CD 1 Original Soundtrack
by Basil Poledouris


The Album

1-Main Title & Opening Credits 3.32
2-The Staircase 2.03
3-The Place 2.34
4-Death of Kiche 2.08
5-Death of Kiche (Revised) 1.14
6-Wolf Dance 6.48
7-Wolf Dance (Revised) 1.55
8-Slow Motion Wolves 1.15
9-Puppy Things 2.31
10-Fang on Sled 0.32
11-The River 1.42
12-Grizzly Trouble 3.14
13-The Cabin 2.14
14-The Cabin (Revised) 0.24
15-Mining Montage 0.47
16-Pit Fight 1.36
17-Jack Bit 2.51
18-Bonding 2.11
19-Just Friends 1.07
20-Gold Test 1.15
21-Fang's Revenge 1.10
22-Jack and White Fang 1.04
23-Jack Forces Fang Away 1.57
24-The Return 3.06
25-End Credits 3.51

The Extras

26-Saloon Source 1.24
27-Saloon Source
(Alternate) 1.19
28-Saloon Source #2 1.37
29-Saloon Source #2
(Alternate) 1.32
30-Sweet Betsy From Pike
(Traditional, arr. B.Poledouris) 1.36

CD 2 Original Soundtrack
by Hans Zimmer


1-Opening Credits/Main Title 4.18
2-The Golden Staircase 2.26
3-The Trek Continues 1.51*
4-Black Wolf 8.31
5-Full Moon Wolf Attack 1.20*
6-Kiche's Demise 9.40
7-Seasons Pass 4.23**
8-The Bear Attack 2.38***
9-The Mine 7.34**
10-Fang With Jack 3.20
11-Vengeance Fulfilled 2.51
12-Home Again 8.16

*Composé par Fiachra Trench
**Composé par Hans Zimmer
et Fiachra Trench
***Composé par Shirley Walker
et Hans Zimmer.

Musique  composée par:

Basil Poledouris/Hans Zimmer

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 189

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Assistante de production:
Regina Fake

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1991/2011 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ****
WHITE FANG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris/Hans Zimmer
Grand classique de la littérature américaine, « White Fang » (Croc-Blanc) a été écrit par Jack London en 1906 et reste encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs romans américains du début du XXe siècle. « White Fang » a été adapté à plusieurs reprises au cinéma, avec entre autre la version de Lucio Fulci en 1973 avec Franco Nero et Fernando Rey, celle d’Alfonso Brescia en 1974 et même une série animée franco-canadienne créée par Cinar en 1992. Mais c’est bien évidemment la version produite par Disney en 1991 et réalisée par Randal Kleiser qui reste encore à ce jour l’adaptation la plus connue du roman de Jack London. Le film se déroule en pleine époque de la ruée vers l’or du Klondike en Alaska entre 1896 et 1899. Jack Conroy (Ethan Hawke) est un jeune chercheur d’or venu s’aventurer sur les grandes étendues enneigées du Klondike afin de rechercher la mine d’or de son père décédé il y a plusieurs années. Il y fait alors la connaissance de deux autres chercheurs d’or, Alex Larson (Klaus Maria Brandauer) et Skunker (Seymour Cassel), qui vont l’accompagner dans son périple. Durant leur traversée du Klondike, les trois hommes sont attaqués par une meute de loups affamés. Grièvement blessé, Skunker parvient à blesser mortellement la femelle de la meute avant de décéder peu de temps après. La louve mourra elle aussi quelques temps plus tard, laissant son fils, un jeune chien-loup, seul au monde. L’animal est alors recueilli par un amérindien nommé Castor-Gris (Pius Savage) qui deviendra son maître et l’apprivoisera, le surnommant « Croc-Blanc » à cause de la blancheur de ses dents. Devenu adulte, Croc-Blanc se retrouve séparé de son maître et vendu à Beauty Smith (James Remar), qui va décider de l’entraîner pour en faire un chien de combat. Croc-Blanc est alors dressé pour devenir un véritable tueur cruel et impitoyable. Au cours d’un de ses combats, Jack Conroy sauve l’animal et l’emmène avec lui. C’est le début d’une longue amitié entre l’homme et l’animal. « White Fang » reste donc une adaptation plutôt honnête même si de nombreuses libertés ont été prises par rapport au roman d’origine de Jack London. Le film a été salué pour sa mise en scène de qualité, ses décors enneigés magnifiques et son casting impeccable, tout comme son excellente reconstitution de cette période charnière dans l’histoire de l’Amérique à la fin du 19ème siècle. Véritable champion du box-office en 1991, « White Fang » a connu un succès tel que les studios Disney décidèrent rapidement de lui donner une suite tournée en 1994, « White Fang 2 : Myth of the White Wolf », qui n’avait absolument plus rien à voir avec le livre de Jack London et qui, au contraire du premier opus, s’est littéralement vautré au box-office cette année-là.

