1-The History of Man 2.22
2-I'm Not Advancing You 1.28
3-Pack Your Bags 1.41
4-Leaving Nova Prime 0.48
5-Can You Ghost? 2.10
6-Ship Tears Apart 2.17
7-Kitai Finds Cypher 1.19
8-Get Me Into the Cockpit 1.36
9-The Mission 1.31
10-Baboons 2.52
11-Kitai on Earth 2.56
12-Four Vials Remain, Sir 1.11
13-Run to the Falls 2.42
14-Abort Mission 2.02
15-Bird Attack 1.02
16-Nest Battle 2.03
17-Safety in the Hog Hole 3.42
18-Saved by the Bird 0.52
19-The Tail 1.41
20-Dad, Are You There? 2.46
21-Leech 2.59
22-See the Peak 2.21
23-Run to the Volcano 0.38
24-Somewhere to Hide 1.22
25-Chase Through the Cave 3.06
26-Ghosting 4.45
27-I Wanna Work With Mom 1.17
28-After Earth 1.54

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Sony Classical 88883724672

Produit par:
James Newton Howard
Direction de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Co-produit par:
Jim Weidman, Sven Faulconer
Monteur superviseur:
Jim Weidman
Monteur musique:
David Olson
Synthés et programmation
percussions de:
Sven Faulconer, Sunna Wehrmeijer
Ambient music design:
Clay Duncan
Préparation musique:
JoAnn Kane Music Service
Monteur scoring:
David Channing
Coordinateur scoring:
Pamela Sollie
Assistant scoring:
Christopher Wray
Sony Classical Licensing:
Mark Cavell
Développement produit pour
Sony Classical de:
Isabelle Tulliez

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2013 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
AFTER EARTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
« After Earth » est le nouveau long-métrage très attendu de M. Night Shyamalan, dont la carrière de réalisateur bat de l’aile depuis plusieurs années, en raison d’une accumulation de flops commerciaux et d’échecs qui ont obligé le cinéaste à changer de studio pour trouver de nouveaux fonds afin de tourner ses films. Après les échecs critiques de « Lady in the Water », « The Happening » et le décevant « The Last Airbender », Shyamalan avait bien du mal à remonter la pente. Pourtant, le réalisateur persiste et fonce tête baissée dans un nouveau film de science-fiction futuriste (une première pour le réalisateur !), « After Earth », avec un Will Smith coiffé d’une double casquette : acteur et producteur du film. L’histoire se déroule dans un futur lointain : la terre a été ravagée par une catastrophe naturelle ayant obligé la race humaine à partir vers une autre planète, Nova Prime. Mais dans cette nouvelle planète, une créature extra-terrestre baptisée Ursa élimine les humains avec une férocité extrême, jusqu’au jour où les survivants finissent par trouver la solution : devenir un « spectre », un être capable de maîtriser toute forme de peur, ce qui le rend alors invisible aux yeux de l’Ursa et lui permet d’affronter et de tuer la créature aveugle, qui repère ses proies en flairant les phéromones libérées par la peur. Un jour, le général Raige (Will Smith), qui dirige les prestigieux Rangers, part en mission avec son jeune fils Kitai (Jaden Smith). Hélas, une pluie d’astéroïdes s’abat sur le vaisseau, qui se crashe alors sur la terre. Le choc du crash décime la quasi totalité de l’équipage, hormis Raige et son fils Kitai. Le vaisseau a été coupé en deux suite à la violence du crash, les deux morceaux étant distancés d’une centaine de kilomètres. Le général, dont les jambes ont été brisées durant l’impact sur terre, récupère alors une balise de détresse qui doit lui permettre de contacter les autres Rangers afin de leur venir en aide, mais la balise ne fonctionne pas. Incapable de se déplacer, le général confie alors une périlleuse mission à son fils Kitai : retrouver la deuxième balise de détresse qui se trouve dans le reste de l’épave située à 100km de leur position. Fragile et peu sûr de lui, Kitai – qui rêvait de devenir Ranger mais a échoué lors du concours de sélection – va devoir puiser dans toutes ses ressources et parcourir de nombreux kilomètres en explorant des lieux inconnus peuplés d’animaux féroces et carnassiers qui ont pris le contrôle de la terre, tandis que l’immonde extra-terrestre Ursa rôde quelque part sur terre, après s’être échappé du crash de l’appareil. Kitai va devoir faire preuve de courage et collaborer avec son père qui suivra tous ses mouvements depuis l’épave du vaisseau. Shyamalan explore donc l’univers de la science-fiction avec un postulat intéressant : la relation père/fils à la fois symbolique et concrète, entre Will Smith et son fils Jaden (vu récemment dans « Karate Kid »). Abordant ses thèmes de prédilection (l’influence de la peur, la quête initiatique, l’amour familial, la découverte de soi, etc.), Shyamalan utilise l’univers futuriste de « After Earth » comme toile de fond à ses sujets habituels, construisant son récit sous la forme d’un survival en milieu hostile, une terre devenue sauvage et inhospitalière pour l’homme.

