1-Opening Credits 3.15
2-The Dummies 1.25
3-Mary 3.05
4-Out of the Basement 2.28
5-Discoveries 2.40
6-Newsflash 1.45
7-Dog Death 2.48
8-Discovering Body 3.20
9-Alien Chase 2.22
10-Love Rats 1.58
11-Interrogation 2.10
12-Claw Through Metal 1.48
13-Our Hero 1.58
14-Escape to the Refuge 2.42
15-Toy Gun Ambush 2.27
16-Face Off 1.48
17-After the Puppy 3.19
18-Theme from "Storage 24" 2.38

Musique  composée par:

Christian Henson

Editeur:

Screamworks Records SWD0010

Score produit par:
Christian Henson
Album produit par:
Mikael Carlsson
Mixage score:
Goetz Botzenhardt
Orchestrations:
Ben Foskett
Monteur musique:
Richard Lewis
Ingénieur enregistrement score:
Nick Taylor

(c) 2012 Unstoppable Entertainment/Medient Entertainment/Big Yellow Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
STORAGE 24
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christian Henson
Décidément, les aliens sont omniprésents au cinéma ces derniers temps. Après « District 9 », « Skyline », « Battle Los Angeles », « Attack the Block » ou bien encore « The Darkest Hour », voici le petit frère de toutes ces productions : « Storage 24 », modeste long-métrage horrifique britannique réalisé par Johannes Roberts, auteur de quelques séries-B d’épouvante à bas budget ( « Hellbreeder », « F », « Forest of the Damned »). « Storage 24 » nous plonge dans un huis clos oppressant dans lequel un groupe de survivants sont bloqués à l’intérieur d’un hangar en plein cœur de Londres, traqués par une créature alien affamée. L’histoire débute lorsque Charlie (Noel Clarke) et son ami Mark (Colin O’Donoghue) se rendent au hangar 24 pour y récupérer leurs affaires dans un box. Charlie vient juste de se faire plaquer par sa petite amie Shelley (Antonia Campbell-Hugues) sans raison apparente. Pendant ce temps, un avion militaire vient tout juste de s’écraser en plein coeur de Londres. Dans les débris, une créature extra-terrestre vient tout juste de se libérer d’un container et s’introduit dans le hangar 24, prête à tout pour dévorer les individus qui se retrouvent bloqués dans l’immense hangar aux couloirs labyrinthiques, alors qu’un problème d’électricité bloque la grille d’entrée et les empêche de sortir. Avec un scénario pareil, inutile de chercher bien loin : « Storage 24 » est bien évidemment un énième ersatz du « Alien » de Ridley Scott, sauf que cette fois-ci les couloirs du Nostromo sont remplacés par les couloirs d’un immense hangar claustro. Malgré un budget modeste, la créature reste bien réalisée et très convaincante. Les quelques scènes gore permettent d’apporter un peu de piment au métrage, avec un petit côté très années 80 dans la forme. Au niveau des influences, en plus de « Alien », on pensera bien évidemment à « The Thing », « The Relic » et bon nombre de films de monstre des eighties/nineties. On sait que le cinéma anglais est friand de ce type de film, à l’instar du sinistre « Isolation » de Billy O’Brien sorti en 2005, et qui s’inspirait déjà massivement de l’atmosphère claustro et morbide de « Alien ». Au niveau du scénario, pas grand chose de neuf donc, si ce n’est l’ajout d’un triangle amoureux et d’une dispute de couple qui n’apporte pas grand chose au film si ce n’est d’étoffer quelque peu les rôles principaux et de s’attacher davantage à la personnalité des protagonistes. Malheureusement, « Storage 24 » s’avère être furieusement inégal, en particulier à cause d’un rythme lent et mal géré, d’un suspense trop téléphoné, de scènes ultra prévisibles, de dialogues médiocres et de séquences ridicules qui font sombrer le film dans le nanar (les héros ne trouvent rien de mieux pour attaquer la créature qu’un petit chien-jouet équipé de feux d’artifice !). Le réalisateur n’hésite pas à pomper certains films comme « Aliens » (scène où le héros passe sa tête par dessus la grille au plafond) pour intensifier un suspense déjà bien caduque. Malgré ses bonnes intentions et une créature très réussie, « Storage 24 » n’est rien de plus qu’une banale série-B horrifique qui décevra à coup sûr les amateurs de monster movies les plus chevronnés !

