1-Flying Over Afghanistan 2.43
2-The United Nations 2.42
3-Shadow Accounts 2.54
4-The Window Reflection 1.51
5-Rooftop Call 1.52
6-Second Great Depression 3.19
7-Faith Of Our Fathers 4.00*
8-Cheverin Meets Ryan 2.11
9-Plan In A Van 1.51
10-The Activation 2.19
11-Aleksandr 1.54
12-The Engagement 2.24
13-Stealing The Data 7.59
14-Get Out 4.19
15-Moscow Car Chase 4.15
16-The Lightbulb 4.37
17-Unravelling The Data 4.37
18-CIA Recruitment 1.41
19-Chopper To NYC 1.40
20-Bike Chase 3.47
21-Jack and Aleksandr 3.15
22-Picking This Life 1.04
23-Ryan, Mr. President 3.28
24-Shadow Recruit 2.30

*Ecrit par Patrick Doyle
Texte de Frederick Faber
et James G. Walton
Traduit en russe par
Ekaterina Bogomolova.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 242 8

Album produit par:
Patrick Doyle, Maggie Rodford
Producteur exécutif album:
Kenneth Branagh
Direction de la musique
pour Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Producteur exécutif
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Assistant production musicale:
Laura Nakhla
Programmation musique:
Rupert Cross
Montage musique:
Robin Morrison
Supervision montage:
Christopher Benstead
Assistant Track Lay:
Patrick Jonsson
Copiste musique:
Colin Rae
Orchestre:
The London Symphony Orchestra
Piano:
Patrick Doyle, John Alley
Montage album:
Chris Benstead

Artwork and pictures (c) 2013 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***
JACK RYAN :
SHADOW RECRUIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Jack Ryan est un personnage né de l’imagination du romancier américain Tom Clancy. Héros de nombreux livres de l’auteur, ses aventures furent adaptées à plusieurs reprises au cinéma : « Hunt for the Red October » (1990) où il fut interprété par Alec Baldwin, « Patriot Games » (1992) et « Clear and Present Danger » (1994) où il prit les traits d’Harrison Ford, « The Sum of All Fears » (2002) où ce fut au tour de Ben Affleck de camper le rôle, sans oublier le reboot de la franchise, « Jack Ryan : Shadow Recruit » (The Ryan Initiative) sorti en 2014 et réalisé par Kenneth Branagh, avec Chris Pine dans le rôle d’un jeune Jack Ryan qui vient tout juste de finir ses études à la London School of Economics lorsqu’il s’engage dans l’armée américaine et combat en Afghanistan, peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001. Mais alors que son hélicoptère est abattu et qu’il séjourne à l’hopital, Jack fait la connaissance du médecin interne, Cathy Muller (Keira Knightley), qu’il commence à fréquenter régulièrement, ainsi que Thomas Harper (Kevin Costner), un agent de la CIA qui décide de le recruter dans les services secrets. 10 ans plus tard, Jack Ryan travaille sous couverture en tant qu’analyste pour la CIA à Wall Street, où il est chargé de traquer toute forme de transaction financière illégale et suspicieuse. Un jour, il découvre que des sommes d’argent colossales détenues par des organisations russes ont mystérieusement disparues, alors que la plupart de ces fonds sont contrôlés par Viktor Cherevin (Kenneth Branagh), un puissant homme d’affaires russe. Bien décidé à faire la lumière sur cette mystérieuse affaire, Ryan se rend à Moscou sous une autre identité afin de rencontrer Cherevin, qu’il soupçonne d’être à la tête du complot. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, et Ryan se retrouve trahi et traqué à Moscou, ne sachant plus à qui se fier. Il découvre alors que Cherevin est à la tête d’une vaste conspiration visant à détruite l’économie américaine.

A noter que « Jack Ryan : Shadow Recruit » est le premier film de la franchise à ne pas s’inspirer directement d’un livre de Tom Clancy, les producteurs ayant conçu le film comme une sorte de reboot et de rajeunissement d’une saga épuisée (le dernier opus remontait à 2002 !), qui reprend un coup de jeune avec Chris Pine et le shakespearien Kenneth Branagh à la réalisation. Résultat : un thriller d’action redoutablement efficace, sans temps mort, mais pas original pour un sou et sans idée particulière. Après son expérience hollywoodienne sur « Thor », Branagh a parfaitement cerné tous les rouages des blockbusters hollywoodiens qu’il maîtrise parfaitement, accouchant d’un film de commande sans grande envergure, mais mené par un casting solide et quelques thèmes plus personnels (la figure paternelle de Kevin Costner et son rapport père/fils avec Chris Pine, la lutte de pouvoir entre un businessman russe conquérant et un jeune agent américain inexpérimenté, etc.). Hélas, celui qui est connu pour ses nombreuses adaptations shakespeariennes dans les années 90 a complètement perdu de son inspiration avec ce blockbuster hollywoodien ultra calibré et sans surprise : Kenneth Branagh se rattrape néanmoins en campant un bad guy russe machiavélique et charismatique, un rôle solide mais qui ne lui permet pas de sauver ce film de commande de la routine et de l’ennui, un thriller d’espionnage façon « Jason Bourne » avec suspense, rebondissements et scènes d’action spectaculaires. Un bon divertissement, certes, mais rien de réellement mémorable.

