1-Blood Train 1.29
2-Leon and Maya 3.46
3-Leon's Scary Dream 4.56
4-Mahogany's Iron Hammer 2.59
5-Leon Follows Mahogany 5.47
6-Guardian Angel 2.38
7-Engaged to Be Engaged 3.59
8-Leon's Obsession 3.34
9-I Love You/Taking Photos 1.38
10-Leaving the Diner 2.35
11-Mahogany and Leon 3.02
12-Leon Wakes Up 1.34
13-I've Been Caught 3.29
14-Retrieving the Camera 5.56
15-I Have a Train to Catch... 5.18
16-Leon Jumps on Train 2.44
17-Train Fight 3.03
18-Im Untergrund 2.40
19-Final Kampf 1.39
20-Maya Dies 2.45
21-Leon the Butcher 4.22

Musique  composée par:

Robert Williamson,
Johannes Kobilke

Editeur:

Lakeshore Records LKS 34013

Score produit par:
Robb Williamson, Johannes Kobilke
Supervision montage musique:
Wolfgang Amadeus
Montage musique additionnelle:
Nils Jiptner, Alan Schlaifer,
Edaan Shlomo

Musique additionnelle:
Stefan Ziethen
Supervision musique:
Brian McNelis, Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2008 Lakeshore Entertainment/Lions Gate Films. All rights reserved.

Note: **
THE MIDNIGHT MEAT TRAIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Williamson,
Johannes Kobilke
« The Midnight Meat Train » est à l’origine une nouvelle de Clive Barker, maître incontesté de l’horreur déjà passé derrière la caméra pour les adaptations cinématographiques de ses propres oeuvres (« Hellraiser », « Nightbreed », « Lord of Illusions »). Pour « The Midnight Meat Train », Patrick Tatopoulos était initialement prévu à la réalisation, avant de céder finalement sa place au jeune réalisateur japonais Ryuhei Kitamura, auteur de « Godzilla : FinalWars » et « Versus ». Le film nous plonge dans une sombre histoire d’obsession, de fascination et de meurtres violents, racontant le quotidien de Leon Kauffman (Bradley Cooper), un photographe qui cherche à percer dans le milieu artistique new-yorkais. Soutenu par sa fiancée Maya Jones (Leslie Bibb), Leon s’évertue à impressionner la propriétaire d’une galerie d’art, Susan Hoff (Brooke Shields), en lui présentant ses travaux sur la ville. Mais Susan reste sceptique quand à la qualité des photographies et reste convaincue que Leon peut mieux faire pour cerner et « comprendre » la ville dans son entièreté. Dès lors, Leon n’a plus qu’un seul objectif : prendre les photos les plus extrêmes et les plus révélatrices de New-York et ses bas-fonds. Une nuit, le photographe se rend dans le métro et prend en photo une bande de délinquants en train d’agresser une jeune femme, qu’il sauve in extremis grâce à son intervention. Le lendemain, Leon apprend par les journaux que la jeune femme a disparue, et qu’il est donc la dernière personne à l’avoir vue vivante. En examinant de plus près les clichés qu’il a pris dans le métro, Leon découvre avec stupéfaction qu’un homme mystérieux, qu’il a déjà croisé et photographié à la sortie du métro, se trouvait là aussi sur les lieux. Leon comprend alors que l’homme en question, Mahogany (Vinnie Jones), est un tueur en série qui pourrait bien être le fameux « boucher tueur » décrit dans certains articles de presse, qui sévit depuis bien longtemps dans le métro new-yorkais. Obsédé et fasciné par le mystérieux individu, Leon se laisse entraîner bien malgré lui dans l’univers terrifiant et macabre de Mahogany, jouant de plus en plus avec le feu alors qu’il se rapproche toujours plus du tueur et des tréfonds de la ville, entraînant dans sa descente aux enfers sa fiancée Maya et son ami Jurgis (Roger Bart), alors qu’ils sont sur le point de découvrir une terrifiante vérité qui ira bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient imaginer.

