1-The Early Dawn 3.03
2-This Is Not A Drill 1.18
3-Can We Be Redeemed For
The Things We've Done? 1.14
4-Time For Farewells 1.53
5-We All Go The
Same Way On A Boat 2.51
6-Welcome Aboard 1.05
7-We Sait At Dawn 2.54
8-True Zealots 1.24
9-Twenty Ton Screws 2.30
10-These Government Drugs
Are Shit 2.13
11-Like A Thousand Snowflakes 1.10
12-Engage The Phantom 0.54
13-Only Two Reasons 2.06
14-My Father 3.22
15-You Should Be Flattered 0.55
16-Sending A Signal 2.22
17-Go Below 3.27
18-They Already Have The Codes 2.20
19-If They So Much As Blink 2.39
20-Torpedoes In The Water 2.28
21-This Is Your Captain 3.04
22-Arming The Warhead 3.10
23-We're On The Bottom 4.03
24-Give Her A Message 4.31
25-To Stay Here With You 1.25
26-I Wish He Knew 4.06
27-An Ocean Away
(Carmen Rizzo Mix) 3.43*

*Interprété par Rachel Fannan
Ecrit par Jeff Rona.

Musique  composée par:

Jeff Rona

Editeur:

Milan Records 36622

Album produit par:
Jeff Rona
Producteur exécutif pour Milan:
Emmanuel Chamboredon
Montage musique:
Elliot Goldkind
Consultant musical:
Elliot Goldkind
Designer musique:
Alex Kharlamov
Mixage musique:
James T. Hill
Co-producteur du score:
Nathan Rightnour

(c) 2013 RCR Media Group/Trilogy Entertainment Group/Solar Filmworks. All rights reserved.

Note: ***
PHANTOM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jeff Rona
« Phantom » est un modeste DTV sorti en DVD en 2013, et réalisé par Todd Robinson. Le film retrace les événements qui ont conduit à la crise du sous-marin soviétique K-129 en 1968. En s’inspirant de faits réels, Robinson élabore un suspense claustrophobique emprunté aux classiques du genre : l’histoire en elle-même voit deux officiers s’affronter pour prendre le pouvoir à bord de l’appareil, un thème manifestement calqué sur le « Crimson Tide » de Tony Scott. L’ambiance générale s’inspire aussi de films tels que « K-19 », « « Hunt for the Red October », « U-571 », « Das Boot » ou bien encore « Below ». Quand au scénario, il reprend les grandes lignes des événements tragiques survenus en 1968 : Demi (Ed Harris), un officier de la marine soviétique sur le point de prendre sa retraite est appelé par son supérieur Markov (Lance Henriksen) afin de mener une dernière mission secrète à bord de son vieil appareil le sous-marin russe de classe K-129. Demi a commis de graves erreurs dans le passé ayant entraîné la mort de plusieurs membres d’équipage au cours d’un incendie. Il sait qu’il doit réussir cette mission à tout prix pour prouver une dernière fois sa loyauté et se racheter de ses fautes. L’équipage embarque à son bord des officiers du KGB dirigés par le taciturne agent Bruni (David Duchovny). Ce dernier refuse d’expliquer à Demi la raison de sa présence à bord et la mission débute alors sans perdre un instant. Mais tandis que Demi et son second Alex Kozlov (William Fichtner) s’interrogent sur le but réel de leur mission classée top secrète, Bruni finit par révéler ses véritables intentions : la mission consiste à tester un tout nouveau prototype baptisé « Phantom », capable d’altérer la signature acoustique du sous-marin afin de le faire passer pour un navire marchant ou un bateau civil. Lorsque Bruni révèle alors que le véritable objectif de la mission est de déclencher une guerre nucléaire entre la Chine et les Etats-Unis, Demi se révolte et une mutinerie s’organise très vite à bord. « Phantom » reprend donc tous les codes des films habituels de sous-marins avec son lot de trahisons, de rebondissements, de rebellions, de suspense et d’action : le problème vient surtout du fait que Todd Robinson essaie d’émuler des grands classiques du genre sans jamais y parvenir véritablement. Malgré de bonnes intentions, le film ne laisse aucun souvenir particulier, trahi par un budget trop modeste pour ses intentions (malgré des scènes aquatiques pourtant très réussies visuellement) et une mise en scène plate et impersonnelle au possible. Dommage, car le casting s’avérait pourtant remarquable (Ed Harris, David Duchovny, William Fichtner, Lance Henriksen, Sean Patrick Flanery), mais « Phantom » échoue dans ses intentions et s’apprécie au final comme un simple divertissement plutôt correct mais assez insipide et sans grande envergure.

