Stagecoach

1-Main Title 2.31
2-The Stage is Coming 0.15
3-The Reward 1.46
4-The First Born 1.08
5-Family History 4.35
6-The Aftermath 3.09
7-A New Passenger 1.34
8-All Is Forgiven 2.39
9-Escape Route 1.55
10-No More Indians 1.08
11-Get Out of Town 2.41
12-"Stagecoach To Cheyenne" 1.33*

Bonus Tracks:

13-"The Texas Cowboy" 1.18
14-"Cindy" 1.51
15-"Buffalo Gals" 1.21
16-Main Title (alternate) 2.51
17-The Stage is Coming
(raw takes) 1.03

The Loner:

18-An Echo of Bugles 8.49
19-One of the Wounded 10.21
20-Main Title (with narration) 0.53

*Paroles et musique de
Lee J.Pockriss (50%), Paul Vance (50%)
Interprété par Wayne Newton.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

La La Land Records LLLCD-1215

Producteurs exécutifs pour
La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
Nick Redman, Mike Matessino
Direction soundtrack
pour 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Orchestrations:
Arthur Morton, David Tamkin

Edition limitée à 2000 exemplaires
American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 1966/2012 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
STAGECOACH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
« Stagecoach » (La diligence vers l’ouest) est le remake du célèbre « Stagecoach » (La chevauchée fantastique) de John Ford sorti en 1939. Pour la nouvelle version de 1966, c’est l’artisan Gordon Douglas qui s’est attelé à la réalisation, en reprenant à l’identique l’intrigue du film d’origine avec un casting neuf réunissant quelques stars du moment : la jolie et craquante Ann-Margret dans le rôle de la prostituée rejetée par la société, le génial Bing Crosby qui interprète un médecin alcoolique haut en couleurs, l’excellent Van Heflin qui campe le shérif Wilcox, Slim Pickens qui campe le bavard Buck, et Alex Cord qui reprend le rôle du hors-la-loi Ringo Kid tenu initialement par John Wayne dans la version de 1939. Le reste du casting est plus inégal, car certains personnages sont parfois transparents ou peu consistants, limités à quelques lignes de dialogue et peu d’interactions avec les autres protagonistes. Quand au récit, il reste identique au film de John Ford : une diligence traverse une partie de l’ouest américain au départ de la ville de Tonto au Texas en direction de Cheyenne, mais le territoire est contrôlé par les sioux, qui n’hésitent pas à massacrer une troupe entière de soldats américains. Affrontant ensemble différents obstacles et péripéties en tout genre (une traversée dangereuse sur le bord d’une falaise couverte de boue, la naissance de l’enfant de Mrs. Mallory (Stefanie Powers), l’attaque des indiens, etc.), les voyageurs seront accompagnés par le shérif Wilcox et des cavaliers commandés par le lieutenant Blanchard, jusqu’à ce que ce dernier les abandonne à leur sort. Livrés à eux-mêmes, les voyageurs de la diligence vont devoir s’unir pour traverser ensemble des contrées hostiles et espérer atteindre Cheyenne en un seul morceau. « Stagecoach » reprend donc le scénario du film de 1939 et propose une version plus moderne de l’oeuvre, dans un sympathique western en Cinémascope produit par la 20th Century Fox qui, à défaut d’atteindre le génie de la version inégalable de John Ford, s’avère être suffisamment captivant et divertissant pour nous tenir en haleine pendant 115 minutes. On y retrouve une galerie de personnages divers dont la personnalité se révèle au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue, tandis que la réalisation de Gordon Douglas s’avère être solide et soignée pour captiver pleinement le spectateur : le film débute par ailleurs sur une séquence d’attaque d’indiens d’une rare violence (un soldat est tué d’un coup de tomahawk en plein front, son sang se déversant dans la rivière, un autre soldat est piétiné par le cheval d’un sioux, etc.), sans oublier la fusillade finale dans le saloon, exécutée avec brio et virtuosité. On a d’ailleurs reproché au film d’avoir un peu trop gommé l’intériorité des personnages de la version 39 au profit d’un plus grand nombre de scènes d’action (et notamment une longue bataille avec les indiens vers la fin du film), la version de 1966 s’éloignant quelque peu de la poésie du film de Ford. Mais qu’à cela ne tienne, les fans de western U.S. apprécieront à coup sûr ce solide remake qui n’a rien à envier aux autres productions similaires sortis à la même époque.

La partition de Jerry Goldsmith est à coup sûr l’un des principaux atouts du film de Gordon Douglas. Il faut d’ailleurs rappeler que le maestro californien n’en était pas à son premier coup d’essai lorsqu’il arriva sur « Stagecoach », ayant déjà oeuvré dans le registre du western avec des films tels que « Black Patch » (1957), « Face of a Fugitive » (1959), « Lonely Are the Brave » (1962) et « Rio Conchos » (1964). Très à l’aise dans les musiques évoquant le grand ouest américain, Jerry Goldsmith retrouve sur « Stagecoach » le réalisateur Gordon Douglas avec lequel il avait déjà collaboré sur « Rio Conchos » et qu’il retrouvera par la suite sur « In Like Flint » (1967) et « The Detective » (1968). « Stagecoach » permet ainsi à Jerry Goldsmith de renouer avec les sonorités de « Lonely Are the Brave » et « Rio Conchos » en adoptant un angle plus intimiste et restreint. Le compositeur a toujours privilégié les sentiments et les personnages dans sa musique, et « Stagecoach » n’échappe pas à la règle. Plutôt que l’action ou les décors, Goldsmith privilégie la dimension humaine des personnages de la diligence tout au long de son oeuvre (certaines scènes d’action du film n’ont pas d’ailleurs pas de musique). Le « Main Title » permet ainsi au maestro d’asseoir les principales sonorités de sa partition avec un thème très ‘americana’ à la Aaron Copland, exposé à la trompette sur fond de guitare, banjo, cordes, vents, percussions (incluant wood blocks), harmonica et accordéon – instrument-clé du score – On notera aussi l’ouverture à base de guimbarde aux sonorités folk typiques des musiques western de Goldsmith. Le caractère aérien et majestueux du thème principal évoque non seulement les paysages de l’ouest sauvage du film de façon idyllique et noble, tout en suggérant le voyage tumultueux de la diligence en route vers Cheyenne. « The Stage is Coming » préfigure le début du voyage par son rythme enthousiasmant, tandis que la musique devient plus intime dans « The Reward », et ses très jolis arpèges de guitare débouchant sur une coda orchestrale à base de cuivres plus massifs, des instruments qui seront d’ailleurs finalement peu utilisés tout au long du score.

