1-Prologue 3.59
2-Machinations 2.09
3-Scotland 1.53
4-Inspirational Sheikh 2.23
5-Dreams 1.29
6-A Turn for the Worse 2.35
7-To The Yemen 4.07
8-The Threat 1.11
9-It's In Your DNA! 2.18
10-Salmon Fishing 1.43
11-Big Projects 3.21
12-Rob Returns 2.29
13-Disaster 3.45
14-Goodbye Hello 2.36
15-Happy Ending 4.40
16-Bonus Bach 1.30

Musique  composée par:

Dario Marianelli

Editeur:

Lakeshore Records LKS 342562

Album produit par:
Dario Marianelli
Producteurs exécutifs de l'album
pour Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Orchestrations:
Dario Marianelli,
Benjamin Wallfisch

Supervision musique:
Maggie Rodford
Assistant superviseur musique:
Helen Yates
Orchestre:
BBC Concert Orchestra
Leader orchestre:
Cynthia Miller
Monteur musique:
James Bellamy
Préparation musique:
Colin Rae

Artwork and pictures (c) 2012 Yemen Distributions LTD, BBC & The British Film Institute. All rights reserved.

Note: ***1/2
SALMON FISHING IN THE YEMEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Dario Marianelli
Spécialisé dans les comédies dramatiques romantiques, le suédois Lasse Hallström à qui l’on doit « The Cider House Rules », « Chocolat » ou « An Unfinished Life » renoue dans « Salmon Fishing in the Yemen » (Des saumons dans le désert) avec son domaine de prédilection, en racontant l’histoire de deux êtres que tout séparent, mais qui vont apprendre à s’aimer en oeuvrant pour un objectif commun : introduire des saumons dans les rivières du Yémen. L’histoire débute lorsque le docteur Alfred Jones (Ewan McGregor) est contacté par Harriet Chetwode-Talbot (Emily Blunt) qui lui propose un projet complètement atypique : celui d’amener des saumons au Yémen. Un pari risqué aussi bien financièrement qu’humainement, car jamais personne n’a tenté une telle chose auparavant. Le projet est financé par l’éminent cheikh Muhammad (Amr Waked), qui rêve de voir son projet aboutir. Mais alors que le Dr. Jones prétend que ce projet est fondamentalement irréalisable, la secrétaire du premier ministre britannique Patricia Maxwell (Kristin Scott Thomas), frustrée par l’annonce médiatisée du bombardement accidentel d’une mosquée en Afghanistan, entend bien apaiser les tensions dans les relations entre l’Angleterre et le monde musulman en optant pour une issue plus positive et pacifiste : c’est elle-même qui suggèrera l’histoire de la pêche au saumon. D’abord dubitatif et foncièrement réticent, le Dr. Jones, sous la pression de son supérieur hiérarchique, est contraint d’accepter la mission que lui confie Harriet. Le projet s’organise alors lentement mais sûrement, mais tout ceci a un coût : transporter des milliers de saumons de l’Angleterre jusqu’au Yémen est un pari totalement insensé, sans aucune garantie de réussite. Et pendant qu’ils supervisent sur place le projet, aux côtés du cheikh visionnaire Muhammad, Alfred et Harriet apprennent à se connaître et à se respecter. Les épreuves qu’ils vont devoir traverser ensemble vont les rapprocher pour de bon, un respect qui se transformera progressivement en amour, et ce malgré des vies bien différentes (Alfred est sur le point de divorcer. Quand à Harriet, son fiancé est porté disparu sur le front afghan). « Salmon Fishing in the Yemen » est au final une comédie romantique dramatique plutôt réussie bien que sans grand génie particulier. On y retrouve la patte habituelle de Lasse Hallström et son goût pour des histoires intimes et des personnages hauts en couleur, le tout adapté du roman éponyme de Paul Torday sorti en 2007. Evidemment, le film doit beaucoup au duo Ewan McGregor/Emily Blunt qui forment un couple attachant et sympathique à l’écran, entouré de quelques seconds rôles plus jubilatoires (Kristin Scott Thomas dans un rôle purement cynique à l’humour noir grinçant). Avec ses décors dépaysants, son casting impeccable et un rythme bien entretenu, « Salmon Fishing in the Yemen » contient toutes les recettes du genre et s’affirme au final comme un bon divertissement plutôt sympathique et attachant - le film a d’ailleurs été nominé 3 fois aux Golden Globe Awards en 2012 –

