1-Algiers Ferry 3.06
2-The Aftermath 4.30
3-Dazzle Me 2.25
4-Claire's Apartment 4.14
5-Better Have Some Ky 5.34
6-Humvee Chase 9.03
7-You Can Save Her 6.03
8-Tell Me The Truth 3.08
9-The Hideout 4.21
10-Claire's Rescue 4.19
11-Coming Back To You 3.21*
12-Humvee Chase (The Sonic
Terrorists Remix) 3.39

*Interprété par Macy Gray
Ecrit par Macy Gray, Jared Gosselin,
Phillip White, Caleb Speir,
Freddie Moffett,
Harry Gregson-Williams
Produit par Whitney et Jared
pour Whiteleaf Productions,
Harry Gregson-Williams et Macy Gray.

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Hollywood Records
No label number

Producteurs exécutifs de l'album:
Jerry Bruckheimer, Tony Scott
Direction de la musique
pour Walt Disney Pictures et
The Buena Vista Music Group:
Mitchell Leib
Supervision musique:
Bob Badami
Vocalises de:
Lisbeth Scott
Trompette de:
Michael White
Programmation musique:
Stephen Barton,
Nick Glennie-Smith, Hybrid,
Clay Duncan

Musique additionnelle de:
Toby Chu
Assistant musique:
Chandra Cogburn
Monteur musique:
Jeremy Raub, Mark Jan Wlodarkiewicz
Monteur temp track:
Ken Karman
Assistant montage score:
Katie Greathouse
Assistant technique musique:
Costa Kotselas
Préparation musique:
Booker White,
Melissa Orquiza

Arrangements additionnels:
Martin Skalsky

Artwork and pictures (c) 2006 Touchstone Pictures & Jerry Bruckheimer, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
DÉJÀ VU
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
« Déjà Vu » marque la sixième collaboration entre Tony Scott et le producteur Jerry Bruckheimer, collaboration qui débuta en 1986 avec le cultissime « Top Gun » et se concrétisa par la suite avec d’autres films bien connus comme « Beverly Hills Cop », « Days of Thunder », « Crimson Tide » ou bien encore « Enemy of the States ». Dans « Déjà Vu », Tony Scott se voit offrir l’opportunité de mettre en scène un scénario-concept plutôt intéressant signé Terry Rossio et Bill Marsilii : le récit débute le jour de mardi gras à la Nouvelle-Orléans. Un ferry transportant des centaines de marins de l’U.S. Navy et leurs familles des docks d’Algiers explose en pleine mer, tuant 543 personnes. L’agent Doug Carlin (Denzel Washington) est alors envoyé sur place par l’ATF pour enquêter sur les origines de l’explosion. Carlin découvre alors qu’il s’agit d’un attentat terroriste, et fait alors la connaissance de l’agent du FBI Paul Pryzwarra (Val Kilmer), qui lui propose de lui exposer ses découvertes. Peu de temps après, Carlin apprend que le corps partiellement calciné d’une jeune femme à été retrouvé près de la rivière : il s’agit de celui de Claire Kuchever (Paula Patton). Fait étrange : son corps a été retrouvé bien avant l’explosion. Carlin découvre aussi que son collègue Larry Minuti (Matt Craven) faisait partie des victimes du ferry. Convaincu par les talents d’enquêteur de Carlin, Pryzwarra l’invite à rejoindre une unité gouvernementale nouvelle formée, chargée d’élucider l’énigme de l’explosion. Cette équipe a mis au point un logiciel informatique totalement révolutionnaire afin d’étudier les événements antérieurs à l’explosion. Baptisé « Snow White », ce logiciel permet de voir en détail le passé avec 4 jours, 6 heures, 3 minutes et 45 secondes de décalage, mais il n’est possible de voir les événements passés qu’une seule fois, et en temps réel. C’est alors que Carlin comprend que Claire est l’élément crucial dans cette affaire et va convaincre l’équipe de surveiller scrupuleusement ses agissements, qui vont les conduire jusqu’au poseur de bombe. Carlin découvre finalement qu’il est possible d’interagir dans le passé, alors que Snow White a la capacité d’envoyer des signaux dans le passé. Dès lors, une opportunité unique s’offre à lui : et si le logiciel pouvait être utilisé de façon mobile pour pouvoir se déplacer et agir directement dans le passé ? Carlin entame ainsi une importante course contre la montre, en utilisant les possibilités de Snow White incorporé à un casque, pour tenter de sauver Claire, Minuti et d’empêcher le poseur de bombe de faire exploser le ferry.

