1-Lost in Space 3.43
2-The Key 1.15
3-Planet Uraboris/Cortez 0.59
4-Julie & Kerrie/Alternate Version 4.28
5-Tyler Catches Kerrie 1.24
6-Dead Planet/Shoot the Injured 2.29
7-Assess the Threat 1.25
8-Julie's Journey 7.43
9-Tyler Awaits his Wench 1.56
10-Master, Come See/
Crash and Burn 2.01
11-The Holy Land 2.20
12-Hospitality 1.51
13-Tyler's Rage 7.11
14-It's Over (End Title) 2.08

Musique  composée par:

Frédéric Talgorn

Editeur:

Super Tracks Promo FTCD-01

Producteur exécutif de l'album:
John J. Alcantar III
Album produit par:
Frédéric Talgorn,
Ford A. Thaxton

Orchestrations:
Frédéric Talgorn, Leonard Moore
Montage musique:
Craig Pettigrew
Coordination musique:
Paul Talkington

(c) 2000. CinéGroupe/Helkon Media AG. All rights reserved.

Note: ****
HEAVY METAL 2000
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frédéric Talgorn
A l’origine, « Heavy Metal » est un magazine français de bande dessinée de science-fiction, plus connu sous le nom de « Métal hurlant » (« Heavy Metal » dans la version U.S.), édité par les Humanoïdes Associés entre 1975 et 1987, et qui fut adapté une première fois au cinéma en 1981 avec le long-métrage animé culte de Gerald Potterton. En 2000, une suite sortie en salles sous le titre « Heavy Metal 2000 », réalisé par Michel Lemire et Michael Coldewey, et produit par le studio d’animation canadien CinéGroupe. A l’inverse du premier film de 81, « Heavy Metal 2000 » ne contient qu’une seule histoire, inspirée du comic « The Melting Pot » de Kevin Eastman, Simon Bisley et Eric Talbot. L’histoire se déroule dans un monde lointain : les Aracaciens dominaient autrefois l’univers grâce à la source d’immortalité cachée sur la planète Uroboris. Mais les Aracaciens furent finalement décimés et la clé qui protégeait l’accès à l’immortalité envoyée dans l’espace lointain. Bien plus tard, Tyler, un mineur spatial, découvre lors de fouilles le mystérieux cristal vert, la clé de l’immortalité, qui le rend surpuissant et fait de lui un surhomme : rêvant d’immortalité, Tyler tue son équipier et prend le commandement du vaisseau minier et de son équipage : guidé par le pouvoir de la clé, il décide dans sa folie de lancer l’assaut sur la planète Eden, un monde paisible qui vivait en paix jusqu’à présent. Tyler décime toute la population et détruit tout sur son passage. Seules survivantes de ce carnage : Julie, une guerrière sexy, et sa soeur Kerrie, enlevée par les hommes de Tyler. Désormais, Julie n’a plus qu’une seule idée en tête : venger les siens par tous les moyens et faire la peau à Tyler et sa bande de pirates. « Heavy Metal 2000 » était un pari risqué pour les concepteurs du film : donner une suite à un classique comme « Heavy Metal » n’était guère chose aisée, d’abord parce que le film de 1981 était typique de son époque, faisait preuve d’une liberté de ton incroyable – même pour l’époque – et nous présentait différentes histoires et personnages avec des idées originales, culottées et farfelues, tout en ouvrant une nouvelle voie dans le cinéma d’animation, dans un film visant exclusivement un public adulte cette fois-ci.

