1-I'm Electro 0.46
2-There He Is 1.53
3-I'm Spider-Man 1.00
4-My Enemy 8.04
5-Ground Rules 1.17
6-Look At Me 3.09
7-You Need Me 3.09
8-So Much Anger 2.09
9-I Need to Know 4.28
10-Sum Total 2.50
11-I Chose You 1.34
12-We're Best Friends 2.16
13-Still Crazy 2.42
14-You're That Spider Guy 4.51
15-It's On Again 3.50*
16-Song for Zula 6.09**
17-That's My Man 3.47***
18-Here 4.38+
19-Honest 3.57++
20-Electro Remix 3.27+++

*Interprété par Alicia Keys
feat. Kendrick Lamar
Ecrit par Pharrell Williams,
Alicia Keys, Hans Zimmer
et Kendrick Lamar
Produit par Pharrell Williams
et Hans Zimmer.
**Interprété par Phosphorescent
Ecrit par Matthew Houck
***Inteprété par Liz
Produit par Pharrell Williams
+Interprété par Pharrell Williams
Ecrit par Pharrell Williams,
Johnny Marr et Hans Zimmer
Produit et mixé par Stephen Lipson
Assisté de Christian Wenger
++Interprété par The Neighbourhood
Ecrit par Jesse James Rutherford,
Zachary Abels, Jeremy Freedman
et Michael Margott
+++Interprété par Alvin Risk
et Hans Zimmer
Ecrit par Alvin Risk,
Hans Zimmer, Pharrell Williams,
Junkie XL
Produit par Alvin Risk
et Hans Zimmer
Remixé par Alvin Risk.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Columbia/Madison Gate 88843 04818 2

Score produit par:
Stephen Lipson, Hans Zimmer
Producteurs album:
Hans Zimmer, Stephen Lipson
Arrangements additionnels:
Ann Marie Simpson
Direction de la musique
pour Sony Pictures:
Lia Vollack
Consultant musical:
Randy Poster
Supervision montage score:
Melissa Muik
Score Wrangler:
Bob Badami
Production services musicaux:
Steven Kofsky
Monteur musique:
Nevin Seus
Assistant monteur:
Catherine Wilson
Préparation musique:
Booker T. White
Assistant mix score:
Christian Wenger
Opérateur Pro Tools:
Kevin Globerman
Manager studio Remote Control:
Shalini Singh
Assistante de Hans Zimmer:
Cynthia Park
Conduit par:
Nick Glennie-Smith

Artwork and pictures (c) 2014 Marvel Entertainment LLC/Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
THE AMAZING SPIDER-MAN 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Suite très attendue des aventures de l’homme araignée, « The Amazing Spider-Man 2 » marque le retour d’Andrew Garfield dans le rôle du célèbre super héros, face à de nouveaux ennemis et de nouveaux défis. De nouveau confié à la réalisation de Marc Webb, ce second opus met les bouchées doubles et s’avère beaucoup plus abouti, plus sombre et plus dramatique que l’opus précédent. Le film débute sur un flashback qui fournit enfin des explications sur les vraies raisons de la disparition de Richard Parker (le père de Peter Parker) et de sa femme dans un crash d’avion. Pris en otage à bord d’un jet privé, Richard et son épouse durent affronter le pilote de l’appareil, chargé en réalité de les éliminer à cause d’un secret que cherchait à protéger Richard par tous les moyens. De nos jours, Peter mène toujours une lutte perpétuelle contre le crime avec une énergie constante dans le costume de Spider-Man. Il poursuit alors un dangereux criminel russe, Aleksei Sytsevich (Paul Giamatti), qui a volé un camion rempli de plutonium. Il sauve par la même occasion la vie de Max Dillon (Jamie Foxx), un modeste employé de la société Oscorp Industries, individu anonyme et oublié de tous, mais qui attend désespérément que quelqu’un se souvienne que c’est aujourd’hui son anniversaire. Peter se souvient alors de la promesse faite autrefois au capitaine de police George Stacy (Denis Leary), le père de sa fiancée Gwen Stacy (Emma Stone) : protéger sa fille à tout prix en restant loin d’elle. Alors qu’elle vient tout juste d’être diplômée, Gwen retrouve Peter qui lui annonce qu’ils doivent se séparer, afin d’honorer la promesse faite à son père. Peu de temps après, Peter retrouver Harry Osborn (Dane DeHaan), son ami d’enfance revenu à Manhattan pour rendre visite à son père mourant, Norman Osborn, PDG d’Oscorp et fondateur du conglomérat. Harry y apprend alors que l’étrange maladie dont est victime son père est héréditaire et qu’il est à l’âge où elle commence à se développer. Après la mort de Norman, Harry devient le nouveau PDG d’Oscorp, provoquant la méfiance et des tensions au sein des actionnaires de la société qui le trouvent trop jeune et inapte à diriger l’entreprise. Au même moment, Max Dillon, qui travaille sur une réparation électrique dans un local d’Oscorp, est victime d’un accident et se retrouve électrocuté et plongé dans un liquide qui fait de lui une créature monstrueuse : Electro. Ce dernier décide alors de profiter de ses nouveaux pouvoirs pour se venger de tous ceux qui l’ont bafoué et s’attaquer à la ville tout en affrontant désormais celui qui était autrefois son idole, Spider-Man. Et comme si une menace ne suffisait pas, l’homme araignée devra aussi affronter Harry, devenu le bouffon vert, ses nouveaux ennemis ayant comme point commun une même origine : Oscorp Industries.