Longtemps attendu par les fans de Clive Barker, « The Midnight Meat Train » est une réussite incontestable qui doit autant à un scénario malin qu’à la réalisation inspirée de Ryuhei Kitamura, qui nous livre un film d’horreur old school, réalisé avec un budget modeste (15 millions de dollars) mais pourtant visuellement très impressionnant et bourré d’idées. Le film se déroule à la fois dans le monde de l’art contemporain et dans l’univers obscur du métro new-yorkais, avec un Bradley Cooper encore peu connu à l’époque et qui campe parfaitement un photographe compulsif prêt à tout pour obtenir le cliché parfait, prêt à aller jusqu’au bout pour comprendre la ville et saisir toute son âme à travers ses photos. Avec une atmosphère urbaine froide, sombre et déshumanisée, Kitamura filme les bas-fonds de New-York avec un travail de l’image assez impeccable : photographie en couleurs bleues/grises délavées, panoramiques et cadres très travaillées (cf. plan hyper symétrique de Leon devant les escalators du métro) et mouvements de caméra très inventifs, notamment durant les scènes de tuerie ou de combat dans le métro, et notamment lors de l’affrontement final entre Leon et Mahogany. Tourné avec un premier degré franc sans touche d’humour et sans aucune concession, « The Midnight Meat Train » assume pleinement son statut de film d’horreur à l’ancienne, avec son lot de séquences gores cradingues incluant mutileries diverses, démembrements, oeils arrachés (et qui gicle même en gros plan sur la caméra !), décapitation et scènes de corps mutilés suspendus par des crochets de boucher, sans oublier la révélation finale, plutôt inattendue mais typique de Clive Barker, qui fait alors plonger soudainement le métrage dans un registre plus fantastique et surréaliste, offrant ainsi une explication aux nombreux meurtres sanguinaires commis par Mahogany dans le métro. Evidemment, le film est loin d’être parfait et certains éléments du scénario restent critiquables (par exemple, les risques insensés que Maya et Jurgis prennent pour découvrir la vérité, risques qui paraissent peu crédibles, ou une fin qui risque d’en décevoir plus d’un à cause de son côté trop fantastique et un brin poussif), mais le tout est fait de manière tellement frontale, tellement directe et avec une telle maîtrise des codes de l’horreur à l’ancienne que l’on se plaît à descendre dans les tunnels obscurs du métro new-yorkais, plongé dans une atmosphère cauchemardesque et grand-guignolesque ultra intense, entre fascination, voyeurisme et obsession macabre.

Le compositeur Robert Williamson est habitué des collaborations, puisque le musicien travaille régulièrement en duo sur la plupart des films qu’il met en musique : Geoff Zanelli sur « Gamer » (2009), Justin Hosford sur « Small Boy » (2008) ou Robert Randles sur « Bloodlines » (2004). C’est en 2008 que Robb Williamson croise alors la route du compositeur allemand Johannes Kobilke avec lequel il collabore une première fois sur la musique du thriller « Pathology », collaboration qui se prolongera ensuite avec « The Midnight Meat Train » écrit la même année. Faute d’un budget conséquent, Williamson et Kobilke compose une musique 100% synthé à base de samples d’orchestre (ceux du fameux EWQLSO de chez East-West, très reconnaissable aux sons des cordes et des sforzandos de cuivres) et de loops électro expérimentaux divers. Objectif des deux compositeurs : plonger l’auditeur dans une atmosphère macabre et oppressante extrêmement sombre et immersive. Cette ambiance d’oppression s’affirme directement dès l’intro sanglante du film dans « Blood Train », avec son lot de sound design, de drones brumeux, de dissonances et de percussions ‘action’ diverses. La musique évoque la relation entre Leon et Maya dans l’intime « Leon and Maya » qui tente de calmer le jeu avec un passage plus apaisé pour piano, cordes, flûte et harpe (synthétique !), alors que la musique nous plonge ensuite dans les cauchemars de Leon dans « Leon’s Scary Dream », suggérant ses tourments et ses obsessions pour le tueur boucher du métro. Robb Williamson et Johannes Kobilke jouent ici sur les nappes sonores, les samples filtrés (notamment dans les percussions), les FX saturés d’effets stéréo et les drones lugubres pour retranscrire l’horreur et l’angoisse à l’écran. Mahogany, le tueur boucher, est évoqué ensuite dans « Mahogany’s Iron Hammer », avec son lot de percussions métalliques et de sonorités menaçantes et violentes. Ici aussi, priorité au sound design, avec même un bref motif mystérieux qui fait son apparition à partir de 2:05, porté par des pads analogiques plutôt étranges.

