1-The Conjuring 1.01
2-Dead Birds 0.35
3-Clap Game 5.23
4-Witch Perch 2.32
5-Maurice 0.59
6-Touring Haunted Planes 1.37
7-Taped Occurrences 2.00
8-Black Bile 1.04
9-She Saw Something 1.10
10-Look What She Made Me Do 0.35
11-Sleepwalker 1.34
12-Wall Searching 0.28
13-Hanging Drop 2.14
14-Water Corpse Vision 1.44
15-You Look Very Pretty 1.49
16-Souls Pulled In 1.43
17-Witch Comes Through 1.29
18-Birds Pulled In 1.15
19-Murderous Offering 0.58
20-The Soaring Entities 3.15
21-Ritual Casting 3.25
22-Cellar Tone 0.59
23-Annabelle 3.32
24-Doll Box 0.48
25-Family Theme 4.35*

*Composé par Mark Isham.

Musique  composée par:

Joseph Bishara/Mark Isham

Editeur:

La-La Land Records LLLCD 1265

Album produit pour
La-La Land Records par:
Joseph Bishara, MV Gerhard
Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Erin Scully
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Musique produite par:
Joseph Bishara
Orchestrations:
Dana Niu
Assistante de Joseph Bishara:
Alisa Burket
Monteur musique:
Lisé Richardson
Producteur exécutif pour
La-La Land Records:
Matt Verboys
Music Business Affairs:
Lisa Margolis
Production album pour
WaterTower Music:
Sandeep Sriram
Coordinateur soundtrack:
Kim Baum

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE CONJURING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph Bishara/Mark Isham
Décidément, Hollywood n’a pas fini de nous envahir de films d’épouvante au suspense paranormal/surnaturel, surtout depuis le succès de « Paranormal Activity » et de toutes ses suites et imitateurs. Surfant sur le succès de son « Insidious », le réalisateur James Wan revient à son genre de prédilection avec « The Conjuring », s’inspirant d’un fait divers survenu dans les années 70. Le film raconte ainsi l’histoire de Ed Warren (Patrick Wilson) et Lorraine Warren (Vera Farmiga), deux chasseurs de fantôme qui auraient été confrontés à leur plus terrifiante affaire dans la maison de la famille Perron en novembre 1971. Célèbre couple de parapsychologues américains, les Warren se seraient ainsi occupés de près de 4000 affaires touchant au paranormal et au surnaturel dans les années 70, avant de rencontrer les Perron, Roger (Ron Livingston), Carolyn (Lili Taylor) et leurs cinq filles, qui viennent tout juste d’emménager dans leur nouvelle maison isolée de Rhodes Island. Terrifiés par des bruits étranges et des événements paranormaux qui se déroulent toutes les nuits à 3h07 du matin, les Perron n’ont plus d’autre choix que de faire appel aux Warren, qui vont tenter de déterminer l’origine du mal et vont découvrir par la même occasion un terrible secret associé à la maison des Perron. « The Conjuring » reprend donc toutes les formules habituelles du genre : tous les clichés possibles et imaginables sont passés en revue par un James Wan qui connaît son métier, assurément, mais qui ne fait pas grand chose pour tenter de se renouveler. Usant d’une économie de moyen réelle, le cinéaste tente de surfer sur la suggestion pour instaurer un climat d’angoisse dans son film tout en faisant monter la tension crescendo, comme il le faisait déjà dans « Insidious ». Hélas, « The Conjuring » n’est rien de plus qu’un énième ersatz de « Paranormal Activity » dans le sens où l’on se retrouve encore une fois dans le cas typique d’une famille hantée par une présence maléfique dans une maison et des événements surnaturels et démoniaques qui se déclenchent toutes les nuits (on pense aussi à « The Exorcism of Emily Rose »). Niveau casting, on retrouve – ô surprise – Patrick Wilson condamné à apparaître dans tous les films d’épouvante de James Wan (« Insidious »), qui forme un tandem remarquable avec Vera Farmiga, tandis que Lili Taylor campe une mère de famille terrorisée et dépassée par les événements. Le film évolue ainsi de façon routinière jusqu’à un acte final plus décevant, où l’on nous ressort une banale histoire de fantôme et de sorcière à peine crédible, cassant toute la suggestion instaurée jusqu’à présent par James Wan. « The Conjuring » séduira donc les amateurs de frisson surnaturel mais risque fort de décevoir ceux qui s’attendaient à véritablement décoller de leur siège, car entre les clichés habituels du plancher qui grince, des portes qui claquent, des bruits à 3h du matin ou des scare jumps mous du genou façon « The Woman in Black », « The Conjuring » est une série-B d’épouvante plutôt molle et pas vraiment passionnante.

