1-Mattox and Reporters 1.36
2-First Day 3.24
3-Title Card 0.50*
4-Restaurant Shootout 2.49
5-Omnicorp 1.42
6-Calling Home 2.45
7-Made in China 2.29
8-Fixing Robocop 1.58
9-Uploading Data 1.35
10-Reputation on the Line 1.32
11-Explosion 1.07
12-Robocop Presentation 1.45
13-If I Had a Pulse 2.43
14-Going After Jerry 3.12
15-Vallon's Warehouse 2.22
16-Murphy's Case is Filled 1.21
17-They're Going to Kill Him 3.17
18-Rooftop 2.58
19-Mattox is Down 1.40
20-Clara and David 2.57
21-Sellars Lies 2.28
22-Code Red 2.00
23-2.6 Billion 1.24
24-Iran Inspection 2.13
25-Battling Robots

*Includes "Robocop Theme"
Composed by Basil Poledouris.

Musique  composée par:

Pedro Bromfman

Editeur:

Sony Classical 88843034022

Musique produite par:
Pedro Bromfman
Programmation musique électronique:
Sebastian Arocha Morton
Orchestrateurs:
Bruce Fowler, Kevin Kaska
Orchestrations additionnelles:
Walter Fowler, Suzette Moriarty
Orchestre conduit par:
Gavin Greenaway
Copiste musique:
Jill Streater
Hang:
Manu Delago
Ingénieurs ProTools:
Serge Courtois, Justin Moshkevich,
Juan Carlos Enriquez, Christian Laszlo

Sony Classical Licensing:
Mark Cavell

Artwork and pictures (c) 2014 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. & Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
ROBOCOP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Pedro Bromfman
Il va falloir s’y faire : la nouvelle tendance à Hollywood, c’est bien celle des reboots et des remakes de grands classiques du cinéma U.S. des années 80 : après « The Thing », « Maniac », « Evil Dead » ou bien encore « Total Recall », c’est au tour du mythique « RoboCop » de Paul Verhoeven (1987) de se voir réadapté au cinéma dans un reboot version 2014, avec, aux commandes, le brésilien José Padilha, remarqué pour son excellent diptyque policier réaliste « Tropa de Elite ». Très attendu par les fans du film d’origine et par ceux qui attendaient depuis longtemps le retour du célèbre policier cyborg au cinéma (le dernier opus, « Robocop 3 », était sorti en 1993 !), ce « Robocop » 2014 n’échappe malheureusement pas aux problèmes habituels des remakes hollywoodiens actuels : insipide, sans inspiration, édulcoré (voire aseptisé), rien ne semble réellement fonctionner à la première vision du film de Padilha. Il faut rappeler que le projet s’annonçait déjà bien mal dès le départ : initialement prévu pour Darren Aronofsky pour une sortie programmée en 2010, « Robocop » fut finalement repoussé à plusieurs reprises jusqu’à en 2011, date à laquelle Padilha signa pour faire le film. Le studio MGM annonça alors une sortie prévue en 2013, qui fut finalement repoussée en février 2014. Le reste fut du même acabit : selon les dires même du réalisateur, le tournage de « Robocop » aurait été l’une des pires expériences de sa vie, Padilha voyant chacune de ses idées constamment rejetées par des producteurs frileux et totalement hermétiques aux moindres propositions du cinéaste brésilien. Niveau casting, Joel Kinnaman succède efficacement à Peter Weller dans le rôle du policier Alex Murphy alias Robocop, entouré de quelques grands noms comme Gary Oldman, Michael Keaton, Samuel L. Jackson, Abbie Cornish, Jackie Earle Haley, etc. Le scénario nous plonge quand à lui en 2028, dans un monde gouverné par la technologie de l’OmniCorp, un puissant conglomérat militaro-industriel, spécialisé dans la création de drones et de robots militaires – les ED 209- censés assurer la paix dans les conflits. Mais la société américaine refuse de voir le moindre robot circuler dans ses rues, obligeant ainsi les dirigeants de l’OmniCorp, sous l’égide de l’homme d’affaires Raymond Sellars (Michael Keaton), à concevoir un policier mi-homme mi-machine capable d’assurer la sécurité publique et d’obtenir l’adhésion du public américain. A la suite de l’explosion de son véhiculé piégé à Détroit, le policier Alex Murphy (Joel Kinnaman) se retrouve gravement mutilé et brûlé à 80% : ses restes sont sauvés par le docteur Dennett Norton (Gary Oldman) qui l’a remis sur pied et a fait de lui un cyborg nommé Robocop, qui sera alors chargé d’assurer la sécurité dans les rues et de rétablir la justice dès qu’un crime est commis.