Pour cette suite version 2000, il fut décidé de ne conserver qu’une seule trame scénaristique, reprenant pour sa part une histoire assez similaire à celle bien connue de la guerrière Taarna dans « Heavy Metal » : l’héroïne du film, Julie (à laquelle l’actrice et playmate Julie Strain a prêté ses traits et sa voix), est quasiment calquée sur Taarna : formes généreuses affolantes, tenues sexy, aptitudes guerrières revanchardes, etc. L’histoire de la vengeance de Julie est similaire à celle de Taarna dans l’opus de 81, mais qu’importe, ici, le scénario, qui se limite au strict minimum, ne fait pas dans la dentelle et le film animé s’avère être extrêmement sombre et exclusivement réservé à un public adulte : sexe, ultra violence, vulgarité et même scène de torture, tout y passe avec un plaisir coupable évident. D’un point de vue visuel, le film n’est pas une franche réussite : le mélange d’animation 2D et de plans 3D ne fonctionne pas toujours comme on le voudrait : par exemple, les plans d’explosion incrustés en 3D dans des décors en 2D sont plutôt laids visuellement, ainsi que certains personnages, sans réelle consistance. A vrai dire, les personnages sont assez creux et sans saveur, les dialogues médiocres et la vulgarité un peu trop présente et gratuite (« Heavy Metal » s’avérait beaucoup plus convaincant tout en jouant sur les mêmes éléments). Bien évidemment, le film reste trash du début jusqu’à la fin, avec une bonne dose d’érotisme (et de scènes de nudité totalement gratuites, notamment pour la première apparition de Kerrie entièrement nue sous la douche), de violence hard-core et de décors grandioses. La bataille finale est assez impressionnante dans son genre, sans oublier l’étonnante bande-son qui fait appel à un mélange de musique symphonique au classicisme pur et de tubes heavy-metal des années 90, avec des groupes tels que System of a Down, Machine Head, Monster Magnet, Bauhaus, Coal Chamber ou bien encore des chansons de Billy Idol, qui prête d’ailleurs sa voix au personnage d’Odin dans le film. Mais au final, on ne peut s’empêcher d’être déçu et frustré par « Heavy Metal 2000 » qui ne tient pas complètement ses promesses et tombe trop souvent dans la vulgarité pure, avec des personnages vides, un visuel parsemé de failles techniques et un scénario d’une platitude incroyable.

Après Elmer Bernstein sur « Heavy Metal », c’est au tour du compositeur français Frédéric Talgorn d’écrire la partition symphonique de « Heavy Metal 2000 », une tâche à laquelle le compositeur d’origine toulousaine s’acquitte avec un savoir-faire évident et une maîtrise impressionnante, comme à son habitude. Confiée au Munich Symphony Orchestra, le score de « Heavy Metal 2000 » est un opus symphonique puissant et redoutable, qui débute avec le tumultueux et sombre « Lost in Space », qui évoque les premiers méfaits de l’immortalité et du maléfique Tyler. Talgorn met ici l’accent sur un pupitre de cuivres surdimensionné et puissants, avec des orchestrations complexes et extrêmement riches. C’est l’occasion aussi pour le compositeur de rappeler qu’il maîtrise l’orchestre à la manière des grands maîtres d’antan, avec des passages virtuoses assez impressionnants, notamment dans les moments plus dissonants et avant-gardistes, pour lesquels les musiciens du Munich Symphony Orchestra doivent redoubler d’efforts pour livrer une interprétation assez saisissante. Dans « The Key », Talgorn annonce le motif de la clé de l’immortalité en accentuant ici aussi la puissance des cuivres sur fond de cordes agitées. Les harmonies restent très soutenues, oscillant entre du tonal façon post-romantisme allemand et de l’atonal tendance XXe siècle. Si les chansons trash/metal occupent une place importante dans le film, le score de Talgorn parvient malgré tout à trouver aisément sa place sur les images, comme l’intense mais bref « Planet Uraboris/Cortez ». Dans « Julie & Kerrie », le compositeur dévoile toute la splendeur de son armada orchestral en amorçant un superbe thème héroïque particulièrement somptueux et majestueux, thème héroïque euphorisant de cuivres et cordes que n’aurait certainement pas renié John Williams (compositeur de référence pour Frédéric Talgorn). Ici aussi, les harmonies très post-romantiques sont mises en avant, jusque dans le jeu très XIXeiste des cordes en octaves, à la façon du Golden Age hollywoodien (il y a d’ailleurs un peu de Korngold et de Waxman dans le thème héroïque de « Julie & Kerrie »).

