'Sudden Death' (Mort Subite) est un bide de plus dans la carrière de Jean-Claude Van Damme, le karatéka belge star des séries-B d'action. Difficile de trouver un quelconque intérêt à un film comme 'Sudden Death'. Le réalisateur Peter Hyams en a fait une pâle copie du très pompé 'Die Hard' de John McTiernan, grand classique de l'action qui ne cesse de faire des émules, avec des productions qui jouent régulièrement sur les formules habituelles des preneurs d'otages/terroristes dans un endroit isolé et un héros pour sauver tout le monde. L'histoire est donc toujours la même. On y retrouve les mêmes formules et les ficelles trop faciles commencent à s'user sérieusement. Dans la même catégorie, on pourra citer 'Under Siege', 'Air Force One', 'Toy Soldiers', etc. Pour la petite histoire, l'histoire se déroule dans un stade de hockey durant le septième match des finales de la NHL Stanley Cup. Un groupe de terroristes dirigée par Joshua Foss (Powers Boothe) prennent en otage le vice-président américain et ses compagnons 90 minutes avant la rencontre. Les terroristes menacent de tout faire sauter s'ils n'obtiennent pas dans les plus brefs délais une rançon d'un milliard de dollars réclamés à la Maison-Blanche. Lorsque Darren McCord (JV Van Damme), ancien pompier employé au stade de hockey, découvre que les terroristes ont pris le contrôle du stade et que sa petite fille Emily fait partie des otages, il décide de contre-attaquer et de déjouer les plans machiavéliques des terroristes pour sauver tout le monde. Comme d'habitude, Van Damme se prend pour le gros héros de service, même s'il a l'air ridicule à plus d'une reprise, la mise en scène passable du film n'étant pas là pour arranger les choses. Que dire par exemple d'un truc pipeau comme la scène où Van Damme tue un méchant à l'aide d'un petit tuyau en plastique transparent caché dans sa manche et contenant une flèche au bout, sans parler d'autres bricolages à la 'Mac Gyver' improvisés sur le coup (on se demande si le héros est réellement un pompier comme il le prétend) qui, bien sûr, marchent à chaque fois! L'objectif reste donc toujours le même: divertir le plus simplement du monde en offrant 1h30 d'action et de bastons, sans un bon scénario digne de ce nom (d'ailleurs, y a t'il vraiment un scénario?). C'est bête, c'est creux et bourré d'invraisemblances, et pourtant, cela n'en demeure pas moins une série-B d'action honnête et divertissante. C'est déjà ça de gagné!

John Debney retrouve de nouveau Peter Hyams avec qui il avait déjà fait la musique de 'The Relic' et plus récemment de 'End of Days' (1999). 'Sudden Death' n'a rien d'un score particulièrement mémorable. C'est une honnête BO d'action basé sur un unique thème principal attribué au héros, Darren McCord, le reste de la partition se résumant à une suite quasi non-stop de morceaux d'action pur et dur. Rien de particulier, rien de bien original (pour un film de Van Damme, pouvions-nous vraiment nous attendre à autre chose?). A l'instar du film de Peter Hyams, l'ensemble n'en demeure pas moins correct et assez divertissant. Comme toujours, John Debney révèle très vite ses influences à l'écoute de sa musique dans le film (probablement dû aux temp-tracks du film). On sent du James Newton Howard dans son travail de percussions ainsi que du Christopher Young dans certains morceaux d'action. Le 'Main Title' du film s'ouvre sur le thème principal exposé de manière sombre, représentant le héros du film. Mais ce thème n'a rien d'héroïque et possède un côté assez dramatique, suggérant le mauvais souvenir douloureux avec lequel le héros doit vivre sur la conscience, celui de la mort d'une fillette qu'il tenta de sauver en vain lors d'un incendie. D'entrée, alors que les flammes progressent furieusement, Debney impose un climat d'action percutant, qui sera vite repris dans la suite du morceau, correspondant en fait à la scène de combat dans la cuisine du stade de hockey ('Kitchen Fight'): percussions électroniques mises en avant avec orchestre dominé par les cordes et les cuivres (à noter l'utilisation rythmique du piano). On pense inévitablement ici à James Newton Howard et plus particulièrement 'The Fugitive', qui a probablement été utilisé dans les temp-tracks du film. En tout cas, on appréciera ici le côté efficace et excitant de cet excellent morceau d'action très rythmé, retranscrivant toute la violence de l'affrontement.

