1-Lookin' Good (Cutter's Theme) 3.49
2-Lisa 5.55
3-Cruisin' 5.31
4-Rane to Plane 2.06
5-Fight 1.27
6-Skyjack 5.41
7-What is the Plan? 1.36
8-Just Lookin' Good
(Cutter's Theme) 1.30
9-Big Fall 2.36
10-Motorcycles 0.54
11-Have A Nice Flight 1.42
12-Just Cruisin' 2.34
13-Ferris Wheel 2.30
14-"Let Me Tell Him" 2.57
15-Tracking Rane 1.12
16-Chaos on the Tarmac 4.37
17-"Anything Wet" 1.37
18-Flight Fight 4.00

Musique  composée par:

Stanley Clarke

Editeur:

Slamm Dunk/Epic EK 53232

Album produit par:
Stanley Clarke
Orchestrations:
Stanley Clarke, William Kidd,
Jeff Marsh

Monteur musique:
Jamie Forester, Lise Richardson,
James D. Young

Mixage musique:
Dan Humann

Artwork and pictures (c) 1992 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
PASSENGER 57
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Stanley Clarke
« Passenger 57 » est un pur produit du cinéma américain des années 90, réalisé par Kevin Hooks (spécialiste des séries TV ‘eighties’) et sorti en salles en 1992. Il est surtout le prototype parfait du film d’action U.S. de cette époque, et reste un gros succès au box-office 92. « Passenger 57 » est aussi le premier grand succès de Wesley Snipes qui lança définitivement sa carrière dans les années 90 (et ce jusqu’à son passage à vide dans les années 2000 et ses ennuis judiciaires avec le fisc en 2010). Après le succès de « Passenger 57 », Snipes se verra ainsi offrir d’autres rôles dans de nombreux films d’action à venir : « Drop Zone », « Money Train », « Demolition Man », « U.S. Marshals », etc. Dans « Passenger 57 », on y suit le parcours mouvementé de Charles Rane (Bruce Payne), un terroriste international sur le point de changer de visage par le biais de la chirurgie esthétique avant d’être brusquement arrêté par le FBI et embarqué à bord d’un avion en direction de Los Angeles. John Cutter (Wesley Snipes), agent responsable de la sécurité aérienne, se trouve à son tour à bord de l’appareil, enregistré en tant que 57ème passager. Il vient tout juste de se voir offrir le poste de vice-président de l’unité anti-terroriste aérienne de la compagnie Atlantic International Airlines dirigée par Stuart Ramsey (Bruce Greenwood), et ce grâce à l’insistance de son vieil ami Sylvester Delvecchio (Tom Sizemore). Mais John a bien du mal à faire la part des choses, hanté par le souvenir de la mort tragique de sa femme tuée au cours d’un braquage dans une épicerie. C’est alors que Charles Rane réussit à se libérer après avoir abattu les deux agents du FBI et sème la panique dans l’avion, aidé par des complices qui se cachaient parmi l’équipage et les passagers, qu’il prend alors en otages. N’écoutant que son courage, John Cutter décide de sauver les passagers de l’avion et de défaire les terroristes dirigés par Charles Rane. Avec l’aide de Marti Slayton (Alex Datcher), une hôtesse de l’air, John s’arrange pour vider le kérosène de l’appareil afin de forcer les terroristes à se poser au sol. C’est alors qu’une lutte acharnée commence entre Cutter et les terroristes de Rane. « Passenger 57 » est donc symptomatique du cinéma d’action des années 90, avec un héros cool brillamment campé par Wesley Snipes, un méchant classe et ultra sadique superbement interprété par Bruce Payne et quelques bonnes punchlines très ‘nineties’, dont la fameuse réplique culte de Snipes : « always bet on black ! » (Pariez toujours sur le noir !). Bien réalisé, le film reste divertissant et nous maintient en haleine pendant 1h20, et ce même si l’on regrette le fait qu’une partie de l’histoire se déroule au sol, alors que le concept du héros affrontant des terroristes dans un avion n’est pas complètement exploité de bout en bout dans le film. Au final, avec son lot d’action, de bagarres (Wesley Snipes en profite pour démontrer ses talents de karatéka !), de suspense, d’humour et de répliques cinglantes, « Passenger 57 » est une solide série-B d’action dans la plus pure tradition du genre, idéale pour se vider le cerveau pendant 80 minutes !

