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1-Dies Irae 1.51
2-Fire Fight 1.35 3-Guilty as Charged 3.58 4-Action, Guns, Fun 1.26 5-Machine Waltz 1.56 6-Defrosting 1.43 7-Confronting the Chief 0.32 8-Museum Dis Duel 1.56 9-Subterranean Slugfest 1.44 10-Meeting Cocteau 1.42 11-Tracking Simon Phoenix 3.03 12-Obligatory Car Chase 3.06 13-Flawless Pearl 1.15 14-Final Confrontation 1.55 15-Code 187 0.41 16-Silver Screen Kiss 1.30 Musique composée par: Elliot Goldenthal Editeur: Varèse Sarabande VSD-5447 Album produit par: Matthias Gohl Directeur en charge de la musique pour Warner Bros: Gary LeMel Producteur exécutif: Robert Townson Superviseur technicien de la musique: Richard Martinez Superviseur montage de la musique: Christopher Brooks Monteurs de la musique: J.J. George & Eric Reasoner Assistant de la production musicale: Irene Wiley Artwork and pictures (c) 1993 Warner Bros. All rights reserved. Note: *** |
DEMOLITION MAN
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Elliot Goldenthal
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« Demolition Man », réalisé par l’italien Marco Brambilla, n'est pas un film d'action comme les autres. Le réalisateur s'est amusé à peindre un monde futuriste grotesque, nous offrant ainsi quelques purs moments de dérision absolue et autres délires en tout genre. Tout commence à Los Angeles, en 1996. Simon Phoenix (Wesley Snipes) est un dangereux psychopathe traqué depuis des mois par la police, et qui s’est emparé d’une trentaine d’otages dans une cache remplie d’armes et d’explosifs. Alors que la police hésite encore à intervenir, John Spartan (Sylvester Stallone), surnommé « Demolition Man » pour ses méthodes expéditives et brutales, décide d’intervenir et de s’introduire dans le repaire de Phoenix. Un affrontement s’ensuit alors, provoquant une gigantesque explosion qui tue tous les otages d’un coup. John Spartan est alors condamné pour son imprudence qui a entraîné la mort de nombreux innocents et se voit incarcéré dans le centre « cryo-pénitencier » de Californie : il y sera cryogénisé et subira pendant 70 ans un très long lavage de cerveau censé le rendre inoffensif. Simon Phoenix a lui aussi été condamné et cyrogénisé pour une très longue période. 36 ans plus tard, Spartan se réveille de sa très longue hibernation et découvre la société futuriste de 2032, un monde totalement aseptisé dans lequel toute forme de violence a été bannie et où il est interdit de prononcer le moindre gros mot ou d’avoir des relations sexuelles (on fait désormais l’amour par ordinateurs interposés). Hélas, Simon Phoenix est libéré plus tôt que prévu de son sommeil cryogénique et réussit à s’enfuir après avoir tué plusieurs gardes. La police de 2032 ne peut pas lutter contre Phoenix car elle ne sait plus comment faire pour se battre contre des criminels. C’est alors qu’elle décide de faire appel à John Spartan, le seul homme capable d’arrêter le dangereux psychopathe, en échange de sa libération définitive. Spartan est alors épaulé dans sa mission par la charmante policière Lenina Huxley (Sandra Bullock) et son collègue Alfredo Garcia (Benjamin Bratt).