Le sujet n’est pas neuf, certes, mais le traitement qu’en fait Shyamalan est assez particulier : optant pour un rythme lent et posé, le cinéaste parsème son récit de quelques rares scènes d’action spectaculaires (la poursuite avec les babouins, l’attaque des tigres dans le nid de l’oiseau, la bataille finale sur le volcan, etc.) et place Jaden Smith au devant de la scène, dans une aventure initiatique où le jeune héros va apprendre à maîtriser son potentiel et renouer les liens avec son père suite à une tragédie liée à son passé (et que l’on aperçoit régulièrement dans le film sous forme de flash-backs). Shyamalan aborde aussi le thème de la peur et montre que si le danger est bien réel, la peur est un choix personnel, un thème de psychologie que certains ont très vite rapproché avec la scientologie. A ce sujet, il faut d’ailleurs rappeler que « After Earth » est effectivement au coeur d’une vive polémique, certains ayant ainsi accusé M. Night Shyamalan de véhiculer des messages de la scientologie dans son film aux côtés de Will Smith, alors que pour d’autres, cette polémique n’a nullement lieu d’être et n’a été créée que pour décrédibiliser Shyamalan et faire du tort à son film, un réalisateur devenu impopulaire depuis plusieurs années aux yeux de certains critiques qui ne sont de toute évidence plus objectif à son sujet. Quand à Will Smith, le fait qu’il joue avec son fils dans le film lui a valu des accusations de népotisme, accusations plutôt injustes quand on sait qu’il est monnaie courante de voir des membres d’une même famille jouer dans un même film au cinéma (c’est par exemple le cas d’Angelina Jolie et Jon Voight dans « Tomb Raider », et cela n’a choqué personne !). Au contraire, tout l’intérêt de « After Earth » réside dans cette exploration des relations père/fils, entre réalité et fiction, car la séquence où Jaden Smith exprime sa colère et son amertume envers son père lorsque ce dernier lui demande d’abandonner la mission (un double abandon puisque symboliquement, c’est le moment où le père perd sa foi envers son fils) est particulièrement poignante, le jeune acteur étant d’ailleurs assez crédible, même si l’on pourra toujours critiquer l’inégalité de son jeu d’acteur et une certaine tendance à faire une tête de chien battue pas toujours crédible. Même Will Smith semble avoir rangé sa panoplie de héros frimeur habituelle et opte pour un jeu plus nuancé, avec un regard désabusé et totalement détaché, une façon de jouer plutôt inhabituelle pour l’acteur. Quoiqu’il en soit, malgré des bons points, « After Earth » ne tient pas complètement ses promesses et finit par ennuyer, et ce jusqu’à un final raté où l’on voudrait nous faire croire qu’une révélation est sur le point de se produire, alors que l’on devine tout ce qui va arriver à l’avance (c’était déjà le même problème pour la fin de « The Last Airbender »). Pour certains, « After Earth » est déjà considéré comme l’un des plus mauvais film de science-fiction de son temps, et malgré des recettes satisfaisantes au box-office 2013, le film reste un nouvel échec critique pour Shyamalan, qui va avoir encore bien du mal à concrétiser son prochain projet.

