1-Heroes 4.17
2-Main Theme 1.49
3-Aaah...A Baby Zombie 5.00
4-Bank Heist 3.50
5-Zombies Take London 5.54
6-Introducing the Gang 3.52
7-The Zombie Infestation 3.20
8-The Empty Streets of London 3.25
9-Mental Mickey 3.28
10-Zimmerframe Chase 3.50
11-The Rescue Mission 2.35
12-Death of a Hero 2.04
13-Finale 3.30
14-Main Theme
(extended version) 3.28

Musique  composée par:

Jody Jenkins

Editeur:

Screamworks Records SWR12003

Produit par:
Jody Jenkins
Assistant scoring/guitariste:
Jack Goodenday
Superviseur musique:
Arnold Hattingh
Ingénieur Protools:
Jeremy Murphy
Ingénieur musique/Mixage:
Steve Price
Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson

(c) 2012 Kintop/Limelight/Molinare/Tea Shop & Film Company. All rights reserved.

Note: ***1/2
COCKNEYS VS ZOMBIES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jody Jenkins
Cela fait depuis quelques années déjà que le cinéma britannique s’est mis à investir sérieusement dans le cinéma de genre, et plus particulièrement dans les films d’épouvante. Des réalisateurs comme Neil Marshall, Danny Boyle ou Christopher Smith se sont ainsi succédés pour offrir quelques films clés à un cinéma horrifique anglais en plein éveil depuis le début des années 2000. Depuis le succès de la comédie horrifique « Shaun of the Dead » d’Edgar Wright en 2004, les cinéastes ont compris qu’il était possible de mélanger humour et gore avec un sens constant de la fantaisie allié à l’horreur pure. Tentant de surfer sur le succès de « Shaun of the Dead », le réalisateur Matthias Hoene signe à son tour « Cocknes vs Zombies », série-B horrifique délirante qui se déroule dans une banlieue modeste du sud-est de Londres, alors que des ouvriers viennent de libérer accidentellement des zombies enfermés sous terre par le roi Charles II depuis le 17e siècle. Dès lors, une terrible épidémie se répand un peu partout dans la ville, contaminant les habitants les uns à la suite des autres, alors qu’une partie de Londres est désormais la proie de zombies sanguinaires et affamés. Terry MacGuire (Rasmus Hardiker) et son jeune frère Andy (Harry Teadaway) s’apprêtent alors à braquer une banque avec la complicité de leur jolie cousine Katy (Michelle Ryan), un ancien vétéran cinglé de la guerre et adepte des armes, Mental Mickey (Ashley Bashy Thomas) et un jeune dépressif nommé Davey Tuppence (Jack Doolan). Objectif de la bande : réunir suffisamment d’argent pour pouvoir sauver la maison de retraite de leur grand-père Ray, sur le point d’être démolie. Mais le braquage se transforme en fiasco avec l’arrivée inopinée de la police, obligeant ainsi les frères MacGuire à sortir de la banque avec deux otages. Hélas, à l’extérieur, les policiers ont été massacrés par des zombies déchaînés, obligeant les gangsters et leurs otages à s’échapper, tandis que leur grand-père Ray doit désormais lutter pour sa survie contre les zombies qui attaquent la maison de retraite et ses pensionnaires. « Cockneys vs Zombies » reprend donc toutes les formules habituelles du film de zombie en plantant immédiatement le décor dans les quartiers est populaires de Londres. En mettant en scène une bande improbable de petites frappes et de jeunes voyous maladroits et désorganisés, justifiant par la même occasion le titre du film (« Cockney » désigne les Londoniens issus de la classe ouvrière et qui habitent dans l’est de la ville), « Cockneys vs Zombies » est un joyeux festival de scènes gores (démembrements, tripes, décapitations, explosions de têtes, zombies décharnés, etc.) agrémenté d’un humour typiquement british, faisant du film une comédie horrifique totalement délirante, avec quelques scènes assez insolites – les pensionnaires âgés d’une maison de retraite luttent de manière improbable contre des zombies, fusils à la main ! – Sorti discrètement au cinéma en 2012, « Cockneys vs Zombies » n’a peu eu le succès qu’il méritait, alors qu’il reste pourtant un bon film de zombie, bien filmé, bien rythmé, fun et extrêmement drôle, entre le « Shaun of the Dead » d’Edgar Wright et le « Snatch » de Guy Ritchie (à noter que l’on retrouve d’ailleurs l’excellent Alan Ford au casting !).

