1-The Chapel (Theme from
"The Last Exorcism: Part II") 1.54
2-Flashback 2.28
3-Something's In The House 2.32
4-No Nightmares 1.08
5-Seeing A Ghost 1.36
6-Crucifix 2.14
7-Seizure 2.36
8-Darkness Gone 3.16
9-Parade Dream 2.46
10-Weightless 4.22
11-Echo 2.54
12-Carnal Urges 1.38
13-First Kiss 1.48
14-It's Not Chris! 1.38
15-Downstairs 1.48
16-That's Not Me! 2.33
17-The Lion's Jaw 2.12
18-Great Plans For You 2.39
19-The Real Gift 3.34
20-The Demon Loves You 4.04
21-The Devil's Rule 3.34
22-Salt on the Floor 3.55
23-The Ritual 3.40
24-After the Seance
(Theme Reprise) 0.46

Musique  composée par:

Michael Wandmacher

Editeur:

Screamworks Records SWR13002

Album produit par:
Michael Wandmacher,
Mikael Carlsson

Mixage musique:
Gustavo Borner
Assistant mixage:
Serge Courtois
Monteur musique:
Christopher M. Foster
Mixage score:
Justin Moshkevich

(c) 2013 StudioCanal/Strike Entertainment/Arcade Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE LAST EXORCISM : PART II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Wandmacher
Hollywood reste toujours à l’affût des modes éphémères et des films à succès. Sorti en 2010 et produit par Eli Roth, « The Last Exorcism » surfait sur la vague du film de found footage, genre cinématographique dans lequel on présente des images tournées à partir de caméras sous la forme de film/documentaire amateur – le « Cannibal Holocaust » de Ruggero Deodato reste un précurseur du genre – Ce genre était quelque peu tombé en désuétude dans les années 90 avant de revenir au goût du jour avec le succès monumental du « Blair Witch Project » (1999) de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. Depuis, quelques classiques du genre ont fait leur petit effet au cinéma – « Cloverfield », « REC », « Paranormal Activity », « Diary of the Dead » - toujours dans le domaine de l’horreur ou de l’épouvante surnaturelle. Concernant « The Last Exorcism », le film tente d’exploiter le genre du film d’exorcisme et du found footage sans grande envergure, avec tous les codes et les clichés du genre respectés à la lettre. « The Last Exorcism : Part II » est finalement sorti en 2013, tourné par Ed Gass-Donnelly et toujours produit par Eli Roth. On retrouve dans cette suite le personnage de Nell Sweetzer (Ashley Bell), la jeune fille de 17 ans exorcisée dans le premier film et qui pensait avoir échappée pour de bon à ses démons. Traumatisée par cette terrible expérience, Nell tente de reprendre goût à la vie et part se ressourcer dans une maison de thérapie à la Nouvelle-Orléans. Progressivement, la jeune fille finit par reprendre confiance en elle et s’ouvre aux autres. Malheureusement, elle ressent à nouveau la présence du démon Abalam qui tenta de s’emparer d’elle dans le premier film : Nell est convaincue que le démon cherche à tout prix à posséder de nouveau son corps et commence à assister à des événements effrayants et des cauchemars terrifiants. Avec un scénario rachitique et une mise en scène soporifique, « The Last Exorcism : Part II » est une déception évidente : filmé de façon impersonnelle et sans aucune inspiration, le film d’Ed Gass-Donnelly est d’une lenteur ahurissante et provoque un profond ennui, car malgré une durée modeste (87 minutes), le long-métrage semble interminable, avec des personnages secondaires sans intérêt, des acteurs peu convaincants qui n’y croient pas une seconde, un manque évident de moyens et un scénario que l’on croirait repiqué du « Exorcism » de William Friedkin ou du « The Exorcism of Emily Rose » de Scott Derrickson. Pire encore, « The Last Exorcism : Part II » abandonne le registre du found footage et opte pour une approche cinématographique classique et traditionnelle, ce qui rompt complètement avec l’ambiance plus réaliste et immersive du premier film. Résultat des courses : un bon gros nanar réalisé à la va-vite avec peu de moyens, ennuyeux au possible, boursouflé de clichés et sans aucun intérêt particulier !

