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1-End Title's 3.16
2-Main Title 2.33 3-First Encounter With Otto 0.27 4-Robbery 2.25 5-George Arrested 1.12 6-Empty Safe 0.46 7-Wanda Meets Archie 0.36 8-Otto Jealousy 0.40 9-Sword Ballet 0.50 10-Humping 2.07 11-Wanda Visits Archie At Home 2.14 12-Assasination (1) 0.20 13-Choir Boy's 0.24 14-Wanda Meets Archie At Flat (1) 1.12 15-Assasination (2) 0.40 16-Wanda Meets Archie At Flat (2) 1.40 17-Assasination (3) 0.53 18-Ken's Sadness 0.44 19-Chase (1) 1.32 20-Chase (2) 2.36 21-A Fish Called Wanda Suite 14.55 Musique composée par: John Du Prez Editeur: Milan Records CD CH 376 Album conçu et réalisé par: Emmanuel Chamboredon Guitariste soliste: John Williams Orchestre conduit par: John Du Prez Leader: Jack Rosthstein Producteur exécutif: Ron Eyre -Soundscreen Ltd. Musique produite par: John Du Prez, Andre Jacquemin (c) 1988 Metro-Goldwyn-Mayer/Prominent Features/Star Partners Limited Partnership. All rights reserved. Note: **** |
A FISH CALLED WANDA
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Du Prez
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« A Fish Called Wanda » (Un poisson nommé Wanda) est un film culte dans l’univers de la comédie britannique, tourné en 1988 par Charles Crichton (c’est le dernier film de sa carrière). Le film met en scène un groupe de malfaiteurs londoniens ayant organisé un vol de diamants dirigé par George Thomason (Tom Georgeson) et ses associés : son principal bras droit et bègue Ken Pile (Michael Palin), fervent défenseur des animaux, ainsi que deux américains : Wanda Gershwitz (Jamie Lee Curtis), une jeune femme sculpturale et sexy qui joue régulièrement de ses charmes et manipule les hommes pour arriver à ses fins, et son amant, un tueur psychopathe stupide nommé Otto West (Kevin Kline), qui déteste les anglais et se prend pour un intellectuel en faisant croire qu’il lit Nietzsche. Wanda et Otto cachent leur relation en faisant croire aux autres qu’ils sont frère et soeur. Après que le braquage des diamants se soit déroulé sans accroc, George est aperçu par une vieille femme, Eileen Coady (Patricia Hayes), qu’il manque d’écraser avec sa voiture, tandis qu’il part cacher le butin dans une planque avant d’être trahi par Wanda et Otto qui décident de le dénoncer à la police. Préparant leur évasion avec les diamants, Wanda et Otto découvrent avec stupeur que George a eu le temps de cacher le butin ailleurs. Wanda rend alors visite à George en prison, qui suspecte Otto de la trahison sans en être réellement sûr. Peu de temps après, George remet à Ken une mystérieuse clé pour pouvoir ouvrir un coffre qui contiendrait le précieux butin. De retour chez lui, Ken cache la clé dans son aquarium, ce que Wanda ne tarde pas à découvrir très vite : cette dernier s’empare alors de la clé et décide de la cacher dans son médaillon qu’elle porte autour du cou. Otto tente alors de faire parler Ken par divers stratagèmes ridicules, mais en vain. Quand à Wanda, elle décide de rencontrer Archibald Leach (John Cleese), l’avocat de George, et décide de le séduire pour en savoir davantage au sujet de George et de l’endroit où il aurait caché son butin. Tous ces personnages vont donc se retrouver englués dans des situations invraisemblables et délirantes pour tenter de retrouver les précieux diamants cachés quelque part.