L’histoire chaotique de la musique de « White Fang » est assez particulière et typique des problèmes que rencontrent parfois les musiciens avec certains studios à Hollywood. A l’origine, Basil Poledouris composa l’intégralité de la musique du film de Randal Kleiser, avec lequel il avait déjà collaboré précédemment sur « The Blue Lagoon » en 1980. Mais les producteurs décident finalement de rejeter le travail de Poledouris et engagèrent Hans Zimmer pour écrire en seulement 16 jours 80 minutes de musique. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat ne fut pas à la hauteur de leurs attentes, si bien que les producteurs décidèrent finalement de piocher entre les deux travaux pour réaliser la bande originale de leur film. Mais au final, on notera que c’est surtout le score de Basil Poledouris qui est resté à l’écran, tandis que les parties composées par Hans Zimmer sont assez minoritaires (c’est pourquoi seul Poledouris est crédité au générique !). Grâce au récent double album publié par Intrada en 2012, il nous est enfin possible de redécouvrir l’intégralité des deux travaux et de pouvoir apprécier les deux approches musicales de « White Fang » avec leurs nuances et leurs détails respectifs. Si le choix de Basil Poledouris sur « White Fang » semblait évident au départ (le compositeur était déjà connu pour ses grandes musiques d’aventure épiques des années 80), celui d’Hans Zimmer sur une production Disney l’était déjà moins. Il faut rappeler que Zimmer était encore un jeune compositeur tout juste remarqué à Hollywood à la fin des années 80, avec seulement une poignée de succès à son actif (« Black Rain », « Rain Man », « Days of Thunder », etc.). Avec deux approches musicales complètement différentes, il y avait fort à parier que le score de « White Fang » ne tiendrait pas sur la longueur, pourtant, le montage des deux scores dans le film reste malgré tout assez satisfaisant sur les images et ne jure jamais réellement, un exploit étant donné le postulat de départ qui s’annonçait plus que périlleux. Le film s’ouvre au son du thème principal de Poledouris (« Main Title & Opening Credits »), avec un thème de cordes majestueux aux consonances ‘americana’ traditionnelles aux violoncelles dès 0:24, évoquant les grands paysages sauvages de l’Alaska à la fin du 19ème siècle. A noter que le thème possède une ressemblance étonnante avec un thème similaire composé par Bill Conti pour « The Right Stuff » (1983) : coïncidence ou influence des temp-tracks ? Toujours est-il que malgré la ressemblance un peu handicapante du thème principal de « White Fang » avec celui de « The Right Stuff », la mélodie de Poledouris fait son effet et nous plonge d’emblée dans l’univers des chercheurs d’or du Klondike et du livre de Jack London. Le thème possède ensuite une phrase B entendue à 0:59 aux cordes/glockenspiel sur fond d’accords majestueux de cuivres. Le compositeur dévoile ensuite un second thème, un motif de cuivres plus optimiste et robuste à la Aaron Copland à 1:12, associé au père de Jack et à l’idée de la prospection.