Hormis le fait que le film de Marco Brambilla se concentre essentiellement sur l'affrontement qui oppose Sylvester Stallone et Wesley Snipes tout au long du film, « Demolition Man » repose sur l'idée simple d'une société futuriste totalement aseptisée, dominée par un docteur qui s'est mis en tête de créer la société idéale, sans violence, sans sexe, sans alcool et sans gros mot : le meilleur des mondes, en somme ! A ce sujet, « Demolition Man » fait clairement référence au célèbre roman de l’écrivain Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » (1932), le personnage de la belle Sandra Bullock s’appelant d’ailleurs Huxley dans le film, et dans lequel il était déjà question d’une société futuriste aseptisée. « Demolition Man » jongle ainsi habilement entre de l’action musclée à la Stallone et un humour décalé et stupide, caricaturant au passage les codes habituels des films d’action hollywoodiens - le film est d’ailleurs sorti en même temps que l’hilarant « Last Action Hero » de John McTiernan avec Arnold Schwarzenegger - à ce sujet, on notera d’ailleurs un clin d’oeil malicieux dans le film à Arnold Schwarzenegger, grand rival de Sylvester Stallone à l’époque, Schwarzy étant le président des Etats-Unis de ce monde futuriste. Rappelons que « Demolition Man » est sorti en 1993, et que, ironie du sort, Schwarzenegger deviendra finalement dans la réalité gouverneur de la Californie en 2003, soit 10 ans plus tard. Si « Demolition Man » s’apparente finalement à une série-B d'action cyberpunk somme toute très conventionnelle (course poursuite/affrontement final entre le gentil et le méchant, etc.), il n'en constitue pas moins un bien bel exemple de critique grinçante du puritanisme ambiant de la société américaine contemporaine, vu à travers la description d'un monde futuriste où l’humour décalé et la débilité sont monnaie courante - les gens chantent des chansons de publicité ridicules tout au long du film ! En bref, un film d’action délirant et caricatural à l’humour jouissif, et un grand succès dans la carrière de Sylvester Stallone. Elliot Goldenthal se voit confier la musique de « Demolition Man », film pour lequel il signe une partition orchestrale/électronique plutôt agitée et inventive, bien que très fonctionnelle dans le fond. « Demolition Man » est une BO réussie dans l’ensemble même si l’on a connu un Goldenthal bien plus inspiré. Le principal objectif du compositeur était d'évoquer ici l'affrontement opposant le sergent John Spartan terroriste Simon Phoenix. Le film commence alors au coeur de l'action avec l'ouverture du film et le « Dies Irae », une marque de fabrique chez Goldenthal qui semble particulièrement attaché aux mouvements de musique classique (Adagio dans « Alien 3 », Andante dans « Sphere », etc.) ou d’un répertoire musical plus ancien tel que ce Dies Irae, chant religieux datant de l'époque grégorienne que l'on chantait pour la messe des morts (Requiem), et qui est très vite devenu célèbre dans le monde de la musique. On se souvient d'ailleurs de son utilisation brillante dans le générique de début de « The Shining » de Stanley Kubrick et de son clin-d'oeil subtil et réussi dans le « Poltergeist » de Jerry Goldsmith (sans oublier une utilisation célèbre dans la « Symphonie Fantastique » d’Hector Berlioz !). Ici, Goldenthal supprime toute forme de musique vocale et privilégie au contraire une approche purement orchestrale, des percussions massives et une pléiade de synthétiseurs qui renforcent la tension de l’affrontement entre Spartan et Phoenix dans un immeuble en feu. « Dies Irae » se conclut finalement sur une dernière reprise plus brève de la fameuse séquence du Dies Irae grégorien que Goldenthal suggère alors de manière plus lente à l'orchestre. Pour la petite histoire, le Dies Irae fait partie de ces cinq séquences du XIIème et XIIIème siècle ayant survécu au Concile de Trentes qui n'autorisait pas que l'on crée de la musique ou des textes sur des pièces religieuses. Son utilisation à peine déguisée dans ce morceau s'avère donc parfaitement judicieuse. « Dies Irae » signifie en latin « jour de colère ». On entend alors dans le film ce fameux thème lorsque Spartan est en train de courir comme un furieux avec Phoenix sur ses épaules, pendant que l'immeuble est en train d'exploser et de s'effondrer derrière lui, un passage apocalyptique à souhait qui méritait bien d'être accentué par la traditionnelle musique du « jour de colère ». Il s'agit en tout cas d'une analogie fort judicieuse de la part d’un compositeur très cultivé et décidément plein de ressources ! Les synthétiseurs sont très présents au sein même de la musique d’Elliot