1-Cinemascope 1.39
2-Zombies 3.54
3-Clara 5.43
4-The Knights of Sant Jordi 1.21
5-Attack and Pray 4.01
6-John Esponja 1.14
7-Natalie 1.11
8-Mama 3.21
9-Uncle Victor 3.29
10-Union: Part I 2.29
11-Union: Part II 5.40
12-After 2.42
13-You'll Be a Helluva Father! 1.26
14-Always 4.04

Musique  composée par:

Mikel Salas

Editeur:

Screamworks Records SWR12004

Album produit par:
Mikael Carlsson
Ingénieur Protools:
Boban Apostolov
Orchestrateur:
Arnau Bataller
Producteur musique:
Marc Blanes Matas
Assistant mixage score:
Pablo Uroz

Edition limitée à 500 exemplaires.

(c) 2012 Canal+ Espana/Filmax/ICIC/ICAA/Ono/Rec Génesis A.I.E./TV3/TVE. All rights reserved.

Note: ***1/2
[ REC ] 3 GÉNESIS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mikel Salas
Avec le succès monumental du [.REC] de Paco Plaza et Jaume Balaguero sorti en 2007, il était fort à parier que la franchise allait générer plusieurs suites et autres remakes à succès. C’est le cas avec un deuxième épisode sorti en 2009, un remake américain « Quarantine » sorti en 2008, et enfin un troisième opus sorti en 2009, « [REC]3 Genesis », que réalise cette fois-ci Paco Plaza en solo. Reprenant le principe du found footage (film qui imite les films amateurs filmés au caméscope) très à la mode à l’heure actuelle dans le cinéma fantastique/d’épouvante, « [REC]3 Genesis » se déroule le jour du mariage de Clara (Leticia Dolera) et Koldo (Diego Martin). L’histoire va se dérouler quand à elle au même moment que les événements terrifiants de [.REC] et [REC]2. Tout semble aller pour le mieux pour le couple qui célèbre le plus beau jour de leur vie, ayant réuni pour l’occasion toute leur famille et leurs amis dans une grande maison de campagne afin de célébrer leur mariage. Dans la soirée, l’oncle Victor, qui s’est fait mordre par un chien qui semblait être mort, commence à se comporter de façon étrange et devient subitement agressif. Dès lors, la situation bascule irrémédiablement dans le cauchemar et le chaos : la fête se transforme en débâcle et vire au déchaînement de violence sanguinaire, alors que les invités se transforment un à un en zombies assoiffés de sang. Alors qu’ils se retrouvent séparés pendant ces événements tragiques, Clara et Koldo tentent de fuir pour survivre et vont tout faire pour essayer de se retrouver, bravant mille dangers pendant une nuit de terreur annonçant l’apocalypse. « [REC]3 Genesis » parvient ainsi à renouveler astucieusement la franchise en situant l’histoire dans un tout autre endroit et pendant un mariage – chose plutôt originale pour un film d’épouvante – Autre élément notable, le film débute en caméra subjective suivant l’esthétique du found footage habituel (comme dans les deux précédents épisodes), mais lorsque le chaos commence, le long-métrage est à nouveau filmé de façon conventionnelle en perspective extérieure. Ce choix de réalisation assez étonnant offre un virage à 180% pour cette franchise inégale mais rappelant le savoir-faire des réalisateurs espagnols dans le domaine du cinéma d’épouvante/fantastique. Quand au film lui-même, il s’agit d’un astucieux mélange entre frissons, gore et humour noir, un opus résolument plus surprenant que les deux précédents et aussi incroyablement plus fun et déjanté : niveau gore, on est servi avec quelques séquences grand-guignolesques qui tâchent et des zombies toujours aussi affamés et déchaînés, tandis que Paco Plaza n’hésite pas à verser dans la dérision avec quelques gags macabres, un rythme survolté, des passages romantiques et un final tragique et véritablement bouleversant : une bonne surprise pour ce troisième épisode plus original dans la franchise [REC], et aussi plus déroutant dans sa façon de mélanger comédie et horreur de façon plutôt inattendue.