Sur le papier, le film semblait pourtant fonctionner, mais dès que l’on visionne le film, on comprend dès lors que rien ne semble fonctionner. Résultat : le film est un blockbuster d’action qui n’a plus rien à voir avec le « Robocop » de Verhoeven, et qui s’avère aussi très décevant dans son côté totalement aseptisé (contrairement au film de 1987, vous ne verrez pas une seule goutte de sang ici !), dans sa satire politique et sociale plutôt insipide et son manque de courage et de conviction sur la forme comme sur le fond. Certes, il y a toujours des rappels au film d’origine et quelques vagues clins d’œil, mais tout cela n’a plus grand chose à voir avec la franchise « Robocop », car même la célèbre armure grise du cyborg a été partiellement modifiée dans le film pour prendre la forme d’une combinaison noire high-tech avec visière rouge infrarouge, un vrai sacrilège pour les fans de la saga « Robocop » ! José Padilha a fait certainement ce qu’il a pu, on peut le concevoir, d’autant que le bonhomme a suffisamment de talent et l’a prouvé à maintes reprises durant toute sa carrière au Brésil, seulement voilà, il ne suffit pas de filmer de manière réaliste caméra à l’épaule ou de faire quelques séquences de géopolitiques (histoire de réactualiser le contenu du film dans l’ère des années 2000) pour faire un bon film, encore aurait-il fallut que Padilha puisse imposer un vrai point de vue et disposer d’une marge de manoeuvre suffisante pour créer le film qu’il souhaitait vraiment faire ! Au lieu de cela, le cinéaste accouche d’une oeuvre de commande sans la moindre prise de risque, modernisée, certes, mais aussi totalement édulcorée et insipide, et ce malgré quelques bonnes idées (Samuel L. Jackson en présentateur d’une émission TV pro-militariste trash), de bonnes scènes d’action et quelques bons effets spéciaux. Trop sage, trop propre, trop paresseux, ce « Robocop » 2014 est donc une énorme déception, aussi bien pour les fans du classique de Paul Verhoeven que pour les amateurs de la saga policière, un énième remake inutile – à l’instar du « Total Recall » de Len Wiseman – à rajouter au rang des reboots de grands classiques 80’s qui n’ont pas fini d’envahir nos écrans !

Après la partition célébrissime de Basil Poledouris pour « Robocop » et « Robocop 3 », le défi était de taille pour trouver un compositeur capable de suivre les traces du regretté compositeur attitré de Paul Verhoeven et John Milius ! Mais plutôt que de s’embarrasser de détails de ce genre, les producteurs ont finalement décidé de faire simple en permettant à José Padilha de collaborer à nouveau avec son compositeur habituel, le brésilien Pedro Bromfman, auteur des musiques pour « Tropa de Elite » et du score pour le jeu vidéo « Max Payne 3 ». Il n’est jamais facile pour un compositeur de passer après une partition aussi culte que celle de Basil Poledouris pour le « Robocop » de 1987 : c’est pourquoi Pedro Bromfman était vraiment attendu au tournant par les amateurs de la franchise. Hélas, comme pour le film lui-même, la musique de « Robocop » est une énorme déception. Ecrite à la va-vite avec l’orchestre habituel et une pléiade de samples et de loops techno/électro en tout genre, le score de « Robocop » est indigne de la franchise et s’oriente davantage vers un énième ersatz d’une production Remote Control à la Hans Zimmer, suivant les codes habituels des musiques d’action électro-orchestrales très à la mode à Hollywood depuis quelques décennies. Dès les premiers instants, le ton est clairement donné dans « Mattox and Reporters » : loop électro/techno, samples divers (notamment de guitares), effets sonores synthétiques divers et orchestre maigrichon limité à quelques vagues ostinatos de cordes et des ponctuations de cuivres rachitiques. Premier morceau d’action, première déception : non seulement le morceau est écrit à la va-vite, sans imagination, avec une ligne de loops/samples électro censé suggérer l’aspect futuriste et technologique du film, mais de plus, il reprend à la lettre toutes les formules habituelles des productions Remote Control, y compris dans l’emploi de ces fichus ostinatos de cordes que l’on nous rabâche à longueur de temps dans les musiques d’action made in Zimmer & co. Et que dire de ces percussions entendues dans « First Day », qui proviennent des mêmes banques de sons que tous les compositeurs du studio Remote Control et leurs ersatz utilisent à tout bout de champ (y compris des compositeurs étrangers à cette esthétique musicale, comme Patrick Doyle dans le récent « Jack Ryan Shadow Recruit »). Point de trace d’un quelconque thème ici ou d’un motif à proprement parler, seuls les ostinatos de cordes servent de repère musical dans le film, en même temps que les lignes rythmiques électroniques.