Jeff Rona s’est fait connaître dans les années 90 en tant que membre régulier du défunt studio Media Ventures d’Hans Zimmer et Jay Rifkin (studio qui est devenu par la suite Remote Control). Jeff Rona a ainsi écrit de la musique additionnelle pour de nombreux scores d’Hans Zimmer et s’est lancé en solo sur des films tels que « White Squall » de Ridley Scott (1996) ou « Schizopolis » de Steven Soderbergh (1996), sans oublier sa participation à quelques téléfilms et séries TV (dont « Persons Unknown » de Christopher McQuarrie en 2010). Relativement discret depuis quelques années, Jeff Rona se voit finalement confier la partition de « Phantom », pour lequel il signe une partition synthético-orchestrale accentuant clairement le suspense et la tension de façon lente et immersive. L’objectif du compositeur était donc de suggérer le fait que l’issue de ce périple est tout à fait incertain pour Demi et son équipage. La mélancolie contemplative de « The Early Dawn » et ses percussions synthétiques sur fond d’accords amples de cordes, de clavier et de nappes électroniques soulignent clairement le drame à venir à bord du sous-marin, dont la présence est constamment évoquée tout au long du film par l’emploi de percussions métalliques évoquant l’appareil. L’univers du sous-marin offre d’ailleurs l’occasion à Jeff Rona d’expérimenter autour de ses samples synthétiques toute une palette de sonorités diverses que l’on retrouve notamment dans « This Is Not Drill », où Rona développe des sons proches du métal ou des sonars. Hélas, le budget modeste du film empêche le compositeur d’avoir un orchestre conséquent à sa disposition, Rona étant bien souvent obligé d’avoir recours à des cordes synthétiques samplées pour parvenir à ses fins, dont la résonance plutôt cheap et un peu kitsch au début de « Can We Be Redeemed For The Things We’ve Done ? » annihile malheureusement l’atmosphère mélancolique et pleine de regrets voulue par Jeff Rona, alors que Demi se souvient de ses fautes et espère trouver un jour le moyen de se racheter. Même chose pour le poignant « Time For Farewells », qui exprime les adieux à la terre alors que Demi et son équipage partent pour un voyage sans retour (ce qu’ils ignorent encore). A noter un élément musical récurrent associé aux russes dans le film : l’emploi d’un instrument américain baptisé Marxophone, une sorte de cithare sans frettes inventée par l’américain Henry Charles Marx au début du XXe siècle, introduite dans « This Is Not Drill » et très présente dans l’émouvant « Time For Farewells », ainsi qu’une utilisation non moins poignante d’un duo pour violon et violoncelle soliste, exprimant l’aspect plus humain du récit, les cordes solistes étant interprétés par les musiciens du Calder String Quartet avec un groupe de violoncellistes supplémentaires, sans oublier la participation du guitariste d’avant-garde russe Alex Kharmelov, qui s’est occupé de créer des atmosphères sonores à partir de guitares électriques sur le score de « Phantom ».

