Disc 1

1-Prologue 2.15
2-Pork Chop Express (Main Title) 4.01
3-Abduction at Airport 4.17
4-The Alley (Procession) 1.12
5-The Alley (War) 2.31
6-The Storms 2.42
7-Tenement/White Tiger 3.49
8-Here Come The Storms 4.15
9-Wing Kong Exchange 4.40
10-Lo Pan's Domain/Looking
For A Girl 3.16
11-Friends of Yours?/
Escape Iron Basis 7.18
12-Escape From Wing Kong 5.38
13-Hide 4.35

Disc 2

1-Call The Police 7.32
2-Dragon Eyes 1.12
3-Into The Spirit Path 7.05
4-The Great Arcade 7.53
5-The Final Escape
(Lo Pan's Demise/Getaway) 7.02
6-Goodbye Jack 3.14
7-Big Trouble in Little China
(End Credits - Album Version) 3.22*

Bonus Tracks:

8-Stingers Montage 5.24
9-Big Trouble in Little China
(Original Version) 3.01*

*Interprété par
The Coupe De Villes,
John Carpenter, Nick Castle,
Tommy Lee Wallace.

Musique  composée par:

John Carpenter/Alan Howarth

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1086

Producteur exécutif album
pour La-La Land Records:
Matt Verboys
Album produit par:
Nick Redman, MV Gerhard,
Mike Matessino, Alan Howarth

Business Affairs pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Programmation synthé de:
Alan Howarth
Monteur musique:
Scott Grusin

Artwork and pictures (c) 2008 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter/Alan Howarth
« Big Trouble in Little China », plus connu dans nos contrées sous le nom « Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin » est l’une des dernières grosses productions hollywoodiennes que tourna John Carpenter en 1986 pour un grand studio, ici, la 20th Century Fox. Avec un budget conséquent de 25 millions de dollars (une bonne moyenne pour l’époque), Carpenter souhaitait rendre un hommage aux westerns et aux films d’arts martiaux qui ont bercé son enfance – le script d’origine situait même l’histoire au far-west en 1880 – On y suit ainsi le périple mouvement de Jack Burton (Kurt Russell), un camionneur américain qui part aider son ami chinois Wang Chi (Dennis Dun), propriétaire d’un restaurant dans Chinatown, à retrouver sa fiancée Miao Yin (Suzee Pai), kidnappée par des loubards appartenant à un gang chinois, les seigneurs de la mort. Les kidnappeurs ont l’intention de vendre la belle MiaoYin à une maison close. Du moins est-ce ce que Jack et Wang s’imaginent, car ils sont bien loin de s’imaginer ce qui les attends. Après avoir suivi les seigneurs de la mort dans une ruelle étroite de Chinatown, les deux compères se retrouvent en plein milieu d’une violente bataille opposant les Chang Sing aux Wing Kong, deux anciens clans chinois ennemis depuis toujours. C’est alors que trois mystérieux guerriers aux pouvoirs magiques font leur apparition et déciment leurs adversaires. Soutenus par l’avocate Gracie Law (Kim Cattrall), qu’ils ont rencontrée entre temps, Jack et Wang vont tenter de sauver Miao Yin, retenue prisonnière dans un royaume souterrain sous Chinatown, dirigé par le sorcier maléfique Lo Pan (James Hong), un fantôme qui erre sur terre depuis 2000 ans, souffrant d’une terrible malédiction qui ne pourra être rompue que lorsqu’il épousera une chinoise aux yeux verts – Miao Yin – N’écoutant que leur courage, Jack, Wang, Gracie et leurs amis se lancent à la poursuite de Lo Pan et de ses sbires pour tenter de sauver la jeune femme et de mettre fin aux agissements du Mandarin maléfique. « Big Trouble in Little China » s’avère donc être un véritable film culte des années 80, qui, à l’instar du « The Thing » de Carpenter, fut un terrible échec au box-office 1986 mais acquit par la suite son statut de film culte lors de sa sortie en vidéo. Dégoûté de l’échec commercial du film, qui ne rapporta qu’à peine 11 millions de dollars (le film en a coûté 25 !), John Carpenter décida de quitter définitivement Hollywood et de produire lui-même ses propres films de façon indépendante par la suite. Il faut dire que « Big Trouble in Little China » est un film un peu à part dans la filmographie de Carpenter : film d’aventure, film fantastique, film d’arts martiaux, comédie d’action, buddy movie et même un peu épouvante par moment, « Big Trouble in Little China » est un peu tout cela à la fois et cherche à manger à tous les râteliers mais s’avère être finalement un gigantesque fourre-tout parfois un peu bordélique, qui part dans tous les sens (le script a été réécrit plusieurs fois).

