Ghoulies

1-Main Title 2.39
2-Clown Room 1.08
3-Ghoulie Love 3.06
4-Clown Eyes 5.20
5-End Credits 2.42

Re-Animator

6-Prologue and Main Title 4.13
7-Where's the Cat?/The Cellar 4.05
8-The Cat Experiment/Searching for
the Body in the Morgue 4.32
9-Waiting for Reaction/First
Corpse to be Re-Animated 4.02
10-Halsey's Back 1.46
11-Halsey Alive 1.19
12-The Lab 0.23
13-Meg & Dr. Hill 1.08
14-More Lab/Parts, Whole Parts 3.40
15-Halsey Lobotomized/
Stinger-Version 1 1.39
16-Stinger-Version 2/
Body and Soul 3.17
17-Halsey Grabs Meg 1.09
18-Corpses Re-Animated 1.31
19-Corpses Run Amok 6.13
20-Meg Re-Animated and
End Title 3.58

Musique  composée par:

Richard Band

Editeur:

Intrada Signature Edition ISE1030

Ghoulies

Conduit par:
Shirley Walker

Re-Animator

Conduit par:
Richard Band
Interprété par:
Rome Philharmonic Orchestra
Orchestrations:
Richard Band
CD produit par:
Douglass Fake, Richard Band
Producteur exécutif album:
Roger Feigelson

Artwork and pictures (c) 1984, 1985 Empire Pictures. All rights reserved.

Note: ***
RE-ANIMATOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Richard Band
Les années 80 ont été propices au cinéma d’horreur américain, une conséquence directe de certaines expériences cinématographiques tentées à droite à gauche dans les années 70 (et notamment dans le cinéma bis italien). Alors que la décennie 80’s débuta quasiment en beauté avec le choc « Evil Dead » de Sam Raimi, l’horreur sembla retrouver un nouveau souffle à Hollywood. C’est dans cette ambiance particulière qu’arriva le « Re-Animator » de Stuart Gordon en 1985. Le film est librement inspiré d’une nouvelle de H.P. Lovecraft publiée en 1922 (« Herbert West-Reanimator ») et permet au réalisateur de signer son premier long-métrage pour le cinéma après quelques années passées au service du théâtre. Le film est produit par Brian Yuzna, grand ponte du cinéma d’horreur trash des années 80 (il réalisera même la suite, « Bride of Re-Animator », en 1990). On suit tout au long du film l’histoire d’Herbert West (Jeffrey Combs), jeune étudiant en médecine ambitieux et téméraire qui travaille sur un projet révolutionnaire et expérimental : un sérum capable de régénérer la vie à des tissus corporels morts. Après s’être installé chez son collègue étudiant et colocataire Dan Cain (Bruce Abbott) et sa fiancée Megan (Barbara Crampton), Herbert décide de mener ses expériences sur le chat de Dan, qu’il parvient à ramener à la vie. Mais la résurrection de l’animal s’accompagne aussi d’un effet pervers : il est totalement enragé, violent et incontrôlable. Herbert réussit alors à convaincre Dan de l’aider dans ses expériences et décide de se rendre à l’hôpital de l’université de médecine Miskatonic à Arkham dans le Massachusetts pour tester le précieux sérum expérimental sur des cadavres humains. L’expérience tourne à la catastrophe alors que les morts revenus à la vie deviennent à leur tour violents et incontrôlables. Les choses se gâtent lorsque le docteur Halsey (Robert Sampson), leur supérieur hiérarchique, est tué accidentellement au cours de cette terrible expérience. Et c’est sans compter sur le redoutable docteur Carl Hill (David Gale), qui convoite à son tour la formule du précieux sérum pour s’emparer de l’invention d’Herbert West et la faire passer pour sienne. « Re-Animator » n’aurait pu être qu’une série-B horrifique de plus si elle n’avait pas été saupoudrée d’une large dose de folie, d’humour noir macabre, d’une débauche de gore et d’une dérision parfois extrême. Prétendre que le premier film de Stuart Gordon est l’un des plus irrévérencieux des années 80 tiendrait du pur euphémisme : on assiste ici à une course dans l’absurdité et les situations les plus extrêmes : un professeur zombie qui marche et parle avec la tête arrachée et posée dans ses bras, l’anthologique scène du cunnilingus avec la tête arrachée, des intestins qui attaquent Herbert, etc. Avec un sens cinématographique épatant pour une première oeuvre, Gordon parvient à repousser les limites du genre, à l’instar de Sam Raimi dans son « Evil Dead » en 1982, et débouche sur un film à l’humour noir incroyable, entre comédie et horreur pure et sans tabous ( quitte à montrer des scènes sexuelles très explicites), baignant dans un gore permanent, un sens de la dérision et un rythme très soutenu. Le film a aussi lancé la carrière de Jeffrey Combs, véritable révélation du film et interprète épatant d’Herbert West, anti-héros et savant fou par excellence.

