Part 1 - The Pledge

1-Are You Watching Closely? 1.51
2-Colorado Springs 4.15
3-The Light Field 1.50
4-Borden Meets Sarah 2.11
5-Adagio for Julia 2.08

Part 2 - The Turn

6-A New Trick 4.29
7-The Journal 2.55
8-The Transported Man 2.36
9-No, Not Today 2.31
10-Caught 1.39
11-Cutter Returns 2.13
12-The Real Transported Man 2.28
13-Man's Reach Exceeds His Imagination 2.08
14-Goodbye To Jess 2.58

Part 3 - The Prestige

15-Sacrifice 5.15
16-The Price Of A Good Trick 5.06
17-The Prestige 1.40

Musique  composée par:

David Julyan

Editeur:

Hollywood Records D000001402

Musique produite par:
David Julyan
Monteur musique:
Alex Gibson
Orchestrations:
Dana Niu
Orchestre conduit par:
Blake Neely
Programmation musique:
David Hoskins
Production score:
Remote Control Productions
Assistant technique:
Matt Ward
Préparation musique:
Booker White
Producteurs exécutifs album:
Christopher Nolan, Hans Zimmer
Direction de la musique pour
Walt Disney Pictures and the
Buena Vista Music Group:
Mitchell Leib

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2006 Touchstone Pictures & Warner Bros. Entertainment Corp. All rights reserved.

Note: **1/2
THE PRESTIGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Julyan
Après le succès de « Batman Begins » en 2005 et avant d’enchaîner avec « The Dark Knight » en 2008, le réalisateur Christopher Nolan fit une pause dans sa trilogie de l’homme chauve-souris en signant « The Prestige », thriller sorti en 2006 et adapté du roman de Christopher Priest publié en 1995. L’histoire de « The Prestige » se déroule en Angleterre, à Londres, à la fin du XIXe siècle. Alfred Borden (Christian Bale), un magicien prestidigitateur est accusé du meurtre de son rival et ancien ami Robert Angier (Hugh Jackman), retrouvé noyé au cours d’un de ses tours de magie après être tombé par une trappe dans une cuve remplie d’eau et verrouillée. Alors que le tour semble avoir mal tourné, Borden est retrouvé sur les lieux et accusé du crime en raison de son ancienne rivalité avec Angier. Attendant son exécution en prison, Borden reçoit le journal intime d’Angier et commence à le lire : on découvre ainsi l’histoire de cette rivalité qui opposa les deux hommes durant des années, rivalité qui débuta avec la mort accidentelle de la femme d’Angier durant un tour de magie ayant mal tourné, et apparemment provoqué par un manque d’attention de Borden, alors assistant d’Angier à cette époque. Peu de temps après, Borden se met en tête de devenir à son tour un magicien célèbre et désire mettre au point un tour de magie nommé « l’homme transporté », tour qu’Angier prépare aussi de son côté, alors que chacun cherche à s’emparer des recherches sur l’électricité menées par l’ingénieur Nikola Tesla, ayant mis au point une machine électrique révolutionnaire. Le film est entièrement bâti sur trois chapitres qui reproduisent les trois étapes d’un tour de magie : « la promesse », alors que le magicien montre une chose ordinaire au public alors qu’elle ne l’est pas, puis « l’exécution » alors que le magicien exécute son tour extraordinaire, puis « le prestige », alors que le tour de magie a eu lieu et suscité l’imprévu, l’inattendu. Avec un casting remarquable (Hugh Jackman, Christian Bale, Scarlett Johansson, Michael Caine, David Bowie, Andy Serkis, Piper Perabo, etc.), une mise en scène immersive et une narration brillante construite non pas de façon linéaire mais comme les différentes phases d’un tour de magie – débouchant sur l’étonnant twist final – « The Prestige » est une réussite incontestable, même si le film n’est pas dénué de longueurs (130 minutes). Véritable tour de passe-passe cinématographique, « The Prestige » rappelle aussi que le cinéma, comme la magie, c’est avant tout l’art de l’illusion, comme au temps des films de George Méliès. Si le coup de théâtre final risque fort d’en rebuter quelques uns à cause de son caractère fantastique et surréaliste, globalement, la mayonnaise prend et le film délivre ses promesses, celles d’un divertissement de haute facture mené par des acteurs charismatiques, un scénario habile sur un monde relativement peu abordé au cinéma, celui des magiciens/prestidigitateurs. Entre manipulations, trahisons, faux-semblants et illusions, « The Prestige » évolue vers son twist final avec une aisance rare, multipliant les flash-back et les indices cachés de façon originale et astucieuse – on retrouve ici l’art de la narration déstructurée du cinéaste de « Memento » - Plus abouti que son film concurrent sorti la même année sur un sujet similaire, « The Illusionist » de Neil Burger, « The Prestige » est une réussite majeure qui rappelle à quel point Christopher Nolan est bel et bien un cinéaste majeur du Hollywood contemporain, qu’on le veuille ou non.

