1-He's Coming 1.33
2-You Can't Go In There 1.08
3-Jack Roosevelt Robinson 1.30
4-Can You Do It? 1.56
5-Spring Training 1.22
6-You Are A Hero 0.55
7-Jackie's Style of Baseball 3.16
8-Jackie Has To Run 1.27
9-Why Are You Doing This? 2.59
10-Rachel Is Pregnant 1.41
11-Jackie Talks To His Son 0.59
12-Jackie Apologizes To Wendall 1.14
13-Jackie Is Brought Up 4.16
14-A White Man's Game 0.39
15-Jackie Steals 2.06
16-They Are Never
Going To Beat You 1.05
17-Hate Mail 1.26
18-Peewee and Jackie 1.33
19-Spiked 1.01
20-Branch Rickey 1.38
21-Jackie Robinson 6.53

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

WaterTower Music WTM 39447

Monteur musique:
Thomas Milano
Assistant de Mark Isham:
Allison Geatches
Orchestrations:
Brad Dechter
Orchestrations additionnelles:
Greg Ballinger, Tim Simonec
Préparation musique:
Mark Graham
pour JoAnne Kane Music Services
Préenregistrements sessions:
Tyler Parkinson
Score produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif:
Brian Helgeland
Direction de la musique pour
Watertower Music:
Jason Linn
Superviseurs musique:
Peter Afterman, Margaret Yen
Music business affairs:
Lisa Margolis
Direction artistique:
Sandeep Sriram

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc. & Legendary Pictures Productions LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
42
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Scénariste très prisé à Hollywood, Brian Helgeland a signé les scripts pour quelques blockbusters majeurs du cinéma américain de ces 20 dernières années : « Assassins », « L.A. Confidential », « Conspiracy Theory », « The Postman », « Man on Fire », « The Bourne Supremacy », « Robin Hood », etc. Pour son quatrième long-métrage en tant que réalisateur, Brian Helgeland décide de porter à l’écran dans « 42 » l’histoire vraie de Jackie Robinson (Chadwick Boseman), véritable légende du baseball américain et premier joueur afro-américain à avoir évolué au sein de la Ligue Majeure, où il a joué pendant plusieurs années pour les Dodgers de Brooklyn. Avec le soutien du directeur Branch Rickey (Harrison Ford), le jeune Robinson rejoint les Dodgers en 1945, alors qu’il vient de prendre le bus avec son équipe actuelle, les Kansas City Monarchs. Constant le racisme ambiant à l’encontre des noirs, Robinson se révolte auprès du pompiste de la station essence où ils se sont arrêtés, et qui lui refuse l’accès aux toilettes. C’est à ce moment précis que débarque un employé de Rickey, qui propose à Robinson de rencontrer son patron à Brooklyn. Le jeune Jackie signe alors son tout premier contrat avec Rickey, non sans avoir été averti par son nouveau directeur de l’importance de garder son calme et de ne jamais réagir brutalement aux attaques verbales de ses adversaires. Peu de temps après, Robinson s’installe avec sa femme Rachel (Nicole Beharie) à Brooklyn, et démarre son entraînement avec l’équipe de Montréal. Après une grande saison et un entraînement à Panama, Robinson rejoint finalement les Dodgers. Hélas, les choses se compliquent lorsque les joueurs de l’équipe, inquiets de voir un noir américain jouer parmi eux, décident de signer une pétition pour exiger le départ de Robinson, pétition immédiatement rejetée avec véhémence par le coach de l’équipe, Leo Durocher (Christopher Meloni). A force de courage et de ténacité, Robinson finit par s’intégrer à l’équipe, mais doit constamment subir les injures raciales et les attaques verbales de ses nombreux détracteurs, dans une Amérique ségrégationniste qui n’est pas encore prête à cette époque à accepter de voir un joueur noir évoluer au sein d’une équipe de base-ball. Et pourtant, Jackie Robinson ira bien au-delà des clivages et révolutionnera le base-ball américain en gagnant de nombreux championnats avec son équipe et en apportant un regard nouveau sur l’acceptation des afro-américains dans une société américaine en pleine mutation à l’aube des années 50. « 42 » est au final un biopic bouleversant sur l’un des plus grands génies du base-ball américain, Jackie Robinson, star incontournable et premier grand joueur noir de ce sport aux Etats-Unis à la sortie de la 2de Guerre Mondiale. Filmé de façon authentique et sans réel artifice, « 42 » est une réussite incontestable et doit son succès (critique et commercial) à son casting impeccable, mené par un Chadwick Boseman confondant de vérité dans la peau de Jackie Robinson, accompagné d’un Harrison Ford vieillissant et méconnaissable, et de quelques seconds rôles de qualité (Christopher Meloni, John C. McGinley, Lucas Black ou Alan Tudyk dans le rôle du coach très controversé des Phillies Ben Chapman, connu pour avoir été un adversaire tenace ayant tenu à plusieurs reprises des propos orduriers et scandaleusement racistes envers Robinson durant plusieurs matchs). Plus qu’un simple biopic, « 42 » est aussi une brillante leçon d’histoire puisque le film de Brian Helgeland retrace tout un pan de l’histoire des Etats-Unis à la fin des années 40, en pleine époque de la ségrégation raciale et du combat des afro-américains pour les droits civiques. Le film y parle ainsi du racisme, de l’intolérance mais aussi de la fraternité à travers le sport, de l’acceptation du changement et du dépassement de soi, des sujets classiques pour les films de sport hollywoodiens mais que Helgeland arrive à transcender sans jamais tomber dans les bons sentiments ou le mélodrame américain. Et c’est justement grâce à son côté réaliste que « 42 » marque un point et s’impo
se comme un excellent biopic authentique et poignant, parsemé de scènes émouvantes et parfois dures (séquence bouleversante durant laquelle Robinson supporte en silence pendant des heures les insultes racistes de Chapman avant d’exploser de rage dans les couloirs, à l’abri des regards du public), une vraie réussite dans son genre !

