1-The Witch Hunters 2.29
2-Business Is Good 2.11
3-Trolls Serve Witches 3.33
4-Lost Children Crying, Vol.2 2.33
5-You Do the Bleeding 3.34
6-There Are Good Witches
In The World 4.12
7-This Place Could Use
A Bit of Color 4.17
8-Goodbye Muriel 3.21
9-Don't Eat the Candy 3.48
10-Burn'Em All 5.03
11-White Magic 1.52
12-Shoot Anything That Moves 3.29
13-The Fairy Tale 2.53
14-Augsburg Burns (Digital
Download Bonus Track) 4.20

Musique  composée par:

Atli Örvarsson

Editeur:

La La Land Records LLLCD-1241

Album produit par:
Atli Örvarsson
Producteur exécutif musique:
Hans Zimmer
Producteur exécutif de l'album:
Randy Spendlove
Coordinateur de l'album:
Jason Richmond
Monteur musique:
John Finklea
Musique additionnelle de:
David Fleming
Préparation technique score:
Claudio Olachea
Sound design et
instrument virtuel:
Jörg Hüttner, Clay Duncan
Préparation musique:
Thanh Tran, Junko Tamura,
Nicholas Petrillo, Hillary Thomas,
Rinna Lee, Robert Rosario,
Tina Tamura

Services de production musicale:
Steven Kofsky

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2013 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
HANSEL AND GRETEL :
WITCH HUNTERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Atli Örvarsson
Après que l’on ait découvert qu’Abraham Lincoln était un chasseur de vampires à ses heures perdues, voici que l’on découvre aujourd’hui grâce à la magie d’Hollywood qu’Hansel et Gretel, les deux célèbres personnages du conte de fée populaire des frères Grimm, étaient en réalité des chasseurs de sorcières, bien déterminés à faire la peau à toutes celles qui volaient sur un balais, jetaient des sortilèges ou affichaient une mine monstrueusement difforme. Dans « Hansel & Gretel : Witch Hunters », on découvre l’histoire tragique d’un frère et d’une soeur abandonnés très jeunes par leur père en pleine forêt. Les deux enfants finissent par tomber dans une maison en sucreries appartenant en réalité à une terrible sorcière. Cette dernière les capture et prévoit de les dévorer, mais les enfants réussissent à s’échapper et poussent la sorcière dans son propre four, où elle meurt carbonisée. Quinze ans plus tard, Hansel (Jeremy Renner) et Gretel (Gemma Aterton) sont devenus des chasseurs de sorcières redoutables, armés d’arbalètes modernes, de fusils et de mitrailleuses. Ils arrivent alors dans le village d’Augsburg où une femme nommée Mina (Pihla Viitala) est sur le point d’être condamnée au bûcher pour sorcellerie par l’odieux shérif Berringer (Peter Stormare). Hansel et Gretel démentent l’accusation et libèrent Mina, tandis qu’ils révèlent leur mission à la population : ils sont ici à la demande du maire, qui a fait appel à eux pour les aider à débarrasser le village de la menace de terrifiantes sorcières qui hantent les environs, responsables du kidnapping de plusieurs enfants qui ont mystérieusement disparus en l’espace de quelques mois. Le frère et la soeur mènent alors leur enquête et tuent une sorcière vivant dans une chaumière près du village. Ils découvrent alors chez elle des documents annonçant l’arrivée de la lune rouge, un événement hautement symbolique pour les sorcières et qui annonce l’ascension de leurs pouvoirs concrétisé par le sacrifice des enfants. Dès lors, Hansel et Gretel vont devoir affronter la redoutable sorcière Muriel (Famke Janssen), qui projette d’étendre son pouvoir sur toute la contrée en sacrifiant les enfants pendant la lune rouge, un sacrifice qui offrirait alors d’immenses pouvoirs aux sorcières de tout le pays. « Hansel and Gretel : Witch Hunters » est au final une comédie d’action horrifique plutôt trash et déjantée, première réalisation hollywoodienne du jeune cinéaste norvégien Tommy Wirkola, connu pour son film « Kill Buljo » (parodie du « Kill Bill » de Tarantino) sorti en 2007 et le film de zombies « Dead Snow » sorti en 2009, remarqué au Toronto After Dark Film Festival où il obtient le prix du public. « Hansel & Gretel » assume pleinement son statut de série-B sanguinolente et décérébrée, avec un script minimaliste, des personnages caricaturaux et de l’action à tous les étages. Ne cherchez pas la réflexion ici : ça dégomme, ça canarde et ça charcle dans tous les sens, avec cette envie constante d’en faire des tonnes et de massacrer de la sorcière par tous les moyens (décapitée, brûlée vive dans un four, etc.). Amateurs de bon goût et de poésie, vous pouvez passer votre chemin, car « Hansel & Gretel » n’est incontestablement pas fait pour vous ! Avec sa violence gore, son humour noir sans prise de tête et son scénario maigrichon, le film de Tommy Wirkola est un pur plaisir coupable, une série-B jouissive et décomplexée accentuée par une 3D efficace et un casting impeccable, même si le film s’oublie assez rapidement et ne laisse aucun souvenir particulier.

