1-His Name is Mickey Cohen 2.28
2-Welcome to Los Angeles 3.13
3-He Can't Have You 1.40
4-War for the Soul of LA 2.49
5-There Goes Our Ride 1.15
6-You Can't Shoot Me 3.52
7-Always Knew I'd Die in Burbank 2.29
8-You're Talking to God 0.51
9-The Bug 2.18
10-Hot Potato With A Grenade 3.19
11-You Know The Drill 1.07
12-I Was Just Hopin' To
Take You To Bed 1.31
13-Kill'Em All 1.59
14-Chinatown 4.29
15-Keeler 2.18
16-Connie Lives 1.54
17-Let's Finish It 2.26
18-Union Station 1.35
19-Light'Em Up 7.28
20-The City of Angels 4.04
21-Gangster Squad 2.58

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 178 2

Score produit par:
Steve Jablonsky, Bob Badami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeurs de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Carter Armstrong
Supervision musique:
Steven Baker
Orchestre conduit par:
Nick Glennie-Smith
Préparation musique:
Booker White
Programmation score:
Matthew Margeson, Jacob Shea
Programmation additionnelle:
Nathan Whitehead
Coordinateur score:
Erick Devore
Opérateurs protools:
Kevin Globerman, Lori Castro

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc.-US, Canada, Bahamas & Bermuda (c) 2013 Village Roadshow Films (BVI) Limited-All other territories. All rights reserved.

Note: ***
GANGSTER SQUAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
« Gangster Squad » est un énième film de gangster/policier prenant comme principaux modèles des grands classiques du genre tels que « Scarface », « The Untouchables » ou bien encore « L.A. Confidential ». Pour le jeune réalisateur Ruben Fleischer, il s’agit de sa première incursion dans le cinéma d’action après deux comédies plutôt inégales, « Zombieland » (2009) et « 30 Minutes or Less » (2011). « Gangster Squad » s’inspire pour sa part de l’histoire vraie de Mickey Cohen, le célèbre gangster qui terrorisa Los Angeles à la fin des années 40. Adapté du roman « Tales from the Gangster Squad » de Paul Lieberman, le long-métrage nous plonge dans le L.A. de 1949. Alors que le parrain de la mafia Mickey Cohen (Sean Penn) est devenu le maître incontesté de la ville et de la pègre, contrôlant les trafics de drogue, d’armes et de prostituées, ainsi qu’une bonne partie de la police et des hommes politiques corrompus de la ville, une brigade spéciale du LAPD dirigée par John O’Mara (Josh Brolin) est chargée par le chef Bill Parker (Nick Nolte) de détruite l’empire de Mickey Cohen et de le mettre sous les verrous pour de bon. Pour cela, O’Mara va recruter quelques uns des meilleurs policiers intègres de la ville : le sergent Jerry Wooters (Ryan Gosling), l’inspecteur Rocky Washington (Anthony Mackie), l’inspecteur Conway Keeler (Giovanni Ribisi), expert en câblage et écoutes téléphoniques, l’inspecteur Max Kennard (Robert Patrikc), tireur d’élite redoutable et le jeune inspecteur latino Navidad Ramirez (Michael Pena). « Gangster Squad » reprend donc toutes les formules habituelles des films de gangster avec, pour commencer, un casting impeccable réunissant quelques pointures hollywoodiennes – de l’ancienne génération (Nick Nolte, Sean Penn, Robert Patrick, etc.) comme de la nouvelle (Ryan Gosling, la séduisante Emma Stone, etc.) – sans oublier la dose habituelle de gunfights, de bagarres et de violence bien dosée. L’univers du Los Angeles des années 40 est parfaitement reproduit, et le suspense est omniprésent, avec quelques bonnes trouvailles visuelles (la fusillade entre Cohen et O’Mara dans l’hôtel, entièrement tournée au ralenti) et une photographie de qualité. Hélas, le scénario est le principal défaut du film, car l’intrigue reste ultra linéaire et sans grande surprise : peu de rebondissements, ou du moins beaucoup de choses prévisibles, une Love Story entre Ryan Gosling et Emma Stone plutôt accessoire, et une atmosphère très inspirée du « Untouchables » de De Palma mais sans le génie de la mise en scène de ce dernier : Ruben Fleischer n’a de toute évidence ni le talent ni les idées d’un Scorsese ou d’un De Palma, mais qu’importe, il maîtrise son sujet de bout en bout et nous offre un polar plutôt fun, divertissant et bien mené, à la manière du jeu vidéo « L.A. Noire » (2011) qui se déroule à la même époque et qui évoquait lui aussi le personnage de Mickey Cohen.

