1-Raiding the Cartel 3.23
2-Stealing the Money 2.35
3-Where is the Money 1.22
4-Interview 1.16
5-Breacher Wakes Up/
Gym Work 3 2.50
6-Breacher Pulls Up 1.04
7-Team Training 3.15
8-Pyro Flip Screech 0.43
9-Meet Caroline 1.14
10-Strippers Here 0.43
11-Neck Nailed to Ceiling 1.38
12-Breacher's Backstory 3.33
13-Finding Tripod 4.03
14-Breacher's Home Vids 1.35
15-Not Going to Fight You Boss 1.12
16-Redneck Boat/Not a Fish 1.49
17-World Class Assholes 1.28
18-Apartment Raid 2.25
19-We All Go Home Tonight 1.55
20-Monster in the Fridge 2.04
21-Team Failing Apart 3.01
22-I Quit 0.34
23-Lizzy Shot Grinder 1.39
24-Parking Garage 1.18
25-ATL Street Chase 3.22
26-Where's Breacher 3.44
27-Brujo Enters 1.53
28-Gunfight 1.11
29-Breacher's Revenge 3.16

Musique  composée par:

David Sardy

Editeur:

Universal BFD005

Score produit par:
David Sardy
Monteur musique:
Clint Bennett
Supervision musique:
Gabe Hilfer, Season Kent
Monteur temp score:
Chris Newlin
Orchestrations:
Wlad Marhulets

(c) 2014 Open Road Films/QED International/Crave Films/Brentwood Productions LLC, DEA Productions/Albert S. Ruddy Productions/Roth Films. All rights reserved.

Note: ***
SABOTAGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Sardy
Arnold Schwarzenegger enchaîne les films d’action ces derniers temps avec une forme toujours aussi sidérante, à 67 ans passés. Après des retours remarqués dans la franchise « Expendables », dans « The Last Stand » et le récent « Escape Plan », Schwarzy rempile à nouveau dans l’action pure et dure avec le thriller ultra violent « Sabotage », réalisé par David Ayer et sorti en 2014. Le film raconte l’histoire d’un agent de la DEA, John « Breacher » Wharton (Schwarzy), qui dirige une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les cartels de la drogue. Au cours d’une mission, l’équipe de Breacher doit s’infiltrer dans le repaire d’un cartel mexicain afin de dérober un important pactole de 10 millions de dollars. Pour commettre son méfait, l’équipe dissimule temporairement l’argent dans les canalisations, mais au moment de récupérer le butin, Breacher et ses collègues découvrent avec stupeur que l’argent a disparu, et que quelqu’un les a trahi. Suite à une enquête interne concernant la mort d’un des membres de l’équipe durant l’opération et les soupçons de détournement d’argent, Breacher, Monster (Sam Worthington) et sa femme Lizzy Murray (Mireille Enos), Grinder (Joe Manganiello), Sugar (Terrence Howard), Neck (Josh Holloway), Pyro (Max Martini), Tripod (Kevin Vance) sont tous suspendus pendant plusieurs mois par leur supérieur Floyd Demel (Martin Donovan). Faute de preuve, Breacher et ses collègues sont finalement réintégrés dans leurs fonctions. Breacher se rend alors chez Monster et Lizzy et découvre que cette dernière est devenue accroc à la drogue et que son couple bat dangereusement de l’aile. Peu de temps après, Pyro est assassiné suite à une collision entre son camping-car et un train. L’enquêtrice Caroline Brentwood (Olivia Williams) et son collègue Darius Jackson (Harold Perrineau) sont chargés d’enquêter sur l’équipe de Breacher, et ne vont pas tarder à découvrir que les membres de l’équipe déchue de Breacher sont assassinés sauvagement les uns à la suite des autres. Soupçonnant dans un premier temps l’implication d’un cartel de la drogue, Breacher et Brentwood tentent de découvrir la vérité, afin de démasquer le ou les assassins et de stopper cette folie meurtrière avant qu’il ne soit trop tard, convaincus que cela a un rapport avec les 10 millions de dollars qui ont mystérieusement disparu il y a plusieurs mois.