Après un premier score signé Nathan Barr, c’est au tour du compositeur Michael Wandmacher de signer la musique de « The Last Exorcism : Part II ». Rappelons que Wandmacher est un spécialiste des musiques d’épouvante, puisqu’on lui doit entre autre les scores de « Cry Wolf », « My Bloody Valentine 3-D » ou « Piranha 3D ». Pour « The Last Exorcism : Part II », Michael Wandmacher respecte toutes les formules du genre en optant pour un mélange d’orchestre et de samples électroniques pour un résultat plutôt abstrait et expérimental, à base de piano, cordes brumeuses, sons difformes et nappes synthétiques macabres. A la première écoute, difficile d’être particulièrement impressionné par le résultat final : le score de « The Last Exorcism : Part II » ressemble à tout ce qui a déjà été fait dans le genre : on pense au Chris Young de « Exorcism of Emily Rose », à Marco Beltrami, à Nathan Barr ou même Tyler Bates, etc. Le score de Michael Wandmacher repose en grande partie sur un thème principal confié à quelques notes de piano vaporeuses, motif mélancolique et fragile associé dans le film à Nell Sweetzer. Ce thème de piano est dévoilé dans « The Chapel » dès le début du film puis dans « Flashback ». Wandmacher enrobe son thème de sonorités stridentes et difformes à base de voix féminines modifiées et samplées, avec son lot de chuchotements et de nappes sonores fantomatiques. Le compositeur cerne parfaitement l’atmosphère occulte du film dans sa musique, expérimentant autour de sonorités électroniques/vocales abstraites et de parties orchestrales modifiées par traitement audio. Film d’exorcisme oblige, Wandmacher doit se plier aux exigences habituelles du genre en y incluant le lot habituel de sursauts macabres et d’atmosphères sonores démoniaques, en utilisant les techniques instrumentales avant-gardistes habituelles dans « Something’s In The House » à base de cordes stridentes et de gargouillis aléatoires des pizzicati façon Penderecki ou Christopher Young, le tout accompagné de sound design industriel/expérimental (à base de raclements métalliques) et de voix féminines démoniaques. Wandmacher manipule les sons avec une aisance évidente, mais sans grande originalité particulière, et surtout, sans aucune personnalité – des milliers d’autres compositeurs auraient pu écrire un score de ce genre – Les passages plus mélancoliques comme « No Nightmares » tentent d’atténuer la noirceur démoniaque et occulte du score en imposant plus timidement quelques passages harmoniques et tonals, mais ce sont les passages de terreur et de suspense qui auront finalement le dernier mot dans le film, comme le rappelle le fantomatique « Seeing A Ghost », qui suggère clairement les troubles psychiques de Nell et ses terrifiantes hallucinations.

Les morceaux s’enchaînent tout au long du film sans laisser un souvenir impérissable ni marquer la mémoire de l’auditeur/spectateur d’une quelconque façon que ce soit. Néanmoins, force est de constater que Michael Wandmacher est visiblement très à l’aise dans la manipulation des sons et des atmosphères d’épouvante, comme le rappelle le surréaliste « Crucifix » avec sa boîte à musique enfantine, ses sonorités étrangement difformes et son sursaut final anarchique. Ce motif de boîte à musique associé à la partie innocente de la jeune héroïne du film revient dans l’agressif et chaotique « Seizure », dans lequel on nage en pleine musique atonale/dissonante extrêmement brutale. L’aspect plus harmonique et mélodique revient dans le mélancolique « Darkness Gone » qui offre un instant de répit à Nell dans le film, entre des cordes élégantes et mélancoliques, et ce mélange de harpe/célesta cristallin illustrant l’innocence de la jeune femme qui tente d’échapper à l’emprise du démon. Le retour des voix féminines fantomatiques dans « Parade Dream » renforce à l’écran l’atmosphère onirique et surréaliste du score, avec ce goût constant pour des nappes sonores abstraites et un travail soutenu autour du sound design expérimental. Hélas, le reste du score se déroule dans le film de façon uniforme sans aucune surprise particulière : suspense macabre dans « Echo », « Salt On The Floor » et « Carnal Urges », noirceur oppressante dans « First Kiss » (avec le retour du thème de boîte à musique perverti par les dissonances ambiantes), assaut de terreur pure dans « Downstairs » et « The Devil’s Rule », violence exacerbée et sonorités expérimentales intenses dans l’horrifique « The Real Gift » sans oublier la séquence finale de l’exorcisme qui tourne à la catastrophe avec l’éprouvant « The Ritual ». Rien de bien neuf à l’horizon dans la musique de « The Last Exorcism : Part II ». On pourra toujours saluer les efforts de Michael Wandmacher, qui applique toutes les recettes de la musique d’épouvante à la règle en usant et abusant de sonorités expérimentales, de sound design abstrait et de sursauts de terreur anarchiques et chaotiques à l’extrême. Oppressante, mystérieuse et démoniaque, la musique de Wandmacher est fort heureusement bien plus intéressante que le nullissime film d’Ed Gass-Donnelly, car le compositeur fait preuve d’une réelle conviction dans sa façon de manipuler les sons sans délaisser pour autant l’aspect thématique ou même harmonique. Hélas, le tout reste particulièrement fonctionnel, prévisible et sans grande surprise, de quoi satisfaire les amateurs de musiques d’épouvante occultes à la Christopher Young, mais sans le talent de ce dernier. Le score apporte aussi une noirceur évidente au film, et parvient à constituer une expérience intense sur l’album, sans briller d’une quelconque originalité particulière : sympa sans plus, en somme !



---Quentin Billard