Choisir Steve Jablonsky pour composer la musique d’un film de gangster était un choix plutôt atypique, étant donné que le compositeur n’a jamais oeuvré pour ce type de film dans toute sa filmographie. Le compositeur de « Transformers » et « Steamboy » élabore pour « Gangster Squad » une partition synthético-orchestrale respectant tous les canons habituels du genre : sa musique apporte une tension et un rythme primordial au film de Ruben Fleischer tout en dénotant clairement par rapport à l’époque du film (les années 1940) en imposant un ton radicalement moderne et contemporain, un peu anachronique avec le sujet du film. Dès l’introduction de « His Name is Mickey Cohen », le compositeur nous présente le mafieux brillamment interprété par Sean Penn dans le film en utilisant des cordes sombres, des pulsations synthétiques entêtantes et même un orgue aux résonances curieusement gothiques, illustrant clairement la soif d’ambition et la menace représentée par Mickey Cohen. Niveau orchestrations, si Jablonsky privilégie les pupitres habituels de l’orchestre, à savoir cordes, cuivres et percussions, il parvient à ajouter quelques couleurs instrumentales supplémentaires avec des guitares, un harmonica, un saxophone apportant une couleur jazz/polar 40’s intéressante, et quelques bois (fait plus rare chez le compositeur), avec notamment trois clarinettes (dont une clarinette basse) et deux bassons. L’action débute avec le fun « Welcome to Los Angeles », qui évoque clairement les exploits musclés d’O’Mara au début du film, à base de guitares rythmiques, de cordes et de percussions synthétiques. Rien de bien neuf pour Jablonsky, même si on apprécie ici l’énergie enthousiasmante de la musique et ses rythmes vifs et entraînants à l’écran. Le score sait aussi se faire plus tendre et romantique comme c’est le cas dans le mélancolique et minimaliste « He Can’t Have You » pour piano et cordes, dévoilant une facette moins connue du style du compositeur, celle des musiques intimes et mélancoliques, illustrant la romance entre les personnages de Ryan Gosling et Emma Stone dans le film. Dommage cependant que ces passages, aussi touchants soient ils, perdent en personnalité et reflètent des influences parfois trop évidentes (notamment celle de Thomas Newman), comme c’est le cas dans « I Was Just Hopin’ to Take You to Bed ».

« War for the Soul of LA » reprend le mélange cordes/piano/guitares avec les synthés, les cuivres et les instruments solistes incluant un harmonica aux résonances bluesy/jazz agréables, sur fond de rythmes entêtants. Le suspense est présent avec le sinistre « You Can’t Shoot Me » pour la scène de la fusillade dans la rue à grand renfort de cordes dissonantes, de nappes synthétiques glauques et de percussions agressives. On retrouve un style typique de Jablonsky dans les ostinati rythmiques synthétiques de « Always Knew I’d Die in Burbank », malheureusement gâché par le caractère trop métronomique et facile des rythmes de synthé/guitare. Un premier thème associé à la brigade spéciale de O’Mara est introduit dès « War for the Soul of LA », et se distingue par son aspect plus harmonique des cordes, un thème qui n’est pas sans rappeler certains motifs similaires de Hans Zimmer (notamment dans « Broken Arrow » ou « Mission: Impossible 2 »). Le thème de la brigade revient dans « Always Knew I’d Die in Burbank » à partir de 0:42, mais sans retenir particulièrement notre attention. Les morceaux de suspense plus atmosphériques comme « You’re Talking to God » remplissent parfaitement leur mission à l’écran, apportant une tension nerveuse intense à l’écran, tout en trahissant sur l’album le caractère plus facile et plat de la composition de Jablonsky – un problème récurrent chez le compositeur et chez plusieurs de ses collègues de Remote Control – Même les rythmes nerveux de « The Bug » ne parviennent pas à remporter pleinement notre adhésion, tant on est frustré par l’abondance de facilités, de recettes préchauffées et d’une absence d’originalité ou de soins apportés aux orchestrations (en dehors des instruments solistes comme le saxophone ou l’harmonica). L’action évolue rapidement dans « Hot Potato with a Grenade », pour une autre scène de fusillade du film. On retrouve ici les rythmes de cordes fun de « Welcome to Los Angeles » avec une allusion au motif harmonique de la brigade de O’Mara aux guitares/cordes sur fond de percussions synthétiques et de cuivres agressifs, le tout enveloppé dans une esthétique musicale inspirée du « Bourne Ultimatum » de John Powell. Même chose pour la fusillade à « Chinatown », qui permet au compositeur de concocter un énième mélange de samples synthétiques, de sound design façon « The Dark Knight », d’ostinato rythmique métronomique à la « Transformers »/« Gears of War » et de cuivres plus massifs. Le morceau présente une brève envolée dramatique héroïque assez prenante entre 3:17 et 3:27, dix secondes plutôt sympathiques mais qui retombent aussi trop rapidement, cédant à la routine et l’ennui du sound design.