Grand succès de l’année 1988, « A Fish Called Wanda » est aussi un sommet de la comédie british, interprétée par deux Monty Python, John Cleese et Michael Palin, entouré de quelques stars U.S. – Kevin Kline, Jamie Lee Curtis – Récompensé par l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Kevin Kline en 1989 et nominé aux Oscars dans la catégorie meilleur réalisateur et meilleur scénario orignal, « A Fish Called Wanda » est une réussite absolue du genre, un film incroyablement drôle de bout en bout, avec un humour noir ravageur, des situations rocambolesques et des répliques cultes. Pour l’anecdote, le film de Charles Crichton est tellement drôle qu’il aurait provoqué le décès d’un spectateur danois en 1989 qui serait mort de rire en regardant le film, suite à un arrêt cardiaque alors que son coeur aurait battu entre 250 et 500 coups à la minute. Régulièrement considéré par les critiques comme l’une des comédies anglaises les plus drôles de tous les temps, « A Fish Called Wanda » est un pur festival d’humour ravageur : entre le comique de répétition cartoonesque (Ken qui tente de tuer la vieille dame et échoue lamentablement à chaque fois), les gags à gogo et l’absurdité comique façon Monty Python, l’ingéniosité d’Otto en intello crétin machiste et bourré de préjugés (cf. ses blagues farouches sur les anglais), sans oublier les situations invraisemblables dans lesquelles réussit à s’embourber Archibald, avocat naïf amoureux de la belle Wanda (et qui ne se soucie pas un seul instant du fait qu’il se fait manipuler par la diablesse sexy), le film de Charles Crichton est un pur régal pour tout amateur de comédie loufoque, avec quelques scènes d’anthologie pure – séquence ahurissante où Otto torture Ken en le forçant à le regarder dévorer tout cru ses poissons dans son aquarium, ou la scène durant laquelle Otto se fait passer pour un homosexuel et tente de draguer Ken – En bref, avec des dialogues incisifs, des situations hallucinantes et une interprétation magistrale, « A Fish Called Wanda » reste un grand moment de cinéma des années 80, qui donnera même lieu à une fausse suite tournée en 1997 par Fred Schepisi et Robert Young, « Fierce Creatures », reprenant une partie du casting initial de « A Fish Called Wanda » dans une toute nouvelle histoire. Le film de Charles Crichton a aussi connu un certain succès grâce à l’excellente musique du compositeur anglais John Du Prez, ancien collaborateur et ami d’Eric Idle chez les Monty Python qui n’en était pas à son premier coup d’essai en 1988 puisqu’il avait déjà signé les musiques de plusieurs films britanniques du début des années 80, avec entre autre « Monty Python’s The Meaning of Life » en 1983, « Oxford Blues » (1984), « A Private Function » (1984), « Once Bitten » (1985) ou « Personal Services » (1987). Pour « A Fish Called Wanda », John Du Prez signe probablement sa musique de film la plus réputée et la plus appréciée des connaisseurs, une partition qui épouse l’humour absurde du film et joue sur les ambiances et les styles avec un sens constant de la dérision. John Du Prez utilise pour les besoins du film l’orchestre symphonique traditionnel qu’il accompagne d’une formation pop/rock avec synthétiseurs qui apportent un charme très ‘eighties’ à sa partition (un style que le compositeur développera plus particulièrement dans la trilogie « Teenage Mutant Ninja Turtles » au début des années 90), n’hésitant pas à verser à quelques reprises dans un humour musical très british, et notamment lors de la scène où Otto s’entraîne au maniement du sabre dans « Sword Ballet », pastiche de musique classique anglaise que l’on retrouve aussi dans l’énorme « Humping », pour la scène de sexe bestial entre Otto et Wanda. L’humour est à son comble ici, avec un autre pastiche plus héroïque de musique symphonique anglaise, et notamment celles d’Edward Elgar, Ron Goodwin ou de Sir William Walton. « Humping » est non seulement un grand moment de musique dans la partition de John Du Prez, mais aussi un moment d’anthologie cinématographique pure, accompagnant un montage parallèle entre la scène ‘hot’ d’Otto et Wanda, et la vie de couple ennuyeuse et morose d’Archibald. La musique, écrite au départ comme de la source music (elle est diffusée sur la radio qu’écoute Otto dans la scène), prend rapidement un caractère illustratif en jouant sur le statut in / out de la musique à l’écran, avec un crescendo triomphant à la manière du final d’une grande symphonie classique, débouchant non sans humour sur un accord de ré bémol majeur majestueux durant le fameux orgasme d’Otto. Niveau thématique, le score de « A Fish Called Wanda » repose essentiellement sur un thème romantique pour Wanda et Archie dans le film, thème nostalgique et touchant entendu dès le « Main Title » à 1:19 et brillamment interprété par la guitare de John