1-Main Title/Crook Dusting 6.23
2-Nam Flashback 2.26
3-Sanity Check 1.39
4-Kate's Theme 1.42
5-Night Search 2.09
6-Sunrise at "Pinkville" 4.26
7-"Pinkville" Strafing Run 1.49
8-"Follow My Leader" 2.57
9-Murphy's Nightmare 1.28
10-"Blue Thunder" Ballet 4.20
11-Following the Bad Guys/
Thermographics 4.19
12-Adios J.A.F.O 4.49
13-Murphy Steals "Blue Thunder" 2.15
14-River Chase/Hide and Seek 6.59
15-Ride With The Angels
(Original End Title) 3.55
16-"Murphy's Law" (Theme
from "Blue Thunder") 3.13*

*Interprété par The Beepers
Produit par Even Pace
pour Even Space Productions
Producteur associé :
Reno Romano
Programmation synclavier de
Anthony Marinelli et Brian Banks

Musique  composée par:

Arthur B. Rubinstein

Editeur:

Super Tracks Promo ARCD-01

Producteur exécutif de l'album:
John J. Alcantar III
Album produit par:
Arthur B. Rubinstein,
Ford A. Thaxton

Artwork and pictures (c) 1983 Columbia Pictures Industries Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
BLUE THUNDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Arthur B. Rubinstein
« Blue Thunder » (Tonnerre de feu) fait partie d’une série de trois films d’action réalisés par John Badham en rapport avec les nouvelles technologies secrètes du gouvernement américain. Tourné en 1983, « Blue Thunder » sera suivi de « WarGames » sorti la même année, et de « Short Circuit » en 1986. Dans ces trois films, on retrouve une constante : une description souvent très critique des méthodes du gouvernement U.S. et des agences de la défense américaine, avec comme toile de fond une technologie à la pointe du progrès. Dans « Blue Thunder », John Badham dénonce les dérives de la surveillance sécuritaire avec un système ultrasophistiqué de vidéosurveillance et de défense du territoire condensé dans un hélicoptère expérimental baptisé « Tonnerre de feu » (Blue Thunder en V.O.). Frank Murphy (Roy Scheider) est l’un des principaux pilotes d’hélicoptère à l’Astro Division, la section aérienne de la police de Los Angeles. Après avoir été témoin de l’agression mortelle de Diane McNeely (Robin Braxton), qui était chargée de lutter contre les violences urbaines à L.A., Murphy décide de mener sa propre enquête et comprend que ce meurtre fait partie d’une vaste conspiration orchestrée par certains membres haut placés de la police et du gouvernement. Pendant ce temps, son supérieur le capitaine Braddock (Warren Oates) le charge de participer aux essais du Tonnerre de Feu, un nouveau prototype d’hélicoptère ultramoderne destiné à surveiller la foule lors des prochains Jeux Olympiques d’été de Los Angeles prévus en 1984. Mais lors des essais, Murphy se heurte à l’antagonisme du colonel Cochrane (Malcolm McDowell), qu’il soupçonne très vite d’être l’un des principaux instigateurs d’un complot visant à provoquer l’anarchie dans les rues de Los Angeles en vue de prouver la supériorité tactique et militaire du Tonnerre de Feu. « Blue Thunder » est donc un thriller d’action plutôt réussi dans son genre, qui dévoile une technologie militaire ultra moderne pour un film de 1983 : le film voulait évoquer les dérives de la vidéosurveillance en évoquant une véritable machine de guerre capable d’espionner n’importe qui, n’importe où et n’importe quand (notamment grâce à l’emploi de la thermographie). Avec son propos polémique qu’il renouvellera dans « WarGames » et « Short Circuit », John Badham s’attaque de front aux dérives sécuritaires et militaires du gouvernement U.S. avec une intrigue d’espionnage et de conspiration qui rappelle les thrillers paranoïaques hollywoodiens des années 70. Bien évidemment, la star du film reste incontestablement l’hélicoptère « Tonnerre de feu », conçu à partir d’une Gazelle SA-341G transformée pour les besoins du film. Le film réunit quelques stars de l’époque avec l’incontournable Roy Scheider (« Jaws »), Malcolm McDowell, Candy Clark, Daniel Stern et Warren Oates, qui décéda peu de temps avant la fin du tournage, et à qui le film est dédié. Naviguant entre suspense et action, le film se conclut sur une superbe bataille aérienne réalisée au dessus des rues de Los Angeles. A noter que le scénario a été co-écrit par Dan O’Bannon, plus connu dans le domaine de la science-fiction (« Alien », « Heavy Metal », « Lifeforce », « Total Recall », etc.).

