1-Main Title 2.09
2-Sinister Gas Station 2.21
3-Attendant Kills Lacey 1.06
4-Dennis' Sacrifice 1.55
5-Road Kill 3.11
6-Infected 1.09
7-Driving To The Forest 1.47
8-Attendant Attacks Again 1.36
9-Hook The Radio 1.58
10-It's Not Lacey Anymore 1.49
11-Seth and Polly 1.20
12-Run To Cover 1.59
13-Dennis Goes Outside 2.56
14-Looking For The Hand 1.55
15-The Cops Are Here 2.35
16-Seth Walks To The Car 3.44
17-Inside The Freezer 3.39

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

BSX Records BSXCD 8844

Producteurs exécutifs de l'album
Pour BSX Records:
Mark Banning, Ford A. Thaxton
Album produit par:
Elia Cmiral
Synth & Percussions &
Orchestre programmés par:
John Hanson, John Whynot,
Elia Cmiral

Assistant du compositeur:
Nick Fevola

(c) 2008 Magnet Films Inc. All rights reserved.

Note: **
SPLINTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Dans le marché impitoyable des séries-B horrifiques bon marché, « Splinter » est une petite curiosité qui vaut le détour malgré des moyens modestes et des ambitions restreintes. Sorti dans très peu de salles aux Etats-Unis en 2008, « Splinter » est l’oeuvre du britannique Toby Wilkins, réalisateur du dispensable « The Grudge 3 », qui signe là son premier long-métrage pour le cinéma. Aux premiers abords, le scénario de « Splinter » laisse quelque peu à désirer, puisqu’il s’agit d’un énième film de monstre durant lequel un groupe de personnes se retrouvent bloqués dans un endroit isolé aux prises avec une créature sanguinaire. Mais à l’écran, le résultat est un tout petit peu plus enthousiasmant : Seth (Paulo Costanzo) et Polly (Jill Wagner) partent en voiture pour passer un week-end en amoureux dans les forêts de l’Oklahoma, lorsqu’ils remarquent soudainement une jeune femme en détresse au bord de la route. Après s’être arrêté, le jeune couple est brusquement pris en otage par Dennis (Shea Whigham), un dangereux criminel en cavale avec sa fiancée Lacey (Rachel Kerbs). Les quatre individus se rendent alors dans une station service pour y faire le plein, lorsqu’ils sont soudainement attaqués par une mystérieuse créature couverte d’épines, qui contamine tous les êtres vivants qu’elle touche et les contrôle à son aise. Obligés de se barricader à l’intérieur de la station service abandonnée, Seth, Polly, Dennis et Lacey vont devoir lutter de toute leur force pour survivre aux attaques de la créature déchaînée qui cherche à pénétrer dans la station par tous les moyens. « Splinter » est donc une énième série-B horrifique pas follement originale, mais plutôt bien réalisée et suffisamment captivante pour nous maintenir en haleine pendant 1h20. Le film doit surtout sa réussite à la créature imaginée par Toby Wilkins, une sorte de masse protéiforme et épineuse qui prend possession du corps de ses victimes et change de forme à loisir, à l’instar de la créature du « The Thing » de Carpenter. Ici, les corps se métamorphosent, la chair et les os se brisent pour s’adapter à la créature dont les origines restent mystérieuses (on devine au début du film qu’il s’agit d’une aberration de la nature née d’une pollution au pétrole). Le résultat : un bon vieux survival horrifique old-school réalisé sans trucage numérique, avec un savoir-faire évident, des personnages attachants et pas vraiment stéréotypés (on perçoit au bout d’un moment l’humanité et les faiblesses du criminel ou celles de Seth) et un rythme soutenu malgré la courte durée. Véritable huis clos conçu avec peu de moyens, seulement deux décors (la route puis la station service) et peu d’acteurs (cinq en comptant le second rôle du début), « Splinter » se rattrape en multipliant les angles de caméra, les idées scénaristiques plutôt originales (Seth qui comprend que la créature est attirée par la chaleur et va refroidir son corps en gardant des sacs de glace sur lui-même), les effets spéciaux à l’ancienne et les traditionnelles scènes gores, autant de bons points qui font de « Splinter » un premier long-métrage assez divertissant et très réussi.

