1-Ender's War 3.27
2-Stay Down 2.42
3-Battle School 1.55
4-Move It Launchies 0.56
5-The Battle Room 3.03
6-Mind Game Part 1 2.24
7-Salamander Battle 3.34
8-Mind Game Part 2 3.55
9-Dragon Army 2.44
10-Dragons Win 3.53
11-Bonzo 1.37
12-Ender Quits 6.22
13-Mazer Rackham 2.34
14-Enemy Planet 3.50
15-Command School 2.42
16-Graduation Day 1.28
17-Final Test 6.02
18-Game Over 2.36
19-The Way We Win Matters 6.14
20-Ender's Promise 5.09
21-Commander 3.33

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-7227

Score produit par:
Steve Jablonsky, Alex Gibson
Producteur exécutif:
Robert Townson
Co-produit par:
Paul Katz, eye2ear Music
Orchestrations:
Penka Kouneva
Orchestrations additionnelles:
Larry Rench, Philip Klein,
Alain Mayrand

Ingénieur technique score:
Lori Castro
Arrangements additionnels:
Jacob Shea
Copiste:
Junko Tamura
Booth Reader:
Alastair King
Ingénieurs assistants:
Matt Mysko, Jack Sugden
Consultant musical:
Linda Cohen
Summit Entertainment
Direction de la musique:
Tracy McKnight
General Manager & EVP,
Music Business Affairs:
Lenny Wohl
Sr. Directeur, musique film:
Trevon Kezios
Administrations contrats:
Karen Sidlow
Superviseur budget musique:
Chris Brown
Coordinateurs musique:
Ryan Svendsen, Nikki Triplett

Artwork and pictures (c) 2013 Summit Entertainment, L.L.C. All rights reserved.

Note: ***1/2
ENDER'S GAME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
Depuis que le cinéma de science-fiction américain a enfin ressorti la tête de l’eau avec l’inégal « Prometheus » de Ridley Scott en 2012 (film qui n’a malheureusement pas tenu totalement ses promesses et déçu de nombreux fans de la saga « Alien » et du cinéaste lui-même), les projets similaires se sont multipliés à Hollywood. C’est donc sans surprise particulière que « Ender’s Game » déboule enfin sur nos écrans, le film de Gavin Hood étant une adaptation du célèbre roman de science-fiction controversé d’Orson Scott Card publié en 1985 et devenu un classique de la littérature sci-fi, enseigné régulièrement dans certaines écoles américaines – et notamment militaires – Sorti au cinéma vers la fin de l’année 2013, « Ender’s Game » (La Stratégie Ender) se déroule dans un futur proche dans lequel la Terre a été attaquée il y a plusieurs années par une race extra-terrestres/insectoïde baptisée Doryphores, responsables de milliers de morts parmi la population humaine. Mais l’invasion fut finalement stoppée de justesse par l’intervention héroïque et inespérée de Mazer Rackham, commandant de la Flotte Internationale, qui s’est sacrifié pour détruire l’un des vaisseaux mères Doryphore et renvoyer les envahisseurs chez eux. Dès lors, le vétéran colonel Hyrum Graff (Harrison Ford) et les forces militaires terriennes s’entraînent sans relâche pour mettre au point une défense armée solide capable de détruire pour de bon les Doryphores. C’est pourquoi l’amirauté a décidé que les jeunes enfants les plus intelligents et les plus doués seraient recrutés parmi la population terrienne afin d’être formés pour devenir de futurs commandants et rejoindre les rangs de la contre-attaque humaine contre les extra-terrestres. Andrew Ender Wiggin (Asa Butterfield), est un adolescent ordinaire et timide qui participe à ce programme de formation difficile et intense. Très vite, Ender se fait remarquer par Graff à cause de son exceptionnelle intelligence tactique et sa faculté à élaborer des stratégies sans faille et à comprendre ses adversaires. Convaincu qu’il tient là son futur commandant, Graff décide d’envoyer le jeune Ender dans son école de combat spatiale pour le former à ses futures responsabilités. Ender se lie alors d’amitié avec d’autres jeunes cadets, incluant la brillante Petra Arkanian (Hailee Steinfeld) et provoque la jalousie ou la frustration d’autres cadets rivaux. Mais alors qu’il tente d’apprendre à contrôler sa violence et ses émotions, Ender réussit les épreuves et franchit les étapes de sa formation avec brio. Dès lors, il ne lui reste plus qu’à être formé par Mazer Rackham (Ben Kingsley) en personne pour participer à la bataille finale, qui décidera de l’avenir de la planète.