La partition musicale du compositeur anglais Jody Jenkins constitue l’un des atouts-clé du film de Matthias Hoene. Spécialiste des musiques pour la télévision anglaise et aussi orchestrateur, programmeur, arrangeur et percussionniste pour d’autres compositeurs comme Dario Marianelli ou Harry Gregson-Williams, Jody Jenkins signe pour « Cockneys vs Zombies » une partition sombre, macabre et rythmée, à l’instar du film lui-même, suivant le rythme effréné du récit et l’humour noir qui ponctue cette histoire de zombies et de violence gore sur fond d’accent cockney. Enregistrée au fameux Angel Studios d’Islington à Londres, la partition de « Cockneys vs Zombies » est un solide mélange entre orchestre symphonique, chœurs, section instrumentale rock (batterie/basse/guitare électrique), solistes divers (harmonica) et synthétiseurs. A l’humour débridé du film, Jenkins répond par une musique éclectique un brin fourre-tout mais très cohérente dans son approche instrumentale, introduite par le « Main Theme » pour le début du film à grand renfort de sonorités électros (incluant quelques effets de violoncelle électrique), de samples étranges de guitare et de choeur épique masculins répétant les mots « zombies all around ! », tandis que la guitare électrique et la section rock entonnent un thème héroïque et noble un peu kitsch, façon anthem rock des années 90. L’humour du film offre l’occasion à Jody Jenkins de se faire plaisir et d’aller dans des directions musicales intéressantes, variant les styles et les ambiances à loisir. C’est le cas dans l’allusion à la berceuse enfantine au début de « Aaa…A Baby Zombie ! », berceuse détraquée qui laisse très rapidement la place à un sound design plus traditionnel à base de loops, sons manipulés de guitare électrique samplée, claviers et violoncelle électrique filtrée, sans oublier la partie orchestrale en arrière-plan. Jenkins se montre visiblement très à l’aise dans la manipulation des sons, même si l’ensemble sonne résolument hollywoodien et n’a rien de véritablement surprenant. Néanmoins, on ressent une inventivité savoureuse dans la manipulation des sons et des samples synthétiques, une inventivité rafraîchissante qui permet au compositeur de se faire plaisir et de renforcer l’humour noir du film de Matthias Hoene.

Evidemment, on retrouve ici tout le lot habituel d’atmosphères à suspense, de montées de tension et de scare jumps horrifiques sans oublier des loops électro rythmés qui renforcent le côté ‘action’ de la musique de « Cockneys vs Zombies ». Dans « Bank Heist », le compositeur suggère le braquage de la banque au début du film à grand renfort de guitare électrique rock, de cordes agitées et de loops électro modernes. La musique évolue ici de manière intéressante entre action et tension avec une inventivité savoureuse dans le mélange orchestre/rock/synthés. L’humour est à son comble dans « Zombies Take London », où l’on débute de façon intéressante sur un rythme de cymbales avec des effets étranges de claviers et de synthés assez originaux. La musique de Jody Jenkins possède ici une certaine excentricité qui permet de tirer le meilleur des recettes hollywoodiennes tout en apportant un savoir-faire plus ‘européen’ dans la conception et la manipulation des sons. Les sursauts de terreur permettent au musicien de nous offrir quelques bons déchaînements orchestraux à base de dissonances stridentes, de percussions agressives et de rythmes action survoltés, tandis que l’orchestre s’en donne à coeur joie dans des passages souvent fort complexes et assez virtuoses. A noter que l’emploi des chœurs apporte une dimension épique savoureuse aux séquences où les gangsters affrontent les zombies dans les rues de la ville, une dimension épique qui culminera lors de l’excellente bataille finale de « Heroes », pur morceau de bravoure de plus de 4 minutes qui devrait réjouir tous les fans d’anthem épique façon ‘nineties’ (on notera ici l’excellente utilisation de l’harmonica et d’une trompette mariachi sur fond de guitare sèche apportant un aspect western délirant au final).

Pour le reste du score, on reste dans un registre assez similaire : rythmes divers et mélanges farfelus de styles dans « Introducing the Gang » (incluant un bref passage jazzy avec orgue électrique et un mambo !), atmosphère macabre et totalement expérimentale dans « The Zombie Infestation », musique pop avec harmonica, guitare et sifflé dans « The Empty Streets of London » (qui rappelle parfois Ennio Morricone), morceau d’action rock déchaîné et épique dans « Zimmerframe Chase » et « The Rescue Mission » et même élégie poignante et funèbre dans « Death of A Hero » : rien n’y manque, et surtout pas de l’inventivité et de l’originalité dans le mélange des styles et la manipulation des sons électroniques divers. Si la base du score repose sur des recettes héritées des musiques d’action/horreur hollywoodiennes, l’ensemble est fait avec un savoir-faire évident et un fun véritable, y compris dans l’utilisation du thème héroïque des survivants qui aboutit à un climax grandiose mais non dénué d’humour dans « Finale ». Vous l’aurez donc compris, Jody Jenkins marque donc un point avec sa partition pour « Cockneys vs Zombies », une musique d’action/horrifique assez inventive et punchy, débordant d’énergie, de tensions, de dérision mais aussi d’un bon sens du rythme et d’une bonne dose d’atmosphères épiques/héroïques, le tout fonctionnant sur le mélange des styles, des ambiances et des sons. Si l’on pourra toujours regretter le caractère quelconque de certains passages atmosphériques ou l’aspect fourre-tout de la partition, c’est avec un certain plaisir que l’on écoute la musique de « Cockneys vs Zombies », révélant le savoir-faire évident et l’inventivité de Jody Jenkins, compositeur britannique qui devrait faire parler de lui dans les années à venir, surtout s’il parvient à obtenir des projets plus mainstream qui l’amèneront enfin sur le devant de la scène !




---Quentin Billard