« [REC]3 Genesis » est aussi le premier film de la saga à faire appel à la musique, alors que les deux premiers épisodes, entièrement filmés selon le procédé du ‘found footage’, ne contenaient aucune musique (tout comme des films similaires comme « Blair Witch » ou « Cloverfield »). La composition du musicien espagnol Mikel Salas est sans aucun doute l’un des éléments les plus positifs du film lors de la seconde partie du récit qui bascule dans en perspective extérieure classique. Absente durant les 30 premières minutes du film en caméra subjective, la musique de Mikel Salas intervient ainsi à juste titre lorsque le long-métrage redevient un film d’épouvante plus conventionnel, apportant terreur, suspense et émotion au film de Paco Plaza. Court et concis, le score de Mikel Salas ne dépasse pas les 42 minutes dans le film mais s’avère être relativement intense et incroyablement brutal, débutant sur un cluster terrifiant dès « Cinemascope », lors de la toute première attaque de zombies dans le film. Salas utilise ici l’orchestre symphonique dans toute sa splendeur, optant pour une approche atonale résolument avant-gardiste : clusters, cordes stridentes, percussions agressives, dissonances multiples, et même synthétiseurs atmosphériques pour accentuer la tension et l’horreur à l’écran. Si « Cinemascope » traduit la terreur à l’écran et l’anarchie absolue, « Zombies » accentue davantage le suspense à l’aide de synthétiseurs macabres et de cuivres dissonants, ponctués de percussions sauvages. Mikel Salas se montre à l’aise dans ce registre horrifique, à mi-chemin entre Christopher Young et Marco Beltrami. Le mélange orchestre/synthé opère ici à plein régime, Mikel Salas parvenant à éviter le recours au sound design habituel en optant pour une approche orchestrale plus conventionnelle et appréciable, soutenue par les orchestrations du compositeur espagnol Arnau Bataller.

L’horreur n’est pas l’unique mot d’ordre de Salas sur « [REC]3 Genesis » puisque « Clara » permet au musicien de dévoiler le thème romantique associé à Clara et Koldo dans le film, mélodie mélancolique, romantique et fragile pour cordes et piano. Le morceau dévoile par la suite un savant dosage entre orgue, choeur religieux et vocalises féminines, qui apportent une émotion remarquable à la musique du film de Paco Plaza. L’emploi des choeurs résonne ici de façon gothique et lugubre, tandis que Salas s’amuse aussi à faire intervenir une guitare électrique rock trash dans la seconde partie de « Clara », accompagnant ses choeurs masculins guerriers aux consonances apocalyptiques/épiques. A l’humour macabre du film de Paco Plaza, Mikel Salas répond ici par une musique déjantée et débridée au fun décomplexée, entre rock électro, choeurs épiques, orchestre déchaîné et même passages plus lyriques, dramatiques et émouvants. « Attack and Pray » oscille quand à lui entre suspense et horreur avec son lot de sursauts orchestraux cacophoniques, de cordes stridentes/dissonantes et de percussions brutales. Salas n’oublie pas pour autant l’aspect humain/dramatique du récit avec le retour des vocalises féminines pour Clara en quête de son amour, Koldo, qui se trouve ailleurs. On notera ici une plus grande part accordée aux ambiances sonores synthétiques, qui renforcent efficacement la tension à l’écran. Même chose pour l’oppressant et cauchemardesque « Natalie », passage grand-guignolesque déchaîné mais qui contient aussi ses moments de mélancolie et d’émotion, comme dans « Mama », qui reprend les vocalises féminines de Clara dans un environnement sonore résolument obscur et oppressant. La terreur est au rendez-vous dans les sursauts cacophoniques et atonaux de « Uncle Victor », à grand renfort de cuivres barbares, de cordes véhémentes, de nappes sonores synthétiques angoissantes et de percussions assassines.

Mikel Salas évoque les retrouvailles des époux dans « Union : Part I » et « Union : Part II », pour lesquels il développe un très beau thème mélancolique de guitare sèche, qui traduit le caractère désespéré de la fin du film (à noter la fin pop/rock plus moderne de « Union : Part I »). Le thème romantique de Clara et Koldo revient dans « Union : Part II » pour un nouveau passage d’action/terreur particulièrement brutal et intense, alors que les époux tentent de s’échapper et de survivre ensemble. Non dénué d’humour, « Union : Part II » est partagé entre les sursauts horrifiques musclés et les envolées romantiques rétro, qui jurent avec le caractère macabre et oppressant du morceau, typique de l’humour noir du film de Plaza. Dans « You’ll Be a Helluva Father ! », les époux arrivent au bout de leur aventure et connaissent une fin tragique dans « Always ». C’est l’occasion pour Mikel Salas de dévoiler toute sa sensibilité dans deux pièces dramatiques et poignantes, avec une écriture plus élégiaque et résignée des cordes, et un tutti orchestral tragique et poignant dans « Always », véritable requiem bouleversant pour les deux amants agonisants. Mikel Salas signe donc un score court mais incroyablement intense pour « [REC]3 Genesis » sur lequel il semble s’être fait plaisir, mélangeant passages de rock fun, parties synthétiques, morceaux de terreur anarchiques et pièces plus dramatiques et mélancoliques. Le mélange des ambiances et des sonorités permet au compositeur espagnol de nous offrir une partition horrifique savamment dosée et parfaitement cohérente, accentuant tous les aspects du film de Paco Plaza (y compris l’humour noir) avec une intensité constante. Voilà en tout cas une jolie réussite à découvrir grâce à l’édition CD de Screamworks Records : les amateurs de musique horrifique seront comblés !




---Quentin Billard