« The Amazing Spider-Man 2 » est au final une bien belle surprise pour ce second opus en 3D assez spectaculaire et très réussi. Sans atteindre le brio et l’inspiration de Sam Raimi, Marc Webb crée un univers parfaitement cohérent, mélangeant des sous intrigues et des seconds rôles à profusion, sans jamais perdre de vue sa ligne directrice. Niveau effets spéciaux, on reste bluffé par les avancées techniques des trucages numériques, qui permettent maintenant des incrustations immersives assez ahurissantes, incluant quelques scènes grisantes et vertigineuses où Spider-Man se balance avec ses toiles entre les rues de la ville ou des séquences de bataille apocalyptiques totalement démesurées et parfaitement réussies. Mais il serait dommage de ne limiter le film de Marc Webb qu’à ses nombreuses scènes d’action, car « The Amazing Spider-Man 2 » vaut aussi pour ses personnages attachants, à commencer par le joli couple formé par Andrew Garfield et la craquante Emma Stone, qui reprennent leurs rôles du premier film et s’offrent quelques scènes romantiques/intimes sympathiques et jamais mièvres, le tout accompagné de quelques touches d’humour et de scènes d’action énormes. Niveau méchant, Jamie Foxx et Dane DeHaan assurent le spectacle, le film ayant la bonne idée d’inclure trois des plus grands méchants des comics books de Marvel : Electro, le bouffon vert et Rhino, aperçu à la fin du film (une scène dans les labos d’Oscorp vers la fin du film nous permet par ailleurs d’apercevoir l’armure tentaculaire du Dr. Octopus !). Le scénario a la bonne idée de mélanger action, introspection, drame et aventure avec une intensité constante, et ce malgré quelques longueurs. Evidemment, cette franchise-reboot des aventures de Spider-Man n’a pas la prétention de rivaliser avec la précédente trilogie de Sam Raimi, mais propose à contrario une relecture plutôt satisfaisante du comic book d’origine, avec des clins d’oeil aux fans (Stan Lee y fait encore une fois une brève apparition) et aux nostalgiques des Marvel. Mieux encore, le spectacle s’avère plus mature et plus complexe que celui du premier film, qui s’apparentait davantage à un délire de gosse qu’à une vraie aventure de Spider-Man. Le film a aussi le mérite de montrer un Peter Parker plus torturé et malmené, entre sa quête initiatique de vérité au sujet de la disparition de son père, sa relation compliquée avec Gwen et son rôle de super-héros qui le mobilise constamment dans sa vie de tous les jours. Une bonne suite donc, au budget conséquent, qui marque un nouveau succès dans les franchises Marvel, et confirme encore une fois l’épatante bonne santé du studio.

