Disc 1 Original Songs

1-"Half Light" (single)
Low with Tomandandy 4.23
2-"Wake Up #37"
King Black Acid 5.38
3-"Haunted"
King Black Acid 5.03
4-"Once and Only"
King Black Acid 1.59
5-"Collage"
King Black Acid 1.06
6-"Great Spaces"
King Black Acid 5.19
7-"Rolling Under"
King Black Acid 5.27
8-"Half Life"
King Black Acid 4.14
9-"Soul System Burn"
King Black Acid 5.35
10-"Half Light (tail credit)"
Low with Tomandandy 6.46

Interstitial sound design by
Claude Letessier & Tomandandy

Disc 2 Original Score

1-Movement 1 : Composed of
12 Members/Retrace/A New Home/
MRI/Welcome to Point Pleasant 8.04
2-Movement 2 : Point Pleasant/
Seeing Strange Things/
It's A Voice And It's Saying,
Do Not Be Afraid/
He's Wrong/Denver 9 7.32
3-Movement 3 : I Had A Dream
Like That/Not From Human Vocal Chords/Zone of Fear/
Ring Ring/Leek/
Leek Wouldn't See Me 9.54
4-Movement 4 : All at Once,
I Understand, Everything/Do You Know
That Woman?/The Tape Reveals/
We Are Not Allowed To Know 7.34
5-Movement 5 : It's How
I Ended Up Here/Airport/
I Have To Go 4.26
6-Movement 6 : We Have
Dinner At 6, and We
Open Presents at 8/12:00 Call 3.50
7-Movement 7 : The Bridge 8.21
8-Movement 8 : Mirror Drone/
John's Theme/Cellos 9.40

Musique  composée par:

Tomandandy

Editeur:

Lakeshore Records LAK336942

Score produit et interprété par:
Tomandandy
Guitare additionnelle de:
Glenn Branea
"Half Life"
Interprété par Low
and Tomandandy feat.
Indrid Cold
Ecrit par Alan Sparhawk,
Mimi Parker et Tomandandy
Produit par Tomandandy
et Chris Arvan
Paroles additionnelles d'Indrid Cold
"King Black Acid"
Chansons écrites par
Daniel John Riddle & Tony Lash
Interprétées par King Black Acid
Produit par Tony Lash.

Artwork and pictures (c) 2001 Lakeshore Entertainment Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE MOTHMAN PROPHECIES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tomandandy
A l’origine, « The Mothman Prophecies » (La Prophétie des Ombres) est un roman de l’ufologue américain John A. Keel publié en 1975, dans lequel l’auteur a rassemblé les différents témoignages d’individus ayant aperçus le fameux « Mothman » (‘homme papillon’, ou ‘homme phalène’), un étrange mythe apparu depuis les événements étranges survenus dans la petite ville de Point Pleasant dans l’état de la Virginie-Occidentale aux Etats-Unis en 1966. D’après l’auteur de l’ouvrage, de nombreux habitants de cette ville auraient aperçus une mystérieuse créature humanoïde ailée aux yeux rouges flamboyants, entre novembre 1966 et décembre 1967. Les apparitions se sont ainsi multipliées jusqu’au 15 décembre 1967, date à laquelle l’autoroute 35 reliant Point Pleasant à Kanauga dans l’Ohio se serait effondré dans la rivière Ohio, tuant 46 personnes. D’après certaines croyances, l’homme papillon aurait été aperçu dans d’autres endroits du monde, parfois sous des formes différentes, mais avec toujours un point commun : la créature serait annonciatrice de catastrophes imminentes. C’est le réalisateur Mark Pellington (« Arlington Road ») qui adapte finalement l’ouvrage de John A. Keel au cinéma dans un film éponyme tourné en 2002, dans lequel l’histoire se rapproche ouvertement de celle du livre. John Klein (Richard Gere) est un journaliste travaillant au Washington Post, sur le point d’acquérir une nouvelle maison avec sa femme Mary (Debra Messing). Tout va pour le mieux, jusqu’au soir où sa femme est victime d’un accident de voiture. C’est alors que les médecins lui décèlent à l’hôpital une tumeur au cerveau. Avant de mourir, Mary dessine sur son cahier des formes étranges, ressemblant à des créatures ailées, qu’elle prétend avoir aperçues la nuit de son accident. Deux ans plus tard, alors qu’il se rend à Richmond en Virginie, John Klein tombe mystérieusement en panne près de la petite ville de Point Pleasant dans la Virginie Occidentale. Il y fait alors la connaissance de Gordon Smallwood (Will Patton), un habitant qui prétend avoir aperçu Klein à trois reprises chez lui et le menace alors de son fusil. L’officier de police Connie Mills (Laura Linney) intervient alors pour désamorcer la situation et emmène Klein avec elle. Connie lui révèle alors que les habitants de la ville ont vus des choses étranges depuis plusieurs semaines, des faits insolites et inexpliqués qui commencent à perturber la tranquillité de cette petite ville sans histoire : apparitions étranges, yeux mystérieusement brûlés, voix annonciatrice d’événements à venir, etc. Bien décidé à mener son enquête et à chercher une explication sur ces phénomènes étranges, John Klein comprend que ce que Mary a vu le soir de sa mort se trouve ici aussi à Point Pleasant, chose qui se confirme le jour où la créature rentre en contact avec le journaliste et se présente sous le nom d’Indrid Cold : l’énigmatique individu lui annonce alors des catastrophes sur le point de se produire, et prédit l’endroit exact de la catastrophe et le nombre de victimes.

