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1-Theme from "The Divide" 1.59
2-The Divide 7.17 3-Rosanna's Plan (feat. E.T.) 3.59 4-Corridor to Amy 3.55 5-Time to Sleep 1.55 6-Butcher's Party 2.35 7-What's Up 2.40 8-Some Love 2.08 9-Trapped 3.38 10-Haircut 2.04 11-Sam and Bobby Dance 2.22 12-Nightmare 2.08 13-Bobby is a Good Man Though 3.07 14-Ashes (feat. E.T.) 1.11 15-One Way to Life (feat. E.T.) 7.43 16-Running After My Fate (Crucifying Myself) 4.14* 17-Theme from "The Divide" (Reprise) 2.45 18-Do You Love Beans? (Bonus Track) 1.16 19-Running After My Fate (Alternate Version - Bonus Track) 7.09** *Interprété par Anna He **Interprété par Kafkaz. Musique composée par: Jean-Pierre Taïeb Editeur: Pale Blue Limited Score produit par: Jean-Pierre Taïeb Music clearance & licensing: Laura Katz Superviseur musique: Andy Ross Compositeur End Credit Song: Yasmine Meddour (c) 2011 Instinctive Film/Preferred Group/BR Group/Julijette/Ink Connection/Manibota Film & Music/Manibota Film and Video Production Tax Credit. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE DIVIDE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Jean-Pierre Taïeb
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Révélé en 2008 pour son film d’horreur trash « Frontière(s) » et son adaptation hollywoodienne du jeu vidéo « Hitman », le cinéaste français Xavier Gens nous livre avec « The Divide » un nouveau film choc dans la lignée de l’éprouvant « Frontière(s) », un huis clos étouffant dans lequel le jeune cinéaste nous invite à partager le destin d’un groupe de survivants piégés dans un abris anti-atomique, livrés à eux-mêmes, basculant progressivement dans la folie et la perversité. Suite à une explosion nucléaire qui a ravagé la ville de New York, un groupe de 8 individus se réfugient dans un bunker souterrain aménagé par Mickey (Michael Biehn), ancien pompier ayant vécu les attentats du 11 septembre 2011, plutôt taciturne et individualiste. Le groupe réussit à survivre grâce à un stock de provisions. De nombreuses heures plus tard, alors que l’immeuble s’est effondré au dessus du bunker, un groupe d’individus solidement armés et équipés de combinaisons anti-radiations réussissent à pénétrer dans le bunker et tirent sur les survivants après avoir capturé Wendi (Abbey Thickson), la petite fille de Marilyn (Rosanna Arquette). Bouleversée, Marilyn se retrouve alors seule dans le bunker avec toutes ces personnes qu’elle ne connaît pas. Au fur et à mesure que les heures passent et que la tension liée à l’isolement monte, deux membres du groupe, Josh (Milo Ventimiglia) et Bobby (Michael Eklund), décident finalement de se proclamer les « leaders » du groupe, persuadés comme Eva (Lauren German), Delvin (Courtney B.Vance), Adrien (Ashton Holmes) et Sam (Ivan Gonzales) que Mickey cache des provisions supplémentaires quelque part dans sa chambre. C’est le début d’une longue descente aux enfers pour les survivants, qui vont basculer dans la folie anarchique pure. « The Divide » débute ainsi comme un film post-apocalyptique conventionnel sur fond d’explosion nucléaire et d’abri anti-atomique plutôt classique, avant de s’orienter très rapidement vers un huis clos oppressant aussi claustrophobique que particulièrement dérangeant. Passé une première heure assez agitée, marquée par l’intervention musclée d’une troupe armée qui pénètre le bunker et sème la zizanie – séquence assez impressionnante et aussi particulièrement violente et sanguinaire – durant laquelle rien ne nous est réellement expliqué (qui est responsable de l’explosion nucléaire ? Qui sont ces hommes armés qui pénètrent l’abri souterrain ? Pourquoi se sont-ils emparé de la petite fille ?), le film de Xavier Gens sombre très vite dans le suspense psychologique pur avec le portrait de personnages livrés à eux-mêmes, subissant le stress de l’enfermement.