Williams, célèbre guitariste australien que John Du Prez utilise tout au long du film. Le « Main Title » nous permet aussi d’entendre le thème du braquage, un thème d’action faisant intervenir un ensemble rock avec batterie, basse, guitare électrique et orchestre. Le thème, confié à des cordes rapides et des cuivres incisifs sur un rythme nerveux de la section rythmique (agrémentée de bongos), s’inscrit dans un style ‘action’ plus incisif et agité particulièrement réussi. Quand au thème romantique, il est repris pour le générique de fin dans le « End Title’s », arrangé ici pour une section de saxophones/cuivres jazzy et la formation pop/rock (avec sa boîte à rythme très années 80). L’arrangement pop/rock du thème fait clairement penser ici à la variété américaine des années 80, qui séduira à coup sûr les nostalgiques de cette époque, un arrangement très soigné qui nous permet d’entendre les multiples facettes du style musical de John Du Prez, décidément à l’aise dans tous les styles. Du Prez utilise d’ailleurs régulièrement ce style rock tout au long du score, comme pour la première scène avec le personnage de Kevin Kline dans le fun mais très bref « First Encounter With Otto ». La scène du braquage débouche bien évidemment sur une reprise du thème action et sa batterie rapide et nerveuse (« Robbery »), un morceau d’action particulièrement énergique, rythmé et entraînant. A noter qu’en plus du thème du braquage, « Robbery » introduit aussi une idée thématique, le motif du suspense à 1:25, que l’on reconnaît grâce à sa série de notes répétées à la harpe. Ce motif plus sombre sera particulièrement utilisé durant les scènes où Ken tente d’assassiner la vieille femme, devenue témoin gênant. Le motif est pleinement développé, toujours à la harpe, au début de « George Arrested » et durant la dernière scène de tentative d’assassinat ratée de Ken dans « Assasination Pt. 3 ». Quand au thème du braquage, il est entendu dans les deux autres scènes de tentative de meurtre de Ken, « Assasination Pt. 1 » et « Assasination Pt. 2 ». Le même thème revient aussi dans « Chase, Pt. 1 » et « Chase, Pt. 2 » pour la poursuite finale à l’aéroport, durant lequel le guitariste John Williams s’en donne à coeur joie (dans la partie 1) avec un jeu particulièrement rapide et virtuose. Enfin, le score de « A Fish Called Wanda » contient aussi son lot de passages romantiques émouvants, comme pour la rencontre entre Wanda et Archie (« Wanda Meets Archie ») ou le très beau « Wanda Visits Archie at Home », porté par le jeu délicat et suave de la guitare soliste, sans aucun doute l’un des plus beaux passages romantiques du score de John Du Prez. Même chose pour les agréables et touchants « Wanda Meets Archie at Flat », ainsi que le mélancolique « Ken’s Sadness » qui décrit la tristesse de Ken suite à la mort involontaires des chiens de la vieille dame, mélancolie portée ici par un hautbois soliste délicat et poignant. On n’oubliera pas non plus d’oublier le bref « Choir Boy’s » interprété par un choeur d’enfants sur le texte religieux du « Miserere » latin, durant la scène des funérailles des chiens (un autre moment de grande dérision dans la musique et le film !). Enfin, pour les besoins de l’album, John Du Prez nous propose une suite de plus de 14 minutes résumant les principales idées de sa musique sur « A Fish Called Wanda », qu’il s’agisse du magnifique Love Theme, de l’orgasme opératique/classique d’Otto, du thème d’action pour le braquage ou de la reprise pop/rock du thème romantique pour le End Credits. Au final, on ressort littéralement conquis par l’écoute de « A Fish Called Wanda », sans aucun doute l’un des meilleurs travaux de John Du Prez pour le cinéma, un score de très grande qualité, riche, exubérant, rafraîchissant et incroyablement entraînant, aussi bien dans le film que sur l’album. Le compositeur britannique répond à merveille à l’humour extravagant du film de Charles Crichton en proposant ses propres idées mélodiques/harmoniques/instrumentales pour les besoins de l’histoire, à tel point que sa musique finit par devenir un personnage à part entière dans le scénario, et plus particulièrement durant l’hilarante scène de sexe du somptueux « Humping », pastiche de musique classique british d’une qualité incroyable pour une comédie de ce genre. Les musiques de comédie représentent souvent une véritable gageure pour les compositeurs du cinéma, un exercice bien souvent difficile et très contraignant, dans lequel il est particulièrement ardu de réussir à trouver le ton juste et l’équilibre dans les émotions. C’est pourtant ce qu’a parfaitement réussi à faire John Du Prez sur « A Fish Called Wanda », si bien que son score est un pur régal de A à Z, une musique extrêmement agréable et très attachante, à savourer sans modération, tout comme le film lui-même ! ---Quentin Billard |