Le scénario de Gavin Hood respecte les grandes lignes du roman d’Orson Scott Card, même si on regrettera une certaine tendance à simplifier le discours anti-militariste du roman d’origine au profit des scènes d’action ou de combat spatial. L’originalité de « Ender’s Game » se situe surtout dans sa manière dont le film évoque un futur plutôt sombre, dans lequel tout repose sur les épaules d’un jeune adolescent, formé pour devenir un héros militaire, une vraie machine à tuer. Evidemment, un tel postulat de départ pose forcément des questions morales et éthiques, ce que le film aborde brillamment, notamment lors de sa trouble révélation finale au message évident, rejoignant le discours anti-militariste du roman – on aurait simplement aimé que le réalisateur creuse davantage dans cette direction – En montrant une société prête à enrôler et sacrifier ses meilleurs enfants pour le bien commun (sans même connaître les véritables intentions des prétendus adversaires), on frissonne en pensant à certains modèles du passé que l’on préfèrerait oublier - de là à comparer ce concept avec celui des jeunesses hitlériennes, il n’y a qu’un pas – Et c’est en ce sens que « Ender’s Game » est une vraie réussite, car derrière l’aspect linéaire et un peu plat du scénario se cache un vrai propos humaniste et une réflexion sur l’art de la guerre et l’endoctrinement acharné des militaires et de la propagande qui va avec, le tout porté par la mise en scène soignée de Gavin Hood, des effets spéciaux solides et une photographie de qualité du vétéran Donald McAlpine, avec qui Hood avait déjà travaillé sur son précédent film, « X-Men Origins : Wolverine » en 2009. En alliant ainsi réflexion et effets spéciaux, « Ender’s Game » peut se targuer d’aller à contre-courant de certains blockbusters hollywoodiens actuels grâce à une galerie de personnages soignés, un casting de qualité et un scénario bien plus malin qu’il n’y paraît, sans oublier quelques jolies trouvailles visuelles intéressantes – les scènes de jeux vidéo et de simulation de bataille spatiale – Certes, en passant à Hollywood, le roman d’Orson Scott Card est devenu un film pour ados, mais sa narration et sa dimension politique en font une oeuvre particulière et fort intéressante, dans laquelle Asa Butterfield (jeune révélation du « Hugo Cabret » de Scorsese) s’impose par sa force de conviction étonnante face à un Harrison Ford magistral en militaire cynique plein de nuances.

A l’origine, la musique de « Ender’s Game » devait être confiée à James Horner, annoncé pendant un temps en tant que compositeur de la musique du film. Hélas, la post-production houleuse du métrage a forcé le studio à modifier une partie de l’équipe originale du film, et Horner fut finalement remplacé au pied levé par Steve Jablonsky, probablement engagé pour ses participations à plusieurs films d’action/science-fiction comme « Transformers » ou « Battleship ». Décriée par de nombreux béophiles et fans d’Horner, l’éviction du compositeur sur « Ender’s Game » est assez regrettable, d’autant que le film de Gavin Hood aurait ainsi permis à James Horner de se confronter au domaine de la science-fiction, un genre finalement peu présent dans sa filmographie, surtout depuis la fin des années 90 (Horner a quand même participé à « Battle Beyond the Stars », « Star Trek II », « Star Trek III », « Krull », etc.). Résultat : Steve Jablonsky se retrouve engagé pour écrire rapidement une partition dans la veine synthético-orchestrale qu’il maîtrise parfaitement, mais qui n’apporte absolument rien de neuf et s’avère être extrêmement prévisible et sans surprise. Reprenant un style déjà établi dans « Transformers » ou « Battleship », Jablonsky fait appel aux services des musiciens du prestigieux orchestre de Londres, agrémenté de la chorale des Metro Voices, du violoncelle soliste de Caroline Dale et d’une poignée de rythmes synthétiques et autre sound design électro si cher aux compositeurs de chez Remote Control. A la première écoute, pas de surprise particulière, Jablonsky reste fidèle à lui-même, introduisant le thème principal épique et grandiose dans « Ender’s War ». Le thème est soutenu par les traditionnels ostinatos de cordes, les percussions, les choeurs et des cuivres amples suggérant la détermination et l’intelligence stratégique d’Ender et son combat pour sauver la terre des envahisseurs Doryphores. Le violoncelle soliste apporte un semblant d’émotion à ce thème suggérant le combat pour la survie du monde, apportant un sentiment d’espoir majeur dans le film – une émotion récurrente tout au long de l’écoute de la musique de « Ender’s Game » - « Stay Down » introduit quand à lui des sonorités plus sombres avec l’emploi des synthétiseurs, des cordes et du chœur pour illustrer la menace des extra-terrestres. A noter que dans le film, les aliens n’ont pas de motif à proprement parler mais plus des ambiances sonores dissonantes et organiques suggérant la menace et la flotte armée des Doryphores.

