1-Leafmen 1.17
2-Pursuit 2.40
3-Tara's Chamber 3.03
4-Meet Dad 0.34
5-Moonhaven Parade 1.27
6-Alarms 0.41
7-The Selection 2.13
8-Ambush 4.17
9-Tara's Gift 2.05
10-Small 2.25
11-Girl Meets Boy 3.24
12-Rings of Knowledge 2.35
13-Antlers 2.10
14-Kidnapped 0.54
15-In The House 3.39
16-Many Leaves 1.54
17-Escape 4.45
18-False Start 3.07
19-Epic Final Confrontation 3.19
20-Return 4.18
21-Epic Finale 1.34

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88883735322

Score produit par:
Danny Elfman
Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone,
Dave Slonaker

Supervision orchestrations:
Steve Bartek
Musique additionnelle et arrangements:
Paul Mounsey, TJ Lindgren
Préparation et supervision MIDI:
Marc Mann
Orchestrations additionnelles
et programmation de:
Peter Bateman
Préparation musique:
Rob Skinnell
Auricle:
Richard Grant
Coordinateur de production du
studio Della Morte Music:
Melisa McGregor
Assistante de Mr. Elfman:
Melissa Karaban
Monteurs musique:
Lisa Jaime, Bill Abbott
Monteurs temp music:
Chuck Martin, Jeff Carson,
Terry Wilson

Monteurs additionnels:
Shie Rozow, Ellen Segal
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Danielle Diego
Business affairs pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Production musicale supervisée
pour la 20th Century Fox par:
Rebecca Morellato
Music Clearance pour
20th Century Fox:
Ellen Ginsburg
Développement produit pour
Sony Classical:
Isabelle Tulliez

Artwork and pictures (c) 2013 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
EPIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Sorti au tout début de l’été 2013, « Epic » est le dernier long-métrage de Chris Wedge, auteur de « Robots » et « Ice Age ». Produit par Blue Sky Studios et la 20th Century Fox, « Epic » est une adaptation du roman pour enfant « The Leaf Men and the Brave Good Bugs » de William Joyce. « Epic » raconte l’histoire de Mary Katherine (Amanda Seyfried) alias M.K., une jeune adolescente de 17 ans qui vient tout juste de s’installer dans la maison de son père qu’elle n’a pas revu depuis des années, l’excentrique professeur Bomba (Jason Sudeikis), qui a passé plusieurs années à rechercher dans la forêt des guerriers miniatures baptisées ‘les hommes feuilles’. Ces derniers protègent en réalité la forêt des attaques de Boggans, une race de créatures maléfiques dirigés par Mandrake (Christoph Waltz), et qui n’ont qu’une idée en tête : détruire le royaume des hommes feuilles et ravager la forêt en y installant la pourriture et les matières en putréfaction. L’un des jeunes soldats du royaume, Nod (Josh Hutcherson), décide finalement de quitter les troupes, et ce malgré les avertissements de son mentor Ronin (Colin Farrell), chef des armées des hommes feuilles. Pendant ce temps, la reine Tara (Beyoncé Knowles) prépare les festivités pour la cérémonie qui consiste à choisir une nouvelle prétendante au trône, mais c’est le moment que choisissent les Boggans pour attaquer. Au cours de l’attaque, Dagda (Blake Anderson), le fils de Mandrake, est tué, tandis que la reine Tara est mortellement blessée et agonise. Au même moment, M.K., frustrée de ne pas réussir à communiquer avec un père absent et trop occupé, décide de quitter la maison et de repartir en ville, jusqu’à ce qu’elle remarque qu’Ozzy, son chien à trois pattes et avec un seul oeil, s’est enfui vers la forêt. Bien décidée à le rattraper, M.K. pénètre dans la forêt et aperçoit alors Tara en train de chuter. La reine agonisante lui offre alors le précieux bourgeon qui permettra d’assurer la succession du trône, puis elle utilise sa magie sur l’humaine pour la miniaturiser. Tara lui confie alors une importante mission : M.K. doit emporter le bourgeon et l’amener à un ver luisant nommé Nim Galuu (Steven Tyler). Désormais, la jeune ado incarne malgré elle l’ultime espoir de tout un royaume sur le bord de l’extinction, aux prises avec les tyranniques Boggans. Avec ses nouveaux amis, elle devra affronter toute une série d’épreuves et de batailles pour sauver la forêt et retrouver le monde des humains. « Epic » est donc un solide divertissement estival qui n’apporte rien de neuf au genre, et délivre un message écologique évident sur l’importance de préserver la nature et les forêts, le tout filmé avec une 3D parfaitement maîtrisée, notamment au cours des scènes aériennes. « Epic » est filmé à la manière d’un conte pour enfants, avec son lot de gentils, de héroïne au grand coeur et de méchants abjects, le tout servi par une animation remarquable et des graphismes d’un réalisme saisissant de toute beauté. C’est d’ailleurs dans la richesse visuelle des images que « Epic » parvient à s’imposer, avec des décors magnifiques dans la forêt et des paysages à couper le souffle, sans oublier quelques touches d’humour et des sujets plus sérieux (le décès de Tara, la relation difficile entre le père et sa fille, etc.). Certes, le tout reste très manichéen, avec le thème habituel de la lutte entre le bien et le mal, mais on se laisse facilement emporter par la qualité des images, les scènes d’aventure, l’humour et le côté attachant des personnages.