Le compositeur anglais David Julyan retrouve Nolan après « Following » (1999), « Memento » (2000) et « Insomnia » (2002) pour la quatrième fois sur « The Prestige ». Fidèle à son style atmosphérique électronique, David Julyan signe pour « The Prestige » un score sombre, lent et planant, à base de nappes synthétiques pesantes et de cordes dramatiques. L’album, construit sur les trois chapitres du film (« The Pledge » / « The Turn » / « The Prestige ») nous permet de cerner clairement l’évolution narrative de la musique à l’écran. Le premier chapitre contient des musiques relativement sombres et lentes, à commencer par le tendu « Are You Watching Closely ? » pour le début du film, sur fond de nappes sombres et de cordes en suspend. « Colorado Springs » opère sur un principe similaire, avec ses synthétiseurs atmosphériques fantomatiques, et son motif entêtant de harpe sur fond de cordes sombres et dramatiques. On retrouve ici un style qui n’est pas sans rappeler les passages les plus dramatiques de « The Descent ». Evacuant tout aspect mélodique, David Julyan conserve donc ici une approche essentiellement atmosphérique, réduisant les rythmes au maximum au profit d’ambiances planantes sombres et denses dans le film, à l’image de la rivalité entre les deux magiciens qui semblent durer des années. La musique devient plus intime et mélancolique dans « Borden Meets Sarah », alors que Borden fait la connaissance de Sarah et lui propose de devenir son assistante personnelle. Julyan dévoile ici le thème de piano de Sarah et met ici l’accent sur des cordes plus lyriques et quelques notes de piano pour le personnage de Scarlett Johansson. Le premier chapitre se conclut sur un « Adagio for Julia » plutôt sombre, dense et planant, typique du compositeur de « Insomnia » et « The Descent ». Le deuxième chapitre (« The Turn ») permet à Julyan d’accentuer ses parties orchestrales, et notamment les cordes, la flûte et la harpe dans le pesant et dense « A New Trick », comme dans l’atmosphérique « The Journal » et « The Transported Man » et ses textures synthétiques inquiétantes.

Si le thème de Sarah revient dans « No, Not Today », « Caught » plonge le spectateur dans une atmosphère plus noire et oppressante à l’aide de cordes atmosphériques dissonantes et sombres sur fond de ligne de basse synthétique inquiétante. Les amateurs de musiques atmosphériques apprécieront sans aucun doute dans le film « Cutter Returns » ou « The Real Transported Man », qui évoque le tour de magie de l’homme transporté à l’aide de tenues de cordes/synthés mystérieuses et planantes. On ressent une certaine emphase dans « Man’s Reach Exceeds His Imagination » avec des cordes plus amples, des nappes synthétiques sombres et des accords de cuivres plus imposants, le tout sur un tempo toujours très lent, dénué de rythmes, et assez immersif dans le film. Le drame se noue dans le sombre « Goodbye to Jess », tandis que le troisième chapitre (« The Prestige ») met en avant des morceaux plus tragiques pour la fin du film, comme le sombre « Sacrifice » avec son final plus atonal et dissonant, ou l’intense « The Price of a Good Trick », qui s’avère être désespérément long (5 minutes d’atmosphère planante sans grande originalité !), sans oublier la coda de la partition, « The Prestige », qui reprend les sonorités sombres et dramatiques du début pour une conclusion pessimiste et tragique. Ainsi donc, David Julyan reste fidèle à son style atmosphérique habituel et livre pour « The Prestige » une musique lente et planante dénuée du moindre rythme, mais incroyablement dense et plutôt lassante sur l’album. Sombre et immersive à l’écran, la musique de « The Prestige » s’avère être plutôt pauvre et décevante sur l’album, la faute à un manque d’originalité d’un compositeur obligé de recycler ses formules musicales habituelles, qui ne prend ici aucun risque et reproduit les mêmes schémas musicaux de « Memento », « Insomnia » et « The Descent ». Hélas, la musique échoue à laisser un quelconque souvenir et finit par lasser sur la longueur, car si dans le film le cahier des charges est rempli, l’intérêt musical est tout autre. Même les fans de musiques atmosphériques risquent fort de s’ennuyer à l’écoute d’un score monotone, désespérément répétitif et sans aucune envergure particulière !




---Quentin Billard