1-Shaolin: Opening Theme 2.37
2-Evil 1.27
3-The Little Girl 3.35
4-Tension and Treason 3.46
5-The Soldiers Attack 1.59
6-Life Goes On 2.11
7-The Fury of Hau Jie 2.46
8-Monks in Training 1.18
9-Falling Down 1.32
10-Yan Xi Captured 2.32
11-The Despair of Hau Jie 1.04
12-Cao Man 2.21
13-Scared 2.37
14-Encouragements 2.04
15-The Death of Hau Jie 2.03
16-The Duel 4.35
17-Redemption 1.53
18-Epilogue 5.36

Musique  composée par:

Nicolas Errèra

Editeur:

Movie Score Media MMS-11018

Producteur exécutif de la musique:
Valérie Lindon
Musique additionnelle de:
Anthony Chue, Allan Lau
Compositeur Theme Song:
Q.Luv
Album produit par:
Mikael Carlsson

(c) 2011 Emperor Motion Pictures/China Film Group/Huayi Brothers Media/Beijing Silver Moon Productions/Shaolin Temple Culture Communication. All rights reserved.

Note: ***1/2
SHAOLIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicolas Errèra
« Shaolin » est un blockbuster hongkongais sorti en 2011, mettant en scène quelques stars du cinéma chinois comme Andy Lau, Nicholas Tse ou bien encore Jackie Chan. Réalisé par Benny Chan (qui a déjà travaillé à plusieurs reprises avec Jackie Chan par le passé), « Shaolin » nous plonge dans la Chine de 1920, à Dengfeng, province du Henan. On y suit le parcours du général Hou Jie (Andy Lau), seigneur de guerre chinois influent et prêt à tout pour posséder les provinces qu’il cherche à conquérir par la force. Après avoir défait son principal rival, Huo Long (Chen Zhihui) et obtenu le contrôle de Dengfeng, le général traque alors son rival, parti se réfugier dans un temple de moines Shaolin. Hou Jie réussit alors à abattre Huo Long et s’empare de sa précieuse carte au trésor. Puis il ridiculise les moines Shaolin et quitte le temple en vainqueur insolent. Craignant que son frère de sang Song Hu (Shi Xiaohong) finisse par s’emparer du pouvoir, Hou décide de lui tendre un piège dans un restaurant. Mais Song finit par découvrir la conspiration. Un soir, en plein dîner, et alors qu’il s’apprêtait à lui céder le pouvoir, Song est mortellement blessé par Hou, cédant à la colère et à la frustration. C’est alors que Tsao Man (Nicholas Tse), le principal bras droit de Hou, décide de le trahir à son tour et envoie des assassins au restaurant en essayant de le tuer lui et sa famille. Durant l’affrontement, Song aide Hou à s’échapper mais décède peu de temps après. A la suite d’une course poursuite effrénée, la fille de Hou est gravement blessée tandis que son épouse est recueillie et sauvée par des moines Shaolin. Désespéré, Hou amène sa fille aux moines en les suppliant de l’aider à guérir son enfant, mais cette dernière finit par rendre l’âme. Fou de tristesse, Hou s’attaque aux moines mais se retrouve rapidement maîtrisé. Désillusionné, brisé par le chagrin, la culpabilité et les remords, Hou va redonner un sens à sa vie et s’initiera progressivement à la philosophie Shaolin, et ce malgré les doutes des moines, qui se souviennent de son agression il y a quelques temps, lorsqu’il était encore général. Après avoir réussi à purger son esprit de toute forme de mal et de violence à la suite d’un long entraînement, Hou rejoint les moines Shaolin et décide de les aider à combattre la tyrannie du nouveau général Tsao Man, qui cherche à tout détruire en utilisant de nouvelles armes achetées aux occidentaux, et jure de retrouver et de capturer son ancien mentor, Hou Jie. Voilà donc un sujet classique de quête de rédemption et d’aventure initiatique pour « Shaolin », une super production hongkongaise particulièrement dramatique, épique et intense qui aborde la philosophie et la culture des moines Shaolin confrontée à l’occidentalisation du redoutable et tyrannique Tsao Man. Entre culture et modernité, l’intrigue de « Shaolin » est surtout un prétexte à de superbes chorégraphies de combat violentes et démesurées, notamment lors de l’ahurissante et apocalyptique bataille finale dans le temple Shaolin, un sommet de destruction et de dévastation d’une virtuosité chère aux cinéastes hongkongais. Niveau casting, l’indispensable Andy Lau s’empare de son rôle avec maestria, entre colère, ambition et rédemption, dans une quête initiatique bouleversante (où comment la souffrance et les regrets peuvent amener un homme à changer radicalement son existence et à découvrir l’essentiel), tandis que Jackie Chan n’a droit qu’à un rôle mineur mais néanmoins important. Au final, « Shaolin » est un sympathique divertissement un peu long (130 minutes), un film d’arts martiaux dramatique et intense, qui parvient à captiver notre attention de bout en bout.