« The Mothman Prophecies » est au final un thriller lugubre qui s’inspire du fait divers survenu à Point Pleasant, et plus particulièrement de la catastrophe du Silver Bridge de 1966. Le film doit beaucoup à son atmosphère opaque et occulte assez saisissante, tandis que Mark Pellington réussit à instaurer un malaise et une tension palpable en jouant sur le montage, la photographie et les effets visuels (flashs, changements de lumière, etc.), tandis que les apparitions sont constamment suggérées et finalement peu démonstratives. Certes, tous les codes du genre sont passés en revue (apparitions fantomatiques, voix difforme au téléphone, rebondissements scénaristiques, etc.), mais le scénario est suffisamment malin pour nous maintenir en haleine jusqu’à l’ahurissante séquence finale de l’effondrement du Silver Bridge. Niveau casting, Richard Gere s’en tire plutôt bien, entouré de bons acteurs comme Laura Linney ou Will Patton, même si au final, on pourra toujours reprocher au film de ne jamais remettre en question la véracité du mythe de l’homme papillon et d’adopter un premier degré critiquable, qui prend un risque vis-à-vis du public (certains n’ont pas hésité à qualifier « The Mothman Prophecies » de nanar risible et ennuyeux !). Mais pour peu que l’on soit sensible à son atmosphère froide, lugubre et occulte, le film de Mark Pellington est une jolie réussite dans son genre, qui a au moins le mérite d’exploiter efficacement le mythe de l’homme papillon tout en relatant les faits étranges de Point Pleasant. A chacun ensuite de se forger son propre avis, mais quoique l’on puisse penser de cette mystérieuse affaire, « The Mothman Prophecies » reste un thriller surnaturel de qualité qui offre à Richard Gere un rôle solide, tandis que le long-métrage de Mark Pellington reste à ce jour la référence cinématographique incontournable pour tout ce qui touche au mythe de l’homme papillon.