Dès lors, « The Divide » évoque la dégradation mentale et physique de deux individus du groupe qui perdent progressivement leur humanité et redeviennent des animaux sauvages décivilisés, basculant dans la folie la plus extrême. Ainsi, rien ne nous est épargné : torture, viol en groupe à répétition, cadavre coupé à la hache, comportements imprévisibles et violents, nudité (Bobby qui s’habille alors en femme, après s’être fait entièrement raser le crâne et les sourcils par Josh), et même tentative d’agression homosexuelle sur Sam, le mari de la jolie Eva, le film repousse régulièrement les frontières du soutenable en imposant une violence psychologique aussi frappante que dérangeante, évoquant toutes les perversités possibles et imaginables auxquelles les hommes peuvent se livrer, privés de toute notion de civilisation et d’humanité. 100% pessimiste, même jusque dans son final assez noir, le film de Gens pose un regard amer et sans concession sur une humanité perdue dans un monde en ruines. Point fort : le personnage mémorable de Rosanna Arquette, Marilyn, qui, privée de sa seule raison de vivre, sa petite fille, va se transformer progressivement en femme-objet dans les mains de Bobby puis de Josh, jusqu’à subir les pires sévices sexuelles, devenue l’esclave personnelle des deux hommes. Si vous pensiez avoir tout vu avec l’éprouvant « Frontière(s) », attendez donc de voir « The Divide » : Xavier Gens repousse les limites de l’horreur en basculant cette fois-ci dans le camp de la violence psychologique, mais sans le déluge de gore et de tortures à répétition de son précédent film (hormis quelques scènes plus sanguinaires vers le début et à la fin du film). « The Divide » est une plongée abyssale particulièrement dérangeante et malsaine dans l’anarchie et la folie, car en plus de la dégradation physique des personnages (et la transformation physique inquiétante de Josh et Bobby), le film illustre surtout la perte des repères liés à la civilisation et le retour aux instincts primaires les plus vils. Niveau casting, c’est avec grand plaisir que l’on retrouve le vétéran Michael Biehn, star de la science-fiction des années 80, sans oublier Rosanna Arquette, autre grande actrice des années 80 qui se voit confier ici un rôle aussi intense que difficile et éprouvant. A noter aussi les performances ahurissantes de Milo Ventimiglia et de l’acteur canadien Michael Eklund (aperçu dans « The Imaginarium of Doctor Parnassus » de Terry Gilliam en 2009). Trop dérangeant et trop extrême pour pouvoir être diffusé au cinéma, « The Divide » devra se contenter d’une sortie DVD en France (alors qu’il est pourtant sorti en salles aux USA), et de plusieurs prix et nominations dans divers festivals français. C’est le compositeur et guitariste français Jean-Pierre Taïeb qui se voit à nouveau confier la partition musicale de « The Divide », le musicien ayant déjà collaboré précédemment avec Xavier Gens sur le court-métrage « Au petit matin » en 2005, suivi de l'épisode « Fotografik » tiré de la série TV « Sable noir » en 2006, et « Frontière(s) » en 2007. Pour « The Divide », Taïeb se voit offrir l’opportunité d’écrire une musique électronique abstraite et expérimentale, à base de guitares, piano, violoncelle et synthétiseurs. Le thème principal, mélancolique et solitaire, est introduit dès le début du film par des accords touchants de piano accompagné d’un ostinato de guitare, de quelques cordes et d’un violoncelle soliste (« Theme From The Divide »). Le thème évoque clairement le sentiment de désolation, d’isolement et de survie des personnages livrés à eux-mêmes, un très beau thème qui ne révèle en rien pour le moment toute l’intensité de l’horreur à venir. Dans « The Divide », Jean-Pierre Taïeb met en avant l’orchestre et l’électronique baignant dans une atmosphère plus glauque et oppressante : samples électro nerveux, nappes sonores menaçantes, percussions synthétiques musclées, cuivres agressifs, cordes dissonantes, on nage clairement ici en pleine atmosphère suffocante, anarchique et cauchemardesque, à l’image du film de Xavier Gens. C’est l’occasion pour le compositeur de reprendre ici des formules musicales