1-I'm Big 2.18
2-Sun Gym 2.02
3-Definitely Guys 1.57
4-I'm a Doer 2.26
5-I Got Saved 1.19
6-Wrong Car 1.16
7-Taser 1.36
8-Cologne 2.18
9-I'm Gonna Tell Jesus 4.04
10-Buckle Up 2.09
11-Run Him Over 3.27
12-Catching Bad Guys 1.31
13-I Work Hard 3.45
14-Get A Pump 1.38
15-Sometimes You Gotta Run 1.24
16-Difficult Victim 0.59
17-14 Minutes 2.49
18-I Believe In Fitness 2.24
19-Supermen 3.32
20-So Buff 3.06
21-Sacred Trust 3.30
22-Du Bois 3.26
23-CIA 1.43
24-My Shit Stopped Workin' 3.59
25-Toe 2.00
26-Doyle 5.31

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 193 2

Album produit par:
Steve Jablonsky, Alex Gibson
Producteur exécutif de l'album:
Michael Bay
Producteur de l'album
pour Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Producteur exécutif de l'album
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Coordinateur album:
Jason Richmond
Score mixé par:
Jeff Biggers
Monteur musique:
Alex Gibson
Design ambient music:
Clay Duncan
Assistant mix:
Lori Castro

Artwork and pictures (c) 2013 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: **
PAIN AND GAIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
Avec « Pain and Gain », l’infatiguable Michael Bay s’essaie pour la première fois de sa carrière au registre de la comédie, réalisant là le film au plus petit budget depuis « Bad Boys » en 1995. « Pain and Gain » s’inspire ainsi d’une histoire vraie, adaptée d’une série d’articles de presse parus dans le Miami New Times et qui racontent les exploits criminels d’un groupe de bodybuilders, le « Sun Gym Gang », ces événements se déroulant ainsi entre octobre 1994 et juin 1995. Daniel Lugo (Mark Wahlberg) est coach personnel dans un centre de fitness de Miami intitulé « Sun Gym ». Pour lui, seuls comptent la forme physique, la force musculaire et la détermination. Mais il ne se satisfait plus du train de vie qu’il mène et aspire alors à une vie meilleure. Un jour, alors qu’il se rend à un séminaire organisé par Johnny Wu (Ken Jeong), un orateur qui explique à tous les vraies recettes du succès, Daniel a une révélation : se considérant comme un fonceur, il décide de mettre sur pied un plan visant à dépouiller de tous ses biens Victor Kershaw (Tony Shalhoub), un de ses clients de la salle de gym. Il réunit alors un groupe formé de son ami Adrian Doorbal (Anthony Mackie) et Paul Doyle (Dwayne Johnson), qui travaillent eux aussi au Sun Gym. Mais les choses ne vont pas se passer comme ils l’avaient prévu : s’ils réussissent effectivement à dérober toutes les possessions de Victor Kershaw, ils laissent ce dernier pour mort et ignorent encore que Kershaw est toujours vivant et se remet lentement et difficilement de ses blessures à l’hôpital (après avoir subi une série d’interrogatoires musclées de la part de Lugo). Profitant de leur nouvelle richesse fraîchement acquise, le Sun Gym Gang n’aura que peu de répit, car Kershaw a engagé Ed Du Bois (Ed Harris), un détective privé, pour enquêter sur le vol de ses biens et retrouver Daniel et sa bande. Avec les yeux plus gros que le ventre, et parce que Paul a tout dépensé et n’a plus un sou (en plus d’avoir sombré dans la drogue), Daniel décide d’organiser un nouveau kidnapping sur Frank Griga (Michael Rispoli), un important propriétaire d’une ligne de minitel rose. Mais là aussi, rien ne se passera comme prévu. « Pain and Gain » offre ainsi une rare opportunité à Michael Bay de s’essayer pour la première fois au registre de la comédie, un genre qu’il maîtrise plutôt bien, malgré un humour bien souvent lourdingue, voire beauf et vulgaire, comme souvent chez Bay !