« Déjà Vu » fait partie de cette catégorie de film d’action/science-fiction dont le concept est tellement fort et original qu’il séduit d’emblée même si le postulat de base est un classique récurrent dans le cinéma de science-fiction – le voyage dans le temps – mais à l’inverse des films habituels abordant le thème des sauts dans le temps, « Déjà Vu » se propose de revenir de façon intéressante sur le passé en temps réel, avec l’idée d’interagir sur les événements du passé en exploitant la théorie des trous de vers, concept sur lequel les scénaristes Terry Rossio et Bill Marsilii travaillèrent activement en collaboration avec le physicien américain Brian Greene de la prestigieuse Columbia University. Le héros brillamment interprété par Denzel Washington se voit ainsi offrir une seule et unique opportunité de modifier les événements du passé pour déjouer un attentat terroriste et sauver des personnes. Au coeur de cette intrigue, Tony Scott parvient à élaborer une romance originale et inversée, puisque Carlin tombe amoureux de Claire alors qu’il la découvre morte, et va ainsi tenter de la sauver dans le passé pour cet amour en sens inverse. Cohérente dans son postulat scientifique de base – bien que totalement improbable par rapport à la technologie et aux connaissances de la physique actuelle – l’intrigue de « Déjà Vu » exploite donc parfaitement son concept de paradoxe temporel jusqu’au bout, et malgré des failles évidentes, le scénario tient la route du début jusqu’à la fin. Certains indices apparemment anodins disséminés au début du film permettent par ailleurs d’expliquer bon nombre d’éléments lors du dernier acte du film et de rendre le tout parfaitement cohérent (le message sur la porte du frigo chez Claire, les mouchoirs tachés de sang dans la poubelle, etc.). Evidemment, on a parfois reproché au réalisateur d’avoir sacrifié une partie du script à l’action – reproche essentiellement formulé par Terry Rossio et Bill Marsilii eux-mêmes, déçu du résultat final – mais il n’empêche que « Déjà Vu » est un film solide et un excellent divertissement, dont le scénario, captivant au demeurant, vous maintiendra en haleine jusqu’au final, le tout ponctué de quelques rebondissements intéressants et d’une galerie d’acteurs solide, incluant Denzel Washington – acteur fétiche de Tony Scott – la sexy Paula Patton, le talentueux Jim Caviezel et quelques seconds rôles réussis (Val Kilmer, Adam Goldberg, Bruce Greenwood, etc.). On appréciera aussi le rythme ultra soutenu du film, qui nous permet de ne jamais décrocher un seul instant, avec une mise en scène plutôt sage, libérée des artifices visuels façon clips MTV que Tony Scott affectionne tant.

Le compositeur Harry Gregson-Williams retrouve encore une fois Tony Scott sur « Déjà Vu », renouvelant sa collaboration avec le cinéaste anglais après « Enemy of the State » (1998), « Spy Game » (2001), « Man on Fire » (2004) et « Domino » (2005). La partition d’HGW sur « Déjà Vu » apporte un rythme et une ambiance énergique remarquable au film, dans un registre similaire à ses partitions précédentes, et notamment « Man on Fire » et « Domino ». Musicalement parlant, Harry Gregson-Williams reste très proche de ses précédents scores pour Tony Scott, renouant avec son style synthético-orchestral habituel hérité de ses nombreuses années au service d’Hans Zimmer et son studio Remote Control (anciennement Media Ventures). C’est d’ailleurs grâce à Zimmer et sa collaboration avec Jerry Bruckheimer qu’HGW s’est retrouvé à mettre en musique la plupart des films de Tony Scott, pour lequel il composa quelques partitions plutôt intéressantes, incluant le superbe « Spy Game » en 2001 – l’un de ses meilleurs scores à ce jour pour le réalisateur – Le travail du musicien britannique sur « Déjà Vu » repose essentiellement sur un mélange entre pulsations/rythmes/loops électroniques et orchestrations limitées au strict minimum – les cordes – sans oublier l’apport des solistes habituels, qu’il s’agisse du piano, de la guitare ou des vocalises féminines introduites dès « Algiers Ferry ». Le thème principal est dévoilé par les cordes sur fond de loop électro/techno dans « Algiers Ferry », évoquant clairement le drame de l’attentat terroriste, à grand renfort de pads et de samples synthétiques. Très vite, on est surpris par le caractère dramatique et mélancolique de la musique de « Déjà Vu », qui se confirme dans le tragique « The Aftermath » où les cordes résonnent de manière funèbre. L’enquête de Carlin est évoquée ici par le thème principal à nouveau repris par les cordes – on le reconnaît à sa cellule de 6 notes – sur fond de percussions et rythmes électro divers – certains sont seront d’ailleurs partiellement repris dans la partition de « Unstoppable », comme les percussions entendues à 2:09 par exemple – Les premiers morceaux du score confirment donc, sans surprise, l’orientation synthético-orchestrale habituelle du compositeur, dans un registre plutôt ordinaire qui semble sortir tout droit d’une série policière U.S. moderne.