La partition du guitariste Stanley Clarke est sans aucun doute l’un des atouts du film de Kevin Hooks. Le compositeur est essentiellement connu en tant que contrebassiste et joueur de basse électrique, et travaille depuis de nombreuses années avec plusieurs groupes de rock et de jazz. Clarke est aussi connu pour sa technique de jeu révolutionnaire de basse électrique et ses nombreuses collaborations artistiques (Jeff Beck, Miroslav Vitous, Animal Logic avec Stewart Copeland, George Duke, etc.). Stanley Clarke a aussi composé plusieurs musiques de film pour le cinéma et la télévision, incluant les films « Boyz n the Hood » (1991), « Poetic Justice » (1993), « Panther » (1995), « Romeo Must Die » (2000), « Le Transporteur » (2002) ou bien encore « Into the Sun » (2005). Pour « Passenger 57 », Stanley Clarke signe une partition d’action débordant d’énergie, de rythmes rock/funky savoureux et de déchaînements orchestraux musclés. A l’écoute de la musique sur l’album, on remarque très vite une différence notable par rapport au film : l’album contient de nombreux morceaux arrangés spécialement pour le CD mais non utilisés dans le film. D’autre part, fait plus troublant, l’excellent « Main Title » (générique de début) du film n’est pas présent sur l’album, Stanley Clarke l’ayant inclus – pour une raison inconnue – sur un autre album intitulé « At the Movies », un choix d’autant plus regrettable que le « Main Title » est l’un des morceaux mémorables du score de « Passenger 57 ». Hormis les problèmes inhérents à l’album, le score de Stanley Clarke apporte son lot d’action et de rythmes au film de Kevin Hooks. Boosté par le charisme et l’attitude cool de Wesley Snipes, Clarke compose pour le personnage l’excellent « Lookin’ Good (Cutter’s Theme) », thème irrésistiblement funky avec ses riffs de basse électrique, guitares, clavier, batterie et saxophone très 70’s. L’approche musicale de Clarke est évidemment typique de cette époque et résonne de façon datée pour un auditeur de 2013, mais le charme incroyable et le caractère fun de « Lookin’ Good (Cutter’s Theme) » et son solo de saxophone jazz/funky apportent une pêche indéniable au film, même si là aussi le thème est finalement quasi absent du film, plutôt davantage développé et arrangé spécifiquement pour le CD.

Même chose pour la ballade sexy funk/jazz de « Lisa », censée évoquer l’hôtesse de l’air Marti Slayton dans le film. Aux rythmes de basse, guitare, batterie et claviers rhodes, Clarke adjoint quelques accords élégants et nostalgiques très 70’s et de brèves vocalises féminines envoûtantes. Même chose pour « Cruisin’ » qui fait la part belle au saxophone jazzy sur fond de rythme funk, tandis que le score du film débute vraiment avec « Rane to Plane », qui introduit le thème principal, un motif aux notes descendantes entendu dès le générique de début du film (présent sur l’album « At the Movies »). Stanley Clarke fait appel ici à une section rythmique à base de boîtes à rythmes très années 80, avec riffs de basse, guitares, synthés et une partie orchestrale limitée aux cordes et aux cuivres. Le thème de Charles Rane s’avère être particulièrement omniprésent tout au long du film, parfois usé et répété ad lib. jusqu’à plus soif. Autrement dit : vous allez tellement l’entendre tout au long du film que vous aurez bien du mal à vous l’enlever de la tête à la sortie du film ! Le thème de Rane vient aux synthés dans « Fight » puis « Skyjack », qui accompagne la séquence de la prise d’otages à bord de l’avion. Premier grand morceau d’action de « Passenger 57 » après le fonctionnel et synthétique « Fight », « Skyjack » fait la part belle aux cuivres musclés, aux percussions métalliques et aux cordes agitées, dans un style très proche des « Die Hard » de Michael Kamen, qui semble avoir servi de compositeur de référence pour Stanley Clarke sur « Passenger 57 ». Inventif dans son utilisation des sons électroniques mélangés à l’orchestre, Clarke joue donc la carte de la musique d’action orchestrale hollywoodienne telle qu’on pouvait alors l’entendre dans les films des années 80-90, à mi-chemin entre Michael Kamen et Jerry Goldsmith. Si l’influence des musiques de « Die Hard » et « Lethal Weapon » est flagrante dans « Skyjack », y compris dans les orchestrations et les sons électroniques, Clarke parvient à dépasser ses références pour apporter une énergie et une dynamique intense aux images. Le thème de Rane introduit ensuite le sombre « What Is The Plan » avec quelques rythmes martiaux conclusifs assez impressionnants.