Un sentiment d’espoir monte aussi dans « Battle School », pour l’arrivée d’Ender à l’école de guerre du colonel Graff. Ici aussi, quelques percussions métronomiques, des chœurs et des ostinatos de cordes suffisent à suggérer la détermination et les préparatifs de la formation du futur commandant de la contre-attaque terrienne. Le score de « Ender’s Game » contient aussi son lot d’action à commencer par « Move It Launchies » dans lequel Jablonsky déploie son lot de percussions acoustiques/électroniques (à grand renfort de banques de sons et de taïkos japonais, comme dans « Transformers »), de violoncelle et de choeur masculin pour suggérer la dimension guerrière et militaire du film. Même chose pour « The Battle Room » qui développe sur fond d’ostinato entêtant de 3 notes de cordes une série d’accords puissants et nobles, à la manière des grands anthem/hymnes de « Transformers », « Steamboy » ou de certains scores Media Ventures des années 90. L’espoir est le principal mot d’ordre dans « The Battle Room », dont l’émotion est largement véhiculée ici par les gammes répétées du violon soliste d’Everton Nelson et de la chorale. Certains passages atmosphériques comme « Bonzo » ou « Mind Game » sont en revanche bien moins intéressants et purement fonctionnels, permettant à Jablonsky d’explorer un sound design électro sombre et assez décevant, proche de ses travaux sur les deux « Texas Chainsaw Massacre ». En revanche, on appréciera l’émotion de « Salamander Battle » qui évoque les victoires stratégiques d’Ender et ses compagnons cadets durant la séance d’entraînement avec l’équipe Salamandre. Ici, comme dans « The Battle Room », l’espoir est largement véhiculée par une série de notes répétées aux cordes/choeurs et au violoncelle sur fond de percussions, une musique noble, puissante et grandiose assez impressionnante dans le film, dans sa manière dont elle assène un sentiment constant d’espoir pour l’avenir de l’humanité, et ce même si l’effet reste plutôt ordinaire et ultra prévisible de la part du compositeur, qui recycle ici ses formules musicales habituelles.

Le thème principal de violoncelles revient dans « Dragon Army » où l’émotion reste similaire à celle de « Salamander Battle » et « The Battle Room », le tout accompagné des sempiternels ostinatos de cordes et arpèges de violoncelle, et ce alors que l’ostinato de 3 notes grandit sur la fin de « Dragon Army » jusqu’à déboucher sur un climax puissant assez remarquable mais sans surprise. Un passage d’action comme « Dragons Win » semble surgir tout droit du « Dark Knight » d’Hans Zimmer, Steve Jablonsky recyclant ici quelques éléments musicaux typiques de Zimmer et des productions Remote Control, notamment dans le jeu répétitif des ostinatos de cordes (parfois très agaçants), des loops électro, des percussions et des nappes sonores. Le final de « Dragons Win » apporte un sentiment de triomphe salvateur alors qu’Ender réussit à faire gagner l’équipe des dragons durant un entraînement décisif. La musique sait aussi se faire plus mélancolique et sombre dans « Ender Quits », alors que le jeune garçon baisse les bras et retourne sur terre pour retrouver sa soeur Valentine (Abigail Breslin). Le thème principal est repris ici par un violoncelle intime sur fond de cordes et de choeurs amers et résignés. Bien évidemment, l’espoir renaît dans « Mazer Rackham » et « Enemy Planet », avec ses accords majestueux et imposants, ou « Graduation Day » qui reprend le thème principal et son ostinato de 3 notes des cordes, sans oublier les 6 minutes intenses de « Final Test » et ses rythmes/loops électroniques déchaînés sur fond d’ostinatos et de sound design à la Hans Zimmer. « Game Over » suggère la terrible révélation finale avec le retour de l’atmosphère mélancolique et résignée de « Ender Quits », rappelant la crise de conscience du jeune héros de la guerre contre les Doryphores. Et c’est de manière tragique et sombre que l’aventure se conclut durant les 6 minutes grandement dramatiques de « The Way We Win Matters » et le puissant « Ender’s Promise », qui reprend une dernière fois le thème principal de manière assez grandiose, suivi du retour de l’ostinato central de 3 notes d’Ender et de la contre-attaque humaine dans « Commander » pour la fin du film. Steve Jablonsky fait donc ce qu’il sait faire le mieux sur « Ender’s Game » et apporte une émotion dramatique intense au film de Gavin Hood, avec un sentiment d’espoir grandissant, de courage et de détermination sur fond de guerre pour la survie du monde.

Ne vous attendez pas à grand chose de neuf avec « Ender’s Game », d’autant que Jablonsky se contente bien souvent de recycler des formules musicales héritées de « Transformers » ou « The Dark Knight » pour satisfaire à un cahier des charges peu exigent, éminemment centré sur le style Remote Control toujours autant à la mode à Hollywood depuis près de deux décennies déjà. Les fans de Jablonsky auront donc de quoi se mettre sous la dent avec « Ender’s Game » qui contient son lot de bons moments, mais ceux qui sont allergiques au style « Transformers » et à la moitié des productions R-C devront fuir ce score d’urgence, qui réunit tous les tics et clichés possibles de la bande à Hans Zimmer. Quoiqu’il en soit, la musique apporte une émotion nécessaire au film, tout en étant très présente à l’image et s’apprécie surtout pour ses montées d’espoir et son utilisation d’hymnes puissants et solennels empreints de noblesse et de détermination, le tout sur le style synthético-orchestral qui semble avoir envahi la plupart des grandes productions filmiques et télévisuelles de ces 20 dernières années !





---Quentin Billard