L’aspect technologique du film est renforcé par l’apport des synthétiseurs et de la programmation des sons électros dans « Dazzle Me », où les loops, les pads et les nappes sonores se mélangent pour créer un rythme soutenu. Puis, on découvre le joli Love Theme pour Carlin et Claire à 1:22, dévoilé par un piano rêveur et intime, thème qui évoque cette romance en sens inverse lorsque Clarin aperçoit pour la première fois Claire à travers le Snow White. Le thème romantique et nostalgique est repris ensuite avec une infime tendresse à la guitare sèche à 1:52, un très joli Love Theme qui rappelle la romance au coeur même de l’intrigue de « Déjà Vu ». Dans « Claire’s Apartment », on retrouve cette émotion intime et cette tendresse avec une instrumentation plus réduite basée sur les solistes (piano) et les nappes sonores, tandis que le thème principal de l’enquête de Carlin est repris partiellement aux cordes pour créer un sentiment d’urgence, de danger, à partir de 1:00. Les morceaux sont suffisamment longs, dépassant souvent les 4 à 5 minutes, permettant ainsi à Harry Gregson-Williams de développer pleinement ses atmosphères musicales et ses thèmes à loisir dans le film. A noter que le compositeur suggère aussi l’impression de déjà-vu dans le film en élaborant un motif mystérieux de 2 notes répétées de trompette (à 0:05 dans « Better Have Some Ky »), souvent traité par ordinateur et joué en écho ou en sens inverse – un élément récurrent dans la partition – Si le travail autour du sound design n’est pas toujours très intéressant musicalement parlant, et surtout très banal, il a au moins le mérite de planter efficacement le décor et d’accentuer l’ambiance particulière du film de Tony Scott. A noter l’utilisation réussie de la trompette dans « Better Have Some Ky », qui dévoile quelques rythmes plus nerveux, tandis que « You Can Save Her » accentue cette sensation de course contre la montre à grand renfort de pulsations techno entêtantes et de banques sonores issues des studios Remote Control.

Les morceaux d’action n’apportent donc rien de bien nouveau, HGW se contenant bien souvent d’aligner les loops électro habituels pour rythmer l’action de façon nerveuse et intense à l’écran, comme n’importe quel compositeur possédant de bonnes banques de sons le ferait aujourd’hui (et notamment à la télévision, où les budgets ne permettent pas l’utilisation d’un vrai orchestre !). Fort heureusement, il y a toujours la construction thématique qui reste bien présente, entre le thème de Carlin, le Love Theme ou le motif de 2 notes pour l’impression de déjà-vu et le saut dans le passé. On appréciera aussi l’émotion de « Humvee Chase », dont le début, plutôt mélancolique et intime, est une réussite incontestable, avec son nouveau thème mélancolique pour Carlin et Clarie, avec ses notes descendantes de piano à la « Spy Game » et les vocalises féminines rappelant les chants de la Nouvelle-Orléans. Le Love Theme est repris à la guitare au début de « Tell Me The Truth » tandis que « The Hideout » reprend les loops électro/techno survoltés des musiques d’action habituelles d’Harry Gregson-Williams, façon « Man on Fire », « Spy Game » ou « Domino », avec une allusion au motif de 2 notes de la trompette à 0:36, sans oublier « Claire’s Rescue » pour l’affrontement final et la résolution de l’intrigue. On retrouve ici le mélange habituel de synthés, percussions et orchestre, sans surprise particulière. L’idée du sacrifice de Carlin est ici explorée à travers une envolée dramatique poignante des cordes et une allusion musicale au score de « Spy Game », sans oublier une jolie reprise du thème dramatique de « Humvee Chase » au clavier et le retour du Love Theme au piano et à la guitare, permettant au film de se conclure sur une ultime touche d’émotion. On pourra aussi signaler la chanson « Coming Back To You » brillamment interprétée par Macy Gray pour le générique de fin du film et supervisée par le compositeur lui-même, chanson basée sur la mélodie du joli thème romantique du score. Harry Gregson-Williams va donc là où on l’attend avec « Déjà Vu », apportant l’énergie, l’intensité et l’émotion nécessaire à cette histoire de saut dans le temps. La composition d’HGW n’a rien de follement original et reste un cran en dessous du superbe « Spy Game », que le musicien tente parfois d’imiter, en vain. Qu’à cela ne tienne, à l’écran, le cahier des charges est pourtant bel et bien rempli, et la musique contribue à dynamiser le récit et accentue l’aspect nerveux de la mise en scène de Tony Scott, confirmant la bonne tenue de la collaboration entre le réalisateur et le compositeur anglais !




---Quentin Billard