Si le film a connu un grand succès dès sa sortie en salles en 1985 – il sera suivi d’une suite en 1990 et d’un remake sorti en 2003 – il doit aussi beaucoup à la partition symphonique de Richard Band, compositeur spécialisé dans le cinéma d’épouvante/fantastique (« Troll », « The Alchemist », « Ghoulies », « Puppet Master », « From Beyond », etc.) et référence incontournable dans le registre des musiques de séries-B d’horreur/fantastique des années 80/90. Rappelons aussi que Richard Band fut l’un des rares compositeurs à avoir la chance d’écrire des musiques orchestrales sur des petites productions 80’s budget modeste, alors que la convention voulait que l’on compose habituellement ce type de musique aux synthétiseurs. Pour « Re-Animator », Richard Band saisit d’emblée l’humour noir du film et opta pour une approche plutôt intéressante : reprendre le célèbre thème de « Psycho » de Bernard Herrmann, et le parodier avec humour et dérision tout au long du film (la pochette de l’ancien album portait d’ailleurs la mention : « Music by Richard Band…with the composer’s most humble apologies to Bernard Herrmann »). Conçu au départ comme une sorte de blague, le concept devint le fondement même de la partition de « Re-Animator », mélangeant alors un petit orchestre (le Rome Philharmonic Orchestra), synthétiseurs et boîtes à rythme typiques des années 80, le tout enveloppé dans un style musical typique des productions Empire Pictures. Mais Richard Band ne s’arrêta pas en si bon chemin, et poussa la blague encore plus loin, puisqu’un des thèmes du score, la « lullaby » pour Herbert West, est en réalité empruntée au thème de Cecilie dans la musique de « Freud » de Jerry Goldsmith. Avec ses deux principales sources d’inspiration que sont Herrmann et Goldsmith, Richard Band élabore ainsi une partition sombre, ironique et terrifiante pour « Re-Animator ». Le ton est donné avec « Prologue & Main Title » : nappes synthétiques menaçantes, cordes dissonantes, orchestrations denses privilégiant tous les pupitres de l’orchestre (bois/cordes/cuivres/percussions), et bien évidemment, thème principal pour le « Main Title », reprenant la mélodie de « Psycho » d’Herrmann réarrangée et modifiée pour les besoins du score. Le thème de cordes d’Herrmann est accompagné ici par une boîte à rythme très 80’s et aussi très kitsch, qui est aussi un hommage évident à Jerry Goldsmith (on pense notamment à « Gremlins » ou à de futures partitions telles que « Link » ou « Best Shot »). Autre élément caractéristique du score de Band : l’inclusion d’un violon soliste, dont les effets de doubles cordes apportent un éclairage plus maléfique et ironique à la partition.

