient à combiner avec habileté plusieurs sentiments dans sa musique, qu’il s’agisse de la paranoïa, de la frustration, du sentiment d’être incompris, de la mélancolie et bien sûr de la colère.

Dans « Selling Psycho », on retrouve les rythmes bondissants du début avec quelques touches jazzy plutôt agréables, notamment dans le jeu en pizz de la contrebasse, des claquements de doigts, de la batterie ou du vibraphone, un caractère jazzy que l’on pourrait aussi interpréter comme une sorte d’hommage aux musiques de films noirs américains des années 50/60, pour la séquence où Hitchcock et Alma tentent de vendre « Psycho » aux producteurs. L’aspect mélancolique et intime de « Fantasy Smashed » reste réellement touchant, tout comme « It’s A Wrap ». On appréciera aussi les rythmes plus déterminés et les couleurs orchestrales colorées de « Saving the House » typiques du compositeur, sans oublier un « Finally » plus romantique et passionné dans ses harmonies, l’histoire touchant ainsi à sa conclusion avec une très belle reprise du thème principal d’Hitchcock/Alma aux cordes, repris ensuite dans le superbe « End Credits » avec sa partie concertante du trio à cordes (violon/alto/violoncelle), inspirée du répertoire de la musique de chambre classique. A noter que le « End Credits » reprend aussi le motif d’Hitchcock introduit dès les premières secondes de « Logos ». Danny Elfman reste donc fidèle à son style musical habituel avec le film de Sacha Gervasi, relevant ainsi le challenge périlleux de rendre hommage à Hitchcock et à Bernard Herrmann sans tomber pour autant dans le pastiche pur et impersonnel. A contrario, Elfman maîtrise ses références et conserve sa propre personnalité, proche ici de son travail chez Tim Burton, avec des orchestrations colorées et soutenues, une utilisation judicieuse des instruments solistes, deux thèmes de qualité et une alternance habile entre mélancolie, intimité, romantisme, agitation et noirceur psychologique. Maîtrisant ces différents éléments avec un doigté évident, Danny Elfman signe au final une partition plutôt intéressante pour « Hitchcock », qui, si elle reste plutôt anecdotique dans la filmo du compositeur, permet quand même de témoigner du lien très fort qui existe depuis bien longtemps entre la musique de Danny Elfman et celle de Bernard Herrmann : une jolie surprise, donc !



---Quentin Billard