Le compositeur Mark Isham est devenu en quelques années un spécialiste des musiques de films de sport, puisqu’on lui doit entre autre les scores de « Miracle » (2004), « Kicking & Screaming » (2005), « Invincible » (2006), « Gracie » (2007) ou bien encore « The Express » (2008). Pour « 42 », Mark Isham reste fidèle à son style orchestral habituel et concocte une partition symphonique riche, généreuse et majestueuse, traversée d’envolées héroïques et émouvantes évoquant les exploits de Jackie Robinson et sa détermination à devenir un grand joueur de base-ball américain, malgré les insultes, les critiques et l’environnement raciste de l’Amérique dans laquelle il évolua à ses débuts.
A la première écoute de la musique dans le film, on reconnaît le style d’Isham au sein d’une partition qui va là où on l’attend, de façon très prévisible. Enregistrée à Londres, la musique de « 42 » offre aussi quelques jolies mesures au piano soliste de Mark Isham et à la trompette solo de Phillip Cobb – instrument-clé du score - le tout accompagné par des orchestrations généreuses et quelques percussions électroniques accentuant certaines scènes de match du film. Ainsi, le film débute dans un « He’s Coming » plutôt calme et réservée, avec quelques accords de piano sur fond de tenues de cordes, harpe et vents. On ressent ici l’aspect solennel de la partition avec des harmonies majestueuses aux cordes, accentuées par la trompette soliste qui évoque la détermination et la force de Jackie Robinson tout au long du film, dans un style très ‘americana’ (la pochette de l’album mentionnant d’ailleurs « The True Story of an American Legend »). Dans « You Can’t Go in There », Isham évoque le racisme auquel se retrouve confronté Jackie et sa femme Rachel, mais plutôt que de sombrer dans la noirceur et le mélodrame, Isham préfère suggérer la détermination de Robinson à s’imposer tel qu’il est dans une société qui n’est pas encore prête à l’accepter. On distingue ici le thème principal associé au personnage de Jackie Robinson aux vents, thème repris au début de « Jack Roosevelt Robinson » à la clarinette sur fond de cordes et harpe. Le thème s’impose par ses notes ascendantes majestueuses et pleines d’espoir, renforcée par des orchestrations généreuses (flûte, hautbois, clarinette, cordes, harpe, timbales) qui semblent en dire long sur le potentiel exceptionnel du personnage.