Avec un thème mémorable et entraînant indéniablement ancré dans l’humour macabre du film de Stuart Gordon, Richard Band élabore sa partition avec une inspiration constante. Le thème de berceuse de West, repiqué au « Freud » de Goldsmith, est entendu dès le début de « Where’s the Cat/The Cellar », pour la scène d’expérimentation sur le chat mort. A noter ici l’utilisation mystérieuse de la harpe et des cordes aigues et lugubres qui créent un suspense intense à l’écran. Bien évidemment, le compositeur respecte les conventions du genre et opte pour une approche atonale et dissonante dans les moments de suspense et d’horreur du film. A noter à 2:48 l’emploi très ‘diabolique’ (et ironique) du violon en tritons (le fameux ‘diabolus in musica’), un élément qui rappelle le score de « Mephisto Waltz » de Jerry Goldsmith et qui suggère ici la présence du mal. Le suspense devient le maître mot de Band dans le sinistre « The Cat Experiment/Searching for the Body in the Morgue », privilégiant des orchestrations sombres (clarinette basse/contrebasson, clusters de cordes dissonantes) et des développements du thème principal, partagé entre les cordes staccatos, les bois et la boîte à rythme kitsch. A noter d’ailleurs que le mixage de l’orchestre est très clair, avec une répartition stéréo intéressante des différents pupitres de l’orchestre (cordes à gauche, bois à droite, percussions et synthés au centre, etc.), qui renforce l’impact de l’orchestre à l’écran - L’utilisation des percussions synthétiques à 2:05 rappelle là aussi Goldsmith, et plus particulièrement le score de « Rambo II » - Dans « Waiting for a Reaction/First Corpse to Be Re-Animated », l’expérience de West abouti et le premier cadavre est alors ramené à la vie dans la morgue de l’hôpital : ici aussi, Richard Band mélange horreur, suspense et humour avec un certain doigté, la musique étant partagée entre l’orchestre et les percussions synthétiques, sans oublier ces passages dissonants et agressifs évoquant les moments plus gores du film (effets instrumentaux chaotiques à partir de 3:28). Le reste du score s’inscrit dans la continuité de « First Corpse to Be Re-Animated » : « Halsey’s Back » prolonge l’humour noir de la musique avec un orchestre agité, tout comme « Halsey Alive » ou « More Labs/Parts, Whole Parts ».

Le suspense est suggéré quand à lui dans « The Lab », « Meg and Dr Hill » ou la reprise amusante du thème de « Psycho » dans « Stinger Version 2/Body and Soul », pour la scène avec le Dr. Hill et sa tête décapitée. Richard Band accentue la dimension surréaliste et comiquement horrifique de ces séquences avec un mélange astucieux d’humour noir et de frissons dans sa musique, accentuant ses détails d’orchestrations (harpe/vibraphone hypnotique et entêtant à partir de 1:33). Dans « Halsey Grabs Meg », Band s’autorise même un détour du côté de la musique romantique en nous livrant un joli Love Theme pour Halsey et sa fiancée Meg, thème mélancolique de flûte, cordes et harpe plutôt élégant et poétique, bien que très rapidement délaissé au profit de l’horreur et du suspense. L’épouvante domine dans le macabre « Corpses Re-Animated » et le climax final de « Corpses Run Amok », 6 minutes de terreur pure dignes des plus grandes pages de la musique d’épouvante des années 80, plutôt radicalement intenses à l’écran – notamment dans le jeu agressif des synthétiseurs kitsch – Enfin, « Meg Re-Animated & End Title » reprend le joli Love Theme du score – que l’on a souvent comparé au thème mélancolique du « The Omen » de Goldsmith – avant de se conclure sur une ultime reprise du thème principal herrmannien pour le générique de fin. « Re-Animator » reste donc un travail de qualité de la part de Richard Band, avec l’une de ses partitions les plus appréciées pour le cinéma d’épouvante hollywoodien. Le compositeur a parfaitement cerné l’humour noir du film et nous livre une musique en demi teinte, entre dérision et frissons, tout en rendant un hommage plus qu’évident à Bernard Herrmann et Jerry Goldsmith. A vrai dire, cette dimension d’hommage risque d’en rebuter quelques uns, car à force de trop vouloir cumuler les références musicales, le score de « Re-Animator » finit par perdre de sa personnalité et ressemble davantage à véritable un fourre-tout musical repiqué à droite à gauche sans réelle originalité. Mais pour peu que l’on se laisse prendre au jeu de la citation et des références musicales, « Re-Animator » constitue une bonne surprise pour les fans de musique d’épouvante 80’s, un score important pour Richard Band, qui lui permettra par la suite de retrouver Stuart Gordon à plusieurs reprises et d’oeuvrer sur des projets aux budgets moins serrés : un score horrifique sympathique et sans prétention, à redécouvrir sur l’album d’Intrada, qui inclut aussi le travail plein d’humour de Richard Band sur le film « Ghoulies », sorti la même année que « Re-Animator » !




---Quentin Billard