Ainsi donc, on devine à quel point Frédéric Talgorn a décidé de prendre le contre-pied esthétique le plus total vis-à-vis des chansons trash/metal du film en optant pour une approche 100% « classique » et indéniablement symphonique, à l’ancienne. La splendeur de « Julie & Kerrie » fait de ce morceau l’atout clé de la partition de « Heavy Metal 2000 », et ce jusque dans le jeu plus impressionniste et élégant des instruments dans la seconde partie (flûtes/trompette/piano/glockenspiel/harpe/cordes). Mais la beauté et l’héroïsme épique du thème de « Julie & Kerrie » est très rapidement annihilée par la noirceur menaçante de « Tyler Catches Kerrie », lorsque Tyler s’empare de Kerrie, la soeur de Julie. Ici aussi, on notera l’élégance des harmonies et l’importance des cuivres robustes associés au maléfique Tyler, avec certaines mesures qui ne sont pas sans rappeler ici aussi un certain John Williams (on pense parfois au score de « Close Encounters of the Third Kind » de Williams). Dans « Julie’s Journey », Talgorn souligne le périple de Julie et sa quête de vengeance pendant plus de 7 minutes particulièrement intenses. Ici aussi, le compositeur développe ses harmonies à cheval entre le post-romantisme allemand et l’impressionnisme français du début du XXe siècle, avec des accords souvent complexes, riches et des orchestrations très soutenues. Bien évidemment, le « Julie’s Theme » reste omniprésent, varié et transformé suivant les occasions, avant de céder la place à un incroyable passage d’action dominé par des cuivres d’une sauvagerie impressionnante, sur fond de toms déchaînés et de percussions meurtrières – le morceau se conclut sur les vocalises mystérieuses d’une soprano solistes, associée à Julie dans le film – L’écriture Romantique domine « Tyler Awaits His Wench », que l’on croirait là aussi sorti tout droit des grandes pages du Golden Age hollywoodien, tout comme « Hospitality ». « The Holy Land » développe quand à lui le motif de la clé de l’immortalité dès les premières secondes aux cordes (puis aux bois à 0:34), et un autre thème plus mystérieux entendu dès 0:42 par des cordes descendantes juxtaposées au motif de la clé de l’immortalité, avec des allusions aux cordes au thème de Julie (aux contrebasses à 1:11), qui reste ici plus nuancé et hésitant.

La bataille finale est finalement évoquée dans le surpuissant « Tyler’s Rage », 7 minutes d’action épique pure et dure. Talgorn développe ici les sonorités dissonantes/chaotiques de Tyler sur fond de cuivres musclés – écouter en priorité les trompettes martiales à 2:19, un pur bonheur pour les amateurs de musiques symphoniques guerrières démesurées – et de percussions déchaînées (xylophone, gong, toms, cymbales, marimba), juxtaposées au thème de Julie qui tente de reprendre progressivement le dessus. Ici, comme ailleurs, la puissance de l’orchestre est assez incroyable, et ce même si l’on reprochera toujours une tendance du compositeur à reprendre certains tics d’écriture de John Williams. Enfin, le « Julie’s Theme » est repris dans toute sa splendeur dans la coda de « It’s Over (End Title »), superbe conclusion qui développe aussi le motif de la clé de l’immortalité, repris par des cuivres amples à partir de 1:34. Frédéric Talgorn s’acquitte donc de sa tâche avec brio et livre pour « Heavy Metal 2000 » une partition symphonique incroyablement riche, épique et puissante, que l’on croirait surgie tout droit de la génération des compositeurs des années 70/80 (John Williams, Lee Holdridge, Laurence Rosenthal, David Shire, etc.), à une époque où l’on écrivait encore de la musique symphonique néo-romantique à la façon d’un Richard Strauss ou d’un Richard Wagner. Grâce à ses thèmes de qualité, ses harmonies complexes, ses orchestrations savantes et ses passages d’action colossaux, « Heavy Metal 2000 » reste une partition de choix pour tout amateur des musiques de Frédéric Talgorn : le compositeur français rappelle encore une fois sa maîtrise incroyable de l’orchestre « classique », et livre l’une de ses dernières grandes compositions hollywoodiennes avant son retour au cinéma français au début des années 2000. A l’écran, la musique de Talgorn fait son effet en renforçant constamment la puissance des images, des scènes d’action ou d’érotisme, mais à l’inverse du film, le compositeur a su éviter toute vulgarité en optant à contrario pour une approche incroyablement classique, élégante et maîtrisée – tout comme l’avait d’ailleurs fait Elmer Bernstein sur le premier opus de 1981 - Les fans des grandes partitions symphoniques d’antan devraient donc se procurer le promo de « Heavy Metal 2000 » sans perdre un seul instant : satisfaction 100% garantie !




---Quentin Billard