1-Get Up 3.38*
2-Bandits 1.18
3-High Speed Air Chase 1.56
4-The Gorge 4.32
5-Cecil's Lament 3.00
6-Flying to Zambezia 3.06
7-Say Hello to Zambezia 2.30**
8-Zambezia Theme Variations 1.18
9-Hurricane Trials 2.36
10-Lizards on Zambezia 2.40
11-Fight on the Bridge 3.04
12-Budzo's End 1.12
13-Out of Mist 3.19***
14-Easy Easy 2.10+

*Interprété par Zolani Mahola
**Interprété par Gang of Instrumentals
***Interprété par Ludovic Mampuya
+Interprété par Gang of Instrumentals
et John Sauti.

Musique  composée par:

Bruce Retief

Editeur:

Triggerfish Music Download only

Production musicale:
Keith Davies
Programmation MIDI:
J.B. Arthur
Parties vocales produites par:
J.B. Arthur
Arrangements vocaux et interprétations:
Zwai Bala
Parties vocales produites par:
Zwai Bala
Composition additionnelle de:
Zwai Bala, J.B. Arthur,
Mark Dickson

Mix musique:
J.B. Arthur, Keith Davies,
David Langemann

Préparation musique:
Frank Macchia, Aaron Meyer,
Booker White

Vocalises additionnelles:
Lihle Ngongoma, Terence Nojila,
Zanele Mbizo

Monteur musique:
Mark Willsher
Assistant montage:
Daniel Johannes Meyer
Enregistrement percussions:
Gerhard Roux
Enregistrement orchestre:
Dennis S. Sands
Orchestrateur:
Carl Rydlund, J.B. Arthur,
Keith Davies, Andrew Hoole,
Mark Dickson

Artwork and pictures (c) 2012 Triggerfish Animation Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
ADVENTURES IN ZAMBEZIA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Retief
« Zambezia » est un film d’animation entièrement réalisé par le jeune studio sud-africain Triggerfish Animation Studios, qui signe là son tout premier film sorti en 2012, et récompensé par le prix du meilleur film sud-africain au festival international du film de Durban. Entièrement réalisé en 3D dans l’optique de concurrencer les productions d’animation américaines actuelles, « Zambezia » nous permet de suivre les aventures de Kai, un jeune faucon qui s’ennuie dans son quotidien terne où il vit dans un avant-poste paisible et mène une existence austère avec son père Tendai. Ce dernier lui a toujours interdit de se rendre au-delà des frontières du Katungu, mais Kai sait qu’il existe un monde au-delà de ces frontières, qu’il rêve d’explorer et de découvrir. Un jour, Kai croise par mégarde la route de deux oiseaux venus d’ailleurs, Gogo, le jabiru femelle et sa copilote Tini, un tisserin femelle. Les deux oiseaux évoquent alors Zambezia, une grande ville pour oiseaux qui se trouve près des chutes Victoria du fleuve Zambèze. Suite à une dispute avec son père, Kai découvre que son père connaissait Zambezia mais ne lui en avait jamais parlé, une découverte qui révolte le jeune faucon et l’incite à quitter son foyer pour suivre le cours du fleuve et atteindre enfin Zambezia. A son arrivée, Kai découvre une grande ville située dans un immense baobab perché au dessus des rives des chutes Victoria. Les oiseaux sont en plein préparatif de la fête du printemps. Accompagné de l’engoulevent Eeze qui lui sert de guide et lui fait découvrir la ville, Kai fait la rencontre des oiseaux de la patrouille des Ouragans, les protecteurs secouristes formés pour protéger les habitants de Zambezia, une patrouille qu’il rêve à son tour de rejoindre. Il fait aussi la connaissance de Zoe, une jeune milan femelle qui se trouve être la fille de Sekhuru, l’influent fondateur de Zambezia. Après s’être fait remarquer en mal, Kai finit par rejoindre la patrouille des Ouragans et fait preuve d’un talent incontestable en volant dans les airs de façon majestueuse. Pendant ce temps, les sinistres marabouts complotent dans l’ombre pour s’emparer des réserves de la cité, et s’allient avec Budzo, un gigantesque varan sournois qui organise avec les marabouts un plan visant à prendre le pouvoir à Zambezia. Après que Budzo ait finalement réussi à capturer Tendai et de nombreux tisserins de la ville, Kai se lance dans l’aventure et décide de contre-attaquer afin de sauver son père et la ville toute entière. « Zambezia » s’impose donc comme un film d’animation extrêmement sympathique, avec ses personnages attachants et son rythme très soutenu. Visuellement, l’animation reste satisfaisante pour un premier film d’un studio sud-africain. L’utilisation la 3D est très réussie, et le scénario ménage son lot de surprises et de grandes scènes d’aventure qui raviront les petits comme les grands. A l’instar du « Legend of the Guardians : The Owls of Ga’Hoole » de Zack Snyder (2010), « Zambezia » suit les péripéties d’un groupe d’oiseaux divers (faucons, tisserins, engoulevent, etc.) dans une grande aventure teintée de dangers, de mystères, d’humour et de tendresse, un film d’animation rafraîchissant et entraînant, sans prétention : une très jolie surprise !