Le résultat reste malgré tout plutôt réjouissant, le film présentant une galerie de personnages survoltés et loufoques, à commencer par un Dwayne Johnson à contre-emploi dans la peau d’un bodybuilder/gangster ultra catholique et contre la violence, mais aussi extrêmement influençable et qui va se retrouver embarqué bien malgré lui dans des galères improbables. Mark Wahlberg campe un Daniel Lugo plus vrai que nature aux côtés d’Anthony Mackie, mais la palme revient certainement à Tony Shalhoub (le héros de la série TV « Monk »), parfait dans le rôle d’un homme d’affaires kidnappé et ruiné qui va vivre un véritable calvaire dans les mains de ses trois ravisseurs maladroits mais ultra déterminés à le spoiler de tous ses biens, l’histoire étant racontée avec un humour noir délectable et grinçant (parfois trop, peut être, Michael Bay n’ayant de toute façon jamais rien fait dans la demi mesure !). « Pain and Gain » aborde par la même occasion le rêve américain que poursuit à sa manière Daniel Lugo tout au long du film, convaincu que chaque bon américain peut et doit réussir dans sa vie, avec un peu de force, de courage et de détermination. Bay en profite pour égratigner au passage le rêve américain en exposant les désillusions qui en découlent trop souvent, racontant ainsi la déchéance de ses trois principaux protagonistes, emportés dans une spirale infernale de bêtises, d’erreurs, de maladresses et de violence (les 20 dernières minutes sont assez sanglantes). Le film marque aussi un point en évitant toute forme de complaisance ou d’héroïsme hollywoodien : ainsi, même la victime du kidnapping campée par Tony Shalhoub est montrée dans le film comme un odieux personnage grossier et antipathique (il n’hésite pas à traiter une de ses employées de grosse !), le tout avec un humour noir totalement décalé, alors que Michael Bay tente même de nous faire rire dans des situations tragiques ou dérangeantes, représentant la connerie humaine et la décadence de l’Amérique dans toute sa splendeur. Hélas, la réalisation ultra survoltée, l’esthétique clip MTV ultra matérialiste du film, le montage speed et le style outrancier habituel de Michael Bay rendent le tout parfois à la limite du supportable, car, tout aussi vulgaire et décomplexé soit-il, « Pain and Gain » s’adresse essentiellement aux fans hardcores du réalisateur de « Transformers », les autres risquant fort de décrocher très vite au bout d’une vingtaine de minutes devant un film lourdingue à l’extrême, pas toujours drôle et qui en fait constamment des tonnes, au risque de perdre le spectateur en cours de route !

Steve Jablonsky retrouve à nouveau Michael Bay après avoir oeuvré à plusieurs reprises sur la franchise « Transformers » et sur « The Island ». Pour sa cinquième collaboration avec Bay, Steve Jablonsky signe sur « Pain and Gain » un score électro/rock moderne et branché, évoquant l’humour noir du film et son esthétique de clip vidéo ultra speedé et sans la moindre once de subtilité. Le film débute d’ailleurs sur l’arrestation de Daniel avec le thème principal de sept notes (« I’m Big »), confié à une guitare électrique sur fond de nappes synthétiques et de sound desgin (assuré par Clay Duncan, complice habituel des productions Remote Control et spécialiste des ambiances sonores). Le thème principal possède un caractère contemplatif et assez touchant, suggérant clairement les rêves d’une vie meilleure pour Daniel et ses ambitions qui sont vouées à l’échec – ce que nous fait clairement comprendre le prologue du film – « Sun Gym » évoque alors le quotidien de Daniel à la salle de gym avec l’ensemble de guitares électriques, guitare basse et nappes synthétiques avec percussions. Rien de bien nouveau pour Jablonsky, qui délaisse l’approche orchestrale habituelle pour une musique résolument moderne et contemporaine, plus appropriée pour ce type de film. « Definitely Guys » confirme cette approche électro/rock avec le renfort habituel des loops/rythmes électro, tandis que les pulsations électro-techno s’intensifient dans « I’m a Doer », dans un style vaguement kitsch limite musique électro des années 90 (ça tombe bien, l’histoire se passe justement entre 1994 et 1995 !). Jablonsky joue aussi sur les effets de saturation dans « I Got Saved » où il évoque le personnage de Dwayne Johnson (Paul) avec une attitude rock’n roll/bad ass assez savoureuse, sur fond de pads synthés saturés, de loops électro et de guitare électrique rock. C’est le début des ennuis pour la joyeuse bande de criminels amateurs dans « Wrong Car », morceau d’action entièrement composé de loops programmés, drones et autres rythmes électro/techno survoltés.