Influencé par les films chinois de Tsui Hark et plus particulièrement de « Zu, les guerriers de la montagne magique » (film hongkongais sorti en 1983, et influence revendiquée par Carpenter lui-même !), Carpenter signe un film qui baigne dans un mysticisme chinois délirant, entre décors kitsch typique des années 80, effets spéciaux datés et même créatures qui rappellent les monster movies des années 50 (notamment avec la bête poilue et difforme qui refait son apparition à la toute fin du film). Mais le film vaut surtout par son ton totalement décalé et son héros complètement à côté de la plaque, incarné par un Kurt Russell en pleine forme : en témoignent certaines scènes humoristiques comme lorsque Jack rate lamentablement son ennemi lors d’un jet de couteau ou réussit quand même à s’assommer tout seul en tirant avec son arme dans le plafond, ou bien lors de la scène où Jack débarque en hurlant un cri guerrier, prêt à se battre, alors qu’il découvre que Wang Chi s’est déjà débarrassé de tous les ennemis. Carpenter avoua lui-même qu’il souhaitait ainsi créer un héros qui soit l’exact opposé des archétypes habituels du héros américain : ici, ce sont les minorités qui occupent le devant de la scène, tandis que l’american good guy, qui pense être le vrai héros de l’histoire, fait office de sidekick rigolo, et même complètement à côté de la plaque et trop sûr de lui (il tire lamentablement la première fois avec son arme à feu !), sans oublier la goujaterie du personnage qui, à la fin du film, part en refusant d’embrasser sa nouvelle amie (la jolie Kim Cattrall). Mais à trop vouloir partir dans des directions inattendues en mélangeant les influences et les styles, John Carpenter s’est certainement mis à dos une partie de son public, qui le connaissait surtout pour ses films d’horreur (« Halloween », « The Thing ») et ses films d’action/science-fiction (« Escape from New York », « They Live »), mais certainement pas pour ce type de film d’aventure kitsch décalé et délirant, mettant en scène un anti-héros américain brave et arrogant qui va à l’encontre de tous les stéréotypes du genre. Avec un scénario confus qui part dans tous les sens, une mise en scène efficace au rythme surexcité, des scènes d’action ahurissantes, des méchants irréalistes et des monstres craignos – avec en plus quelques scènes cultes kitsch comme la mort du guerrier qui enfle et s’auto explose vers la fin du film – « Big Trouble in Little China » a tout pour être un pur divertissement pop-corn 80’s culte, même si le film est un peu à part dans la filmo de Carpenter et n’a certainement pas sa place parmi les plus grands chefs-d’oeuvre du cinéaste américain.

Encore une fois, et comme sur la plupart de ses précédents films, John Carpenter s’occupe lui-même de la musique de son film, soutenu ici par son fidèle complice Alan Howarth sur la programmation des parties synthétiques (Howarth suivant régulièrement Carpenter sur ses musiques depuis « Escape from New York » en 1981). Interprétée en grande partie aux claviers et à l’ordinateur, la musique de « Big Trouble in Little China » apporte tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une partition de ce genre : action, rythmes rock, synthés kitsch et bien sûr sonorités asiatiques évoquant l’univers chinois du film. Dans une note du livret de l’album, John Carpenter rappelle qu’il est un musicien plutôt autodidacte qui ne sait pas lire une note de musique mais qui accorde souvent une grande importance à l’improvisation. Cette approche, on la retrouve ainsi sur « Big Trouble in Little China », Carpenter et Howarth utilisant la technologie musicale la plus moderne qui soit pour l’époque – une note du livret de l’album précise même que le studio d’Alan Howarth était rempli d’ordinateurs Macintosh derniers cris avec système MIDI pour pouvoir jouer cinq claviers à la fois – Premier défi de taille pour John Carpenter : appréhender l’univers sonore « chinois » du film, étant donné que ni lui ni Howarth n’étaient familier avec la culture musicale asiatique. Grâce à leur équipement dernier cri, Carpenter et Howarth étaient alors en mesure de créer des samples instrumentaux imitant ou se rapprochant des percussions asiatiques, notamment grâce à la panoplie de claviers incluant l’Emulator 2, le Prophet V, la drum machine EMU et le Kurzweil 250, sans oublier l’ajout d’une guitare électrique et d’une basse.