Kenneth Branagh retrouve à nouveau son fidèle compositeur de toujours, Patrick Doyle, qui compose la musique de tous ses films depuis plus de 20 ans déjà. Le compositeur écossais a d’ailleurs suivi un chemin similaire à celui de Branagh en s’orientant à son tour vers les productions hollywoodiennes après avoir travaillé à ses débuts pour le cinéma britannique et français. Le résultat est d’ailleurs souvent médiocre et décevant, comme en atteste ses efforts (discutables) sur des partitions moyennes comme « Rise of the Planet of the Apes » (2011) ou « Thor » (2011). A la première écoute de la musique de « Jack Ryan : Shadow Recruit » dans le film, on comprend dès lors que c’est bel et bien ce Patrick Doyle hollywoodien et ultra prévisible que l’on va retrouver ici, un Doyle visiblement conditionné par les producteurs pour surfer sur toutes les formules musicales hollywoodiennes à la mode, à savoir le sempiternel style synthético-orchestral copié sur les productions Remote Control d’Hans Zimmer – Doyle étant pourtant initialement totalement étranger à cette esthétique musicale – En écoutant plus attentivement la musique dans le film, on vient même à se demander quel est l’intérêt de demander à une personne extérieure à Remote Control de faire un score d’action à la Zimmer lorsqu’un compositeur de chez R.C. aurait pu faire amplement l’affaire ! Enregistrée avec le prestigieux London Symphony Orchestra, le score déçoit dès le début par son approche radicalement impersonnelle et totalement orientée Remote Control (« Flying Over Afghanistan ») : Doyle illustre le crash de l’hélicoptère de Ryan en Afghanistan à l’aide de quelques vagues sonorités orientales bateaux et les sempiternels loops électro censés représenter ici l’aspect techno-thriller du film de Branagh, à la manière des « Bourne » de John Powell, qui semble avoir servi de modèle musical pour le film. Cette approche électro-orchestrale se concrétise dans « The United Nations », dans lequel Doyle semble encore une fois peu inspiré et sans idée particulière : quelques rythmes synthétiques/techno, du sound design, des nappes de cordes plates et des notes de harpe pour suggérer la séquence aux Nations Unies au début du film, rien de plus, rien de moins. A noter que le final réussi de « Second Great Depression » introduit enfin le thème principal solennel du score vers 2:50, associé à Ryan, mais que Doyle a bien du mal à développer et concrétiser franchement dans le film.

Niveau thématique, un très beau Love Theme fait son apparition au piano et aux cordes à partir de 1:05 tire son épingle du jeu en permettant à l’auditeur de retrouver un Patrick Doyle qui nous est plus familier, dans un registre romantique/lyrique qui lui est cher. Le Love Theme évoque dans le film la relation naissante entre Jack et sa fiancée Cathy, permettant au compositeur de contrebalancer les passages électro/orchestraux plus insipides et sans sincérité. On appréciera aussi les accords plus solennels à la fin de « Shadow Accounts » qui suggèrent la détermination de Ryan dans ses activités. « The Window Reflection » nous plonge quand à lui à fond dans l’action pour un premier déchaînement musical en règle, avec son lot de loop techno/électro repris des banques de son habituelles avec cordes nerveuses en staccato, dissonances et ponctuations de cuivres. Si l’on regrette encore une fois le caractère totalement impersonnel de ce genre de morceau que pourrait avoir écrit Hans Zimmer, Ramin Djawadi, John Powell ou Henry Jackman (pour ne citer que quelques musiciens de chez Remote Control), on appréciera néanmoins l’intensité avec laquelle Doyle suggère la tension et le danger dans le film, la musique restant toujours très présente à l’écran et relativement bien mixée. Le compositeur semble enfin sortir de sa torpeur et se réveille finalement dans le poignant « Faith of Our Fathers », qui rompt radicalement avec le style synthético-orchestral en permettant à Patrick Doyle de retrouver son style symphonique classique habituel avec l’orchestre et un choeur russe pour le personnage de Cherevin dans le film. A vrai dire, le morceau est un élément capital de la partition, puisqu’il introduit le thème de Cherevin, très présent tout au long du film, et entendu aux cordes dès l’introduction de « Faith of Our Fathers », puis repris ensuite par le chœur russe à 0:45. Magnifique de bout en bout, « Faith of Our Fathers » est un pur hymne russe à la manière des choeurs de l’armée rouge traditionnels, sur un texte de Frederik Faber et James G. Walton traduit en russe, solennel, patriotique et mélancolique, rappelant par moment l’approche musicale de Basil Poledouris sur « The Hunt for Red October ». Autant dire qu’il s’agit là du morceau incontournable de la partition de « Jack Ryan : Shadow Recruit », et l’un des rares qui retiendra réellement notre attention.