« The Staircase », non retenu pour le film, devait accompagner à l’écran la traversée de la montagne au début du film, entre mystère, envolées orchestrales élégantes/majestueuses et moments plus dramatiques. On y retrouve le style symphonique habituel de Basil Poledouris, très classique d’esprit, avec des orchestrations riches et une écriture orchestrale élaborée et très soutenue. Dans « The Place », Poledouris évoque la beauté de la nature sauvage et des paysages du Klondike avec un sentiment d’émerveillement, de dépaysement, notamment dans les arpèges rapides de cordes/harpe qui rappellent Gustav Holst, et la superbe reprise du thème principal aux violoncelles/cors à 0:31. A noter que Poledouris utilise quelques éléments électroniques discrets mais qui savent apporter une émotion plus nuancée aux images, comme dans le passage à partir de 1:43, sur fond de nappes synthétiques new age et cristallines. La musique prend une tournure plus dramatique dans « Death of Kiche », avec des bois et des cordes plus funèbres, tandis que Poledouris s’essaie à son tour à la musique électronique plus moderne dans « Wolf Dance », qui dure presque 7 minutes (non utilisé dans le film), et qui devait accompagner les premières scènes du louveteau avec les loups adultes, l’occasion pour Poledouris d’expérimenter sur ses synthétiseurs pour répondre aux desideratas des producteurs qui souhaitaient une approche musicale plus contemporaine sur ce film. Dans « Wolf Dance (Revised) », on retrouve un Poledouris plus familier, dans un style médiéval/antique hérité de « Conan the Barbarian » et « Flesh+Blood », sur un rythme à trois temps. La musique devient même plus légère et bondissante dans « Puppy Things », tandis que le compositeur évoque la nature dans le très beau « The River », pour une autre reprise solide du thème principal. Certains passages non utilisés comme « Grizzly Trouble » nous permettent de retrouver le style action énergique et virtuose de Poledouris. C’est l’occasion pour le compositeur de dévoiler ici le thème de l’amitié entre Jack et Croc-Blanc (à 2:24), car bien que « Grizzly Trouble » n’ait pas été retenu pour le film (remplacé par la version d’Hans Zimmer), le thème de l’amitié entre l’homme et le loup reviendra à plusieurs reprises dans le film (notamment aux synthés dans « Bonding »). Soucieux de développer ses thèmes, Poledouris utilise ainsi son thème principal et le thème du père de Jack dans « The Cabin », pour lequel il nous propose un très bel arrangement intime et délicat du thème (dès 1:22 au cor), suggérant l’idée que Jack va accomplir le rêve de son père en reprenant son exploitation minière à la recherche d’or. Le thème prend une allure plus optimiste et euphorisante dans « Mining Montage », pour lequel Poledouris parvient habilement à juxtaposer le thème du père avec le thème principal en contrepoint. Après quelques moments plus sombres (« Pit Fight » ou le dramatique et solide « Fang’s Revenge »), la musique renoue avec l’espoir et l’optimisme dans le très beau « Just Friends » et sa superbe reprise du thème de l’amitié, que l’on retrouve aussi dans les poignants « Jack and White Fang », « Jack Forces Fang Away » et « The Return » pour la fin du film.