Seul aspect positif : l’excellente partition orchestrale/synthétique de Christian Henson, un habitué des musiques de suspense remarqué sur des films tels que « Black Death », « Grabbers », « Up There », « Triangle » ou bien encore « Severance ». Compositeur anglais au style assez particulier et singulier, Christian Henson fait partie de cette génération de jeunes musiciens du cinéma anglo-saxon qui apportent une nouvelle voie à la musique de film en proposant des idées souvent neuves et intéressantes. Le film offre l’occasion à Henson de créer une nouvelle partition hybride entre électronique et orchestre (enregistré à Londres), avec un ton résolument moderne et plutôt futuriste. Ce ton est donné d’emblée dans l’ouverture du film (« Opening Credits »), qui dévoile par la même occasion le thème principal, pas franchement mémorable, qui s’apparente à une succession basique de deux accords (un Ve degré qui s’enchaîne sur un Ie degré mineur). Mais la vraie bonne idée de « Opening Credits » vient surtout de la manière dont Christian Henson évite la cacophonie et l’agressivité habituelle de ce type de musique en optant pour une approche plus rythmique et mystérieuse de par l’emploi des samples électro et des cordes ainsi que des loops métronomiques entêtants conçus à partir d’un martèlement en « col legno » des cordes des violons. On notera ici l’emploi répété d’une figure rythmique de huit notes de cordes rapides qui parcourt l’ensemble du morceau et symbolise clairement le « Main Theme from Storage 24 », thème que le compositeur reprend d’ailleurs pour clore l’album en beauté. Si « Opening Credits » n’évoque en rien l’aspect horrifique du film – il pourrait tout aussi bien être l’ouverture d’un film d’action voire d’un thriller – « The Dummies » en dit plus long sur l’histoire de « Storage 24 » et introduit quelques dissonances avec l’emploi remarquable des synthétiseurs, aux sonorités à la fois modernes et un brin kitsch, rappelant vaguement l’esthétique de certaines musiques horrifiques des années 80. Néanmoins, Henson parvient à éviter de sombrer dans le kitsch facile en expérimentant autour de l’électronique avec une inventivité qui rappelle ses travaux sur « Severance », « Black Death » ou « Triangle ».

« Mary » est ainsi particulièrement révélateur de ce goût personnel du musicien pour les expérimentations sonores, le morceau apportant un éclairage sombre et lugubre aux images avec l’emploi de nappes sonores brumeuses et cafardeuses qui suggèrent clairement la présence de l’alien – symbolisé dans le film par l’emploi de samples étranges et grinçants – A ce sujet, Henson connaît ses classiques sur le bout des doigts et va même jusqu’à glisser quelques clins d’oeils à la mythique partition de Jerry Goldsmith pour « Alien » dès le « Opening Credits » (flagrant dans le passage des 2 notes à 0:57). L’horreur débute vraiment dans « Out of the Basement », pour lequel Christian Henson utilise des samples industriels et métalliques macabres sur fond de sursauts orchestraux terrifiants (gare au cluster strident à 0:27 !), le tout accompagné d’une reprise du thème principal. « Discoveries » reprend d’ailleurs le thème de façon plus dramatique et un brin mélancolique, évoquant l’isolement des survivants coincés dans le hangar hanté par l’alien affamé. « Dog Death » nous plonge quand à lui dans un magma de dissonances, de contrebasses glauques et de nappes sonores brumeuses pour mieux créer l’angoisse à l’écran et le sentiment d’incertitude, de danger permanent. Si Henson utilise l’électronique pour renforcer les dissonances et la tension, il utilise aussi quelques motifs de synthé plus mélodiques, évitant de sombrer dans la facilité du sound design pur. L’horreur est au menu du jour dans « Discovering Body » qui joue clairement la carte du suspense macabre et des sursauts horrifiques. Les samples électro sont ici plus intenses, plus étranges aussi, Henson créant un univers électro-acoustique typique de ses musiques à suspense habituelles : l’inventivité est aussi à l’ordre du jour, avec une reprise de l’étrange berceuse entendue dans « The Dummies » et qui tente ici de brouiller les pistes (les survivants sont-ils en lieu sûr ? Où peut bien se terrer la bête ?).

L’action et la terreur culminent dans une scène de poursuite avec la créature dans « Alien Chase », pour lequel Christian Henson développe les sonorités électroniques lugubres associées à la bête, sonorités organiques étranges et clairement surréalistes (notamment dans l’emploi d’effets de distorsion extrêmement grinçants), le tout accompagné d’orchestrations avant-gardistes. Si la musique se veut plus calme et un brin mélancolique pour évoquer le destin des survivants dans « Love Rats », « Interrogation » montre la détermination de Charlie, Mark et leurs compagnons de fortune pour tenter de trouver ensemble une issue à l’enfer du hangar 24. L’action reprend ensuite dans l’agressif et dissonant « Claw Through Metal » et « Escape to the Refuge », sans oublier l’affrontement final qui débute avec l’anarchique et violent « Toy Gun Ambush » et le déchaîné « Face Off », tandis que l’histoire se conclut sur une reprise du thème principal dans « After the Puppy » (morceau qui débute sur une utilisation remarquable de violons en harmoniques, aux sonorités étrangement froides et mystérieuses) sans oublier l’arrangement plus rythmique du « Main Theme (from « Storage 24 ») » pour le final de l’album et du film. Christian Henson reste donc fidèle à lui-même dans « Storage 24 » et rappelle qu’il est un musicien particulier, soucieux d’expérimenter et de mélanger les sons et les ambiances avec un souci constant d’inventivité et d’originalité. Entre les sons de synthé années 80, les effets de distorsion grinçants et organiques pour l’alien, les martèlements de col legno rythmiques du « Opening Credits », le thème principal mystérieux et les nombreux sursauts horrifiques, « Storage 24 » est un score relativement complet et dense, bien plus convaincant que le film lui-même, qui devrait encore une fois satisfaire tous les amateurs du compositeur britannique, et rappelle le talent et le savoir-faire rafraîchissant d’un compositeur au style assez singulier, qui apporte une tension et une ambiance particulière au film de Johannes Roberts. Du bon travail, en somme !




---Quentin Billard