Goldenthal, même si la majeure partie de la musique de « Demolition Man » repose avant tout sur l’utilisation de l'orchestre symphonique habituel. On appréciera alors la sensation de suspension du temps au début du film, lorsque l'on voit les plans d’un Sylvester Stallone congelé dans la glace, totalement immobilisé. La musique nous donne alors l'impression de planer mystérieusement, sans repère temporel, tandis que le passage du monde de Spartan à celui du futur se fait judicieusement avec l'utilisation du synthétiseur et de sonorités futuristes tendance new-age. Un motif ascendant faisant office d'unique thème principal est entendu dès le « Dies Irae » et illustre l'affrontement implacable entre Spartan et Phoenix, le thème rappelant parfois celui que l'on entend dans le « Libera Me » de « Interview with the Vampire », les deux motifs étant assez proches musicalement parlant. L’aspect le plus mémorable de la partition de « Demolition Man » réside surtout dans la façon dont le compositeur réussit à illustrer le personnage de Simon Phoenix à travers la musique. Plutôt que d'utiliser un thème musical pour le méchant de l'histoire, Goldenthal a préféré opter pour une approche plus sonore et atmosphérique, représentant le côté sadique et totalement déjanté de Simon Phoenix. Goldenthal utilise alors une série de sons synthétiques très étranges, des sons entre le rap et la techno, renforçant l'aspect déjanté et dangereux du personnage. Un exemple particulièrement flagrant : le morceau qui accompagne la scène où Phoenix bastonne un groupe de flics plutôt inoffensifs avant de se diriger ensuite vers le musée de la violence. Le compositeur illustre cette scène en faisant ressortir dans sa musique le côté sadique et violent de Phoenix, alors que le dangereux terroriste est en train de prendre du plaisir à frapper les flics les uns à la suite des autres. On entend d'ailleurs ce son de castagnettes qui rappelle avec fantaisie l'idée perverse que Phoenix prend du plaisir dans la violence. En bref, la description musicale du personnage de Wesley Snipes dans la musique d’Elliot Goldenthal s’avère être tout bonnement réussie ! Les mélanges orchestre/synthétiseurs sont très présents dans la plupart des grosses pièces d'action du score, et ce tandis que l'orchestre continue de conserver une place de choix au sein même de la musique de « Demolition Man ». Les morceaux d’action annoncent clairement ici le style de « Batman Forever » ou de « Batman & Robin ». On y appréciera par exemple un morceau d’action tonitruant comme « Obligatory Car Chase » (titre très ironique qui se moque des conventions des films d’action hollywoodiens habituels !), scène de course poursuite en voiture entre Phoenix et Spartan, une musique agitée et agressive dans laquelle Goldenthal utilise des martèlements secs d’enclumes pour renforcer le rythme intense de cette course poursuite, enclumes que le compositeur réutilisera ensuite dans la plupart des grands passages d'action de la BO. Les quelques morceaux d'action de la partition de Goldenthal (« Museum Dis Duel », « Confronting the Chief », « Action Guns Fun », « Obligatory Car Chase", « Final Confrontation », « Fire Fight ») reposent ainsi sur des rythmes effrénés particulièrement percutants démontrant les talents d’Elliot Goldenthal lorsqu’il s’agit d’écrire des scores d’action complexes et virtuoses, aux orchestrations savantes et sophistiquées (rappelons qu’à la base, Elliot Goldenthal est un compositeur savant qui a pas mal écrit hors cinéma !). Les mélanges orchestre/synthétiseurs sont vraiment très réussis dans le film, et le motif principal revient à plusieurs reprises tout au long de « Demolition Man », sans laisser un souvenir quelconque à la première écoute. En conclusion, « Demolition Man » n'est certes pas la partition innovante que l’on était en droit d’attendre de la part d’Elliot Goldenthal. Composé un an après son véritable chef-d'œuvre absolu qu’est « Alien 3 », « Demolition Man » ne brille donc pas particulièrement par son originalité. C'est du bon travail mené d’une main de maître, contenant quelques bonnes idées par-ci par-là, mais qui ne sont pas suffisamment abouties ni même creusées dans le film pour pouvoir offrir une vision musicale réellement innovante, capable de coller de façon plus crédible à la description du monde de 2032. Malgré tout, « Demolition Man » nous permet de retrouver un Elliot Goldenthal en mode action, fidèle à son goût pour une écriture orchestrale souvent très complexe et un brin avant-gardiste. Un score réussi mais tout à fait mineur dans la carrière balbutiante d’Elliot Goldenthal au cinéma ! ---Quentin Billard |