On ressent cet aspect dramatique dans « Connie Lives », reprenant le Love Theme mélancolique de Wooters et Connie (« He Can’t Have You »), tandis que « Let’s Finish It » développe une atmosphère plus intime au piano et aux cordes avant de céder à nouveau la place aux sempiternels ostinato de cordes chers au compositeur et à une reprise du thème principal à partir de 1:16, basé sur une série de 3 notes répétées aux cordes. Si Jablonsky révèle son approche peu personnelle de l’émotion dans le minimaliste « Union Station », « Light’ Em Up » illustre l’affrontement final contre Mickey Cohen et ses hommes de main dans l’hôtel de LA à la fin du film. « Light’ Em Up » est aussi le morceau le plus long du score et peut être le plus intense, climax oblige : 7 minutes 30 de tension et d’action pure pour la longue fusillade finale, un morceau d’action parfaitement métronomique et intense calqué sur « Transformers » ou « The Dark Knight », avec toutes les recettes habituelles du compositeur, et au final, peu de surprises. On appréciera en revanche les quelques accords de cuivres dramatiques/héroïques du morceau qui restent assez prenants, comme dans le passage entre 1:57 et 2:22 ou entre 5:50 et 6:04. La fusillade se conclut dans « The City of Angels », qui reprend ces accords de cuivres dramatiques sur fond d’ostinato intense de cordes/synthé pour une superbe conclusion plus solennelle d’esprit, notamment lors de l’affrontement final entre O’Mara et Mickey Cohen. Au final, malgré ses bons points (notamment l’utilisation intéressante du saxophone dans « Gangster Squad »), le score de Steve Jablonsky pour « Gangster Squad » n’a rien de follement mémorable et nous laisse clairement sur notre faim, frustré par cette impression d’entendre un compositeur frileux, recyclant ses formules musicales habituelles sans apporter quoique ce soit de neuf à un registre qu’il n’avait encore jamais abordé auparavant (le polar rétro). Du coup, malgré de bons passages d’action, des moments intenses ou quelques bonnes idées d’instrumentation, on en vient clairement à s’interroger sur le réel bien-fondé du choix de Steve Jablonsky sur « Gangster Squad » : était-il réellement le compositeur idéal pour un film pareil ? N’aurait-il pas mieux valu confier ce film à un compositeur plus à même de reproduire l’univers musical américain rétro des années 30/40 (un peu comme le fit par exemple Mark Isham sur « The Black Dahlia » de Brian De Palma en 2006) ? L’écoute de « Gangster Squad » nous laisse trop souvent sur cette impression frustrante d’une occasion manquée, d’une erreur de casting pour Steve Jablonsky, qui n’apporte rien de particulier au film de Ruben Fleischer tout en étant assez intense dans le film. Voilà en tout cas un score qui séduira à coup sûr les fans du compositeur mais qui risque fort de faire aussi fuir les réfractaires au style Remote Control et aux musiques d’action métronomiques et mécaniques de Steve Jablonsky !




---Quentin Billard