Dans « Can You Do It », on ressent l’espoir d’un grand avenir pour Jackie Robinson, avec des harmonies majestueuses et optimistes à l’orchestre et une montée solennelle des cordes et des vents – le tout dans un style qui rappelle parfois le travail de Trevor Rabin sur « Remember the Titans » ou même d’Isham lui-même sur « Miracle » - Quelques notes de piano et de cordes suffisent à ramener ensuite la musique à l’échelle humaine, tandis que « Spring Training » évoque enfin l’idée du sport et des premiers entraînements de Robinson au sein de sa nouvelle équipe de base-ball. L’enthousiasme de « You Are A Hero » et « Jackie’s Style of Baseball » renvoie clairement aux exploits du jeune joueur de base-ball tout au long du film, considéré comme le nouvel héros de toute la communauté afro-américaine dans les années 40. « Jackie’s Style of Baseball » fait un usage brillant de la trompette tandis que la musique est ponctuée d’envolées symphoniques triomphantes et héroïques pour suivre les exploits de Robinson à l’écran : on appréciera ici la qualité impressionnante de l’écriture orchestrale d’Isham, allant même jusqu’à faire brillamment converser ensemble la trompette et le pupitre des cordes lors d’une envolée virtuose assez spectaculaire mais un peu brève. « Jackie’s Style of Baseball » est à n’en point douter l’un des morceaux-clé du score de « 42 ». Dans « Jackie Has To Run », l’exubérance et l’énergie du morceau précédent cèdent la place à une musique plus dramatique et réservée, avec des cordes amères, des bois et quelques arpèges de harpe suggérant les problèmes de Robinson. Il s’agit aussi de l’un des passages les plus sombres du score, avec un bref sursaut orchestral chaotique et percussif très spectaculaire mais assez bref. On retrouve le climat intime et optimiste du début dans « Why Are You Doing This ? » avec le retour des rythmes exubérants et du thème principal de « You Are A Hero ». La trompette apporte ensuite son lot d’espoir et de vaillance dans « Rachel Is Pregnant », avec un style orchestral lyrique et majestueux qui rappelle beaucoup James Horner (on pense à « Apollo13 » par exemple, pour le côté ‘americana’).

Le thème est repris au piano de façon plus mélancolique et intime au début de « Jackie Talks To His Son », alors que les choses se compliquent pour Robinson et qu’il devient de plus en plus difficile pour lui de traverser toutes ces épreuves indemne. Même chose pour le touchant « Jackie Apologizes to Wendall », dominé par une très belle écriture de piano et orchestre. L’espoir semble ensuite renaître dans « Jackie Is Brought Up » où les percussions ponctuent une fanfare triomphante et solennelle façon « Apollo13 » d’Horner (qui semble avoir quelque peu influencé Mark Isham sur « 42 »). Les passages sombres comme « A White Man’s Game » ou « Hate Mail » s’avèrent être bien moins intéressants à écouter, le compositeur se contentant bien souvent de mélanger tenues de cordes sombres et accords mineurs alors qu’on sera davantage convaincu par les envolées triomphantes des scènes de base-ball ou des passages d’espoir du score, comme « Peewee and Jackie » qui développe un autre thème plein de noblesse du score, aux cuivres et aux cordes. Dans « Branch Rickey », Isham reprend le thème de piano/cordes de « He’s Coming » pour une conclusion plus posée et intime, tandis que le compositeur récapitule ses différentes idées dans « Jackie Robinson », une longue suite orchestrale de 6.46 minutes présentant les différents thèmes et idées majeures du score de « 42 », une longue suite empreinte de noblesse, de détermination, d’orchestrations amples (à noter l’emploi du marimba vers la première minute), de trompette solennelle et de percussions emphatiques, bien que l’on regrettera là aussi l’influence trop évidente du « Apollo 13 » de James Horner (flagrant dans le passage entre 2:29 et 3:59), Isham allant même jusqu’à imiter les mêmes progressions harmoniques et instrumentales lors d’une envolée triomphante et glorieuse du thème principal repris ici dans son intégralité par la trompette avec une puissance et une noblesse très américaine (façon Aaron Copland), un véritable hymne américain idéal pour conclure le score de « 42 » sur une touche solennelle et triomphante à l’image de cette véritable légende américaine de l’histoire des Etats-Unis. Mark Isham signe donc une partition solide pour le film de Brian Helgeland, sans apporter quoique ce soit de nouveau au genre. La musique repose ici sur des formules déjà entendues maintes fois auparavant, surtout dans ce type de film, abordant les thèmes habituels du dépassement de soi, de la tolérance, du courage et de l’héroïsme à travers les exploits sportifs. Habité par tous ces thèmes, Mark Isham signe une partition symphonique généreuse qui alterne entre moments intimes et chaleureux et envolées orchestrales plus emphatiques et solennelles, le tout enveloppé du style ‘americana’ que le compositeur manie ici à la perfection, mais sans grande originalité particulière. Voilà en tout cas un score assez attachant et agréable qui devrait ravir les fans de Mark Isham, parfait pour le film qu’il accompagne avec force et conviction !




---Quentin Billard