Sur le papier, « Sabotage » a donc tout pour être une honnête série-B d’action/suspense qui tient la route. Hélas, à l’écran, la réalité est toute autre : si le scénario de Skip Woods et David Ayer emprunte évidemment la voie des « Dix Petits Nègres » d’Agatha Christie, on se lasse très vite d’une intrigue cousue de fil blanc, d’un Schwarzenegger qui semble bien fatigué et au bout du rouleau (l’acteur approche les 70 ans !) et d’un film qui n’a pas grand chose à montrer, hormis quelques fusillades et une ultra violence sèche et radicale. A ce sujet, le film n’est guère avare en scènes gores cradingues et certaines séquences sont extrêmement violentes – à la limite de la boucherie pure - même pour un film d’action hollywoodien de 2014. Quand au casting, il réunit quelques gueules cassées et s’accompagne de dialogues souvent vulgaires et pitoyables, à peine digne d’un teen movie scato (genre « fuck ! » ou « qui a lâché une caisse ? »), et de séquences totalement gratuites d’un mauvais goût absolu (scène vers le début du film où deux agents de l’équipe déplacent des toilettes remplies d’excréments !). Difficile de comprendre ce qui a bien pu motiver Arnold Schwarzenegger à se fourvoyer dans une production aussi lamentable, car malgré des scènes de fusillade nerveuses et ultra sanglantes, et une énième intrigue de revenge movie, on ne retiendra pas grand chose du long-métrage de David Ayer, qui reste l’un des plus grands échecs commerciaux de la carrière de Schwarzy, puisque le film a été épinglé par la critique et n’a même pas pu rembourser l’intégralité de son budget !

Même la partition électro/rock de David Sardy ne parvient pas à rehausser le niveau d’une production foireuse qui semble se prendre un peu trop au sérieux. Le compositeur retrouve pour l’occasion le réalisateur David Ayer après avoir signé la musique de son précédent film, « End of Watch » en 2012, auteur de partitions pour des films tels que « Ghost Rider 2 », « Zombieland » ou « Premium Rush ». Le score de « Sabotage » fait appel à l’attirail habituel de samples électro, de drums loops bateaux, de guitare électrique, percussions, claviers et parties orchestrales maigrichonnes. Le ton est donné dès le début du film dans « Raiding the Cartel » qui développe un motif de 3 notes de clavier sur fond de rythmes rock/électro, guitares électrique, basse techno et cordes sur fond de percussions endiablées. On notera ici l’omniprésence des percussions qui martèlent une série de rythmes agressifs traduisant clairement l’aspect action/thriller du film de David Ayer. La partie suspense/thriller est d’ailleurs clairement exploitée à partir de la deuxième minute, durant laquelle David Sardy s’essaie à la musique avant-gardiste à base de clusters et glissandi dissonants de cordes sur fond de samples électro expérimentaux. Le mélange d’action et de tension fonctionne donc parfaitement ici, même si l’on regrettera d’emblée la piètre qualité des parties orchestrales, principalement limitées à quelques cordes anémiques et des samples de cuivres bien cheap, et une avalanche de sons électro envahissants. Le braquage des 10 millions de dollars au début du film permet à Sardy d’offrir son premier grand morceau d’action avec le mix habituel de drums loops programmés, de FX de synthés et de sound design obscur, le tout accompagné de percussions et de basse de synthé tonitruante. Sardy fait monter la température en maintenant une tension permanente grâce aux rythmes, aux percussions et aux sonorités saturés des samples et du piano. On ressent alors une tension plus dramatique dans « Where is the Money », lorsque Breacher et son gang comprennent que quelqu’un les a doublé.