Le compositeur Dario Marianelli signe une partition orchestrale aussi sympathique qu’attachante pour « Salmon Fishing in the Yemen », interprétée par le BBC Concert Orchestra et des solos de piano interprétés par Dario Marianelli lui-même, accompagné de quelques solistes incluant oud, flûtes ethniques et guitare acoustique, le tout enregistré à Londres (à noter que le compositeur britannique Benjamin Wallfisch assure les orchestrations et la direction d’orchestre). Marianelli introduit son sympathique thème principal dès le « Prologue » du film, partagé entre cordes, bois, harpe, piano et instruments divers (incluant un clavecin, une guitare et quelques bois ethniques). Le « Prologue », plutôt frais, léger et entraînant, pose clairement le ton de la partition avec un climat insouciant et rafraîchissant, particulièrement centré sur le jeu des instruments solistes. « Machinations » lorgne clairement vers la comédie avec le jeu espiègle des cordes et des pizzicati sautillants sur fond de roulements ironiques de caisse claire et de notes de glockenspiel. Inventif, le compositeur n’hésite pas à incorporer au sein de son orchestre quelques passages de type rock/électro qui jurent un peu avec les parties orchestrales, mais apportent un réel humour aux scènes avec Kristin Scott Thomas au début du film. Le thème du « Prologue » est de nouveau présent, partagé ici entre les bois, les cordes et le glockenspiel. Dans « Scotland », Dario Marianelli se fait plaisir en évoquant l’Ecosse à l’aide de flûtes celtiques, d’un piano majestueux et de cordes aériennes évoquant la beauté des highlands écossais, le tout sur fond de reprises du thème principal à la flûte, au piano et aux cordes. Le compositeur évoque aussi le cheikh Muhammad en incluant quelques sonorités orientales et plus particulièrement des vocalises arabisantes, une idée que l’on retrouve largement développée dans « Inspirational Sheikh », pour lequel Marianelli joue clairement la carte de la musique orientale, à l’aide d’oud et flûte sur fond de cordes. On ressent ici l’enthousiasme idéaliste du cheikh avec des accords plein d’espoir et d’optimisme plutôt frais et aériens, d’une grande beauté, un très beau passage dans la partition de « Salmon Fishing in the Yemen ».

« Dreams » prolonge cette atmosphère intime et poétique avec une clarinette rêveuse et un joli mélange cordes/piano, une atmosphère intime que l’on retrouve aussi dans le mélancolique et tendre « A Turn For The Worse », alors qu’Harriet se noie dans le chagrin à la suite de la disparition de son fiancé en Afghanistan. Dario Marianelli évoque ici la tristesse de la jeune Harriet avec une écriture intime de bois, piano et quelques cordes minimalistes, sans en faire de trop, reprenant le thème principal dans une variante mineure plus mélancolique. « To The Yemen » évoque le départ vers le Yémen avec le retour des sonorités orientales/arabisantes avec le mélange oud/percussions ethniques/flûte orientale, sans oublier l’utilisation d’un motif de flûte associé au Yémen (entendu dès les premières secondes de « To The Yemen »). Marianelli évoque ici les paysages désertiques sauvages du Yémen avec majestuosité, accentuant le jeu plus solennel des cordes et de la flûte ethnique. « The Threat » est l’un des rares passages vraiment sombres du score, alors que le cheikh évite de justesse une tentative d’assassinat, avec un bref passage dissonant et percussif assez agressif et menaçant. Le motif de flûte du Yémen revient au début de « Salmon Fishing » alors que la musique apporte un espoir et optimisme exubérant, alors que les saumons sont introduits dans les rivières yéménites. « Big Projects » apporte un peu d’humour avec un bref passage martial caricatural pour l’arrivée de la secrétaire du premier ministre au Yémen, tandis que la seconde partie du morceau reprend le thème principal avec douceur et intimité. On appréciera aussi la délicatesse mélancolique et touchante de la guitare sèche dans « Rob Returns », tandis que « Disaster » apporte un éclairage plus dramatique au film, alors que le barrage est détruit et le projet anéanti. L’émotion atteint son paroxysme dans le poignant « Goodbye Hello » en forme d’adieux, avec une conclusion orientale plutôt réussie, débouchant sur l’exubérant « Happy Ending ». Dario Marianelli nous offre donc une très belle partition orchestrale pour « Salmon Fishing in the Yemen », une musique qui respire la fraîcheur, l’émotion, l’intimité et la délicatesse dans le film, avec ses moments plus enthousiasmants et ses rares passages plus sombres. Globalement, on reste dans un style intime qui rappelle parfois les travaux de Rachel Portman pour les précédents films de Lasse Hallström, avec la fraîcheur et la simplicité mélodique de Marianelli, et son utilisation réussie des instruments solistes. Les fans du compositeur italiens devraient donc se procurer le score de « Salmon Fishing in the Yemen » sans perdre un instant, un score intime et rafraîchissant particulièrement réussi, à défaut de laisser un souvenir impérissable !




---Quentin Billard