La musique de « Epic » a été confiée à Danny Elfman, qui signe en 2013 sa deuxième partition pour le cinéma après « Oz the Great and Powerful » de Sam Raimi – à noter que la sortie de « Epic » coïncidence avec les 60 ans du compositeur - Pour « Epic », le compositeur fait appel au traditionnel orchestre symphonique agrémenté d’un choeur et d’un ensemble d’instruments solistes (flûte, guitare, percussions, etc.). A la première écoute, on remarque très vite quelques similitudes esthétiques avec les musiques de John Powell pour les films d’animation : visiblement obligé de suivre un temp track assez strict, Danny Elfman se retrouve à plus d’une reprise contraint d’imiter le style de Powell sur « Epic », un style aisément reconnaissable mais qu’Elfman parvient malgré tout à digérer et à appréhender sans pour autant renier sa propre personnalité musicale. C’est ainsi que l’on retrouve donc les orchestrations soignées du compositeur avec ses traditionnels choeurs fantaisistes, ses quelques touches d’humour et des passages d’action/aventure débridés et épiques, le tout sur fond de thèmes entraînants. Et en parlant de thème, impossible de passer à côté du superbe thème principal, une grande mélodie d’aventure noble et héroïque qui parcourt l’ensemble du métrage et apporte ce souffle épique typique du film de Chris Wedge. Ce thème, on le découvre rapidement vers le début du film dans « Leafmen », associé aux hommes feuilles dans le film. « Leafmen » débute à grand renfort de guitares folk, percussions et cordes aux sonorités celtiques et rythmées. Ce sont d’ailleurs ces sonorités celtiques que l’on retrouvera tout au long du film, associées dans le film à l’univers de la forêt. L’arrivée du choeur avec l’orchestre, les percussions et les guitares renforce à son tour le climat aventureux et épique du score tandis que le thème principal est introduit par les cors à 0:40 : on reconnaît le thème par son intervalle introductif d’une quinte ascendante, puis par ses rythmes en triolets (certains auditeurs attentifs ont remarqué une étonnante ressemblance entre cette mélodie et les premières notes du refrain de la chanson « Blue Skies » d’Irving Berlin de 1926). A noter que « Leafmen » introduit brièvement à 0:34 un second thème d’aventure héroïque qui deviendra plus présent par la suite : le thème de la forêt. Si l’aventure est donc d’emblée au rendez-vous, Elfman n’oublie pas pour autant l’action avec un superbe déchaînement orchestral introduit dans l’excitant « Pursuit », à grand renfort de cuivres, cordes, bois et percussions acoustiques/électroniques massives. On appréciera ici la qualité et la richesse des orchestrations, avec une superbe envolée du thème principal accompagné des guitares de George Doering et de quelques percussions exotiques, le tout sur fond de rebondissements rythmiques particulièrement prenants.

Aucun doute possible : Danny Elfman semble très inspiré par son sujet et sa musique respire la fraîcheur et l’énergie qu’on lui connaît habituellement sur les films d’aventure familiaux façon « Charlotte’s Web » ou « Black Beauty ». « Tara’s Chamber » se veut plus intime avec l’emploi féerique du choeur, de sonorités cristallines du célesta et d’un joli mélange entre cordes et bois. Elfman évoque la présence des Boggans à l’aide d’un thème en croches pointées-double introduit à la clarinette basse dès 1:24, et qui reviendra à plusieurs reprises lors des apparitions de Mandrake et ses sbires, le tout sur fond de sonorités plus atmosphériques sombres et menaçantes, et l’emploi de cordes dissonantes ou d’orchestrations plus sombres. Qui dit film d’animation familial dit bien évidemment mickey-mousing, avec en particulier le motif sautillant « Meet Dad » et son mélange de cordes, célesta et bois sautillants. L’influence de John Powell est flagrante dans « Moonhaven Parade », que ce soit dans le choix de certaines couleurs instrumentales (flûte celtique, guitares, percussions exotiques) ou dans l’écriture très colorée de l’orchestre. Le thème principal est repris à 0:55 aux cors, sur fond de rythmiques de guitares, avec toujours ce sentiment de noblesse, de majestuosité et d’aventure, et ce jusqu’à une coda orchestrale/chorale assez triomphante. Dans « Alarms », on retrouve le motif mickey-mousing du père avec ses notes descendantes et sautillantes de bois et cordes, alors que « The Selection » introduit dans l’orchestre un piano intime et poétique particulièrement réussi, avec l’arrivée du thème d’aventure à 0:46, exposé de façon plus ample et posée par des cordes, des choeurs majestueux et des arpèges rapides de piano, glockenspiel et harpe cristalline pour évoquer l’immense beauté de la forêt « Ambush » expose quand à lui la partie plus dissonante et menaçante associée aux Boggans dans le film, passages étonnamment sombres et agressifs pour un film d’animation familial. Mais loin de céder à la noirceur, c’est l’énergie et l’aventure qui domine « Ambush », avec un nouveau morceau d’action débridé à grand renfort de guitare rythmique, et une reprise du thème d’aventure de « Leafmen » (à partir de 0:59) juxtaposé ici au thème principal héroïque des hommes feuilles. « Ambush » évoque magnifiquement une autre scène de bataille entre les hommes feuilles et les Boggans à grand renfort d’envolées mélodiques, de guitares, de cuivres amples et de choeurs épiques. Ici aussi, difficile de ne pas sentir l’influence de John Powell, et ce jusque dans le choix de certaines harmonies, plus typiques de Powell que d’Elfman.

