1-Land of the Free 1.40
2-The Full Package/
Snowy Car Talk 2.00
3-Stage Coach Crashes/
Death of the First Lady 2.38
4-Rocky Road Ice Cream 1.14
5-White House: Air Attack 7.08
6-White House: Ground Attack 10.02
7-Olympus Has Fallen 1.59
8-P.E.O.C. Incarceration 2.20
9-Banning Steps Into Action 1.39
10-Triage 0.52
11-Banning Gathers Intelligence 5.10
12-Hunting Banning 2.03
13-He's in the Walls 1.07
14-Saving Spark Plug 3.51
15-Breaking Madame Secretary 2.49
16-How Do You Know
Kang's Name? 2.15
17-Any Regrets 1.11
18-S.E.A.L. Helicopter Incursion 4.45
19-Walking the Plank 3.09
20-Pulling the Fleet 1.22
21-Mano e Mano 2.13
22-Stopping Cerberus 2.24
23-Day Break/We Will Rise/
End Credits 5.05

Musique  composée par:

Trevor Morris

Editeur:

Relativity Music Group
RMG 1049-2

Direction de la musique pour
Relativity Music Group:
Jason Markey
Coordinateur musique pour
Relativity Music Group:
Ian Broucek
Score produit par:
Trevor Morris
Mixage additionnel et
production de:
Phil McGowan
Equipe musicale:
Stuart Michael Thomas, Robert Lydecker,
Steven Richard Davis,
Steve Tavaglione,
Mel Wesson, Todd Haberman

Trompette solo de:
Chris Tedesco
Guitare solo:
Aaron Kaplan
Cello électrique:
Tina Guo
Piano solo:
Trevor Morris
Supervision musique:
Selena Arizanovic
Superviseurs technique:
Tyler Westen, Justin Thompson
Assistant compositeur:
Shaina House
Coordinateur orchestre:
Paul Talkington
Orchestrateur, direction d'orchestre:
Allan Wilson

Artwork and pictures (c) 2013 DreamWorks Animation L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
OLYMPUS HAS FALLEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Morris
Ressusciter le genre du film d’action patriotique tel qu’on pouvait en voir à la pelle dans les années 80/90 était un pari risqué, mais c’est pourtant le challenge qu’a relevé le réalisateur Antoine Fuqua sur « Olympus Has Fallen » (La chute de la maison blanche), film d’action sorti en 2013 et produit par le studio Millenium Films/Nu Image (qui ont triomphé en 2010 avec l’énorme succès de « Expendables »). L’histoire semble tout droit surgir de ces bonnes vieilles séries-B musclées vantant les mérites de l’Amérique à grand coup de drapeaux et de clichés pro-U.S. Mike Banning (Gerard Butler) est l’ancien garde du corps du président des Etats-Unis Benjamin Asher (Aaron Eckhart). Parce qu’il a été incapable de sauver la Première Dame, Margaret Asher (Ashley Judd), qui a péri dans un terrible accident de voiture, Banning a été rétrogradé et se retrouve aujourd’hui à travailler derrière un bureau. Mais un jour, un commando nord-coréen attaque soudainement la Maison Blanche et s’empare du bâtiment en 13 minutes environ : l’attaque se solde par de nombreuses morts dans le camp américain et la séquestration du président, retenu prisonnier par les hommes surarmés du sinistre Kang (Rick Yune). Banning est le seul capable de sauver le président et son fils et d’empêcher le commando de Kang de déclencher un cataclysme nucléaire. Ce sera aussi pour lui l’occasion de prouver une bonne fois pour toute sa loyauté envers son président et son pays. « Olympus Has Fallen » possède ainsi toutes les caractéristiques du film d’action patriotique des eighties, avec un scénario quasi inexistant, des rebondissements prévisibles et du déjà-vu à tous les étages. On pense ici à « Die Hard » (le héros qui se retrouve seul face à des terroristes dans un bâtiment isolé), « Air Force One », « Murder at 1600 », etc. Certes, le film d’Antoine Fuqua sent le réchauffé à plein nez, reprenant toutes les recettes d’un genre qui semble aujourd’hui plutôt obsolète, mais la réalisation nerveuse de Fuqua, sa violence exacerbée (l’attaque de la maison blanche est particulièrement sanglante !) et l’interprétation solide de Gerard Butler, Morgan Freeman ou Rick Yune font de « Olympus Has Fallen » une série-B d’action correcte mais aussi assez stupide et bourrée d’incohérences (les terroristes nord-coréens survolent tout le périmètre aérien de la Maison Blanche sans jamais être abattu, à bord d’un avion américain ! L’armée n’intervient qu’au bout de 15 minutes et se contente uniquement de stationner devant le bâtiment sans agir !). Quand aux effets spéciaux numériques, ils trahissent la modestie des moyens alloués au film (Millenium et Nu Images sont des spécialistes des DTV d’action à bas budget !) et s’avèrent être plutôt bâclés, mal fichus et indignes d’une grosse production hollywoodienne de 2013. A noter que le film d’Antoine Fuqua est sorti en même temps qu’un autre film concurrent sur le même sujet : « White House Down » de Roland Emmerich, qui s’avère être tout aussi décevant et risible. Seuls les nostalgiques des thrillers patriotiques à l’ancienne y trouveront leur compte !