La musique du groupe électro new-yorkais Tomandandy n’est certainement pas étrangère à la qualité du film. Rappelons pour commencer que le groupe a déjà collaboré sur le précédent film de Mark Pellington, « Arlington Road » en 1999 (aux côtés d’Angelo Badalamenti), et a multiplié les bandes origines de film sur des productions diverses telles que « Mean Creek » (2004), « The Hills Have Eyes » (2006), « The Strangers » (2008), « Resident Evil : Afterlife » (2010) et « Retribution » (2012), etc. Pour « The Mothman Prophecies », les musiciens de Tomandandy élabore une partition électronique brumeuse et mystérieuse, ancrée dans l’atmosphère opaque et inquiétante des terrifiantes prophéties de l’homme papillon/Indrid Cold. Premier regret à l’écoute du score sur l’album : les morceaux sont regroupés sous forme de suites de 7 à 9 minutes, organisés sous forme de ‘mouvements’. Ce n’est certainement pas l’idéal en terme d’écoute, mais l’essentiel du score de Tomandandy est bien là. Tomandandy articule ainsi sa partition autour d’une poignée de cordes, de claviers, synthés et guitare électrique pour traduire l’univers urbain plus moderne du film. Le premier mouvement propose ainsi le générique de début du film sur un rythme pop énergique et un premier thème plutôt mélancolique pour John Klein avec cordes, basse, guitare, loop, synthé et choeur synthétique. Le reste de cette suite (« Retrace », « A New Home », « MRI », « Welcome to Point Pleasant ») développe cette atmosphère mélancolique sans omettre l’aspect plus sombre de l’histoire avec l’introduction de nappes sonores plus lugubres pour les premières apparitions de l’homme papillon et le décès de Mary au début du film. Tomandandy accentue alors le travail sur les drones et le sound design pour les séquences à suspense plus mystérieuses, traduisant l’atmosphère occulte du film à l’aide de nappes sonores inquiétantes et quasi surréalistes. Si le « John’s Theme » est assez présent pendant une bonne partie du film (il est présenté intégralement dans la piste « Movement 8 » aux cordes), apportant l’émotion dramatique nécessaire à l’histoire, ce sont surtout les sonorités électroniques plus menaçantes qui dominent le reste de la partition.

Ainsi, les apparitions mystiques de l’homme papillon et d’Indrid Cold dans « Seeing Strange Things/It’s a Voice and It’s Saying, Do Not Be Afraid/He’s Wrong/Denver 9 » (Movement 2) permettent aux musiciens de Tomandandy de développer le sound design de façon plus dense à l’aide de sonorités glauques et macabres, dans un registre purement atmosphérique et réellement expérimental. On nage ici en pleine musique horrifique à l’aide de drones menaçants et de sonorités totalement difformes manipulées par ordinateur : saturation, effets de filtre, effets stéréo, jeu sur les panoramiques, sur les fréquences, tout y passe, mais sans originalité particulière. Tomandandy reste fidèle à son goût habituel pour les sons électroniques expérimentaux et le sound design, et ce même si la partie orchestrale des cordes reste elle aussi très présente, apportant un relief émotionnel indispensable aux images, et compensant l’aspect répétitif et souvent monotone des morceaux électros. Dans « Movement 3 », les musiciens de Tomandandy mélange drame et suspense avec une certaine aisance, même si on a du mal à apprécier ces morceaux sur une longueur aussi éprouvante (9:54 pour la troisième piste !). Les compositeurs apportent ici un éclairage émotionnel plus dense à l’écran, tout en accentuant l’aspect sombre et mystérieux du récit à l’aide de sonorités lugubres, stridentes, menaçantes, comme c’est le cas dans « Movement 4 » et surtout « Movement 5 » et ses samples étranges et totalement expérimentaux voire insolites. Si l’on devine la mélancolie et les tourments intérieurs de John dans l’amer et sombre « Movement 6 », c’est avec le septième mouvement (« The Bridge ») que Tomandandy met les bouchées doubles et permet à la partition d’atteindre son climax de terreur pour la catastrophe finale du Silver Bridge, illustrée à grand renfort de cordes dissonantes, de samples stridents, de loops entêtants et agressifs. Enfin, on appréciera l’utilisation des violoncelles dans le final de « Movement 8 », qui apportent un dernier éclairage émotionnel intense à la conclusion du film (et de l’album), avec un aspect plus classique qui rompt quelque peu avec l’univers atmosphérique et électronique du reste de la partition. « The Mothman Prophecies » est donc un score assez particulier à réserver surtout aux amateurs d’ambiances électros modernes et de musiques atmosphériques pures. Si la musique convainc totalement à l’écran, apportant une ambiance très prenante et réellement lugubre sur les images, on reste déçu par la présentation du score sur l’album, avec des pistes trop compactes, un manque évident de relief et de respiration, et surtout un caractère répétitif particulièrement lassant sur la longueur. Seuls les fans de Tomandandy y trouveront leur compte, tout comme ceux qui ont aimé le film de Mark Pellington. Quand aux autres, difficile de s’enthousiasmer réellement pour ce travail d’ambiance et de sound design, car malgré de bonnes idées évidentes (un emploi dramatique des cordes), « The Mothman Prophecies » reste un score tout à fait dispensable et très fonctionnel.




---Quentin Billard