1-The Fall of Argos 4.17
2-Intervention of the Gods 5.50
3-Hercules and Hebe 2.51
4-Flight 3.13
5-To War 2.42
6-Cave 4.21
7-Funeral 2.38
8-Captivity 9.53
9-Hercules Returns 6.56
10-Hercules the Leader 5.05
11-Taking Back Argos 6.58
12-Hercules Main Theme 3.50

Musique  composée par:

Tuomas Kantelinen

Editeur:

Lionsgate Records no label number

Score produit par:
Tuomas Kantelinen
Supervision musique:
Selena Arizanovic
Orchestrations:
Tony Blondal, Matt Dunkley
Coordinateur musique:
Ryan Svendsen
Montage musique:
Mark Skillingberg
Music Wrangler:
Roger Kosteck
Assistant musique:
Kevin J. Doucette
Ingénieur score et mixage:
Geoff Foster

Artwork and pictures (c) 2014 Millennium Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE LEGEND OF HERCULES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tuomas Kantelinen
Conçu en toute logique pour exploiter la mode actuelle des néo-péplums hollywoodiens, « The Legend of Hercules » est la nouvelle superproduction du finlandais Renny Harlin, spécialiste des films d’action qui connut la gloire dans les années 80/90 avec des films tels que « Die Hard 2 », « Cliffhanger » ou « The Long Kiss Goodnight ». Sorti en salles en 2014, « The Legend of Hercules » s’inspire des aventures du mythique héros grec maintes fois adaptées au cinéma, pour une toute nouvelle version 3D particulièrement navrante. Le film débute avec la conquête d’Argos par Amphitryon (Scott Adkins), roi de Thèbes et époux de la reine Alcmène (Roxanne McKee), avec laquelle il devient de plus en plus brutal et glacial. Ne ressentant plus le moindre amour pour son mari, Alcmène décide d’aller prier auprès de la déesse Héra. Cette dernière apparaît alors sous une forme humaine et annonce à la reine qu’elle attendra bientôt un enfant avec Zeus, qui se nommera Hercule, et possédera une très grande force. Quelques jours plus tard, Zeus descend de l’Olympe et s’accouple – invisible – avec Alcmène, mais Amphitryon découvre l’union et devient totalement enragé, rongé par la colère et la jalousie. Neuf mois plus tard, l’enfant naît mais Amphitryon – qui sait que le bébé n’est pas de lui – décide de l’appeler Alcide et informe sa mère qu’il n’aura jamais sa place sur le trône ni dans le royaume, alors que le lâche Iphiclès (Liam Garrigan), son premier fils, sera son unique héritier. Vingt ans plus tard, Alcide alias Hercule (Kellan Lutz) fait la connaissance d’Hebe (Gaia Weiss), la princesse de Crète, avec laquelle il vit une idylle amoureuse passionnée. Mais Amphitryon contrecarre ses plans et impose que son fils Iphiclès épouse Hebe dans quelques mois. Afin d’éloigner Hercule de la princesse, le roi décide de l’envoyer combattre les ennemis du royaume en Egypte. Hercule n’a donc plus le choix : s’il veut revoir Hebe et sauver sa promise ainsi que le royaume du joug de la tyrannie d’Amphitryon, il devra défaire tous ses ennemis et affronter mille obstacles sur le chemin du retour en Grèce, car s’il n’est pas revenu dans trois mois et trois nuits de pleine lune, Hebe sera forcée d’épouser Iphiclès. Voilà donc un scénario classique pour ce péplum fort décevant, réalisé sans passion et sans grand intérêt par un Renny Harlin en petite forme, qui recycle toutes les formules du genre sans brio (« The Legend of Hercules » pompe ainsi allègrement « Gladiator », « 300 », « Spartacus », etc.). Pire encore, le film est réalisé avec des effets numériques envahissants, d’une qualité douteuse – visiblement, le budget était trop modeste pour les ambitions du réalisateur – notamment dans les incrustations et les décors numériques approximatifs. Certes, il y a de l’action, des batailles, des scènes romantiques et des méchants, mais il y a aussi le lassant Kellan Lutz, sans aucun doute l’acteur le moins charismatique qui nous ait été donné de voir depuis bien longtemps pour pouvoir prétendre incarner le mythique Hercules, héros mi-homme mi-dieu. Le résultat est donc un produit ultra calibré sans inspiration, qui reprend tous les codes du néo-péplum actuel dans un cocktail d’action et de romance sans saveur, avec un casting inégal, une mise en scène plate, des effets spéciaux minables et un cruel manque d’idées !