« Blue Thunder » marque les retrouvailles entre John Badham et le compositeur Arthur B. Rubinstein deux ans après « Whose Life Is It Anyway ? », qui marqua la première collaboration entre les deux hommes en 1981. Pour « Blue Thunder », Rubinstein décidé de mélanger un orchestre symphonique traditionnel essentiellement composé de cuivres, cordes et percussions, avec un ensemble de synthétiseurs incluant le clavier numérique Synclavier II, et des synthétiseurs analogiques typiques des années 80 comme le Jupiter, le Prophet et le Moog. Pour les besoins du film, Rubinstein a aussi conçu un son très particulier obtenu en plaçant un micro à l’intérieur d’une bouteille d’eau vide placée sous un piano Steinway. Pour le compositeur, l’objectif de la partition de « Blue Thunder » est donc d’illustrer l’action et le suspense du film tout en suggérant l’univers technologique totalement déshumanisé du film, d’où une approche souvent sombre et froide des sons électroniques sur les images du film. Selon une note de John Badham dans l’album du score, le mélange orchestre/synthé représente dans le film la dualité entre l’humanité de Frank Murphy et la technologie froide du tonnerre de feu. Dès « Main Title/Crook Dusting », Arthur B. Rubinstein introduit son thème principal (« Murphy’s Law »), thème héroïque typique du compositeur, confié aux cuivres sur fond de synthétiseurs analogiques 80’s un brin datés. A noter que le compositeur utilise ici les synthétiseurs comme des instruments à part entière de l’orchestre, une approche de l’écriture qui n’est pas sans rappeler certains travaux électroniques réalisés par Jerry Goldsmith à la même époque. Les cuivres et les rythmes martiaux sont ainsi très présents dans cette ouverture, avec l’ensemble des synthétiseurs aux résonances modernes pour un film de 1983. On retrouve par la même occasion le tonus orchestral et l’écriture brillante du compositeur de « WarGames » et « Short Circuit », qui reste un spécialiste des musiques d’action martiales. Ici, c’est le pupitre des cuivres qui domine dans les orchestrations, et ce même si le reste de l’orchestre est néanmoins présent, les cordes étant reléguées au second plan, remplacées ici par les synthétiseurs.