La partition du compositeur islandais Atli Örvarsson est un élément appréciable de « Hansel & Gretel : Witch Hunters ». Cet énième partisan du studio Remote Control d’Hans Zimmer livre pour le film de Tommy Wirkola un score fun, rock et décomplexé, à l’image du long-métrage lui-même. Soutenu par le traditionnel Hollywood Studio Symphony, Örvarsson fait appel à l’inévitable ensemble de synthétiseurs, loops électro modernes, formation rock et même quelques solistes incluant . Niveau orchestrations, le compositeur a choisi de retirer les trompettes de son orchestre (niveau cuivres, on trouve 7 cors, 5 trombones et 2 tubas, ce qui est une moyenne plutôt modeste pour une musique d’action hollywoodienne), tandis que les bois se limitent uniquement à 2 flûtes et 2 bassons, sans hautbois ni clarinettes. Dans une note du livret de l’album publié par La La Land, Atli Örvarsson précise que lors de sa première rencontre avec le réalisateur, ce dernier évoqua le célèbre groupe de rock Metallica comme influence musicale potentielle pour son film, tandis que le compositeur suggéra finalement de mélanger ces influences metal avec des touches orchestrales plus classiques, pour un résultat à mi-chemin entre « Mozart et Dubstep », une partition « Baroque’n Roll » pour reprendre les propres termes du compositeur. C’est ainsi que la musique épouse clairement le ton rock’n roll trash du film qui dépoussière un conte de fée populaire pour en faire une aventure sanguinolente et décomplexée, avec un fun débridé constant, et un mélange détonnant de guitares électriques trash, de rythmes rock enragés, de cris déchaînés, de choeurs gothiques et de vocalises féminines fantomatiques : Danny Elfman l’avait rêvé, Atli Örvarsson l’a fait ! C’est ainsi que l’on débute avec l’ouverture, « The Witch Hunters », qui présente le thème principal associé aux personnages de Jeremy Renner et Gemma Aterton, thème mystérieux confié à des vocalises féminines mystérieuses sur fond de cordes, de cuivres, de guitare trash, de choeurs gothiques et de loops synthétiques, un thème sombre mais non dénué d’un certain humour noir, évoquant clairement le côté déjanté du film : à ce sujet, impossible de passer à côté des cris entendus à la fin du morceau, apportant une dimension trash totalement sauvage et irrémédiablement metal à la musique de « Hansel & Gretel ». Ce côté metal/fun, on le retrouve dans le jouissif « Business Is Good », alors que l’on découvre les activités meurtrières d’Hansel et Gretel devenus de redoutables chasseurs de sorcières : loop, guitare électrique, cordes survoltées, clavecin, choeur en latin aux consonances maléfiques (associés aux sorcières dans le film), percussions survoltées, cris suraigus et même utilisation d’un motif d’action que l’on retrouvera durant les principales scènes de combat du film.