Parfois expérimentale et inventive, la musique ne manque pas de surprise, comme dans « Leon Follows Mahogany », où l’on devine l’obsession de Leon pour le tueur qu’il commence à épier et à suivre partout. A noter ici l’emploi curieux de sonorités aux consonances asiatiques inattendues (était-ce à la demande du réalisateur Ryuhei Kitamura ?). Dans « Guardian Angel », Williamson et Kobilke tombe dans le piège souvent facile du sound design primaire et des bidouillages sonores en alternant les programmations musicales sur leurs claviers et les drones/FX en tout genre, avec certes une réelle volonté d’expérimenter, mais aussi un souci manifeste de faire vite en accumulant les dissonances et les FX sans aucune réflexion particulière sur le rôle narratif de la musique à l’écran (par exemple, on ne trouve aucune identité thématique dans le score !). Il reste bien entendu les passages intimes/mélancoliques pour Leon et Maya, comme dans « Engaged to Be Engaged » ou « I Love You/Taking Photos », qui reprennent le thème du couple dans le duo piano/harpe sans grande originalité, mais faute d’un thème mémorable ou d’une identité musicale forte, tout cela semble très superflu et difficile à apprécier en écoute isolée. Les longues plages atmosphériques expérimentales de « Leon’s Obsession », « Leaving the Diner » ou les passages d’action anarchiques comme « Mahogany and Leon » déçoivent bien souvent à cause de leur caractère trop brouillon, malgré la présence de quelques idées expérimentales intéressantes, et notamment dans l’utilisation de voix filtrées, inversées et samplées dans « Mahogany and Leon ». En revanche, les quelques passages d’action/terreur sont d’une banalité affligeante et trahissent le manque d’idée des deux compositeurs, incapables dès lors de sortir de leur sound design artificiel sans aligner 3 ou 4 drum loops mous du genou.

Certains passages s’avèrent plus réussis, comme pour les préparatifs de l’affrontement final alors que Leon s’arme dans « I Have a Train to Catch » ou le déchaîné « Leon Jumps on Train », morceau d’action amorçant la confrontation finale dans le train à grand renfort de loops/basses/pad techno-électro survoltés et de drums loops issus de banques de sons du commerce, le final accéléré et stressant de « Leon Jumps on a Train » allant même jusqu’à combiner plusieurs banques de sons bien connues, dont les glissandi de cordes stridentes de EWQLSO, les loops de « Percussive Adventures » et même une partie chorale issue de « Symphony of Voices »). Dommage qu’un morceau d’action comme « Train Fight » soit malheureusement gâché dans le film et sur l’album par le côté parfois cheap des samples d’orchestre, et notamment des sforzandos de cuivres, dont les compositeurs semblent un peu abuser durant l’affrontement final entre Leon et Mahogany dans le train. A noter que le milieu de « Train Fight » n’est pas sans rappeler certains scores horrifiques de Marco Beltrami dans l’utilisation des cordes staccatos aigues, morceau qui aurait certainement gagné en intérêt avec un vrai orchestre et une écriture beaucoup plus aboutie et consistante, Williamson et Kobilke se contentant de mélanger les couches sonores, les loops et les dissonances brutales de manière brouillone et anarchique, aboutissant à un résultat assez cacophonique et plutôt mal foutu, à la limite de l’amateurisme (notamment dans l’emploi abusé des samples de FX de cors de EWQLSO !). La bataille fait rage et aboutit au violent « Final Kampf » qui marque la fin de Mahogany, tandis que « Maya Dies » nous plonge une dernière fois dans l’horreur et le tragique avant la conclusion du film, « Leon the Butcher », qui accompagne le générique de fin avec une reprise du motif asiatique de « Leon Follows Mahogany » sur un mode plus électro/techno assez pêchu et rythmé.

Difficile dès lors de se sentir réellement passionné par un score fonctionnel aussi indigeste et inconsistant que celui de « The Midnight Meat Train » : Robb Williamson et Johannes Kobilke multiplient les samples, les FX, les loops et les dissonances anarchiques pour parvenir à leurs fins avec un minimum d’efforts dans le film, usant de ‘trucs’ qui peuvent faire illusion auprès de néophytes mais qui passeront difficilement aux oreilles des spécialistes, qui reconnaîtront certainement quelques banques de sons commerciales bien connues utilisées ici sans imagination particulière (le problème n’est pas d’avoir recours à des samples connus, mais pourquoi ne pas avoir crée davantage de sonorités inédites et originales pour la bande son du film ?). A l’écran, le score reste très présent et apporte une noirceur constante aux images tout en passant finalement assez inaperçu de manière purement anecdotique. La musique de « The Midnight Meat Train » prouve donc qu’un bon film peut parfois contenir une musique médiocre et décevante, le score de Williamson et Kobilke étant d’une qualité assez douteuse et visiblement écrite sans passion et sans inspiration par deux compositeurs en pilotage automatique qui bidouillent dans tous les sens mais ratent forcément quelque chose sur ce film. C’est d’autant plus dommage qu’il y avait pourtant quelque chose de bien plus ambitieux et d’osé à créer sur la musique d’un tel film !




---Quentin Billard