Si Patrick Wilson et James Wan semblent définitivement associés au registre du cinéma d’épouvante surnaturel, il en va de même pour le compositeur Joseph Bishara, qui démontre une volonté évidente d’enchaîner les films d’épouvante et les partitions horrifiques avec une constance rare – le musicien a déclaré plusieurs fois être passionné par les atmosphères musicales sombres et glauques, on se souvient d’ailleurs qu’il interprétait lui-même le rôle du démon dans « Insidious » - Son nouveau travail sur « The Conjuring » n’apporte rien de nouveau à ce qu’il a fait précédemment, néanmoins, Bishara confirme qu’il est un spécialiste des atmosphères macabres et des expérimentations sonores angoissantes, optant pour une approche 100% atmosphérique à base de synthétiseurs, de sonorités déformées/samplées et d’orchestrations avant-gardistes. Ainsi, l’ouverture du film (« The Conjuring ») est entièrement basée sur une nappe sonore sombre et dissonante qui va crescendo, Bishara mélangeant orchestre (cuivres, cordes), voix féminine – brillamment interprétée par la chanteuse Diamanda Galás - et sample déformé pour parvenir à ses fins. Comme toujours, le compositeur aime travailler les textures sonores et élaborer des masses sonores tour à tour difformes, étranges, incongrues, quitte à perdre l’auditeur/spectateur en cours de route. Pourtant, Joseph Bishara sait ce qu’il fait et le tout reste parfaitement cohérent et intense à l’écran. Il n’est pas rare d’entendre ainsi le musicien jouer dans le film sur les silences ou le suspense comme dans « Clap Game » où l’on assiste à un mélange hybride de synthétiseurs expérimentaux et d’orchestre, avec de longues secondes de silence et d’inévitables sursauts de terreur (« Witch Perch »), élément-clé du score de « The Conjuring ». Evidemment, le tout est entièrement conçu dans une approche atonale et dissonante qui fait la part belle aux clusters, aux nappes sonores et aux sonorités avant-gardistes/expérimentales, même si la première partie du score a parfois tendance à délaisser l’orchestre – on notera le rôle étonnant des voix et des chuchotements macabres dans « Maurice » - qui réapparaît surtout à partir de « Taped Occurrences » (avec un rôle prédominant des cordes dissonantes ici) et de « Black Bile », où le mélange orchestre/voix/synthé opère parfaitement à l’écran.

Le score n’oublie pas pour autant l’aspect thématique, puisque la famille Perron se voit ainsi attribuer dans le film un thème récurrent, le « Family Theme », composé par Mark Isham pour les besoins du long-métrage de James Wan. Le « Family Theme » s’avère être un brin mélancolique, évoquant la solitude de la famille Perron face aux terrifiants événements qui surviennent régulièrement dans leur maison. Isham utilise ainsi le piano soliste avec quelques cordes, des synthés et un choeur féminin hantant, tandis que la dernière partie de « Family Theme » évolue vers un espoir et un lyrisme qui détone totalement avec le reste de la partition. On pourra d’ailleurs regretter le fait que Bishara utilise finalement très peu le thème d’Isham dans son score, quasiment dénué de la moindre mélodie. Les expérimentations sonores de « She Saw Something » ou de « Sleepwalker » (qui fait la part belle aux cordes stridentes, aux effets aléatoires de cuivres ou au piano préparé) renforcent la tension macabre à l’écran mais annihilent complètement tout aspect mélodique, optant pour une approche bruitiste très proche de la musique contemporaine des années 50/60. Idem pour les sursauts de terreur de « Wall Searching », « Hanging Drop » ou « Water Corpse Vision ». Les morceaux s’enchaînent de façon routinière et se ressemblent dangereusement, provoquant lassitude et ennuyeux chez le compositeur qui risque fort de décrocher au bout d’une quinzaine de minutes d’écoute. Le score reste donc essentiellement fonctionnel et indissociable des images, moins convaincant sur l’album, où l’on ressent trop souvent cet aspect répétitif et monotone qui plombe l’écoute très rapidement, un problème par ailleurs récurrent dans la plupart des scores horrifiques de Joseph Bishara. Heureusement, quelques passages comme « Souls Pulled In » arrivent à faire bouger les choses en ramenant l’orchestre au devant de la scène et quelques harmonies vaguement tonales, tout comme les vocalises planantes et torturées de Diamanda Galás apportent un ton surnaturel impressionnant aux images dans « Witch Comes Through » (la voix représentant ici la présence maléfique de la sorcière), le tout sur fond d’orchestrations étranges et insolites.

Indubitablement, Bishara maîtrise complètement ses expérimentations avec une singularité rare, n’hésitant pas à mélanger les sons et à créer des ambiances sonores étranges et insolites, brouillant les pistes et gommant la frontière mince entre musique et bruitage. Malgré la présence du très beau « Family Theme » de Mark Isham, Joseph Bishara a décidé de ne finalement pas utiliser le thème d’Isham, à tel point que l’on se demande parfois s’il était vraiment utile de faire appel à un autre compositeur pour écrire un thème quasiment absent à l’écran. Le résultat est donc prévisible et sans surprise, dans la lignée de « Insidious », « 11-11-11 » ou « Dark Skies » : nappes sonores, vocalises macabres, orchestrations modernes et avant-gardistes, dissonances multiples et atonalité brumeuse sont donc de la partie, accentuant le suspense horrifique et les nombreux scare jumps du film, sans aucune originalité particulière. Les amateurs de musiques atonales expérimentales apprécieront à coup sûr le travail parfois insolite de Bishara sur « The Conjuring », même si l’album reste plutôt décevant, la musique étant véritablement conçue pour les images et vraiment bien moins intéressante en écoute isolée (à cause de son caractère répétitif et monotone). Les fans des musiques horrifiques de Joseph Bishara y trouveront néanmoins leur compte !




---Quentin Billard