A film d’action régressif, musique appropriée, tel semble avoir été l’adage appliqué par le compositeur canadien Trevor Morris et son équipe sur « Olympus Has Fallen ». Le musicien issu à l’origine de l’écurie Remote Control et de la bande à Hans Zimmer s’était fait remarquer ces dernières années sur ses musiques de séries TV telles que « The Borgias » ou « The Tudors » après avoir été longtemps compositeur additionnel pour Zimmer et co. Aujourd’hui, le compositeur possède son propre studio mais continue de travailler avec des membres de l’équipe RC. Dans une note du livret de l’album, Trevor Morris explique qu’Antoine Fuqua était clair sur ses intentions, à savoir que le film nécessitait une musique d’action orchestrale « old school » façon années 80, sur une base rythmique plus moderne et typique des productions d’action actuelles. Le mélange des ces deux axes musicaux est effectivement l’atout clé du score de « Olympus Has Fallen », même s’il y a fort à parier que le résultat final dans le film n’impressionnera pas grand monde, étant donné le caractère ultra prévisible et peu original du score de Morris. Qu’à cela ne tienne, le compositeur nous offre pour débuter un thème patriotique assez savoureux dévoilé dans « Land of the Free » par des cors amples et solennels, thème qui rappelle indiscutablement les mélodies patriotiques du « Air Force One » de Jerry Goldsmith ou du « Pearl Harbor » d’Hans Zimmer (dont on notera quelques similitudes mélodiques/harmoniques évidentes). Interprétée de façon solide par le Slovak National Symphony Orchestra et la Lucnica Chorale, la partition de Trevor Morris nous dévoile un thème principal solide et noble à la manière des scores d’action patriotiques des années 80/90 (on pense aussi à David Arnold par moment). Le thème est repris ensuite dans « The Full Package/Snowy Car Talk » pour le début du film, avec ses rythmes martiaux scandés et ses cuivres solennels. Morris introduit ici quelques sonorités électroniques d’usage pour planter le décor et rappeler le caractère contemporain du film. L’action débute enfin dans le dissonant et agressif « Stage Coach Crashes/Death of the First Lady », qui accompagne la scène de l’accident au début du film avec une intensité remarquable, entre des cuivres imposants, des percussions meurtrières (notamment dans le jeu hystérique des toms), des choeurs et des loops électro omniprésents. Le final tragique et élégiaque de « Death of the First Lady » apporte un éclairage dramatique poignant à la conclusion du prologue.