Petite surprise avec « Title Card » qui reprend le célèbre thème de Basil Poledouris pour le « Robocop » de 87, thème que Pedro Bromfman arrange ici sur fond de loop/rythmes électros pour l’arrivée d’Alex Murphy dans le commissariat au début du film. Si l’on aura à coup sûr quelques frissons en réentendant à l’écran ce superbe thème bien connu de Poledouris (indissociable de la franchise « Robocop »), on regrettera très vite le choix stupide de ne pas réutiliser ce thème par la suite, car en dehors du « Title Card » (apparition du titre du film), le thème de Poledouris est totalement absent du long-métrage de José Padilha. En revanche, ce sont bel et bien les ostinatos de cordes agaçants et les loops électro faiblards que l’on retrouve dans la première séquence de fusillade dans le restaurant (« Restaurant Shootout »), et toujours sans la moindre trace d’un quelconque thème. « Omnicorp » évoque de son côté le conglomérat militaire de l’Omni cartel des produits avec des samples électro rachitiques et quelques cordes staccatos discrètes. Rien de bien fameux là aussi, à tel point que l’on a parfois l’impression que Pedro Bromfman s’est un peu ennuyé en faisant la musique de ce film, tant l’ensemble n’a rien de vraiment enthousiasmant ni de réellement intéressant, se limitant strictement à son pur statut de musique fonctionne à l’écran. « Calling Home », « Clara and David » et « If I Had A Pulse » sont les rares morceaux intéressants du score, pour lequel le compositeur utilise un thème de quelques notes fragiles et mélancoliques de piano sur fond de violoncelle et de synthés étranges et inquiétants, alors que Murphy appelle chez lui et parle à sa femme (dans « Calling Home »), alors qu’il est devenu un cyborg. Pour le reste, on aura droit à de l’action totalement fonctionnelle sur fond de rythmes électros entêtants avec guitare électrique et orchestre limité à cordes/cuivres comme dans « Made in China » ou « Fixing RoboCop ». L’identité sonore de Robocop est donc assurée ici par cet emploi facile et peu inventif des synthétiseurs et des ostinatos de cordes, comme dans « Uploading Data » ou le nerveux « Reputation on the Line », qui permet à Bromfman d’utiliser quelques samples électro un brin expérimentaux mais sans réelle imagination (en tout cas, rien qui n’ait pas déjà été fait auparavant chez Remote Control !).

Les ostinatos de cordes reviennent dans « RoboCop Presentation » avec son lot de loop électro métronomique sans grand talent, sans oublier les percussions techno agressives de « Going After Jerry » évoquant la détermination justicière de Robocop. Idem pour la confrontation dans l’entrepôt de « Vallon’s Warehouse », morceau d’action percussif qui passe aussi totalement aux oubliettes à cause d’un sound design envahissant et bien trop présent, accompagnant les cordes staccatos et les cuivres sur fond de guitare électrique. « Vallon’s Warehouse » reste malgré tout le meilleur morceau d’action du score de « Robocop » (ce qui est peu dire), notamment grâce à ses rythmes électro saturés qui apportent un certain punch à la scène, tournée à la manière d’un jeu vidéo de type shoot’em up – en gros, on dégomme les ennemis et on passe au suivant – L’atmosphère de conspiration est évoquée paresseusement dans « They’re Going to Kill Him », débouchant sur les derniers morceaux d’action, « Rooftop », « Mattox is Down » ou « Clara and David », qui reprend le motif de cordes de « Reputation on the Line » (à 2 :18). Difficile aussi de s’enthousiasmer pour « Sellars Lies » ou « Code Red » et son motif d’action paresseux, sans oublier « 2.6 Billion » qui reprend un autre motif de cordes entendu au préalable dans « Restaurant Shootout » pour la fin du film. On pourra aussi souligner « Iran Inspection » et son utilisation arabisante du violoncelle censé créer une atmosphère ethnique/orientale durant la scène introductive des ED 209 en Iran.

Au final, « Robocop » reste donc une solide déception pour un score qui n’apporte absolument rien de particulier, ni au film, ni au monde de la musique de film hollywoodienne. Totalement bridé sur ce projet, Pedro Bromfman n’a visiblement pas eu son mot à dire et s’est contenté de surfer sur les recettes des musiques d’action électro-orchestrales popularisées par Hans Zimmer et sa bande, accouchant ainsi d’un travail de sound design dense mais peu intéressant et décevant de sa part, car totalement impersonnel et sans la moindre once d’imagination. Pire encore, le travail de Bromfman sur « Robocop » est assez symptomatique de ce très gros problème régulièrement dénoncé par les critiques vis-à-vis de la musique de film hollywoodienne : une peur viscérale de l’émotion, reléguée ici au second plan et cyniquement évacuée au profit de recettes toutes faites qui fonctionnent sur l’instant à l’image, mais qui paraîtront vite caduques d’ici quelques années. En gros, à l’instar du film, le score de « Robocop » se consomme sur le moment et s’oublie très vite, un comble pour une saga qui nous a pourtant habitué à de grandes oeuvres musicales par le passé, mais comme on dit bien souvent : autres temps, autres moeurs !




---Quentin Billard