« After Earth » marque à nouveau les retrouvailles entre M. Night Shyamalan et son compositeur fétiche James Newton Howard après « The Sixth Sense » (1999), « Unbreakable » (2000), « Signs » (2002), « The Village » (2004), « Lady in the Water » (2006), « The Happening » (2008) et « The Last Airbender » (2010). Pour sa huitième collaboration à un film de Shyamalan, James Newton Howard compose une partition symphonique sombre, ample et imposante pour « After Earth », mélangeant orchestre, électronique et instruments ethniques pour parvenir à ses fins. Avec le traditionnel Hollywood Studio Symphony, un choeur, une pléiade d’éléments électroniques (dont le sound design assuré par Clay Duncan, fidèle complice des musiciens de chez Remote Control) et de solistes (les guitares de Christopher Wray, la flûte ethnique de Pedro Eustache, les violoncelles de Cécilia Tsan et Maya Beiser, l'orchestre à cordes baroque du Ancient Instrument Consort, le piano de Randy Kerber), le compositeur possédait tous les éléments pour faire de « After Earth » une nouvelle réussite dans sa superbe collaboration avec Shyamalan – qui était, rappelons-le, un sans faute jusqu’à présent – Pourtant, une première écoute de la musique dans le film nous laisse malheureusement une impression désagréable de frustration, de manque d’aboutissement : pauvre au niveau thématique, le score de « After Earth » peine à attirer notre attention, notamment à cause d’un caractère souvent fonctionnel et à un manque d’idées mélodiques ou même d’originalité. Le problème vient surtout de tout le milieu du film, essentiellement constitué de scènes de chasse et de suspense pour lesquelles James Newton Howard a bien du mal à trouver quelque chose de particulier et semble tourner en rond sans inspiration particulière. Malgré tout, la première partie du film offre l’occasion au compositeur de dévoiler son thème principal lors du prologue du film dans « The History of Man ». Dévoilé au piano dès les premières secondes, ce thème de 4 notes ascendantes évoque l’aventure initiatique du père et de son fils avec un sentiment de grandeur et de découverte pour l’exploration de la terre. Seule ombre au tableau : il y a fort à parier que le spectateur/auditeur ne retiendra pas ce thème à la première écoute, car il manque cruellement de singularité, de personnalité (et ce même si la patte de JNH est bien présente dès le début du score !), un comble lorsqu’on sait à quel point le compositeur a toujours su écrire des thèmes amples et mémorables pour les films de Shyamalan.

Passé la déception de la qualité quelconque du thème de « After Earth » (que l’on retrouve dans « I’m Not Advancing You » et l’excellent « Leaving Nova Prime »), on appréciera l’envolée héroïque solennelle de « The History of Man » pour la scène où l’on aperçoit le général Raige en plein exploit héroïque contre l’Ursa. On retrouve brièvement ici le style plus noble et épique cher au compositeur, comme dans le majestueux « Leaving Nova Prime » avec ses cuivres triomphants et ses choeurs grandioses, ou dans le triomphant « The Tail » qui rappelle de façon indiscutable bon nombre de partitions de chez Remote Control et d’Hans Zimmer (avec lequel JNH travaille régulièrement depuis quelques années), sans oublier le final épique et grandiose de « After Earth », dans lequel James Newton Howard nous rappelle avec brio pourquoi il fut autrefois l’un des plus passionnants compositeurs hollywoodiens. Dans « Can You Ghost ? », JNH dévoile la seconde partie moins enthousiasmante de sa partition, une série de morceaux de suspense plus dissonants et fonctionnels, dans lesquels il mélange cordes stridentes, violoncelle mystérieux, flûte ethnique et nappes synthétiques brumeuses, pour évoquer la tension du crash et le danger sur terre. On notera d’ailleurs l’emploi remarquable du violoncelle dans « Can You Ghost ? » et des synthétiseurs, qui créent une ambiance quasi surréaliste dans le film. La scène du crash du vaisseau (« Ship Tears Appart ») offre l’occasion à JNH de développer les sonorités plus intéressantes des instruments solistes, notamment de la flûte, des percussions (incluant les traditionnels tambours taïkos japonais) et des cordes, sans oublier le piano, instrument-clé du score de « After Earth » (et déjà présent dans de nombreux scores de JNH). Au caractère atonal et dissonant de « Ship Tears Apart », James Newton Howard apporte une complexité d’écriture propre aux musiques orchestrales avant-gardistes, à base de clusters et de dissonances aléatoires. Rien de bien original, même si la musique fait quand même son petit effet à l’écran. Dans « Kitai Finds Cypher », JNH dévoile le second thème du score, motif intime de piano pour la relation entre le père et le fils dans le film, et utilisé à quelques reprises vers le milieu du récit. Les dissonances et les ambiances atonales reprennent de plus belle dans le sinistre « Get Me Into the Cockpit » pour lequel JNH se contente essentiellement de créer une atmosphère de tension à base de sonorités synthétiques lugubres et de cordes dissonantes. Idem pour « The Mission » avec ses choeurs plus dramatiques et mystérieux et la flûte ethnique associée aux paysages sauvages de la terre.