Le premier grand tour de force de la partition de « Olympus Has Fallen » débute enfin dans le diptyque « White House, Air Attack » et « White House, Ground Attack », durant la longue séquence de l’attaque terroriste sur la maison blanche. Les deux morceaux cumulés dépassent les 17 minutes, un pur déchaînement d’action totalement survolté qui se caractérise par ses cuivres musclés, ses percussions martiales déchaînées, ses traditionnels ostinati de cordes staccatos, ses choeurs grandioses et ses rythmiques électroniques omniprésentes. Morris ne relâche quasiment jamais la tension durant ces 17 minutes incroyablement intenses, pour ce qui reste LE meilleur passage d’action du film. On regrettera néanmoins le recours parfois facile aux clusters et aux dissonances anarchiques, là où une écriture plus détaillée et moins massive de l’orchestre aurait été davantage appropriée pour le caractère ‘old school’ voulu initialement par Trevor Morris et le réalisateur. L’attaque aérienne puis terrestre sur la maison blanche offre donc l’opportunité au compositeur de mettre les bouchées doubles et de faire dans la surenchère, entre la déferlante de percussions, les passages élégiaques, les envolées solennelles dramatiques, notamment entre 5:14 et 5:32 dans « White House, Air Attack » ou entre 8:37 et 8:50 dans « White House, Ground Attack ». Morris connaît la formule et applique à la lettre tous les codes des musiques d’action contemporaines, sans jamais perdre de vue l’évocation du patriotisme U.S. comme pour la trompette solitaire et les roulements de caisse claire militaire du tragique « Olympus Has Fallen » marquant la chute de la maison blanche. La musique prend aussi une tournure plus électronique et résolument ‘Remote Control’ dans « Banning Steps Into Action », qui semble surgir tout droit d’un score pour série TV policière façon « C.S.I. ». C’est d’ailleurs le caractère fonctionnel et prévisible de ces passages qui risque ici d’en refroidir plus d’un, Trevor Morris ayant de toute évidence bien du mal à conserver le côté ‘old school’ du début tout au long de sa partition. Quelques bonnes idées à noter, comme l’emploi furtif d’une guitare électrique bluesy dans « Triage » ou d’excellentes envolées héroïques dans « S.E.A.L. Helicopter Incursion » vers la fin du film, ramenant un sentiment d’espoir fort bienvenue alors que Banning s’affaire à sauver le président et la maison blanche (il s’agit d’ailleurs d’un autre grand morceau d’action incontournable du score !).

Au rayon des points négatifs, on regrettera la fâcheuse tendance qu’a le compositeur à doubler bien souvent ses cuivres par des samples cheap, alors qu’il dispose pourtant d’une formation symphonique apparemment conséquente (c’est d’ailleurs flagrant dans les sonorités des cors à certains moments, comme au début de « Land of the Free »). Autre élément critiquable, l’absence de thèmes forts en dehors de la mélodie patriotique initiale (finalement peu développée par la suite). Les terroristes nord-coréens n’ont ainsi pas de motif à proprement parler, une occasion manquée pour le compositeur qui aurait gagné à écrire une thématique plus sérieuse et soutenue pour le film. On regrette par exemple que les scènes avec les terroristes n’aient pas été accompagnées par un motif fort et identifiable pour les bad guys, comme cela aurait du être le cas dans « He’s in the Walls », « How Do You Know Kang’s Name » ou la bagarre finale entre Banning et Kang dans « Mano e Mano », hormis peut être un motif de cuivres de 4 notes qui traverse le morceau durant tout l’affrontement. On notera aussi un motif d’action associé à Banning et son infiltration dans la maison blanche, et qui intervient à plusieurs reprises durant certaines scènes d’action/suspense au milieu du film : on peut entendre le dit motif d’une douzaine de notes dans « Banning Steps Into Action » à partir de 0:46 aux cordes/piano, mais le côté totalement impersonnel et banal du motif le rend quasi imperceptible dans le film. On le retrouve aussi dans « Banning Gathers Intelligence » à 2:12, à 0:24 dans « Hunting Banning ». Encore une fois, on se serait attendu à une thématique beaucoup plus riche et prononcée, et force est de constater que malgré les belles promesses du début, le score échoue dans son ambition thématique initiale. Evidemment, il reste les allusions au thème patriotique, comme dans l’intime « Any Regrets » ou dans le final du film « Day Break/We Will Rise/End Credits », mais rien de bien fameux qui puisse nous permettre de décoller de notre siège. Malgré tout, « Olympus Has Fallen » reste un bon score d’action, intense à l’écran et très rythmé, bien qu’un peu frustrant sur l’album, en raison d’une certaine faiblesse thématique et de passages à suspense plus fonctionnels et décevants vers le milieu du film. Reste qu’il est rare d’entendre de nos jours des musiques d’action patriotiques d’une telle envergure à Hollywood, à une époque où les héros doivent jongler avec leur part d’ombre et où les élans patriotiques 80’s sont manifestement passés de mode dans le cinéma américain : un joli plaisir coupable, en somme !




---Quentin Billard