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1-Des Führers Sekretärin 2.32
2-Prof. Schenck hält die Stellung 1.22 3-General Weidling macht Meldung 0.56 4-In Hof der Reichskanzlei 2.52 5-Eva Brauns letzter Brief 3.33* 6-Blutrote Rosen 2.21** 7-Peter im Nebel 1.10 8-Albert Speers Abschied 2.00* 9-Davon geht die Welt nicht unter 2.31*** 10-Evas Blick in den Spiegel 0.45* 11-Kein schöner land (trad.) 1.11 12-Gute Nacht, Kinder 2.43 13-Die Giftkapseln 2.39 14-Der Krieg ist aus 3.04 15-Exodus 3.33 16-Verloren im Stillstand 2.29 17-Jablotschko (trad.) 1.32 18-Hoffnung am Ende der Welt 3.20 19-Späte Einsicht 2.10 *"When I Am Laid in Earth" extrait de "Dido and Aeneas" Composé par Henry Purcell (1659-1695) **Marek Weber und Orchester (Hermann Hünemeyer/ Alfred Krönkemeier) ***Zarah Leander (Michael Jary/Bruno Balz). Musique composée par: Stephan Zacharias Editeur: Colosseum CST 8097.2 Album produit par: Stephan Zacharias Artwork and pictures (c) 2004 Constantin Film Produktion. All rights reserved. Note: **1/2 |
DER UNTERGANG
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Stephan Zacharias
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« Der Untergang » (La Chute) est un film allemand réalisé par Oliver Hirschbiegel, et qui fit particulièrement polémique dès sa sortie en salles en 2004. Le film retrace les derniers jours d’Adolf Hitler dans son bunker durant la bataille de Berlin en avril 1945. Alors que le IIIe Reich est en train d’agoniser, les Soviétiques se préparent pour l’offensive finale contre les soldats de la Wehrmacht. Hitler (Bruno Ganz) s’est réfugié dans son bunker en compagnie de son état-major et de ses proches. Alors qu’il sait que la défaite est inévitable et imminente, Hitler s’obstine et refuse de s’avouer vaincu. Alors que les munitions et les effectifs s’amenuisent dangereusement, et que les Soviétiques sont maintenant aux portes de Berlin, Hitler doit faire face à des défections dans son propre gouvernement. L’histoire est racontée par Traudl Junge (Alexandra Maria Lara), la dernière secrétaire d’Hitler qui fut engagée en 1943 et qui réussit à s’enfuir en 1945 après la chute du IIIe Reich. « Der Untergang » est au départ l’oeuvre du producteur Bernd Eichinger, qui voulait faire de ce film une production cinématographique 100% allemande, avec des moyens allemands, des techniciens allemands et des acteurs allemands. Adapté des livres « Les Derniers jours de Hitler » de Joachim Fest et de « Jusqu’à la dernière heure : la dernière secrétaire d’Hitler » de Traudl Junge, « Der Untergang » n’est certes pas le premier film à évoquer la fin d’Adolf Hitler au cinéma (on se souvient de « Hitler : the Last Ten Days » d’Ennio De Concini sorti en 1973 avec Alec Guinness, ou de « The Bunker » de George Schaefer avec Antony Hopkins), mais en revanche, c’est la première fois qu’un réalisateur se voit donner des moyens aussi importants pour réaliser de façon ambitieuse et solidement documentée une reconstitution des derniers jours d’Hitler dans son bunker en 1945. Bruno Ganz est totalement stupéfiant dans la peau du Führer, la ressemblance étant aussi troublante qu’inquiétante : Ganz ira même jusqu’à imiter l’accent allemand et la diction d’Hitler dans le film, un travail de longue haleine que l’acteur mena à l’aide d’archives audio et d’enregistrements sonores du Führer. Avec un casting 100% allemand (on retrouve quelques têtes connues comme Christian Berkel vu récemment dans le « Valkyrie » de Bryan Singer, ou Thomas Kretschmann, acteur récurrent dans certains blockbusters hollywoodiens actuels, et qui joue aussi dans « Valkyrie ») et une mise en scène immersive à la limite du documentaire, le film d’Oliver Hirschbiegel est une plongée impressionnante dans l’univers claustrophobique et déshumanisé d’un bunker symbolisant la folie et les obsessions d’un Hitler sur le déclin, prêt à entraîner l’Allemagne toute entière dans sa chute et sa folie.
