1-Overture 1.16
2-Dead Ringers 1.24
3-The Brother's Revenge 3.38
4-I Miss You 0.55
5-Battle At Sea 5.47
6-Causeway Bay 7.19
7-The Other Side of the World 1.15
8-Hong Kong Pursuit 4.14
9-Zang's Offer 6.45
10-The Brother's Reunion 2.23
11-End Title 2.50
12-Feel The Impact 2.46*

*Composé, produit et
interprété par GEN.

Musique  composée par:

Arthur Kempel

Editeur:

Silva Screen Records FILMCD 110

Album produit par:
Arthur Kempel
Projet supervisé par:
Ford A. Thaxton
Coordination production musicale:
Deborah Hill
Synthétiseurs interprétés par:
Jeff Rona
Producteur exécutif:
Reynold da Silva
Album préparé à l'édition par:
David Stoner, James Fitzpatrick

(c) 1991 Stone Group Pictures. Artwork/Layout : The One Hand Clapping Company. All rights reserved.

Note: ***1/2
DOUBLE IMPACT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Arthur Kempel
« Double Impact » est le premier grand film de studio de Jean-Claude Van Damme, tourné en 1991 par le réalisateur/scénariste Sheldon Lettich, qui deviendra le cinéaste hollywoodien fétiche de l’acteur/karatéka belge (ils tourneront ensemble dans six films). Le scénario de « Double Impact » (co-écrit par Lettich avec Van Damme et deux autres scénaristes) débute ainsi à Hong-Kong en 1966. Paul Wagner, un riche industriel américain qui vient tout juste de célébrer l’ouverture du tunnel du Victoria Harbour, est assassiné lui et sa femme par des membres des triades chinoises, trahi par son ami et partenaire d’affaires, Nigel Griffith (Alan Scarfe). Avant de mourir, Paul réussit alors à sauver ses deux bébés jumeaux, Chad et Alex, qu’il confie à son garde du corps, Frank Avery (Geoffrey Lewis), qui s’enfuit alors de justesse avec les enfants, traqués par le tueur Moon (Bolo Yeung) sur les ordres du mafieux chinois Raymond Zhang (Philip Chan). 25 ans plus tard, Chad (Jean-Claude Van Damme) et son oncle Frank dirigent tous deux une salle d’arts martiaux à Los Angeles. Un jour, Frank décide de révéler toute la vérité à Chad : il n’est pas son oncle et lui apprend qu’il a un frère jumeau qui vit à Hong-Kong. Après s’être rendu en Chine, Chad et Frank retrouvent ainsi Alex, qui vit de minables trafics obscurs. Après avoir réuni les deux frères, Frank décide alors qu’il est grand temps de connaître la vérité sur leur passé et sur l’assassinat de leurs parents. Bien décidés à les venger, Chad, Alex et Frank se lancent dans une vendetta personnelle afin de retrouver Zhang et ses hommes et de leur faire payer le prix fort. Avec un scénario plutôt basique et prévisible, « Double Impact » est une série-B d’action honnête dans laquelle la seule originalité vient du double rôle tenu par Jean-Claude Van Damme, qui interprète deux frères jumeaux aux caractères totalement opposés. Le défi était risqué, mais Van Damme s’en tire haut la main – notamment grâce à des trucages visuels plutôt honorables – Pour le reste, pas grand chose de neuf : le film mélange humour et action avec quelques bonnes répliques eighties (« Alex, ne fais pas ça, c’est ton frère ! » - « Pourquoi, parce qu’il me ressemble ? Je vais changer ça tout de suite ! »), des méchants bien charismatiques – la bodybuildeuse Cory Everson ou l’excellent Bolo Yeung, avec lequel Van Damme s’était déjà affronté dans « Bloodsport » - et des scènes d’action dans lesquelles Van Damme démontre ses talents de karatéka, avec une histoire repiquée aux « Frères Corse » d’Alexandre Dumas.

La partition orchestrale du compositeur américain Arthur Kempel est à coup sûr l’un des atouts du film de Sheldon Lettich, qui a toujours su s’entourer de compositeurs intéressants sur la plupart de ses films avec Van Damme (on se souvient par exemple d’une partition magistrale de John Scott pour « Lionheart »). Kempel est un compositeur spécialisé dans les musiques de séries TV, documentaires et téléfilms en tout genre, ainsi que quelques musiques de film (« The Arrival », « Behind Enemy Lines »). Habitué à travailler rapidement avec peu de moyens, le compositeur s’est vu adjoindre sur « Double Impact » des moyens conséquents, enregistrant ainsi sa partition au L.A. East Recording Studios de Salt Lake City, tandis qu’une partie du score est interprétée aux synthétiseurs par Jeff Rona, plus connu comme étant un membre fidèle du jeune studio Media-Ventures fondé par Hans Zimmer et Jay Rifkin en 1989, sans oublier la partie des percussions enregistrées à Los Angeles. Réunissant ces différents éléments, Arthur Kempel apporte ainsi son lot d’action et d’énergie au film de Sheldon Lettich, privilégiant les rythmes, les sonorités asiatiques (une partie du film se déroule à Hong Kong) et les orchestrations cuivrées, le tout porté par un thème principal évoquant la quête de vengeance des frères jumeaux. A la première écoute du score dans le film, on remarque très vite l’alternance prononcée entre parties symphoniques denses et bien orchestrées, et passages synthétiques cheap plutôt ordinaires et très années 80, le problème étant que la cohabitation entre les deux est parfois hasardeuse, le score donnant l’impression d’avoir été écrit par deux compositeurs différents. Pourtant, « Overture » débute le film en grande pompe avec un premier élan orchestral massif à base de cordes, cuivres et percussions et sonorités asiatiques évoquant Hong-Kong. On pense ici à certaines musiques de Lalo Schifrin comme « Enter the Dragon » par exemple, pour l’aspect asiatique des passages symphoniques. Le thème principal – reconnaissable à sa cellule initiale de 3 notes - est introduit dans « Overture » à 0:34 par une flûte de pan (synthétique) évoquant Chad et Alex, repris ensuite par les cors de manière plus ample à 1:03.