« The First Born » est ainsi très représentatif de l’approche musicale voulue par Jerry Goldsmith sur « Stagecoach » : après une introduction intime à base de bois délicats, guitare et cordes, la seconde partie devient plus rythmée et enthousiasmante avec le retour de sa trompette majestueuse. « Family History » est quand à lui plus représentatif de l’aspect humain du score de Goldsmith. Pendant plus de 4 minutes, le maestro accompagne ici la scène où les personnages racontent chacun à leur tour leurs histoires personnelles et celles de leurs familles. Ici aussi, comme au début de « The First Born », les orchestrations s’avèrent être plus restreintes, à base de flûtes, cordes, harpe, guitares et une très intéressante utilisation de l’accordéon. La musique devient ici plus délicate, poétique et mélancolique, empreinte d’une certaine sensibilité et d’une délicatesse plus typique des musiques intimistes de Jerry Goldsmith (à la façon de « A Patch of Blue » ou « Lilies of the Field »). « Family History » reste le plus beau passage du score de « Stagecoach », et la preuve de la sensibilité évidente du compositeur. Inversement, « Aftermath » s’avère être plus dramatique et imposant, débutant sur le ton western/aventureux du début avant d’évoluer rapidement vers un style plus sombre, alors que l’équipage de la diligence arrive dans le camp militaire dévasté par les indiens et découvre l’horreur du carnage. On retrouve ici un Goldsmith plus moderne dans son utilisation des instruments (effets de col legno des cordes), tout en conservant une approche miminaliste – à noter l’utilisation réussie de la flûte basse, qui apporte un climat mystérieux à la musique- A noter ici l’emploi remarquable de l’harmonica dans le grave, d’effets de vibraphone/accordéon étranges dans un registre plus atonal/dissonant avant-gardiste typique de la facette plus expérimentale du compositeur (la fin de « The Aftermath » annonce clairement certaines mesures du score de « Breakheart Pass » dans sa façon de suggérer le suspense à base de sons ‘americana’). Le thème principal de la diligence est repris avec délicatesse par l’harmonica dans « A New Passenger », tout comme dans l’intime « All is Forgiven ». On retrouve une esthétique proche de « Lonely Are the Brave » dans la coda d’action plus enlevée de « Escape Route » qui annonce déjà l’esthétique de certains scores action du compositeur dans les années 70/80.

« No More Indians », le compositeur choisit d’éviter toute forme de triomphalisme après la victoire des héros lors de la fusillade avec les sioux, en privilégiant une approche plus subtile et nuancée. Ici aussi, l’aspect humain prime par dessus tout dans la musique de Goldsmith. A noter que le personnage de Ringo Kid a droit à son propre motif, entendu aux vents au début de « All is Forgiven » et repris à plusieurs reprises, au début de « Escape Route » et « Get Out of Town » - ce motif à base de quintes parallèles de bois annonce d’ailleurs clairement un futur motif vaguement similaire que Goldsmith écrira des années plus tard pour « First Blood » en 1982 – Le motif de Ringo Kid évoque clairement l’aspect solitaire du personnage d’Alex Cord, et conserve un ton minimaliste et intime, suggérant sa romance naissante avec la jolie Dallas. « Get Out of Town » se conclut d’ailleurs sur une ultime reprise du thème principal, aventureuse, majestueuse et pleine d’enthousiasme. A noter que la fusillade finale du film dans le saloon ne contient aucune musique, un choix de la part du réalisateur et de Goldsmith, qui considéraient effectivement qu’il n’était pas nécessaire d’accentuer davantage l’action et de laisser la scène se dérouler d’elle-même (pareil pour la séquence du massacre des soldats américains par les sioux au début du film). Ecrite avec une sensibilité évidente, la musique de « Stagecoach » n’est certes pas le meilleur score western de la filmographie de Jerry Goldsmith, mais cela n’en demeure pas moins l’une de ses plus belles musiques pour le grand ouest américain, une musique minimaliste, intime et aventureuse, parfois mélancolique et touchante, parfois plus empathique et rythmée, qui rappelle l’intérêt constant de Jerry Goldsmith dans le domaine des musiques de western. Le score de « Stagecoach » contient au passage quelques éléments que l’on retrouvera par la suite dans de futures partitions du compositeur (notamment le motif en quintes de Ringo Kid, qui influencera un motif dans « First Blood », ou « The Aftermath », qui annonce un autre score western, celui de « Breakheart Pass » en 1975). Grâce à l’excellent album édité par La La Land Records, les fans du maestro à la queue de cheval pourront enfin redécouvrir cette très jolie partition western dans son intégralité avec un son plutôt satisfaisant, couplé ici avec une autre partition western moins connue du compositeur pour la série TV « The Loner » écrite en 1965.



---Quentin Billard