Si le début du film offre donc l’occasion à Jeff Rona de renouer avec une mélancolie poignante qui rappelle par moment la musique du film « White Squall », « We All Go The Same Way On A Boat » confirme l’ambiance dramatique du score avec le retour du violoncelle soliste sur fond de nappes et cordes synthétiques sombres. On retrouve ici les sonorités métalliques du début que le compositeur a crée de façon astucieuse en samplant des objets divers métalliques (tuyaux, valves, pièces hydrauliques et marteaux frappés avec des baguettes), objets qui se trouvaient d’ailleurs à bord du sous-marin soviétique utilisé dans le film et que le compositeur a pu visiter durant le tournage afin d’y puiser son inspiration. Cette manière de procéder plutôt astucieuse permet à Jeff Rona d’élaborer toute une gamme de sons filtrés et samplés à partir de logiciels de traitements de son derniers cris, mélangeant ainsi ses sons aux samples de l’orchestre (cordes, piano, etc.), le concept étant ainsi d’écrire, comme le mentionnait Rona lui-même dans une récente interview, « une musique pour un film de sous-marin faite avec un sous-marin ». Optant pour une approche résolument atmosphérique et immersive, Jeff Rona évoque l’idée que tous ces hommes sont piégés à bord d’un gigantesque sous-marin au fond des mers, avec toujours ce même sentiment de résignation, de tristesse et de regrets dans « Like A Thousand Snowflakes », autant pour le personnage d’Ed Harris que pour les autres passages du sous-marin, piégés à leur tour par une situation sans issue. Autre élément-clé du score de « Phantom » : l’idée du compte à rebours sous la forme de cliquetis métalliques métronomiques, comme c’est le cas dans « Engage the Phantom », un élément rythmique que l’on retrouve tout au long du score pour maintenir un suspense permanent et rappeler le contexte de guerre nucléaire du film. A noter l’emploi solennel d’une trompette mélancolique dans « My Father », où l’on devine l’honneur et la gloire familiale de Demi. La seconde partie de « My Father » permet au compositeur de développer à nouveau ses motifs en notes rapides/métronomiques rappelant l’idée d’un compte à rebours implacable, comme au début de « Sending A Signal », et ses sonorités métalliques/électroniques expérimentales agrémentées de notes du Marxophone évoquant l’univers soviétique du film.

Le suspense monte d’un cran dans « Go Below » pour suggérer la lutte de pouvoir entre Demi et Bruni à bord du sous-marin K-129, Jeff Rona flirtant même temporairement ici avec l’action à grand renfort de rythmes métalliques agressifs et effrénés. La musique plonge littéralement dans une noirceur sans équivoque avec « They Already Have The Codes », alors que le piège se referme sur l’équipage, une idée que l’on retrouve dans le tendu « If They So Much As Blink » avec le retour du motif en notes ascendantes rapides aux cordes, très présent durant la dernière partie du film, puisqu’on le retrouve notamment dans « Torpedoes In The Water » mais aussi dans « This Is Your Captain » (vers 0:27) et dans l’intense « Arming the Warhead ». Finalement, les choses semblent s’apaiser dans le poignant « We’re On The Bottom », dont le caractère mélancolique et tragique, largement véhiculé ici par les cordes solistes, apporte un éclairage humain et élégiaque saisissant au final du film (sans aucun doute le plus beau morceau du score de « Phantom »), qui trouve d’ailleurs sa conclusion dans les bouleversants « Give Her A Message », « To Stay Here With You » et « I Wish He Knew », durant lequel les violoncelles solistes et le clavier prennent enfin le dessus sur la partie synthétique du score (qui se limite alors aux cordes samplées). A noter que Jeff Rona a aussi écris une chanson originale pour le générique de fin du film, « An Ocean Away », adapté d’un morceau écrit pour le score et brillamment interprétée par la chanteuse Rachel Fannan et mixée par la productrice/compositrice Carmen Rizzo. Au final, le score de « Phantom » remplit parfaitement son rôle dans le film et accentue aussi bien la tension et le suspense claustrophobique du récit tout en retranscrivant à merveille l’environnement sonore du sous-marin. C’est aussi l’occasion pour Jeff Rona d’évoquer l’aspect plus humain et dramatique du récit à travers quelques passages élégiaques et mélancoliques plus poignants, le tout servi par quelques idées motrices récurrentes (et notamment les rythmes métronomiques métalliques ou le motif de 4 notes répétées). Dommage cependant que le score ne laisse pas de souvenir particulier après écoute, car hormis le côté cheap des cordes synthétiques, on regrette la faiblesse thématique du score qui manque d’un vrai thème fédérateur, tandis que le caractère extrêmement répétitif de l’ensemble de la partition risque fort d’en décevoir plus d’un à l’écoute de l’album publié par Milan. Seuls les fans de Jeff Rona et de ses musiques électroniques atmosphériques habituelles y trouveront certainement leur compte dans le film : difficile pour les autres de s’enthousiasmer par un score plein d’idées mais finalement pas vraiment passionnant à écouter de bout en bout.




---Quentin Billard