1-Here's the Story 5.03
2-Staying in The Game 2.41
3-Just Another Soldier 2.57
4-On The Road 1.46
5-Don't Touch My Gun 1.57
6-The Fox and the Hound 1.24
7-This Is My City 3.15
8-Ambushed 1.27
9-The Only Life He Had 1.57
10-Guns Don't Kill People 0.58
11-Change of Plans 2.11
12-End of the Line 6.41
13-Vikings 1.15
14-It's All Over 3.06
15-Bullet to the Head 5.24

Musique  composée par:

Steve Mazzaro

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 180 2

Score produit par:
Hans Zimmer
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Martin Tillman
Score Wrangler:
Bob Badami
Service production musicale:
Steven Kofsky
Assistant Score Wrangler:
David Dorn

Ingénieur technique du score:
Chuck Choi
Manager de studio pour
Remote Control Productions:
Czarina Russell
Superviseurs musique:
Andy Ross, Henrietta Tiefenthaler
Monteur musique:
Will Kaplan
Services musicaux:
Cutting Edge

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
BULLET TO THE HEAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Mazzaro
Depuis le succès de la franchise « Expendables », Sylvester Stallone redevient à nouveau l’un des numéros 1 du box-office U.S. et du cinéma d’action hollywoodien, au même titre que ses collègues Schwarzenegger, Willis, Van Damme, etc. Après « Expendables 2 », Stallone renoue avec le film d’action policier dans « Bullet to the Head » (Du plomb dans la tête), adaptation cinématographique d’une bande dessinée française d’Alexis « Matz » Nolent et Colin Wilson publiée en 2004 et adaptée au cinéma par le vétéran Walter Hill, réalisateur bien connu de grands classiques du cinéma d’action américain comme « The Driver » (1978), « 48 Hours » (1982), « Extreme Prejudice » (1987) ou bien encore « Last Man Standing » (1996). Il faut dire que les années 2000 ont été plus difficiles pour Walter Hill, qui s’était fait plus discret, surtout depuis l’échec catastrophique du nanar « Supernova » en 2000. C’est en 2013 que le réalisateur décide enfin de revenir au cinéma en signant « Bullet to the Head » pour la Warner Bros. Le film raconte l’histoire de Jimmy Bobo (Stallone), un tueur à gages de la Nouvelle-Orléans dont le principal partenaire, Louis Blanchard (Jon Seda), est sauvagement poignardé et tué dans un bar par le sinistre Keegan (Jason Momoa), après que Bobo et Blanchard aient rempli leur dernier contrat : l’assassinat d’Hank Greely (Holt McCallany), un policier corrompu. Keegan tente ensuite de s’en prendre à Jimmy Bobo mais en vain : ce dernier le poursuit mais Keegan réussit à s’enfuir. Pendant ce temps, l’inspecteur de police de Washington Taylor Kwon (Sung Kang) arrive à la Nouvelle-Orléans pour enquêter sur la mort de Greely et réussit à faire le lien entre Blanchard et Bobo, comprenant qu’ils ont assassiné Greely ce soir-là. Kwon décide alors de rencontrer Bobo un soir dans un bar pour l’informer de sa découverte au sujet de ses agissements, mais il tombe alors dans une embuscade tendue par un autre policier corrompu, avant d’être sauvé in extremis par Bobo. Comprenant qu’il existe une conspiration au sein même de la police de la Nouvelle-Orléans reliant certains flics à l’homme d’affaires véreux Robert Nkomo Morel (Adewale Akinnuoye-Agbaje) et son avocat Marcus Baptiste (Christian Slater), Kwon et Bobo décident de mener leur propre enquête, et vont parcourir une bonne partie de la Nouvelle-Orléans afin de retrouver les coupables et de leur faire payer le prix fort.

« Bullet to the Head » est au final un sympathique buddy movie réalisé dans la plus pure tradition des années 80, avec son lot de fusillades, de gros bras, de bagarres dans les bars ou de violence exacerbée. Pour Walter Hill, c’est l’occasion de renouer avec l’époque de ses classiques tels que « 48 Hours » ou « Red Heat », avec un Stallone toujours aussi impeccable évoluant au sein d’un casting de qualité (Christian Slater, Jason Momoa, Sung Kung, Sarah Shahi, etc.). Mais là où le film fait mouche, c’est dans son mélange détonnant d’humour et de violence, avec ce second degré si cher à Walter Hill et quelques répliques cinglantes typiques du cinéaste, et aussi tout à fait caractéristique du genre du « buddy movie » policier. Hill connaît son métier sur le bout des doigts et filme les décors de la Nouvelle-Orléans avec un certaine classe (un peu comme dans son tout premier film : « Hard Times » en 1975), sur une bande son blues/rock détonnante et une succession de bagarres, de punchlines et de violence décomplexée. Evidemment, le scénario est mince et le film s’adresse surtout aux nostalgiques des séries-B policières des eighties (Stallone joue encore une fois la carte de l’autodérision) : ça bastonne dans tous les sens avec des gunfights et des balles dans la tête ! Une série-B musclée et peu originale, certes, mais jouissive et divertissante.