L'arrivée des terroristes au début du film est suggéré d'avance par la musique de Debney, alors que l'ambiance autour du stade est encore tranquille: quelques camionnettes arrivent, des inconnus en descendent. Tout semble normal...et pourtant, la musique de John Debney est là pour signaler avec sa musique que quelque chose de grave va arriver. Le début de 'Die Hard' de McTiernan fonctionnait d'ailleurs de façon similaire avec la musique de Michael Kamen. Les terroristes préparent alors leurs armes et leur matériel, suivi par leur chef, l'excellent Powers Boothe. Ils foncent ensuite pour prendre le contrôle du stade. Debney utilise des percussions électroniques tandis que quelques coups de pianos suggèrent l'aspect menaçant de ces individus. La musique évoque aussi le compte à rebours sous la forme d'une longue suite de morceaux d'action toujours très présent, le film n'étant en fait pratiquement qu'une série de combats avec quelques temps morts. C'est l'idée de la course contre la montre qui est ici mise en valeur dans la musique de Debney. En ce sens, 'Finding The Bombs' est très révélateur, avec son ambiance de suspense et ses percussions électroniques plus 'cool' qui évoquent la détermination du héros à localiser et désamorcer les bombes qui menacent le stade.

Le thème principal réapparaît de temps en temps sous une forme toujours plus ou moins dramatique, sa version la plus puissante étant entendue dans 'Seeing Tyler', pour la scène où le jeune fils de McCord, assis dans les gradins, s'aperçoit que l'un des joueurs de hockey héroïque après une belle action en tant que gardien n'est autre que son père, déguisé en joueur pour échapper aux terroristes. Le thème s'affirme de manière plus lumineux, plus puissante, évoquant l'amour paternel, alors que son père fait des gestes de tendresse envers son fils abasourdi dans les gradins. Il s'agit de l'un des passages les plus marquants du score de 'Sudden Death' qui aurait sans aucun doute mérité à être développé d'avantage afin d'apporter un peu de relief à ce score d'action répétitif et très quelconque. La musique d'action de 'Sudden Death' reste toujours très présente et réussie à l'écran mais sans aucun plus. Par exemple, on pourra regretter le fait que les méchants n'aient pas eu un thème propre à eux, comme dans le 'Under Siege' de Gary Chang.

Le problème vient aussi du fait que 'Sudden Death' manque un peu construction: peu de développement du thème, une suite de pièces d'action sans enchaînement logique et cohérent. Malgré tout, 'Sudden Death' reste un bel exemple de musique d'action avec un rythme toujours très soutenu, évoquant le double aspect du film: la violence des combats acharnés entre le héros et les terroristes (cf. les excitants 'Locker Room Chase', 'Choppers/Scaling The Dome', 'Rooftop Battle', etc.) puis la course contre la montre pour tenter de désamorcer les bombes et de libérer le stade de l'emprise des terroristes ('Race Against The Clock/The Abduction', 'Finding The Bombs', etc.). Entre temps, le thème principal réapparaît et illustre les agissements du héros contre les méchants de service. Mais c'est lors de la réapparition du héros pour la scène sur le terrain de hockey que le thème prend une proportion plus émouvante, cordes bien mises en avant pour suggérer une tendresse envers son fils qui le regarde et qui évoque aussi l'espoir de gagner la partie contre les méchants.

L'approche de John Debney sur 'Sudden Death' reste donc très basique, très redondante et très terre-à-terre, à l'image du film de Peter Hyams. En gros, comme le film lui-même, ça bastonne et ça repart, et ce jusqu'au final. Cependant, on ne pourra tout de même pas reprocher à Debney d'avoir accouché d'une souris, car la musique s'avère être redoutablement efficace à l'écran, renforçant l'excitation et la frénésie des scènes d'action et de suspense. 'Sudden Death' représente aussi l'une des rares incursions de John Debney dans le registre des musiques d'action, le compositeur nous prouvant qu'il sait aussi composer autre chose que des musiques de comédie gentillette ('Paulie', 'Liar Liar', 'Lost & Found', etc.). Si vous aimez les musiques d'action de John Debney, vous devriez certainement jeter votre dévolu sur 'Sudden Death'. Quand à ceux qui préfèrent l'originalité et les partitions d'action plus recherché, il ne fait aucun doute qu'ils passeront certainement leur chemin, considérant l'écoute d'un score d'action aussi banal et peu recherché comme une vraie perte de temps.


---Quentin Billard