« Nam Flashback » prolonge cette exploration des sons électroniques analogiques dans un style plus sombre et atmosphérique, à base de nappes et de pulsations de basse menaçantes. Ici aussi, le côté très années 80 des synthétiseurs séduira les fans de Rubinstein et des musiques synthétiques 80’s tout en faisant grincer des dents les réfractaires aux sons électroniques datés. Quoiqu’il en soit, le résultat est assez impressionnant, Rubinstein parvenant à mélanger différentes sonorités synthétiques de façon judicieuse et inventive, sans jamais délaisser complètement sa partie orchestrale, et son thème, qui reste présent. « Sanity Check » développe le thème principal aux synthétiseurs sur fond de rythmes électro entraînants, tandis que le second thème du score, « Kate’s Theme », utilise un piano et quelques cordes pour la partie plus émotionnelle du récit, et la relation entre Murphy et sa compagne Kate (Candy Clark). Le morceau s’apparente à un Love Theme tout en retenu, personnifié par les notes hésitantes du piano et des tenues discrètes de cordes. L’émotion sous-jacente du « Kate’s Theme » s’exprime donc ici sur un mode plus minimaliste et restreint, comme si la musique hésitait à affirmer une émotion trop forte. Très vite, les synthétiseurs et les sonorités menaçantes reprennent le dessus avec « Night Search », autre passage à suspense atmosphérique, tandis que l’action domine dans le martial et excitant « Sunrise at Pinkville », durant les tests armés du tonnerre de feu. Ici aussi, on notera l’omniprésence des cuivres (trompettes/cors/trombones) et des percussions martiales (timbales, caisse claire, cymbale) accompagnées des différents synthétiseurs, traités à la manière de pupitres de l’orchestre - élément intéressant ici : une ligne de basse synthétique qui imite les pales de l’hélicoptère – On retrouve une atmosphère similaire dans le martial et guerrier « Pinkville Strafing Run » et « Follow My Leader ». Avec un goût certain pour les musiques d’action survitaminées, Arthur B. Rubinstein apporte un rythme et une énergie indispensable au film de John Badham, annonçant clairement le style de « WarGames » qu’il composera d’ailleurs la même année que « Blue Thunder ».

Un morceau comme « Follow My Leader » contient d’ailleurs quelques facettes typiques du style action d’Arthur B. Rubinstein, notamment dans le passage à partir de 2:02 ou dans la montée agressive des synthétiseurs entre 2:35 et 2 :43, tout à fait caractéristiques du style action/thriller du compositeur (certains éléments annoncent ici des futures partitions telles que « The Hard Way » ou « Nick of Time »). A noter que l’on retrouve l’idée de la ligne de basse synthétique qui imite les pales de l’hélicoptère dans le très mécanique « Blue Thunder Ballet », tandis que « Following the Bad Guys/Thermographics » suggère les efforts de Murphy pour espionner Cochrane et découvrir la vérité sur la conspiration du tonnerre de feu. La tension monte d’un cran dans le sombre « Adios J.A.F.O. » ou « Murphy Steals Blue Thunder », débouchant sur la longue poursuite finale de « River Chase/Hide and Seek », durant l’impressionnante bataille aérienne entre Murphy et Cochrane au dessus des rues de Los Angeles. Avec ses 7 minutes d’action pures et dures, « River Chase/Hide and Seek » est de loin le plus impressionnant morceau d’action du score d’Arthur B. Rubinstein et la preuve exemplaire de l’incroyable vitalité du compositeur dans le domaine des musiques d’action martiales – on appréciera notamment ici le jeu intense des cuivres, les nombreux changements de mesures liés à l’image, les développements incessants du thème principal ou le contrepoint habile des synthétiseurs avec l’orchestre – Rubinstein se fait plaisir pour le générique de fin en nous proposant une version purement symphonique de son thème principal (« Ride with the Angels (Original End Title »), superbe morceau héroïque combinant cordes, piano, harpe et cuivres pour une dernière reprise mémorable de l’excellent « Murphy’s Law – Theme from Blue Thunder ». Ainsi donc, si la partition de « Blue Thunder » n’est pas le premier fait d’arme d’Arthur B. Rubinstein pour un film de John Badham, il s’agit en revanche de sa première partition remarquée par le public et les fans du musicien, qui vanteront les mérites de cette excellente musique d’action très 80’s particulièrement réclamée par les fans, jusqu’à l’édition tardive d’un album promotionnel chez le label Super Tracks dans les années 90. A l’écran, la partition de « Blue Thunder » s’impose donc par ses rythmes martiaux effrénés, son énergie à toute épreuve et ses atmosphères synthétiques intenses, bien que l’ensemble manque un brin d’originalité et n’a pas le génie de « WarGames » : cela reste malgré tout une jolie réussite absolument typique de la collaboration Arthur B. Rubinstein/John Badham !



---Quentin Billard