On connaît le goût de Walter Hill pour les musiques rock/blues de Ry Cooder, son fidèle complice avec lequel il collabora sur plusieurs films comme « The Long Riders » (1980), « Southern Comfort » (1981), « Streets of Fire » (1984), « Brewster’s Millions » (1985), « Crossroads » (1986), « Johnny Handsome » (1989), « Trespass » (1992), « Geronimo : An American Legend » (1993) et « Last Man Standing » (1996). Généralement, les choix musicaux dans les films de Walter Hill sont souvent originaux ou anti-conventionnels, notamment dans le refus quasi systématique des musiques symphoniques et l’abondance de rythmes rock/folk/blues ou électroniques (Jerry Goldsmith avait du par exemple écrire une musique particulièrement synthétique et moderne pour « Extreme Prejudice » en 1987. On se souvient aussi des expériences exotiques/synthétiques/orchestrales particulières de James Horner sur « 48 Hours » en 1982). La partition de Steve Mazzaro pour « Bullet to the Head » ne déroge donc pas à la règle, le compositeur – membre du studio Remote Control en tant qu’arrangeur/programmeur sur « The Dark Knight Rises » d’Hans Zimmer et compositeur additionnel sur « Assassin’s Creed III » de Lorne Balfe – signant ici une partition résolument orientée rock/folk avec une même utilisation des guitares rustiques et americana si chères à Ry Cooder. Pour les besoins du film, Steve Mazzaro réunit donc un ensemble instrumental incluant guitares électriques/acoustiques, basse électrique, batterie, harmonica aux consonances résolument bluesy, claviers et synthétiseurs. L’approche musicale voulue par Steve Mazzaro est aussi un moyen pour Walter Hill de prolonger le style instauré par Ry Cooder depuis quelques décennies dans les films du cinéaste américain, une ambiance qui reflète par la même occasion l’atmosphère très ‘americana’ de la Nouvelle-Orléans, qui rappelle les travaux de Cooder sur « Johnny Handsome » ou « Last Man Standing ». Le thème principal rock/folk est dévoilé dans le fun « Here’s the Story », mené par les guitares électriques et l’harmonica ‘bluegrass’. Quelques sonorités discrètes de l’habituel violoncelle électrique de Martin Tillman viennent s’ajouter à la section rock/folk du score, le morceau s’écoutant d’ailleurs aussi bien dans le film que sur l’album.

Les effets sonores du violoncelle électrique reprennent dans « Staying in the Game », pour lequel Mazzaro s’oriente davantage vers le sound design bien que la partie rock/folk reprenne rapidement le dessus. Idem pour « Just Another Soldier », la méthode du compositeur consistant simplement à éviter l’habituelle technique du wall-to-wall en laissant sa musique évoluer plus librement sur les images sans pour autant chercher de point de synchronisation précis. Le choix est appréciable, la musique possédant ainsi sa propre autonomie sur l’album, même si certains choix musicaux laissent à désirer, et notamment la pédale sonore constituée de sons saturés de la guitare et du violoncelle à la fin de « Just Another Soldier », associés au redoutable Keegan dans le film mais indéniablement emprunté au motif du Joker dans « The Dark Knight » d’Hans Zimmer. Si le travail du sound design est bien présent (l’approche orchestrale hollywoodienne habituelle étant ici totalement écartée pour les besoins du film), Steve Mazzaro ne perd jamais de vue son utilisation de l’effectif instrumental rock acoustique dans « On the Road » (qui fleure bon la musique de road movie très ‘americana’), sans oublier son thème principal de guitare associé au personnage de Sylvester Stallone dans le film, comme dans le musclé « Don’t Touch My Gun » ou « Ambushed ». La musique évoque aussi par son panache et son énergie virile la complicité fragile entre Bobo et Kwon, une amitié qui ne tient qu’à un fil, l’un étant un tueur à gages bien décidé à se venger, l’autre un policier intègre qui jure de coffrer Bobo quand tout cela sera terminé. On appréciera aussi le fun de « The Fox and the Hound », dans lequel Mazzaro traduit la violence du film par un rythme rock soutenu et quelques superbes solos de guitare ou du violoncelle de Martin Tillman (à partir de 0:44, sur un rythme de tango assez irrésistible).

Seule ombre au tableau : l’approche musicale voulue par Mazzaro sur ce film est certes intéressante et non hollywoodienne, mais aussi très limitée et malheureusement ultra répétitive : les morceaux se suivent et se ressemblent tous dangereusement, à tel point qu’on se lasse rapidement de cette musique au bout de quelques minutes sur l’album (difficile par exemple d’aller jusqu’au bout des 6 minutes interminables de « End of the Line » sur le CD publié par Varèse Sarabande !). Mais dans le film, la musique apporte essentiellement une ambiance particulière et une certaine personnalité aux images du long-métrage de Walter Hill, une ambiance très réussie et propre au film, qui change des musiques électro habituelles de Remote Control et s’impose par son style acoustique détonnant et ses rythmes rock/blues du plus bel effet qu’on recommandera donc chaleureusement aux amateurs de musiques dans la lignée des travaux de Ry Cooder pour Walter Hill !




---Quentin Billard