Le problème du score de « Sabotage », c’est que les morceaux s’enchaînent les uns après les autres sans jamais rien apporter de plus aux images ou à la musique en elle-même. Sardy se contente bien souvent d’aligner les longues pistes sonores et atmosphériques sans grande imagination, multipliant les sonorités électro expérimentales comme il le fait dans l’étrange « Interview » où il concocte un mix bizarroïde de piano et de drones/FX en tout genre. Difficile de se passionner pour ce genre de passages purement atmosphériques et très fonctionnels, qui n’ont aucune portée particulière sur l’album en écoute isolée. Idem pour « Breacher Wakes Up/Gym Work 3 », qui développe le thème principal de piano introduit dans « Raiding the Cartel », et développé ici pour le personnage de Schwarzenegger. Ici aussi, priorité au sound design, aux rythmes de batterie et aux loops programmés, des sons qui accompagnent régulièrement John Breacher tout au long de sa périlleuse enquête, doublée d’une quête de vengeance. David Sardy fait même un détour dans l’électro/rock tendance drum’n bass/dubstep dans « Team Training », accompagnant l’entraînement de la nouvelle équipe de Breacher vers le milieu du film. Le travail autour des sonorités électroniques fonctionne parfaitement, tout comme la série de variations autour du motif principal de 3 notes du piano, instrument très utilisé par le compositeur tout au long du film. Le problème, c’est qu’encore une fois, on a l’impression d’une musique écrite en pilotage automatique, sans aucune imagination ni passion particulière, alignant le sound design et les samples à la manière d’une série TV d’action policière à bas budget. Evidemment, il y a bien quelques passages expérimentaux totalement barrés comme l’insupportable « Pyro Flip Screech » qui risque fort de casser les oreilles de plus d’un auditeur, ou « Neck Nailed to Ceiling » qui bascule clairement dans l’atonalité macabre quasi horrifique, pour l’une des scènes de mort du film. Ces séquences offrent donc la possibilité au compositeur d’expérimenter de manière plus radicale autour de l’électronique, créant des ambiances horrifiques qui rompent avec le climat action/suspense du reste du score.

Sardy se montre relativement à l’aise dans l’élaboration d’atmosphères sonores et de programmation des sons électroniques, rappelant les travaux de Cliff Martinez dans un registre similaire ou des scores de Graeme Revell pour les anciens films de David Ayer (on pense à « Street Kings » ou « Harsh Times » par exemple). Dommage que l’on ressente parfois le côté un peu cheap de l’approche synthé/orchestrale du compositeur dans un morceau comme « Breacher’s Backstory », dans lequel le côté synthétique des cordes ne fait que renforcer l’aspect série TV/téléfilm de la musique de Sardy. Les passages expérimentaux macabres reviennent dans « Monster in the Fridge » et « Finding Tripod » pour une autre scène où Breacher découvre le cadavre d’un de ses anciens acolytes. Ici aussi, priorité aux ambiances horrifiques et aux sonorités oppressantes, tandis que « Breacher’s Home Vids » tente d’apporter un éclairage dramatique étrange aux découvertes de Breacher durant son enquête, avec un étonnant passage de cordes/pads aigus tragiques et torturés. L’action reprend le dessus avec les drum loops tonitruants de « Not Going to Fight You Boss », et les derniers morceaux d’action du score : « Redneck Boat/Not a Fish », la fusillade musclée de « Apartment Raid », la révélation du traître dans « Lizzy Shot Grinder » et la poursuite dans les rues de la ville de « ATL Street Chase » et « Where’s Breacher », morceau d’action rock/électro assez réussi, notamment dans l’emploi plutôt inventif des percussions et des samples de FX de cordes, sans oublier la fusillade finale du très grunge « Gunfight » et la coda rock/bass ass de « Breacher’s Revenge », évoquant l’accomplissement de la quête de vengeance de Breacher avec un emploi réussi des cordes et de choeurs synthétiques sur fond de rythmes nerveux de la partie rythmique (batterie/guitares électriques/basse/piano).

Le résultat est donc sans surprise un cocktail d’action et de suspense réalisé par un compositeur qui maîtrise tous les codes du rock et des musiques électro modernes, sans originalité particulière. Certains passages s’avèrent ennuyeusement fonctionnels et ultra prévisibles, tandis que d’autres dénotent d’un souci d’expérimentation assez sûr, et d’une réelle volonté d’aller à l’encontre des musiques d’action orchestrales habituelles, en imposant un son plus urbain et moderne assez personnel pour le film, en s’éloignant pour une fois des travaux du studio Remote Control d’Hans Zimmer, que l’on entend trop souvent ces derniers temps sur ce type de film. Cela n’en fait pas pour autant un grand chef-d’oeuvre ni même un score particulièrement mémorable, néanmoins, la musique de « Sabotage » accomplit parfaitement sa mission dans le film et apporter la noirceur et la tension nécessaire au long-métrage de David Ayer.




---Quentin Billard