Le score d’Hans Zimmer est quand à lui plus moderne et aussi légèrement plus court (57 minutes à écrire et enregistrer en seulement 16 jours !), mélangeant orchestre (dirigé par Shirley Walker) et synthétiseurs 80’s. L’ouverture rejetée de Zimmer présentait ainsi un tout nouveau thème confié à un clavier nostalgique sur fond d’envolées orchestrales/synthétiques ‘anthemic » qui rappellent parfois les musiques de Vangelis écrites à la même époque. On retrouve ici les samples synthétiques habituels du Zimmer de la fin des années 80, avec une flûte de pan qui rappelle irrémédiablement le travail du compositeur sur « Rain Man » (1988). « The Golden Staircase » a quand à lui été retenu pour le film, lors de l’ascension de la montagne au début du récit : ici aussi, les grands pads synthétiques de Zimmer sont de la partie, avec un orchestre dominé par des cordes et quelques vents, incluant une très belle marche ‘anthemic » et puissante de trompette soliste solennelle sur fond de cordes staccatos, et qui rappellent curieusement Ennio Morricone (compositeur de référence pour Hans Zimmer). « The Golden Staircase » s’impose ainsi à l’écran grâce à son caractère grandiose et majestueux associé aux chercheurs d’or du Klondike dans le film. Fiachra Trench, l’un des collègues de Zimmer, signe « The Trek Continues » pour conclure cette séquence, avec l’un des premiers morceaux d’action du score de Zimmer pour « White Fang ». Dans l’intense « Black Wolf » (près de 8 minutes !), Zimmer introduit deux de ses thèmes, une très belle mélodie mélancolique de flûte de pan pour le personnage de Kiche (à 0:47) et un thème de clarinette pour Jack à 0:56. En revanche, la plupart des passages ‘anthemic » façon Vangelis (à 2:00 dans « Black Wolf ») n’ont pas été retenus pour le film, souvent remplacés par les sections orchestrales de Basil Poledouris. Ces passages s’avèrent pourtant très réussis et rappellent le talent du compositeur pour ce type d’atmosphères majestueuses et solennelles typiques de ses travaux à la fin des 80’s et au début des 90’s. Les passages d’action comme « Full Moon Wolf Attack » (composé par Fiachra Trench) ou l’excitant « The Bear Attack » (co-composé entre Zimmer et Shirley Walker) permettent d’apporter une énergie considérable pour le film, notamment dans « The Bear Attack » pour la scène d’attaque du grizzli, venant remplacer ainsi le « Grizzli Trouble » de Poledouris : la partie orchestrale plus classique et cuivrée, que l’on doit sans aucun doute à Shirley Walker, complète habilement les parties électroniques de Zimmer, qui sont ici curieusement reléguées au second plan (de toute évidence, le compositeur allemand, autodidacte de formation, n’était pas en mesure d’écrire un morceau d’action aussi orchestral et imposant). Toujours est-il que « The Bear Attack » reste l’un des moments forts de la contribution musicale de Zimmer sur « White Fang », un moment que le musicien n’aurait jamais accompli seul sans l’aide de ses compositeurs additionnels. L’émotion n’est pas en reste pour autant, avec les magnifiques « Kiche’s Demise », « Fang with Jack » ou l’héroïque et majestueux « The Mine » (co-composé avec Fiachra Trench), dominé là aussi par des envolées orchestrales/synthétiques grandioses et solennelles à la Vangelis (non retenu pour le film, hélas), et des reprises du très beau thème de flûte de pan pour Kiche, sans oublier les 8 minutes de la conclusion « Home Again » et ses vocalises féminines et opératiques à la Ennio Morricone (flagrant à partir de 1:48).

Grâce au double album publié par Intrada, les auditeurs peuvent enfin redécouvrir l’intégralité des deux travaux de Basil Poledouris et Hans Zimmer sur « White Fang », deux scores différents mais pourtant complémentaires dans leur approche, chacun possédant ses propres qualités. Si le score de Poledouris s’avère être plus symphonique et classique d’esprit, celui de Zimmer reste plus moderne et contemporain dans son approche sans délaisser pour autant l’orchestre. Hans Zimmer déclara quelques années plus tard qu’écrire ces 57 minutes de musique en seulement 16 jours était un pari insensé et le challenge le plus difficile qu’il ait jamais eu à relever sur la musique d’un film, un travail colossal qu’il n’aurait jamais pu accomplir sans l’aide de Fiachra Trench et Shirley Walker, qui furent finalement crédités au générique en tant que compositeurs additionnels (Zimmer ne sera finalement même pas crédité au générique !). Zimmer était encore jeune en 1991 et avait de toute évidence besoin de faire ses preuves sur chacun de ses projets, mais avec le recul, le compositeur semble plus dubitatif sur sa participation à « White Fang » (il déclara avoir été malade pendant 2 semaines après le film). Pourtant, le travail d’Hans Zimmer est peut être le plus enthousiasmant des deux scores, notamment grâce à ses thèmes très réussis, ses envolées grandioses orchestrales/électroniques à la Vangelis et ses moments dramatiques façon Ennio Morricone, un travail remarquable pour une musique écrite en seulement 16 jours. Mais cela n’atténue en rien les qualités non moins remarquables du travail de Basil Poledouris, qui livre une composition symphonique riche et enthousiasmante pour le film, bien que l’on regrettera les ressemblances troublantes du thème principal avec celui de « The Right Stuff » de Bill Conti (difficile de ne pas faire la confusion avec le thème de Conti en écoutant celui de Poledouris dans le film !). Quoiqu’il en soit, l’album d’Intrada nous permet d’apprécier enfin ces deux travaux dans leur intégralité, chacun possédant ainsi ses propres richesses, ses propres détails et ses qualités intrinsèques, deux très bonnes partitions qui se complètement agréablement dans le film et apportent une vraie force au récit imaginé par Jack London et brillamment mis à l’écran par Randal Kleiser : à découvrir sans plus tarder, que ce soit pour les fans de Zimmer et ceux de Poledouris, car chacun aura la chance d’y trouver son compte !




---Quentin Billard