Alors que James Horner avait été choisi pour écrire la musique du premier « Amazing Spider-Man », la production décida de faire un volte-face intégral concernant la musique de ce second opus en optant pour un son plus moderne et plus actuel : celui de l’infatigable Hans Zimmer, probablement choisi en raison de sa participation à d’autres films de super héros récents : « Man of Steel » et « The Dark Knight ». Mais à l’inverse de ces deux films, Zimmer aborde « The Amazing Spider-Man 2 » sans aucune volonté de noircir l’ambiance du film ou de mettre à mal le mythe du super héros triomphant, bien au contraire – et c’est probablement l’aspect le plus surprenant de ce score – Zimmer va dans la direction que l’on attendait plus et compose un nouveau thème principal héroïque et victorieux pour Spider-Man, un thème old school et kitsch confié aux cuivres (trompettes, principalement), qui rappelle par ailleurs le thème principal du premier opus de James Horner. Pour parvenir à ses fins, Hans Zimmer forme un groupe pour l’occasion baptisé « The Magnificent Six » : il s’agit en fait du guitariste d’Incubus Michael Einziger, du musicien électro Junkie XL (aka Tom Holkenborg), d’Andrew Kawczynski, Johnny Marr, Steve Mazzaro et la super-star R&B du moment Pharrell Williams, à la batterie (qui a aussi écrit de la musique additionnelle pour le score), certains de ces musiciens ayant déjà travaillé récemment avec Zimmer sur « Man of Steel ». En plus d’un orchestre conventionnel, Zimmer s’assure les services de nombreux musiciens solistes qui viennent s’ajouter aux Magnificent Six. A la première écoute, on retrouve les sonorités électroniques chères au compositeur teuton, plus particulièrement avec « I’m Electro », qui présente en ouverture de l’album le thème d’Electro dans le film. A l’instar du Joker dans « The Dark Knight », le personnage d’Electro offre l’occasion à Zimmer d’expérimenter autour des sons en créant le concept d’une atmosphère électro déjantée à base de samples synthétiques trash/saturés et de voix scandées et chuchotées répétant inlassablement la même série de mots évoquant les émotions d’Electro (« He lied to me ! »/ »He shot at me ! »/ « He hates on me ! »). Le concept d’utiliser des phrases pour construire un thème et évoquer les sentiments du bad guy est plutôt audacieux et conceptuellement intéressant, mais, hélas, le résultat n’est guère à la hauteur des attentes. Le problème vient surtout du fait que le double thème d’Electro se contente simplement de répéter la même série de notes à travers une formule d’ostinato paresseux typique de Zimmer mais qui s’avère redoutablement mécanique et lassant à la longue. Hormis « I’m Electro », Zimmer a l’occasion de développer pendant près de 8 minutes les ambiances sonores d’Electro dans « My Enemy », mélangeant ainsi synthé, guitare électrique samplée, cordes, voix et choeur.

Le thème d’Electro se construit en fait sur trois idées musicales différentes : le mix des voix répétant les phrases, l’ostinato entêtant de 8 notes, et une deuxième phrase mélodique plus sautillante et inoffensive, entendue à la clarinette à partir de 1:52 et associée dans le film à Max Dillon. Le thème de clarinette évoque par son côté amusant et insouciant le caractère complètement anecdotique d’un individu anonyme qui souhaiterait être reconnu et susciter l’attention des autres. Le mélange de ces différents axes musicaux permet donc à Zimmer de créer une série d’ambiances sonores expérimentales et cohérentes, même si l’on retrouve ici comme souvent les défauts habituels du compositeur, qui risquent encore une fois de faire grincer des dents ses nombreux détracteurs (dans le même style, le motif sonore trash du Joker dans « The Dark Knight » était 100 fois plus convaincant !). Spider-Man a droit à son propre thème, introduit dans « I’m Spider-Man » (avec des sons/FX enregistrés dans les rues d’une ville !) aux trompettes. Le thème du super héros se reconnaît aisément grâce à sa mélodie totalement héroïque et décomplexée, dans la lignée du thème de James Horner pour le premier film. A l’inverse de « The Dark Knight » ou « Man of Steel », Zimmer ne tente pas de démystifier la franchise et s’essaie – pour la première fois- à un vrai thème de super héros à l’ancienne, thème plutôt accrocheur bien qu’assez kitsch et parfois un brin grotesque sur les images. Néanmoins, le thème de Spider-Man fonctionne parfaitement dans ce qu’il cherche à représenter et apporte un vrai fun à l’écran, même si l’on reste étonné par le côté ‘jingle de série TV d’aventure des années 80’ du thème de Spider-Man ! Une bonne partie du début du film développe ainsi les motifs d’Electro dans « Look At Me », avec en particulier d’excellents développements du thème de clarinette superposé à l’ostinato mécanique de 8 notes et aux chuchotements entêtants des voix (les voix à l’intérieur de la tête d’Electro ?). Concernant la romance entre Peter et Gwen, Zimmer lui attribue un thème de piano délicat et intime, comme dans « You Need Me », qui s’avère être en réalité le thème de Spider-Man dans une version calme et romantique. On appréciera par la suite l’arrangement de guitare pop/rock autour du thème de Spider-Man en version romantique, pour un très joli passage assez réussi dans son genre. Par la suite, Zimmer parvient à concevoir un vrai Love Theme pour Peter et Gwen que l’on distingue notamment dans « I’m Moving to England » et « I Chose You », au piano et à la guitare soft, repris dans un très bel arrangement pop/rock dans l’agréable « We’re Best Friends », qui apporte un espoir remarquable à la romance dans le film.