La musique de « Zambezia » est l’oeuvre de Bruce Retief, compositeur et orchestrateur sud-africain originaire de Cape Town, qui débuta sa carrière en composant les musiques de documentaires TV pour Discovery Channel et National Geographic. Enregistrée en 2011 avec le Hollywood Studio Symphony, la partition de « Zambezia » s’impose d’emblée par la richesse surprenante de ses orchestrations et les qualités indéniables de l’écriture orchestrale de Bruce Retief, éminemment classique d’esprit. Dès les premières minutes du score dans « Bandits », le score de « Zambezia » impose sa tonalité orchestrale classique, vive et colorée, à l’aide de petites percussions, d’orchestrations riches et soignées (à noter le mixage particulier de l’orchestre, un peu compact, avec une réverbération très légère et qui semble avoir été enregistré d’un bloc, en live). L’aventure est déjà au rendez-vous avec « Bandits ». Mais c’est avec « High Speed Air Chase » que les choses prennent une tournure plus intéressante : Bruce Retief fait appel ici à un ensemble instrumental/vocal évoquant les rythmes sud-africains à l’aide de tambours, choeurs africains, percussions diverses, marimba et penny whistle accompagnant une première scène d’envol aérien vers le début du film. Retief évoque clairement les sonorités sud-africaines avec une authenticité évidente qui l’éloigne des musiques pseudo ethniques que l’on entend trop souvent à Hollywood. Mieux encore, le score de « Zambezia » contient un thème absolument magnifique et mémorable que l’on découvre dans « The Gorge », pour la découverte de la gorge des chutes Victoria. Le thème est confié ici à une flûte, des cors, des cordes, un piano et les vocalises ethniques de la chanteuse sud-africaine Terence Nojila et de la chorale, un morceau de toute beauté qui risque fort d’en remuer plus d’un, et aussi un hymne bouleversant à la beauté de l’Afrique, qui va bien au delà du simple cadre des images d’un film. Pendant plus de 4 minutes, Bruce Retief parvient à développer ce thème porté par les voix éthérées qui symbolisent toute une culture et un continent tout entier dans toute sa splendeur, thème associé à Zambezia dans le film et symbolisant l’espoir qu’incarne la cité pour les oiseaux africains. Dans « Cecil’s Lament », la musique devient plus colorée et espiègle avec le recours habituel au mickey-mousing (bois sautillants, xylophones, etc.) propre aux musiques habituelles de dessin animé. Dommage qu’ici aussi l’enregistrement très sec de l’orchestre gâche un peu le son des instruments, qui manquent cruellement d’ampleur, de conviction.

« Flying to Zambezia » reprend le thème magnifique de Zambezia pour l’arrivée de Kai à l’immense cité des oiseaux. L’envolée chorale/orchestrale du thème prend ici une tournure résolument grandiose, notamment grâce aux paroles du choeur sud-africain et des vocalises ethniques de toute beauté, l’occasion pour Bruce Retief d’évoquer ses propres origines et la culture musicale de son pays. La musique apporte un éclairage émotionne saisissant lors de la découverte de Zambezia dans le film, avec ce sentiment incroyable d’espoir fédérateur et de noblesse d’âme apporté par la mélodie principale du score et les diverses vocalises africaines, nuancées et variées. Visiblement conscient d’avoir écrit un thème de qualité qui risque à coup sûr de marquer durablement l’esprit des auditeurs, Bruce Retief s’autorise même des variations autour de sa mélodie dans « Zambezia Theme Variations », partagée entre les bois (flûte, hautbois), les cuivres et les cordes, une série de variations malheureusement un peu trop courtes (à peine 1 minutes 18), que l’on aurait aimé entendre de façon plus conséquente. L’action domine pour la scène du vol aérien avec la patrouille des Ouragans dans « Hurricane Trials ». L’orchestre est ici largement sollicité, entre cordes et cuivres, sur fond de percussions ethniques et de choeur africain magistral. La menace gronde dans l’attaque du varan et de ses sbires dans « Lizards on Zambezia », morceau d’action massif et énergique largement dominé par les cuivres et les percussions (timbales, cymbales). Dans le même ordre d’idée, « Fight on the Bridge » illustre la confrontation finale sur le pont à grand renfort de cuivres guerriers imposants associés aux sinistres lézards qui attaquent la cité des oiseaux. Le morceau contient aussi de magnifiques passages d’espoir plus solennels, notamment entre 1:07 et 1:28, où le thème est repris de façon poignante et fédératrice aux cordes, ou à 2:13, où il se transforme en hymne héroïque et solennel qui représente l’union des oiseaux pour sauver leur cité toute entière. L’affrontement final contre Budzo (« Budzo’s End ») permet à Retief de nous offrir un ultime morceau d’action accompagné de choeurs africains qui prennent ici une proportion plus guerrière et épique.

La bande originale de « Zambezia » est aussi constituée de quelques chansons de groupes sud-africains du moment, à commencer par Gang of Instrumentals, groupe de hip hop urbain originaire de Johannesburg et spécialisé dans les mélanges des genres musicaux (pop, rock, kwaito, house, reggae, rap, R&B, etc.), qui interprètent deux chansons du film, « Easy Easy » et l’excellent « Say Hello to Zambezia », sans oublier la chanson « Out of Mist » interprétée par Ludovic Mampuya, ou la chanson d’ouverture « Get Up » de Zolani Mahola. Le score de « Zambezia » reste donc une belle réussite pour Bruce Retief, qui signe une première oeuvre d’une qualité remarquable, malheureusement gâchée par un mixage sec et réverbération approximative, qui aurait pourtant permis d’étoffer et d’amplifier davantage le son de l’orchestre, qui sonne ici de façon creuse et sans grand relief. Ce problème technique mis à part, le score de « Zambezia » reste très convaincant et possède l’un des plus beaux thèmes musicaux que l’on ait pu entendre depuis bien longtemps pour un film d’animation moderne, un score idéal pour découvrir et se familiariser avec l’oeuvre de Bruce Retief, compositeur sud-africain encore peu connu dans nos contrées mais qui, s’il parvient à se dégoter des projets plus ambitieux et convaincants, devrait réussir à se faire rapidement un nom dans le monde très fermé de la musique de film : c’est en tout cas tout le bien qu’on lui souhaite !





---Quentin Billard