Avec un travail minutieux de reconstitution et une volonté délibérée de coller au plus près à l’Histoire, « Der Untergang » n’a laissé personne indifférent à sa sortie en 2004, suscitant une très vive polémique et de nombreuses critiques qui ont reproché au film d’être trop conciliant envers Hitler, ou de montrer le Führer sous un angle trop humain, tout en reléguant au second plan ses crimes contre l’humanité. En réalité, l’objectif du film était de montrer Hitler non pas comme le monstre que l’on nous montre régulièrement dans les médias mais comme un être humain – ce qu’il était réellement - capable de ressentir des émotions et de souffrir. D’autre part, « Der Untergang » n’a jamais eu la prétention d’être un documentaire historique et encore moins une reconstitution de toute l’histoire du IIIe Reich et des crimes commis par le régime nazi. Le film s’arrête à un moment donné sur une période bien précise, et se centre autour d’Hitler et de ses proches. En décidant d’humaniser volontairement Hitler, Oliver Hirschbiegel rend ses crimes encore plus insoutenables, surtout lorsque le cinéaste évoque le quotidien d’Hitler avec sa chienne Blondi, son épouse Eva Braun ou la famille de Goebbels. Le film s’autorise quelques libertés avec l’Histoire en présentant certains personnages de l’entourage d’Hitler d’une façon souvent peu conforme à la réalité (on a ainsi beaucoup reproché au film de montrer le Dr. Ernst-Günther Schenck comme un médecin valeureux et consciencieux alors qu’il fut en réalité condamné des années plus tard à Munich pour avoir traité de nombreux êtres humains comme des animaux de laboratoire). Même encore aujourd’hui, le film continue de susciter la controverse et les débats acharnés entre historiens qui n’ont de cesse de se contredire sur plus d’un point. Difficile de répondre à la question « fallait-il faire un film dans lequel Hitler est montré sous un angle humain ? », car la réponse appartient à chacun. Mais quoi que l’on puisse en penser, « Der Untergang » est incontestablement une réussite majeure du cinéma allemand, un thriller impressionnant et bouleversant sur la fin d’une époque et d’un monde qui s’écroule, avec une séquence d’anthologie, la scène où Hitler réalise que la guerre est perdue et explose de colère devant ses officiers d’état-major, scène qui a été parodiée un nombre incalculable de fois sur internet et dans les médias depuis 2006. La partition orchestrale du compositeur allemand Stephan Zacharias reste à ce jour l’oeuvre la plus connue du musicien, qui signa quelques musiques de films à la fin des années 90 avec entre autre « Frau Rettich, Die Czerni und Ich » (1998), « Late Show » (1999) ou bien encore « Der Grosse Bagarozy » (1999), sans oublier quelques musiques de téléfilms allemands comme « Vera Brühne » en 2001 ou « Wer Liebt, Hat Recht » en 2002. Pour « Der Untergang », Stephan Zacharias se devait d’illustrer l’ampleur tragique et humaine du film d’Oliver Hirschbiegel sans jamais en faire de trop. Adoptant une approche symphonique assez classique d’esprit, le compositeur reste à échelle humaine dans sa partition, comme le confirme l’ouverture, « Des Führers Sekretärin », où il évoque les souvenirs de l’ancienne secrétaire d’Hitler avec des notes hésitantes de piano et des tenues de cordes plaintives. La musique prend alors une tournure plus élégiaque, avec des cordes mélancoliques et dramatiques au classicisme d’écriture évident. Zacharias en profite alors pour dévoiler son thème principal tragique constitué de notes descendantes de cordes, une sorte d’adagio dramatique typique de l’atmosphère sombre du film d’Oliver Hirschbiegel. Dans « Prof. Schenck Hält Die Stellung », le thème dramatique est repris et suggère cette fois-ci la sensation d’isolement quasi claustrophobique dans le bunker avec l’apport d’éléments synthétiques prenant l’apparence d’un cliquetis mécanique d’une montre ou d’une pendule (symbolisant l’idée du compte à rebours inexorable vers la chute du 3ème Reich). Dans « General Weidling Macht Meldung », Zacharias peine à cacher une influence musicale plus qu’évidente, celle du