Les percussions introduites dans « Overture » reviennent ensuite dans le sombre « Dead Ringers » pour évoquer la mort des parents d’Alex et Chad au début du film. Le thème de flûte est repris à 0:47 alors que l’environnement sonore est plus clairement orienté ici vers les synthétiseurs et les rythmes électroniques 80’s à la façon d’Hans Zimmer (on pense beaucoup au score de « Black Rain », écrit deux ans avant celui de « Double Impact »). La musique redevient plus orchestrale dans « The Brother’s Revenge », morceau d’action tonitruant pour lequel Arthur Kempel déploie la panoplie habituelle de cordes frénétiques, de cuivres massifs, de bois agités et de percussions déchaînées. On ressent ici quelques influences évidentes, notamment celles de Jerry Goldsmith et d’Alan Silvestri, deux compositeurs spécialistes des musiques d’action à l’époque et ultra demandés à Hollywood au début des années 90. « The Brother’s Revenge » s’impose ici par la force de son flot continu de percussions, mélangeant caisse claire, gongs, cymbales, timbales frénétiques, toms divers (dont certains sont synthétiques) et percus additionnelles, sans oublier une part importante accordée aux cors et à quelques éléments synthétiques discrets en fond sonore. « The Brother’s Revenge » est en tout cas l’un des meilleurs morceaux d’action du score de « Double Impact », témoignant du savoir-faire évident d’Arthur Kempel, qui maîtrise les codes et les influences avec une certaine précision technique. Le thème principal est ensuite repris dans « I Miss You » de manière plus intime et touchante, porté par un hautbois délicat sur fond de cordes, vents et harpe. Mais c’est bel et bien l’action qui domine ici, avec en particulier un excellent « Battle at Sea », 5 minutes d’action pure et dure pour la poursuite sur les quais et les bateaux vers le milieu du film. Kempel développe ici les sonorités asiatiques/chinoises introduites au début du film et amplifie ici les mélanges entre l’orchestre (qui domine le morceau) et les rythmes électroniques, notamment dans l’emploi de percussions synthétiques et de quelques nappes sonores menaçantes. Le mélange des deux éléments est plutôt réussi, personnifiant la tension de la poursuite à l’écran avec quelques solides rebondissements rythmiques et une série de percussions synthétiques métalliques récurrentes dans le score.

Dommage cependant que le compositeur retrouve par moment un style synthé cheap facile hérité de ses musiques pour la télévision comme en témoigne le passage purement rythmique et percussif qui débute à 3:13. Pourtant, le compositeur se montre très à l’aise avec l’orchestre, qu’il maîtrise amplement, même si l’on regrettera là aussi quelques influences souvent évidentes. Dans « Causeway Bay », Arthur Kempel suggère l’assaut d’Alex et Chad lorsqu’ils piratent un hangar détenu par Zhang et font sauter une cargaison près de la baie. Le compositeur crée ici un climat d’infiltration à l’aide de rythmes synthétiques divers et de nappes sonores menaçantes, un peu comme le fera Gary Chang dans la partition de « Under Siege » composée deux ans après celle de « Double Impact ». Kempel respecte ainsi tous les codes habituels des musiques d’action de la fin des années 80, dont l’emploi des synthétiseurs était décidément monnaie courante, quitte à verser à plusieurs reprises dans du cheap bien vieillot (notamment dans le passage des toms ‘action’ à partir de 3:49), comme c’est le cas dans « Hong Kong Pursuit ». « The Other Side of the World » tente de calmer le jeu en apportant une nouvelle touche d’émotion et un rappel du thème principal aux cordes et aux bois (à noter ici l’emploi réussi du hautbois et de la flûte), tandis que « The Brother’s Reunion » introduit des sonorités plus agressives et dissonantes, à la limite des musiques horrifiques – notamment lors des effets de cordes stridentes au début – Ici aussi, difficile de ne pas remarquer l’influence d’Alan Silvestri dans le passage entre 0:37 et 0:55, tandis que le thème mélancolique est à nouveau repris au hautbois à 1:05. Les passages électroniques menaçants évoquant Zhang et ses sbires sont repris dans « Zang’s Offer » et ses 6 minutes de suspense intense reprenant des éléments de « Causeway Bay ». Le compositeur se fait plaisir dans le générique de fin en nous offrant un solide morceau d’action pour le « End Title », suivi d’une dernière reprise très jolie du thème principal, qui conclut agréablement le film et l’album. Arthur Kempel respecte donc parfaitement le cahier des charges sur « Double Impact », film pour lequel il livre une composition musclée respectant les conventions musicales de l’époque, notamment dans l’emploi des synthétiseurs et des percussions ‘action’. La partition d’Arthur Kempel devrait donc séduire à coup sûr les nostalgiques des musiques d’action de la fin des eighties et ceux qui apprécient les films de Jean-Claude Van Damme.




---Quentin Billard