« Cheverin Meets Ryan » permet ensuite à Doyle d’introduire les sonorités russes menaçantes de Cherevin, avec un retour des loops électro/techno et quelques vagues notes de guitare samplée. Difficile de s’enthousiasmer pour des morceaux aussi fonctionnels comme « Plan In A Van » ou « Aleksandr » qui n’apportent rien de particulier, ni au film, ni à la musique en elle-même. Fort heureusement, Doyle est un compositeur intelligent et sait rester fidèle à lui-même comme le rappelle les morceaux mélancoliques pour piano et cordes de « The Activation » et « The Engagement ». « Stealing the Data » renoue ensuite avec le style techno/thriller du score avec l’ensemble de pads synthé, loops électro et orchestre dominé par les ostinati de cordes à la John Powell, sans oublier la présence de ces guitares imitant les balalaïkas russes et du thème de Cherevin (présenté dans « Faith of Our Fathers »), développé à plusieurs reprises durant les 8 minutes de « Stealing the Data » dans le film, pour la longue séquence du vol des données dans les bureaux de Cherevin. Dès lors, la dernière partie du film ouvre la porte à de l’action quasi non-stop avec les enragés « Get Out », « Moscow Car Chase », « The Lightbulb » ou l’excitant et frénétique « Chopper to NYC », sans oublier la poursuite en moto effrénée dans « Bike Chase » et l’affrontement final dans « Jack and Aleksandr », qui a le mérite de reprendre le thème principal de Ryan à 2:14 de manière plus héroïque et déterminée, sans aucun doute l’un des meilleurs passages du score de « Jack Ryan : Shadow Recruit ». On retrouve aussi avec plaisir le Love Theme pour Jack et Cathy à la fin du film dans « Picking This Life » avant de déboucher sur un autre moment incontournable du score, l’exceptionnel « Ryan, Mr. President », 3 minutes de pur bonheur pour les fans de Patrick Doyle en mode shakespearien, qui développe enfin dans son intégralité son superbe thème principal à la manière d'une fanfare triomphante, solennelle et patriotique, plutôt vibrante et réjouissante (à partir de 0:51).

Bilan final plutôt mitigé pour ce « Jack Ryan : Shadow Recruit » en demi-teinte, techniquement maîtrisé et joliment emballé, mais sans grande originalité particulière. Néanmoins, il serait injuste de rejeter en bloc le travail de Patrick Doyle sous prétexte qu’il semble avoir perdu sa personnalité musicale habituelle, remplacée ici par un enchaînement de formules musicales imposées hérités des musiques d’action de chez Remote Control. Il faut d’ailleurs rappeler le simple fait qu’il était inévitable pour Doyle d’avoir recours à ce style musical étant donné l’aspect techno-thriller du film de Branagh, et à ce sujet, le compositeur, relativement peu expérimenté dans ce type de musique, s’en tire à très bon compte. Alors certes, il y a des passages totalement impersonnels et lassants comme « Shadow Recruit », « Rooftop Call » ou « The Window Reflection », mais il y a aussi de véritables pépites musicales, à commencer par le somptueux hymne russe poignant de « Faith of Our Fathers », le thème romantique de « Shadow Accounts » ou la réjouissante et très prenante envolée héroïque/patriotique du thème principal dans « Ryan, Mr. President », de grands moments qui permettent à Patrick Doyle de compenser dans le film la faiblesse et le manque d’inspiration des passages synthético-orchestraux décevants. C’est d’ailleurs là un aspect particulier de ce score moyen, puisque l’écoute de la musique dans le film nous permettra clairement de scinder en deux la partition, avec des moments particulièrement mémorables durant quelques scènes et tout un lot de morceaux plus insipides les uns que les autres. Le score de « Jack Ryan : Shadow Recruit » aurait donc de quoi nous alarmer toujours plus sur la piètre qualité de la production musicale hollywoodienne actuelle, totalement engluée dans le style Remote Control que la plupart des producteurs recherchent et imposent aujourd’hui sur leurs blockbusters, quitte à demander à des musiciens totalement étrangers à R.C. de copier ce style musical toujours plus à la mode ! Mais pour Patrick Doyle, il s’agit plus d’une histoire de concession, puisque le musicien doit passer par là pour rester fidèle à son complice Kenneth Branagh et pour se faire plaisir le temps d’une poignée de morceaux mémorables qui permettent de sauver de justesse la partition de l’ennui absolu !




---Quentin Billard