Le score se trouve d’ailleurs radicalement compartimenté dans ses approches instrumentales/sonores : trompettes et percussions pour Spider-Man, synthés et voix/chœur pour Electro, piano et guitares pour le tandem Peter/Gwen, tout cela fonctionne parfaitement sur les images mais manque parfois de cohérence sur l’album, qui ressemble à un gigantesque fourre-tout où tout est mélangé sans réelle cohésion, hormis la présence des nombreux musiciens solistes et des différents thèmes qui ponctuent la partition. Néanmoins, force est de constater qu’Hans Zimmer a pris un certain plaisir à expérimenter autour d’Electro et de ses différents motifs, tandis que les envolées héroïques du thème principal restent toujours plaisantes même si elles manquent cruellement de sophistication et restent un peu trop simples dans leur évocation d’une certaine culture musicale américaine (certains ont parfois comparé le thème de Spider-Man à des fanfares d’Aaron Copland ou même des thèmes de Space Opera des années 70/80 !). Quand à la partie plus romantique, on pourra l’apprécier dans le joli « I’m Moving to England », qui reste là aussi un peu kitsch dans la manière dont Zimmer mélange quelques notes de piano à des pads de synthé très années 90 – Zimmer ressent-il une certaine volonté de se tourner vers le passé avec « The Amazing Spider-Man 2 » ? – Dans « I’m Goblin », le compositeur introduit un nouveau thème pour le bouffon vert, motif qui se caractérise par une série de glissandos sinistres du synthé et une série de rythmes scandés suggérant la folie destructrice du bouffon vert. Dommage que le matériel sonore du bouffon vert soit l’un des éléments thématiques les moins intéressants de toute la partition (cf. « Sum Total »), Zimmer échouant à retrouver ne serait-ce que le quart du charisme et de la puissance du thème écrit par Danny Elfman pour le bouffon vert dans les « Spider-Man » de Sam Raimi. Evidemment, il reste les passages plus intimes et agréables comme le joli « I Chose You », « You’re My Boy », le mélancolique « The Reste of my Life » ou les envolées héroïques de « I Need to Know », qui nous renvoie clairement au Hans Zimmer des années 90 dans son utilisation souvent kitsch des synthétiseurs et des rythmes, tout comme l’affrontement final dans « Cold War ».

On ressort finalement à la fois satisfait et déçu de l’écoute de « The Amazing Spider-Man 2 » dans le film et sur l’album, satisfait car Hans Zimmer fait enfin l’effort d’écrire de vrais thèmes comme il n’en avait pas fait depuis pas mal d’années déjà (on est bien loin aujourd’hui du talent de mélodiste du Zimmer de « The Rock » ou de « Crimson Tide » !), et parce qu’il cesse temporairement de vouloir à tout prix assombrir toutes les franchises de super héros auxquelles il touche en noircissant volontairement le tableau comme il a pu le faire dans « Man of Steel » ou « Dark Knight » ! Mais on reste aussi déçu et frustré par cette accumulation de bonnes idées mal agencées et qui manquent vraiment de cohésion, d’organisation. Le score de « Amazing Spider-Man 2 » reste radicalement compartimenté de manière ultra simpliste, entre le thème héroïque américain kitsch de Spider-Man, les ambiances expérimentales et vocales d’Electro et ses deux motifs, et le Love Theme de piano/synthé un peu insouciant et plutôt joli à défaut d’être très inspiré. Le problème ne vient pas seulement des thèmes à proprement parler mais plutôt des arrangements qui sont trop compacts et manquent d’une unité stylistique : à trop vouloir multiplier les concepts et les idées, Hans Zimmer et ses nombreux acolytes accouchent finalement d’une souris et ne parviennent même pas à égaler l’exploit musical de James Horner sur le premier film. D’ailleurs, on sent clairement ici une volonté franche de repartir sur des bases neuves, la production ayant certainement jugé utile, pour des raisons commerciales, d’associer le nom d’Hans Zimmer au film pour satisfaire les fans et le public tout en répondant aux canons des modes musicales éphémères à Hollywood, où Zimmer et son studio Remote Control sont plus que jamais omniprésents. Sans être un ratage complet, le score de « The Amazing Spider-Man 2 » déçoit par son manque de cohésion, son côté foutraque et son incapacité à réellement saisir l’essence même d’un personnage de super héros tourmenté et complexe, face à des responsabilités toujours plus imposantes et insurmontables. On est bien loin de la densité musicale et narrative de Danny Elfman ou de James Horner, car, ne nous leurrons pas, Hans Zimmer n’était pas le compositeur qu’il fallait sur ce film, une erreur de casting qui déçoit au final, malgré quelques bonnes idées et des thèmes plutôt sympathiques. Hélas, cela ne sera certainement pas suffisant pour rehausser le niveau d’un score frustrant et bancal, complètement inégal, bizarrement kitsch et voué à vieillir très vite d’ici quelques années !





---Quentin Billard