déjà établies dans « Frontière(s) », pour sa précédente collaboration avec le cinéaste français. « Rosanna’s Plan » évoque quand à lui le personnage de Rosanna Arquette avec une série de vocalises féminines éthérées et mystérieuses, sur fond de piano et de synthétiseurs sombres. Ici, comme dans « The Divide », le compositeur joue sur l’idée de l’anarchie, de la perte de repères en bousculant ses sonorités avec un mélange d’ambiances – mélancolie, désespoir, tension, suspense, violence – que ce soit dans le jeu des instruments ou de certains solistes (ici, les guitares mixées de façon lointaine et retouchées par l’électronique). La tension monte d’un cran avec « Corridor to Amy » pour l’attaque des soldats au début du film, un autre passage à suspense atmosphérique qui débouche sur une explosion électro/orchestrale dominée par des percussions violentes et des cordes sombres. On notera le rôle de la guitare – instrument clé du compositeur Jean-Pierre Taïeb - dans « Time to Sleep », qui tente d’apaiser les tensions en imposant une atmosphère plus intime et solitaire, dans laquelle les synthétiseurs et le piano occupent une place toujours importante. « Butcher’s Party » nous fait comprendre que plus rien ne va avec un mélange de cordes/piano tragiques et de percussions électroniques agressives, qui représentent ici aussi l’idée de la perte d’humanité des personnages. « What’s Up » maintient une tension glauque avec sa ligne de basse entêtante et ses cordes lugubres qui rappellent « Frontière(s) », alors que « Some Love » veut apporter à contrario un semblant d’humanité à la musique avec le retour du thème principal mélancolique de piano accompagné de violoncelles, évoquant la solitude et l’isolement des survivants. Cette sensation d’isolement débouche sur l’anarchique « Trapped », qui apporte une atmosphère de claustrophobie saisissante au film de Xavier Gens, tandis que « Haircut » évoque la folie de Josh et Bobby avec le retour du thème principal de piano. L’astuce du compositeur consiste à déformer le son du piano électroniquement afin d’obtenir un son plus « détraqué » et saturé, comme si quelque chose ne fonctionnait pas correctement, une idée intéressante qui reflète le souci d’expérimentation et d’inventivité de Jean-Pierre Taïeb sur « The Divide », et son souhait de suivre au plus près les personnages du film plus que l’histoire ou l’action en elle-même. Autre exemple similaire : le sinistre « Sam and Bobby Dance », pour la scène de la tentative de viol homosexuel, avec son lot de samples de cordes manipulées sur lesquelles Taïeb déforme le pitch en glissandi lents et incroyablement sinistres et dérangeants. La musique perd progressivement ses repères ‘conventionnels’ et s’enfonce au fur et à mesure de l’avancée du récit dans une atmosphère d’anarchie absolue, à l’image de la descente aux enfers de Josh et Bobby, redevenus des bêtes sauvages privées de tout repère humain et social, hormis peut être avec le violoncelle plaintif et les voix synthétiques sombres du violent « Bobby Is a Good Man Though », qui rappellent ce que Bobby et Josh ont perdu pour de bon : leur humanité. Même chose avec les vocalises féminines de « Ashes » et « One Way to Life » pour la fin du film, avec un crescendo rock/électro/orchestral saisissant, et une reprise puissante du thème principal dramatique de piano pour la conclusion pessimiste et apocalyptique de « The Divide ». Jean-Pierre Taïeb signe donc une partition oppressante et intense pour le long-métrage de Xavier Gens, une musique non dénuée d’émotion et de mélancolie, mais qui réserve son lot de noirceur, de suspense et de passages claustrophobiques dérangeants, à l’instar du film. Jouant sur les sonorités avec une inventivité rare, Taïeb signe un score aussi dense que le film lui-même et apporte un vrai suspense psychologique au film sans jamais perdre de vue l’humanité et l’émotion, un score incroyablement sombre qui permet de découvrir un musicien français encore peu connu mais avec un talent certain qui, on l’espère, devrait lui permettre de décrocher des projets plus riches et ambitieux, à la hauteur de ses ambitions. ---Quentin Billard |