Niveau orchestrations, si le mélange de cordes, percussions et cuivres opère parfaitement ici, on remarquera un élément que l’on retrouve régulièrement ici, quelques notes sombres de contrebasson/clarinette basse/piano que le compositeur inclut régulièrement dans ses orchestrations, comme c’est le cas au début de « Big Fall » et ses entêtantes ponctuations rythmiques martelées dans le grave avec quelques cordes staccatos. « Big Fall » fait la part belle aux cuivres musclés et virils et aux rythmes martiaux pour l’affrontement dans la fête foraine. Au fur et à mesure que le film avance, on remarque d’ailleurs que Stanley Clarke délaisse la section rock/funk/électro du début pour une approche beaucoup plus orchestrale et conventionnelle, flagrant dans « Skyjack » et « Big Fall », notamment lors des morceaux d’action débridés du film. Quelques rythmes funky font leur retour dans « Motorcycles », le romantique et kitsch « Just Cruisin’ » ou le sympathique « Have A Nice Flight », mais ce sont les morceaux d’action orchestraux qui s’imposent ici, avec en particulier l’excitant « Ferris Wheel » et son écriture rythmique très syncopé des cuivres et du reste de l’orchestre : ici aussi, impossible de ne pas remarquer des similitudes plus qu’évidentes avec « Die Hard 2 » de Michael Kamen, surtout au niveau de l’écriture caractéristique et syncopée des cuivres. « Ferris Wheel » s’avère être l’un des meilleurs morceaux d’action du score de Stanley Clarke, surtout lorsque la batterie vient rejoindre l’orchestre au bout d’1 minute 30. Certains passages plus calmes comme « Let Me Tell Him » tentent de faire monter la tension dans le film, tout comme « Tracking Rane » et ses riffs de basse funky suggérant l’idée de l’infiltration et de la filature de Rane. L’action culmine durant la longue confrontation finale, à commencer par l’excitant « Chaos On The Tarmac » alors que l’opération visant à abattre Rane lorsqu’il remonte dans l’avion échoue. Clarke nous offre ici plus de 4 minutes d’action pure et dure à grand renfort de développements thématiques et de cuivres hargneux (dont les rythmes sont en partie repris de « Ferris Wheel »), sans oublier l’affrontement final dans l’avion, « Flight Fight », et son impressionnante coda anarchique et dissonante.

Stanley Clarke signe donc un excellent score d’action pour « Passenger 57 », entre les rythmes funky/électro du début, et les morceaux orchestraux plus conventionnels de la deuxième partie du film dans l’avion et sur le tarmac de l’aéroport. Si Clarke ne surprend guère en optant pour des schémas musicaux déjà entendus des centaines de fois dans les années 80/90 – probablement influencé par le temp-track du film qui contenait certainement des compositions de Michael Kamen pour « Die Hard » ou « Lethal Weapon » - le musicien parvient à imposer un savoir-faire évident pour le film de Kevin Hooks, autant dans le maniement des synthétiseurs, des rythmes funk rétro ou des déchaînements orchestraux virils et décomplexés. Grâce à son énergie redoutable dans le film et à son thème entêtant et aisément mémorisable (quoique trop constamment répété tout au long du film), le score de « Passenger 57 » s’avère donc être un solide score d’action en provenance des ‘nineties’, que les fans du genre devraient apprécier à sa juste valeur, y compris sur l’album, qui s’écoute de façon agréable grâce aux morceaux jazz/funk supplémentaires que le compositeur a rajouté sur le CD.



---Quentin Billard