Le temps passe en filant à toute allure, et pour le compositeur Elia Cmiral, il y a peu de changements dans sa filmographie : le compositeur d’origine tchèque enchaîne les films d’horreur à grande vitesse et les séries-B d’épouvante à bas budget avec une constance radicale, à tel point que le musicien s’est rapidement laissé enfermer dans un registre qui ne lui apporte plus grand chose aujourd’hui. L’auteur de « Six-Pack » et « Ronin » n’est donc pas étranger au registre de l’épouvante, avec des scores pour des films tels que « Stigmata », « Bones », « They », « Wrong Turn », « Species III », « Pulse » ou bien encore « Piranha 3DD ». Difficile d’ailleurs de réellement se passionner pour des partitions bien souvent interchangeables et bien souvent conçues dans l’urgence ou avec peu de moyens. Hélas, « Splinter » ne changera guère la donne, car qui dit moyens limités dit bien souvent chez le compositeur recours à la facilité et au manque d’idée. A la première écoute de la musique dans le film, on apprécie l’intensité du score sur les images mais on remarque très vite qu’aucun morceau ne parvient vraiment à attirer réellement notre attention : atmosphérique, fonctionnelle, prévisible, tels sont les superlatifs que l’on pourrait utiliser pour décrire le travail d’Elia Cmiral sur « Splinter ». Pourtant, l’ensemble n’a rien de déshonorant pour autant. Entièrement orchestrée par le compositeur, la musique de « Splinter » fait appel à un ensemble instrumental restreint incluant violon, violoncelle, percussions et piano préparé, le tout interprété par Elia Cmiral lui-même. Le reste du score fait la part belle aux traditionnels synthétiseurs et percussions électroniques si chères au musicien tchèque. On retrouve d’ailleurs le style électro atmosphérique habituel du compositeur dès les premières secondes du « Main Title », entièrement composé de percussions et de loops électro expérimentaux et redoutablement agressifs, sans oublier quelques notes dissonantes qui suffisent à instaurer une tension dès le générique de début du film. Dans « Sinister Gas Station », Elia Cmiral évoque la station service abandonnée à base de notes graves de piano préparé et de sonorités synthétiques industrielles et étranges.

A l’image de la créature du film, Cmiral triture ses sons électroniques et manipule ses masses sonores pour obtenir un résultat inquiétant, peu original mais radicalement abstrait et expérimental, surtout lorsqu’il utilise ses techniques de piano préparé à base de cordes métalliques martelées ou frappées. Dommage que ce travail d’abstraction sonore vire trop souvent au cacophonique, notamment lors de l’attaque de la créature à 1:21, lors d’un sursaut sonore qui vire bien souvent au grotesque et à l’inaudible. Hélas, Cmiral confond déchaînements de terreur et cacophonie abrutissante, usant et abusant des sursauts, des assauts mastodontesques de cordes stridentes, de loops électro meurtriers ou de percussions barbares dans « Attendant Kills Lacey ». Exit ici tout aspect harmonique ou mélodique, Cmiral évacue même la notion de thème, y compris dans un passage plus mélancolique comme « Dennis’ Sacrifice », qui, malgré son utilisation poignante des cordes et du violoncelle soliste, a bien du mal à véhiculer un semblant d’émotion malgré des intentions louables, en particulier à cause de l’absence de thème ou d’une mélodie clairement perceptible. Les passages de terreur cacophoniques comme « Road Kill » apportent leur lot de masses sonores industrielles et difformes à l’écran pour représenter le danger et la menace des attaques du monstre, avec un penchant évident pour l’expérimentation et l’abstraction sonore. Cmiral n’hésite pas à utiliser aussi les techniques orchestrales d’avant-garde dans « Infected », où il suggère l’infection de la créature par le biais de cordes stridentes à la Penderecki, et de samples de cuivres joués de façon aléatoire (un effet que l’on retrouve souvent chez Cmiral). Idem pour les assauts sonores barbares de « Attendant Attacks Again » ou « Run To Cover », ou les passages à suspense plus atmosphériques comme « Hook the Radio », « Dennis Goes Outside », « Looking For The Hand » ou « Seth and Polly ».

Au final, rien de bien fameux dans la partition d’Elia Cmiral : on retrouve ici le style cacophonique habituel du compositeur, qui continue de triturer ses sons dans tous les sens là où d’autres compositeurs comme Chris Young ou Marco Beltrami ont compris que l’écriture et la sophistication passe bien avant le bruit et le vacarme sonore. Si le score remplit parfaitement le cahier des charges à l’écran en diluant suspense et terreur sur les images, le résultat d’un point de vue strictement musical est plutôt pauvre et décevant : on a d’ailleurs connu un Elia Cmiral beaucoup plus inspiré autrefois, preuve s’il en est que le genre de l’épouvante ne lui apporte plus rien en tant que musicien !



---Quentin Billard