Autre élément-clé du score de « Big Trouble in Little China » : les nombreuses scènes d’action délaissent le mickey-mousing habituel (dans le sens « une action : une musique ») pour reposer plutôt sur une approche musicale globale des images, une atmosphère générale pour chaque scène. Puis, la composition débuta en choisissant un tempo précis pour chaque scène, sur lequel une série de notes vont venir se greffer avec l’ajout de sonorités supplémentaires et de diverses couches sonores. Le processus de composition de « Big Trouble in Little China » est donc plutôt original pour l’époque et reflète l’inventivité de Carpenter et Howarth, qui se reflète bien évidemment dans la musique, typique du compositeur/réalisateur. Le score repose alors sur une série de thèmes et de motifs pour les principaux personnages de l’histoire, à commencer par Jack Burton, qui se voit attribuer un thème typiquement américain et très rock’n roll dans « Pork Chop Express (Main Title) », à grand renfort de basse synthétique rock, de claviers 80’s et de guitares électriques fun. A noter que Carpenter précise dans l’album qu’il a temp-tracké cette scène avec une chanson de ZZ Top, « Just Got Paid », dont le rythme lui aurait ainsi inspiré son ouverture rock. Le second thème est celui de Lo Pan, introduit dès « Prologue ». On reconnaît ce thème à sa cellule de 4 notes mystérieuses évoquant les pouvoirs du sorcier maléfique et au choix de sons particuliers : choeur synthétique, chimes, pad synthé sombre et accords de guitare, comme c’est le cas dans « The Alley (Procession ) », scène d’introduction de Lo Pan qui apparaît pour la première fois dans la séquence de la ruelle au son des notes mystérieuses du thème. Le thème de Lo Pan sera d’ailleurs très présent tout au long du film, dominant une bonne partie du score au détriment du thème de Jack Burton, finalement peu présent à l’écran. Les premiers morceaux d’action, « Abduction at Airport » et « The Alley (War) » permettent à Carpenter de mettre en avant les percussions asiatiques, les toms ‘action’ 80’s et les samples en tout genre, le tout renforcé par l’apport habituel des ostinatos rythmiques chers au compositeur, et de quelques effets sonores supplémentaires (dont certains sont réalisés à partir de la guitare électrique). Si la technique peut paraître simpliste, elle reste indiscutablement personnelle et propre à Carpenter, apportant un charme indéniable à la partition du film, et ce malgré son côté évidemment très daté.

Le thème de Lo Pan est largement suggéré dans le mystérieux et obscur « The Storms », où il est question de la magie noire du sorcier à l’aide de sonorités synthétiques étranges et quasi expérimentales, et d’un retour des ostinatos rythmiques ‘action’ entêtants. Dans « Tenement/White Tiger », Carpenter démontre son talent pour les rythmes répétitifs et les ambiances particulières en mélangeant percussions calypso tropicales de manière assez particulière, tandis que « Here Come the Storms » nous plonge dans une atmosphère lugubre à base de pads dissonants et de nouveaux ostinatos rythmiques entêtants. « Wing Kong Exchange » maintient quand à lui la tension avec une autre figure rythmique répétitive alors que Jack et Wang Chi descendent dans les profondeurs du repaire de Lo Pan. C’est d’ailleurs sans surprise que l’on retrouve le thème du sorcier au début de « Lo Pan’s Domain/Looking For A Girl », entouré d’un environnement sonore alliant dissonances et percussions asiatiques diverses, créant une atmosphère mystique particulièrement réussie. Cette atmosphère mystique, on la retrouve aussi dans « Friends of Yours ?/Escape Iron Basis », dans laquelle Carpenter teinte sa musique de touches plus sombres, comme dans ses musiques d’épouvante habituelles, façon « Halloween » ou « The Fog ». L’action reprend de plus belle dans « Escape from Wing Kong » avec une série de pads et d’ostinato rythmique répétitif, et ce alors que le tempo s’accélère dangereusement dans le frénétique « Hide ! » pour une scène de combat vers la fin du film. Dans « Call the Police », Carpenter introduit un nouveau thème plus asiatique, à l’ambiance zen/méditative pour Egg Shen, dominé par l’emploi du choeur synthétique, tandis que le thème de Lo Pan est à nouveau repris de manière fort mystérieuse. Excepté le dissonant et lugubre « Dragon Eyes », une bonne partie de l’acte final du film permet à Carpenter de se concentrer sur l’action, comme le rappelle « Into the Spirit Path », qui débute avec le thème asiatique d’Egg Shen et une envolée du thème de Lo Pan durant la scène de la cérémonie de sacrifice (le début de « The Great Arcade »).

Et c’est la bataille finale qui débute dans « The Great Arcade », accompagné d’un passage pop/rock totalement kitsch et déchaîné sur les images, mélangeant claviers survoltés, rythmes calypso, toms groovy, basse synthétique entêtée et guitare électrique. Carpenter a ainsi la bonne idée de mélanger sonorités orientales et occidentales pour parvenir à ses fins, tandis que le combat final entre les forces du bien et du mal se déroule au son d’un cocktail sonore kitsch plutôt particulier et inventif. Enfin, la défaite de Lo Pan est illustrée dans « The Final Escape (Lo Pan’s Demise/Getaway », qui condense une partie des éléments principaux du score – le pad rythmique de « Wing Kong Exchange », le thème du sorcier maléfique, les percussions calypso, les riffs synthétiques asiatiques, etc. Le générique de fin est accompagné de la sympathique chanson originale écrite par Carpenter et interprétée par son groupe « The Coupe de Villes », composée dans la lignée des chansons de Jim Morrison, idéal pour refermer cette partition synthétique plutôt réussie bien qu’extrêmement datée dans son approche, essentiellement réservée aux fans de John Carpenter. En tout cas, à l’écran, le résultat est impeccable comme toujours. Concernant l’écoute isolée sur l’album, cela dépendra des goûts de chacun, à condition donc d’être ouvert au style des musiques synthétiques kitsch et répétitives de John Carpenter !




---Quentin Billard