L’action prend le dessus durant la scène de la poursuite avec les babouins dans « Baboons ». C’est l’occasion pour JNH de développer ici pleinement les sonorités exotiques/ethniques associées à la terre et aux animaux sauvages à l’aide de percussions tribales, d’effets sonores de flûte et de cordes dissonantes (qui jouent ici en glissandi lents en quarts de tons). Le compositeur rythme la poursuite à l’aide d’une rafale de percussions mais en évitant de tomber dans la surenchère. A contrario, JNH conserve ici une approche mélodique étonnante pour la poursuite, développant le motif de piano de Kitai et Raige sur fond de percussions à la Remote Control et d’ostinati de cordes. « Baboons » évite le piège de la cacophonie et opte à contrario pour un développement thématique rythmé et énergique qui apporte un espoir étonnant à cette scène de poursuite, comme pour personnifier l’idée que Kitai apprend enfin à se dépasser dans l’épreuve. L’atonalité et les dissonances prennent ensuite le relais avec le sombre « Four Vials Remain, Sir » avec une exploration sonore souvent intéressante, tirant à la fois partie des solistes et de l’électronique, comme dans « Run to the Falls » ou « Abort Mission » et son utilisation élégante et élégiaque du violoncelle soliste de Cécilia Tsan durant la scène poignante où Kitai ose enfin contester son père et laisser s’exprimer sa colère et son amertume. L’action culmine dans l’intense « Bird Attack » pour l’attaque de l’oiseau, morceau qui semble surgir tout droit du « Dark Knight » d’Hans Zimmer, sans oublier l’affrontement dans le nid avec l’agressif et percussif « Nest Battle », autre morceau d’action intense du score de « After Earth ». Le motif de Kitai/Raige revient au piano dans « Safety in the Hog Hole », accompagné d’arpèges rapides de harpe, tout comme le thème principal repris au piano dans l’émouvant « Saved By the Bird ». Après le triomphant « The Tail », la dernière partie du film voit la musique s’enfoncer davantage dans la noirceur avec « Dad, Are You There ? », « Leech » ou « See the Peak », pour lequel JNH développe le motif de piano du père et du fils avec un joli contrepoint de violoncelle et du reste de l’orchestre. On trouve aussi l’excellent et tribal « Run to the Volcano », le sinistre « Somewhere to Hide » avec ses sonorités aigues étranges à 0:52, et l’affrontement final avec l’Ursa dans « Chase Through the Cave » débouchant sur le magistral « Ghosting », superbe coda majestueuse et poignante digne des grandes pages symphoniques de James Newton Howard, alors que Kitai réalise enfin tout son potentiel (scène similaire au final de « The Last Airbender ») avec une envolée triomphante et incroyablement prenante du thème principal, enfin repris dans toute sa splendeur héroïque, un grand moment pour les fans du compositeur. Impossible aussi de résister au passage pour piano et cordes de la fin de « Ghosting » pour les retrouvailles finales entre le père et le fils, un morceau bouleversant par sa simplicité touchante et son émotion délicate, avec son thème intime repris dans « I Wanna Work With Mom ».

« After Earth » reste donc au final un score de bonne facture, malheureusement pas aussi passionnant et recherché que certaines anciennes partitions de James Newton Howard pour Shyamalan. Le compositeur conserve une approche tribale/dissonante/atmosphérique durant une bonne partie du film, ce qui rend l’écoute un brin monotone, et ce malgré la présence de deux thèmes bien développés mais qui ne laissent aucun souvenir particulier. Le problème vient surtout du fait que, si jusqu’à présent, JNH avait toujours su trouver l’élément singulier qui faisait de chacune de ses partitions pour Shyamalan une oeuvre musicale passionnante et enthousiasmante de bout en bout, son travail plus fonctionnel sur « After Earth » retombe dans quelque chose de beaucoup plus convenu et pour le coup de franchement peu original ni même mémorable. Mais ne soyons pas trop sévère pour autant, car le score contient son lot de bons moments, avec en particulier les superbes « Ghosting », « Leaving Nova Prime », « The History of Man » ou l’émotion déchirante de « Abort Mission », sans oublier ses quelques morceaux d’action aux rythmes tribaux fort bien conçus. Soucieux d’explorer l’environnement sonore mis à sa disposition, JNH alterne orchestre, synthés et solistes pour un résultat certes prévisible mais plutôt intense dans le film bien que sans originalité particulière. Après les déceptions de ses derniers scores (« Green Lantern », « The Bourne Legacy »), JNH semble remonter timidement la pente avec « After Earth » ou les récents « Snow White & The Huntsman » et « The Hunger Games », des scores qui ont en commun un manque total de surprise mais une qualité intrinsèque indiscutable, et qui rappellent le grand James Newton Howard d’antan. Quoiqu’il en soit, sans être une grosse déception, « After Earth » est un score en demi teinte, ni mauvais, ni vraiment passionnant, une musique de qualité teintée de grands moments mais aussi de passages plus ternes, à réserver surtout aux aficionados du compositeur et à ceux qui apprécient sa collaboration avec M. Night Shyamalan.




---Quentin Billard