Comme souvent dans ce type de production, seule la musique originale du compositeur finlandais Tuomas Kantelinen arrive à tirer son épingle du jeu, grâce à une approche thématique généreuse, des orchestrations amples et une atmosphère épique et romantique de qualité. Rappelons que Kantelinen est un compositeur venant du monde classique (il a écrit bon nombre d’oeuvres orchestrales, de la musique de chambre et un opéra), qui s’est tourné vers la télévision et le cinéma dès la fin des années 90, connu pour des partitions telles que « Mindhunters » (2004), « Mongol » (2007) ou « The Italian Key » (2011). Le compositeur retrouve Renny Harlin pour la seconde fois sur « The Legend of Hercules » après avoir signé la musique d’un de ses précédents films, « Mindhunters ». A la première écoute, on reste relativement peu surpris par l’approche musicale choisie par le musicien finlandais : grand orchestre, sonorités électroniques/loops électro façon Remote Control (encore une fois !) et choeurs épiques, le tout est exécuté de manière ultra prévisible et sans surprise. Si l’on est d’emblée déçu par le fait que Kantelinen ait été contraint à son tour de céder aux sempiternelles formules musicales des productions Remote Control d’Hans Zimmer (notamment dans l’emploi de ces percussions et rythmes synthétiques repiqués des banques de sons habituelles de la bande à Zimmer), on ne pourra en revanche qu’apprécier la fraîcheur d’écriture de Kantelinen, qui sait vraiment utiliser l’orchestre symphonique et valoriser chaque pupitre, tandis que ses mélodies restent assez mémorables et bien conçues. Le compositeur choisit alors de nous plonger d’emblée dans une atmosphère guerrière épique avec « The Fall of Argos », évoquant la chute d’Argos et sa conquête par Amphitryon au début du film à grand renfort de percussions synthétiques, cuivres musclés, cordes agitées et choeurs épiques en latin, sans oublier quelques vagues sonorités ethniques/orientales. « The Fall of Argos » est donc un premier morceau d’action plutôt réussi et accrocheur, annonçant clairement la couleur !

Plus intéressant, « Intervention of the Gods » crée une atmosphère étrangement mystique pour la scène de la prière d’Alcmène et l’intervention de Zeus. Avec des cordes, une harpe, des nappes de synthé et des voix féminines éthérées, Kantelinen nous plonge ici dans une ambiance onirique assez mystérieuse et vaporeuse, notamment grâce à l’emploi d’accords mineurs étranges à partir de 2:00 et surtout dès 4:12, flottant au milieu d’un soupçon de sound design, des flûtes ondulantes, une harpe cristalline et même un bref passage pour voix féminines résolument ethnique/oriental. Kantelinen a de la suite dans les idées, et cela fait plaisir à entendre ! « Hercules and Hebe » dévoile quand à lui le thème principal du score à 0:16, le thème d’Hercule, mélodie héroïque et guerrière ascendante, suggérant l’héroïsme et la force d’Hercule. Ce thème sera d’ailleurs très présent tout au long de l’aventure, personnifiant parfaitement le personnage incarné à l’écran par Kellan Lutz. A 0:53, une flûte dévoile alors le second thème majeur du score, le somptueux Love Theme, mélodie romantique et mélancolique illustrant la romance entre Hercule et Hebe dans le film. Ce Love Theme au lyrisme absolument poignant et délicat constitue à n’en point douter l’une des plus belles surprises de la partition de « The Legend of Hercules », et restera à coup sûr gravé dans la mémoire de l’auditeur, d’autant que Tuomas Kantelinen le développe régulièrement tout au long du film, aux côtés du thème d’Hercule, avec une élégance harmonique typique du compositeur (on appréciera par ailleurs la montée harmonique résolument modale entre 2:13 et 2:22 !). Ayant ainsi posé les bases de sa partition, Kantelinen peut désormais développer tout au long du récit ses deux thèmes et souligner les exploits d’Hercule et les dangers qu’il va devoir affronter tout au long de son périple. C’est avec un certain plaisir que l’on retrouve le Love Theme dans « Flight », avec ce sentiment tragique suggérant l’idée d’un amour impossible, tandis que le thème d’Hercule est brièvement suggéré aux cordes à partir de 1:44 pour un nouveau passage d’action retentissant pour la poursuite en cheval, offrant l’occasion à Kantelinen d’écrire un nouveau déchaînement orchestral guerrier plutôt accrocheur et bien troussé. Idem pour le belliqueux « To War » et le départ à la guerre d’Hercule et ses troupes vers l’Egypte, développant par la même occasion le Love Theme sur une série de rythmes martiaux – l’idée étant de souligner le fait que l’amour entre Hercule et Hebe est contrarié par le départ à la guerre – sans oublier le thème d’Hercule, exposé de manière solennelle et héroïque à partir de 0:59, un grand moment dans la partition de « The Legend of Hercules » !