C’est l’occasion pour Steve Jablonsky d’expérimenter autour de l’électronique dans « Taser », où les sonorités synthétiques, les pads et les drones résonnent de manière plus agressive sur fond de loop détonnant, alors que Daniel et ses complices kidnappent Victor. Si l’on peut apprécier ici le travail autour des sons et des rythmes, difficile en revanche de se laisser enthousiasmer par ce mélange de sons électro pas original pour un sou, et déjà entendu 1000 fois auparavant chez Remote Control. La tension naît ensuite dans les nappes sonores inquiétantes de « Cologne », qui suggère les premières erreurs de Daniel, Adrian et Paul ainsi que la détermination de Victor à retrouver ces criminels. Dans « I’m Gonna Tell Jesus », Jablonsky ramène les rythmes rock avec l’emploi d’une batterie vigoureuse et de pédale de guitare électrique qu’il mélange à un ensemble de pads et de pulsations électro diverses. Difficile ici de se rattacher à quelque chose d’un tant soi peu mémorable, tant la musique semble avoir été conçue sur l’instant, aussi tôt passée, aussi tôt oubliée, un problème récurrent dans la partition de « Pain & Gain » qui explique ce côté vain du score, extrêmement prévisible et sans surprise. Les séquences rythmiques électro se succèdent ainsi, de « Buckle Up » à « Run Him Over » et ses arpèges rapides de synthé kitsch façon Daft Punk (sur fond de voix samplées) pour la scène où Paul écrase Victor avec sa camionnette, morceau dramatique assez prenant dans son genre. Désireux de renouer avec un style électro très années 90, Jablonsky confirme cette approche avec « Catching Bad Guys » tandis que « I Work Hard », « Get a Pump » et « Sometimes You Gotta Run » reprennent les sonorités synthétiques saturées suggérant dans le film la tension et les ennuis. « Difficult Victim » suggère, non sans humour, les péripéties de Victor avec un rythme rock/électro plus nerveux et agité.

On retrouve finalement le thème éthéré et touchant de « I’m Big » dans « I Believe in Fitness », qui, dans le dernier acte du film, rappelle clairement le prologue et confirme que l’entreprise des trois criminels est tragiquement vouée à l’échec, malgré leurs idéaux d’un rêve américain illusoire. Un morceau comme « Du Bois » reste assez typique de Steve Jablonsky, avec ses accords solennels et héroïques sortis tout droit de « Transformers », associés au personnage d’Ed Harris vers la fin du film, un des rares passages vraiment intéressant du score, avec le fameux « I’m Big » et « I Believe in Fitness ». En revanche, on restera plus dubitatif sur le côté souvent paresseux des séquences rythmiques bateaux de « CIA » ou « Toe », tandis que « My Shit Stopped Workin » conclut l’aventure de manière plus dramatique et intense, suivi de l’intime « Doyle » et son clavier électrique plus mélancolique lors de l’arrestation finale de la bande. Au final, difficile de réellement s’enthousiasmer pour une partition électro/rock sympathique mais sans grande saveur particulière, écrite rapidement et sans une once d’idée originale, tout juste fonctionnelle dans le film mais extrêmement creuse et vide sur l’album. La musique apporte le punch et l’énergie nécessaire aux images, c’est indéniable, mais l’écoute isolée reste fort décevante, surtout lorsqu’on sait à quel point Steve Jablonsky est capable de faire de bien meilleure chose ! Pas spécialement inspiré par « Pain & Gain », le compositeur échoue ainsi à trouver de réelles idées intéressantes pour le sujet et se contente trop souvent de multiplier les samples, les drum loops, les pads 90’s et les solos de guitare rock comme n’importe quel autre compositeur contemporain de chez Remote Control ou d’ailleurs. Au final, seuls les fans hardcores de Jablonsky y trouveront leur compte et pourront au moins se rattacher à de bons morceaux tels que « I’m Big », « I Believe in Fitness » ou « My Shit Stopped Workin », mais pour les autres, ce sera l’ennui à tout bout de champ !




---Quentin Billard