fameux thème tragique du « Journey to the Line » tiré du score de « Thin Red Line » de Hans Zimmer (1999), qui semble avoir manifestement inspiré le compositeur pour « Der Untergang », devenu un incontournable dans le registre des musiques élégiaques pour les films de guerre des années 2000. Néanmoins, si l’approche dramatique émotionnelle de Stephan Zacharias domine l’essentiel du score, certains passages s’avèrent être plus intimes et doux, comme « Im Hof Der Reichskanzlei », avec son piano solitaire évoquant une nocturne rêveuse et doucement mélancolique façon Frédéric Chopin : c’est l’occasion pour Zacharias de rappeler les origines classiques évidentes de sa composition. Dans « Eva Brauns Letzter Brief », Zacharias utilise le célèbre lamento « When I am laid in earth » pour la mort de Didon tiré du final de l’Acte III de l’opéra baroque « Didon et Enée » d’Henry Purcell écrit en 1689. Zacharias nous propose ici un arrangement de cette élégie tragique et bouleversante pour l’orchestre à cordes, un adagio dramatique qui intervient à plusieurs reprises dans le film pour suggérer l’idée de la mort, de la chute inexorable d’une époque, d’un empire, d’une nation, le tout avec une retenue bouleversante et une émotion véhiculée par la fameuse basse obstinée chromatique et descendante de la pièce de Purcell. L’adagio de cordes tragique inspiré de « Thin Red Line » est repris dans « Peter im Nebel », et a toujours autant de mal à cacher son emprunt ultra flagrant à Hans Zimmer (quasi note pour note !). Le sinistre « Gute Nacht, Kinder » évoque de son côté la scène où la mère tue ses enfants dans leur sommeil. Le compositeur accentue ici l’horreur de la situation avec contrebasses sombres, synthétiseurs macabres et contrebasson menaçant joué dans le surgrave. De la même façon, « Die Giftkapseln » évoque l’idée de la mort avec son lot de nappes sonores électroniques obscures, de cordes sombres et de cloches funèbres. Ici aussi, on regrettera un emprunt trop évident à un autre passage de la partition de « Thin Red Line » de Zimmer, qui semble avoir été choisie comme principal temp-track sur la musique de « Der Untergang ». Zacharias imite bien souvent cette partition à la lettre, sans jamais essayer de dissimuler les ressemblances, à tel point que l’ensemble finit par paraître clairement impersonnel et paresseux dans l’approche. Une bonne idée néanmoins : « Die Giftkapseln » évolue lentement de sa tonalité morbide pour se conclure sur un accord de Mi bémol majeur salvateur. Hélas, Zacharias continue de copier « Thin Red Line » dans « Der Krieg Ist Aus », où il va même jusqu’à imiter les sons répétés de « Journey to the Line » de Zimmer. On retrouve l’atmosphère tragique et élégiaque aux cordes dans « Exodus », alors que certains officiers commencent à quitter le bunker, tout comme les mélancoliques « Verloren im Stillstand » et « Hoffnung am Ende der Welt », qui suggèrent l’inexorabilité de la chute d’Hitler et de son empire. Le film se conclut de façon élégiaque avec « Späte Einsicht », partagé entre cordes, bois, piano et roulements funèbres des timbales. Au final, le score de Stephan Zacharias reste assez prévisible et fonctionne parfaitement à l’écran, bien que n’apportant aucune surprise ni originalité particulière (si ce n’est l’utilisation réussie de la pièce de Purcell). Le problème, c’est que le compositeur s’inspire trop fréquemment ici du « Thin Red Line » d’Hans Zimmer (probablement à la demande des producteurs du film) et met tout en oeuvre pour se rapprocher au plus près du fameux « Journey to the Line ». L’emprunt aurait pu fonctionner beaucoup mieux sir Zacharias avait au moins fait l’effort de dissimuler ses emprunts dans une approche musicale plus personnelle (par exemple en jouant davantage sur les orchestrations, les tempi, etc.). Le résultat, indéniablement évocateur et intense à l’écran, n’en demeure pas moins plutôt décevant en écoute isolée, surtout en raison du caractère monotone et ultra prévisible du score de « Der Untergang » : pour les amateurs de musiques élégiaques et sinistres uniquement ! ---Quentin Billard |