A la surprise générale, c’est un compositeur français qui a été choisi par la production de « Shaolin » pour écrire la musique du film de Benny Chan : ainsi donc, Nicolas Errèra, plus connu pour ses musiques électroniques sur des films français (« Nuit Blanche », « Le Papillon », « Cravate Club », « L’Outremangeur », etc.), rencontra Benny Chan en 2008 suite au succès du film de Philippe Muyl « Le Papillon » (2002) en Chine, où le film attira plus de 10 millions de spectateurs. Cette rencontre permis à Errèra d’écrire la musique du film de Benny Chan « Bo Chi Tung Wah » en 2008. Et c’est ainsi qu’Errèra retrouva quelques années plus tard le cinéaste chinois sur « Shaolin », une formidable expérience artistique rarissime pour un compositeur de musique de film français. Le score d’Errèra fait la part belle aux instruments asiatiques/ethniques (flûte en bambou, zheng, erhu interprété par le virtuose Guo Gan, grand spécialiste chinois de cette fameuse vièle chinoise), au piano, aux synthétiseurs et à l’orchestre constitué de cordes, de cuivres, percussions et quelques bois, interprété ici par le Buglarian Symphony Orchestra. Le score est essentiellement dominé par des thèmes poignants et lyriques, des passages à suspense oppressants et des morceaux d’action martiaux et virtuoses. Errèra apporte un éclairage dramatique saisissant au film, à commencer par l’introductif « Shaolin Opening Theme », confié à la flûte en bambou sur fond de notes vaporeuses de piano et de nappes synthétiques mélancoliques. Si « Evil » évoque par ses percussions guerrières le triomphe militaire insolent du général Hou au début du film, « The Little Girl » fait intervenir l’erhu de Guo Gan sur fond de cordes poignantes et élégiaques, un grand moment d’émotion dans la partition de « Shaolin ». Si le compositeur n’évite pas les traditionnels clichés des musiques chinoises/asiatiques, il réussit à apporter un éclairage émotionnel et moderne à sa musique en ayant recours à un travail intéressant autour des synthétiseurs et des ambiances électroniques, bien que cet élément ne prenne jamais vraiment le pas sur la partie instrumentale/orchestrale du score. Evidemment, des passages plus atmosphériques comme « Tension and Treason » font la part belle au sound design, avec un premier passage d’action dominé par un flot de percussions et de cordes survoltées, tout comme « The Soldiers Attack » qui opère sur un registre totalement similaire. Nicolas Errèra suggère ici l’idée de la trahison avec un passage plus dramatique aux cordes, et des trémolos virtuoses et nerveux de l’erhu sur fond de percussions déchaînées.

Ce ne sont pas tellement les passages d’action qui attirent ici notre attention, mais bien les moments plus intimes et émotionnels comme le poignant « Life Goes On », dominé par un erhu soliste aux notes délicates, accompagné par l’orchestre à cordes, alors qu’Hou est rongé par les remords et la tristesse, et que le temps passe. Ici aussi, comme dans « The Little Girl », Errèra fait la part belle aux thèmes lyriques et à une émotion à fleur de peau (avec une sensibilité plus européenne), accentuant l’aspect plus humain et dramatique du film de Benny Chan. Certains passages comme « The Fury of Hau Jie » permettent à Errèra d’évoquer la musique chinoise traditionnelle à l’aide de ses différents instruments solistes ethniques, suggérant ici la philosophie et la pensée Shaolin à travers une approche plus authentique des instruments chinois. L’entraînement des moines est illustrée dans « Monks in Training », plus typique des musiques de films d’arts martiaux hongkongais, notamment dans le jeu des traditionnels tambours taïkos japonais et des percussions ethniques diverses. Errèra accompagne la séquence de l’entraînement en suggérant la rédemption d’Hou Jie avec un thème de flûte/cordes plus solennel et héroïque, personnifiant l’idée du dépassement de soi, de l’acquisition des valeurs et de la pensée Shaolin. Dans « Yan Xi Captured », Errèra va même jusqu’à utiliser des choeurs pour renforcer la teneur épique de ce passage d’action aux rythmes martiaux plus soutenus. On retrouve le flot de percussions guerrières/martiales dans l’agressif « Cao Man » pour l’attaque du maléfique général Tsao Man vers la fin du film, qui culmine dans le percussif « Scared ». « Encouragements » reprend l’idée de l’héroïsme et du dépassement de soi de « Monks in Training » avec un thème de cordes simple et déterminé, plutôt réussi. L’émotion est à son comble dans le bouleversant et tragique « The Death of Hau Jie », peut être l’un des plus beaux passages du score de « Shaolin », dominé par un erhu d’une délicatesse extraordinaire, avec un thème élégiaque et poignant qui ne laissera personne insensible durant la séquence de la mort d’Hou Jie pendant la bataille finale.

Cette approche musicale tragique trouve un écho favorable dans le funèbre « The Duel », qui alterne durant la bataille finale entre percussions guerrières et cordes élégiaques. On notera ici le fait qu’Errèra choisisse finalement de reléguer l’aspect ‘action’ au second plan en optant davantage pour une approche plus dramatique et émotionnelle, qui reflète parfaitement le sentiment général de drame humain et de tragédie dans la musique de « Shaolin », comme c’est le cas dans le conclusif « Redemption » et le magnifique « Epilogue », qui conclut cette aventure sur une ultime touche d’émotion, entre la mélancolie d’un piano soliste, la délicatesse de l’erhu, la douceur des vocalises féminines et la chaleur des cordes. Vous l’aurez donc compris, c’est un travail de qualité que Nicolas Errèra nous offre sur « Shaolin », une partition d’action très orientée vers le drame et l’émotion, avec des mélodies simples et poignantes, et de superbes solos de l’erhu chinois. Errèra semble avoir été très inspiré par son sujet, et nous offre l’un de ses plus beaux opus, une musique humaine, chaleureuse et très émouvante, qui apporte un vrai éclairage dramatique saisissant au film (dommage que l’album ne contienne pas la superbe chanson du générique de fin). Dommage cependant que les passages d’action/suspense soient souvent peu intéressants et pas forcément très réussis (on sent le compositeur largement moins à l’aise dans ce registre), et que l’on ait parfois du mal à retenir un thème en particulier (le « Shaolin Opening Theme » est assez insipide). Mais voilà en tout cas une petite perle à découvrir sans plus tarder : les fans de Nicolas Errèra devraient être comblés, les autres aussi !




---Quentin Billard