« Cave » accompagne avec force la bataille dans la caverne égyptienne, pour un nouveau morceau d’action épique narrant les exploits d’Hercule et du capitaine Sotiris (Liam McIntyre). Kantelinen développe ici quelques percussions acoustiques/électroniques sur fond de cuivres guerriers, cordes survoltées et choeurs épiques immenses. Malgré quelques concessions aux sonorités habituelles de chez Remote Control, la musique demeure résolument orchestrale et toujours bien écrite et orchestrée. Kantelinen connaît le boulot et possède un savoir-faire irréprochable, qui lui permet de se distinguer brillamment sur ce type de film où il réussit à allier les exigences musicales modernes avec un héritage classique évident, même si le tout reste très hollywoodien et plutôt sans surprise. L’élégie poignante de « Funeral » est un grand moment d’émotion de la partition de « The Legend of Hercules », pour la scène de la cérémonie funèbre d’Alcmène. Contrairement à certaines productions hollywoodiennes du même genre, Kantelinen n’a pas peur de l’émotion dans sa musique, et il le revendique magnifiquement dans un morceau poignant comme « Funeral », où l’on retrouve avec plaisir le thème d’Hercule (à 1:44) et le Love Theme (à 2:16) aux cordes dans un mode élégiaque. On pourrait aussi mentionner l’intense « Captivity » qui mélange sonorités orientales/world music avec synthés, choeurs et reprises des deux thèmes principaux pendant plus de 9 minutes durant la scène du combat de gladiateurs. On appréciera aussi la très belle reprise du thème romantique en toute douceur dans « Hercule Returns » alors que le compositeur met les bouchées doubles dans « Hercules the Leader » et ses rythmes martiaux survoltés sur fond de reprises belliqueuses du thème d’Hercule – à noter l’excellente marche épique entre 2:01 et 2:34 entièrement portée par une succession d’accords bien trouvés et redoutablement efficaces, là aussi typiques du savoir-faire de Kantelinen – Et c’est la bataille finale qui débute enfin dans « Taking Back Argos », 7 minutes d’action pure et dure en mode épique, parsemées d’envolées thématiques héroïques, de cuivres galvanisants, de percussions et de choeurs monumentaux.

Tuomas Kantelinen tire donc profit de son savoir-faire classique indiscutable sur « The Legend of Hercules », composant une partition orchestrale de très grande qualité pour le film de Renny Harlin, malgré des concessions évidentes (et lassantes !) au style Remote Control habituel. Kantelinen ne se laisse pas démonter pour autant et détourne les formules musicales habituelles en imposant un ton résolument orchestral/choral pour le film, personnifiant chaque action et chaque émotion avec une réelle volonté et une envie de toujours bien faire. Le compositeur finlandais se fait même plaisir en écrivant et développant deux thèmes de qualité, dont un Love Theme absolument poignant qui reste certainement à ce jour l’un des plus beaux thèmes composés par Kantelinen pour le cinéma. Il est même regrettable qu’une musique de telle qualité ait été écrite pour un aussi mauvais film, qui ne fera certainement pas de la bonne publicité pour un compositeur talentueux dont on parle assez peu de nos jours mais qui gagne amplement à être connu et reconnu du public béophile. Ainsi donc, le travail de Tuomas Kantelinen sur « The Legend of Hercule » est tout à fait satisfaisant sans être d’une grande originalité. Le tout est exécuté efficacement en terrain familier, mais avec un plaisir évident et une envie d’écrire une grande musique épique orchestrale comme avant, avec des leitmotive mémorables, des envolées thématiques prenantes, des harmonies soignées, des orchestrations amples et des choeurs titanesques. Sans être pour autant un grand chef-d’oeuvre du genre, « The Legend of Hercules » reste malgré tout un score de grande qualité qui apporte action, souffle épique et émotion au film de Renny Harlin, et confirme le talent sûr de Tuomas Kantelinen qui, on l’espère, saura davantage se faire entendre à Hollywood et se voir confier des projets plus importants et plus ambitieux.




---Quentin Billard