La dimension gothique de la partition d’Atli Örvarsson réapparaît plus amplement dans « Trolls Serve Witches », où l’orgue fait son apparition en plus de l’orchestre, des choeurs et des percussions. Malgré le choix du compositeur de conserver une approche musicale moderne épousant clairement le cahier des charges habituel des productions Remote Control, Örvarsson se fait plaisir et varie les ambiances avec une malice constante tout au long du film, jouant aussi sur les cordes des musiques fantastiques/horrifiques, comme lorsqu’il utilise des chuchotements inquiétants ou des vocalises féminines éthérées et mystérieuses à la fin de « Trolls Serve Witches ». Les choses semblent s’accentuer davantage dans « Lost Children Crying, Vol. 2 », où ces différents éléments sont condensés pour un résultat musical hybride toujours aussi fun et détonnant : l’action reprend ici le dessus avec un rythme metal/électro plus rapide et nerveux assez réussi, tandis que la guitare électrique et les percussions acoustiques/électroniques semblent prendre le dessus sur l’orchestre (limité ici aux cordes et aux cuivres). On nage en pleine musique d’action moderne à la Hans Zimmer (qui est crédité au générique en tant que superviseur musical sur le film), mais avec une touche en plus de gothique baroque et de rock fun. Des passages plus atmosphériques comme « You Do the Bleeding » ou « There Are Good Witches in the World » n’apportent malheureusement pas grand chose au score, et trahissent le caractère plus fonctionnel de la composition d’Atli Örvarsson, qui se limite bien trop souvent dans ces moments de tension/suspense à du sound design ordinaire, peu original et ultra prévisible. Force est donc de constater que la musique de « Hansel & Gretel » se fait essentiellement remarquer par ses passages d’action totalement déchaînés, comme l’agressif « This Place Could Use a Bit of Color », suggérant l’attaque de Muriel sur le village à l’aide de samples électro trash et d’effets vocaux aléatoires et inquiétants. Ici aussi, les choeurs apportent une dimension gothique à la scène, malheureusement gâchée par le côté trop envahissant des sonorités/percussions électroniques modernes.

Certains passages comme « Goodbye Muriel » tentent d’apporter un soupçon d’héroïsme au film, sur fond de percussions ‘action’ et de synthés à la Hans Zimmer. Le motif action des chasseurs de sorcières revient dans « Burn ‘Em All », reprenant par la même occasion le motif mystérieux de « Lost Children Crying, Vol. 2 » (à 0:03), motif associé aux enfants kidnappés par Muriel et ses sorcières maléfiques. « Burn ‘Em All » évoque la confrontation finale contre les sorcières, une longue scène de bataille de plus de 5 minutes accompagnée par des loops électro déchaînés, une guitare trash, des percussions omniprésentes et des cordes survoltées façon Steve Jablonsky. On respire dans des passages plus calmes comme « White Magic » ou « Don’t Eat the Candy », tandis que la bataille finale se termine dans le brutal « Shoot Anything That Moves », pour lequel l’orchestre, la section rock, les chœurs, les synthés et l’orgue prennent le relais pour un résultat qui devrait pleinement séduire les fans des musiques de la franchise de jeux vidéo « Castlevania » (c’est d’ailleurs dans « Shoot Anything That Moves » que la dimension « Baroque’n Roll » du score de « Hansel & Gretel » prend tout son sens !). On conclut ensuite le film sur « The Fairy Tale », hommage évident à la musique baroque du 17ème siècle débutant sur le thème de « Trolls Serve Witches » aux choeurs, rejoint rapidement par un orgue gothique ténébreux. Ici aussi, l’aspect baroque/rock du score prend tout son sens, tandis que le motif des enfants réapparaît de façon plus dramatique aux cordes à 1:20. Le passage dramatique entre 1:42 et 2 :30 s’oriente davantage vers l’exercice de style pur et dur, Örvarsson imitant ici les harmonies et les tics d’écriture de la musique baroque/classique, notamment dans les grands arpèges de l’orgue et des cordes, ou dans les ponctuations chorales/orchestrales qui semblent faire référence au fameux « Requiem » de Mozart. L’exercice de style est périlleux de la part du compositeur mais plutôt bien conçu de la part d’un musicien de chez Remote Control, preuve que le compositeur semble avoir été inspiré par l’humour noir et le caractère rock’n roll déjanté du film de Tommy Wirkola. Evidemment, les détracteurs des productions Remote Control et les réfractaires au style d’Hans Zimmer n’apprécieront pas les égarements sonores d’Atli Örvarsson sur « Hansel & Gretel : Witch Hunters », mais force est de reconnaître que la musique du compositeur islandais possède une certaine force sur les images comme sur l’album, car si l’on fait l’effort d’oublier le sound design abrutissant et envahissant du score, on découvrira une multitude de détails tout à fait appréciables dans cette partition fun et décomplexée (les touches baroques, les cris de sorcière, les riffs de guitare électrique trash, les passages fantaisistes à la Danny Elfman comme dans le morceau bonus « Augsburg Burns », etc.), qui apporte une énergie considérable au film.




---Quentin Billard