Le thème d’aventure de la forêt est repris dans « Tara’s Gift » sous un angle plus intime et mélancolique, évoquant le souvenir de la reine Tara et du bourgeon qu’elle a confié à M.K. C’est un Elfman plus lyrique et posé que nous donne à entendre « Tara’s Gift », développant le thème d’aventure/de la forêt avec l’emploi grandiose des choeurs féeriques, apportant un sentiment d’émerveillement et de puissance aux images du film, tandis que les sonorités dissonantes des Boggans ne sont pas loin. Elfman se fait plaisir dans le sautillant « Small » et sa reprise héroïque du thème de « Leafmen » aux accents celtiques. « Rings of Knowledge » développe quand à lui quelques touches mickey-mousing sautillantes et se conclut de façon grandiose avec une envolée orchestrale féerique, magique et poignante pour choeurs et orchestre autour du thème de la forêt. On retrouve aussi le mélange de glockenspiel, célesta et harpe cristalline au début de « Antlers » typique du compositeur avec une autre série de développements autour du thème de la forêt, alors que les Boggans sont évoqués dans le sombre « Kidnapped ». On retrouve ici une série de variations autour du motif de Mandrake et ses sbires, motif développé de façon plus guerrière et belliqueuse aux cuivres avec des choeurs sombres et menaçants. L’action domine ensuite le puissant « In The House », autre morceau d’action incontournable du score de « Epic » (à noter l’emploi assez virtuose des trompettes entre 1:40 et 1:46). Dans le même ordre d’idée, impossible de résister à la puissance de « Escape », alors que Ronin s’échappe de chez les Boggans, permettant à Elfman de nous offrir un nouveau déchaînement orchestral comme il sait si bien en faire, marqué par le retour des choeurs d’hommes des Boggans et le motif de Mandrake, le thème principal et le thème de la forêt. Enfin, la bataille finale est évoquée dans le massif et épique « Epic Final Confrontation », autre morceau d’action déchaîné, virtuose et très prenant avec ses envolées chorales héroïques extrêmement puissantes.

Danny Elfman signe donc une très belle partition symphonique pour « Epic », généreuse en thèmes, en ambiances et en sonorités instrumentales (notamment avec l’emploi de touches celtiques pour la forêt et les hommes feuilles). Tour à tour drôle, touchante, sombre, héroïque et féerique, la musique de « Epic » est un pur régal pour les fans de Danny Elfman et de ses musiques plus ‘familiales’, le seul problème de cette partition venant essentiellement d’un manque total d’originalité, le compositeur ayant visiblement été contraint de suivre un temp track précis et d’imiter certains scores (dont ceux de John Powell entre autre) pour parvenir à ses fins. Qu’à cela ne tienne, le résultat est somme toute aussi savoureux dans le film que sur l’album, la musique s’imposant par sa richesse mélodique, ses couleurs orchestrales et son énergie à toute épreuve, une musique d’aventure vive et colorée que les fans d’Elfman auraient tort de rater. En revanche, pour les autres qui cherchent un Elfman plus étonnant et hors des sentiers battus, « Epic » risque d’en frustrer certains par son côté un peu impersonnel et le manque d’audace du compositeur. Malgré tout, il s’agit d’un score de qualité bien au dessus de la masse des musiques de films sortis durant l’été 2013, qui confirme le fait qu’à soixante ans, Danny Elfman reste toujours l’un des grands maîtres de la musique de film hollywoodienne !




---Quentin Billard